Vent d’inquiétude sur les Champs Phlégréens (Campanie / Italie)

À la mi-février, plus de 500 séismes ont été enregistrés en trois jours dans les Champs Phlégréens. Il n’est donc pas surprenant que la population de la région se soit rendue en grand nombre à Monteruscello pour la réunion organisée par la Protection civile et à laquelle ont participé les maires de Naples, Pouzzoles et Bacoli, mais aussi le préfet. Il y avait tellement de monde au siège de la Protection civile qu’un écran géant a dû être installé à l’extérieur pour permettre à chacun de suivre les débats.

Le ton est vite monté et l’ambiance de la réunion a été ‘à la napolitaine’ ! Les citoyens ont exprimé leur inquiétude et leur méfiance à l’égard des institutions, dont les réponses n’ont pas toujours semblé à la hauteur des événements. Il a été reproché aux autorités d’avoir fait passer l’alerte du Jaune à l’Orange alors qu’aucun changement significatif n’est apparu, et il n’y a pas non plus d’éruption imminente. Dixit un participant à la réunion : « Bien sûr, il y a eu une augmentation des secousses, certaines même fortes, mais c’est la nature même du territoire. Ceux qui ne veulent pas de secousses doivent aller vivre ailleurs, car c’est comme ça depuis des millénaires et cela continuera d’être comme ça pendant des millénaires ».
Certains citoyens ont accusé le maire de Pouzzoles de dépenser trop d’argent dans les festivals et les fêtes de rue et pas assez dans la prévention des risques sismiques. Il y a aussi ceux qui se sont plaints de la mauvaise communication des autorités ; à cet effet, Mauro Di Vito, de l’Osservatorio Vesuviano, a invité tout le monde à consulter le site iononrischio.it.

Il a été répondu à ceux qui soulignaient le manque de voies d’évacuation qu’il faudrait quelques années pour les construire.

L’évacuation de Pouzzoles et des autres localités des Champs Phlégréens, avec leurs rues étroites, ne sera pas chose facile (Photo: C. Grandpey)

Ensuite, il y a ceux qui ont demandé des nouvelles concernant les remboursements suite aux dommages à leurs maisons lors des séismes de mai 2024.

Dans la confusion générale, Mauro Di Vito a tenté d’expliquer ce qui se passe, avec le soulèvement du sol qui provoque la sismicité. Il a ajouté que la zone est surveillée 24 heures sur 24. Cependant, plusieurs citoyens qui habitent dans le secteur entre Naples et Pouzzoles, se sont plaints de l’abandon des institutions.
Un fait inquiétant ressort de la réunion. Au-delà des activités institutionnelles et de quelques communications éparses, l’impression est que trop peu est encore fait et que la population des Campi Flegrei est encore mal informée pour faire face à tout type de crise.

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S’agissant de l’activité observée sur le terrain dans les Champs Phlégréens, les autorités s’inquiètent des effets possibles sur la santé humaine des énormes quantités de dioxyde de carbone (CO2) émises quotidiennement, à raison d’environ 5 000 tonnes par jour. Une réunion s’est tenue à la préfecture de Naples, à laquelle ont participé les autorités sanitaires locales, les services de prévention, les maires de la zone phlégréenne, la Protection civile et les responsables de l’Observatoire du Vésuve, sous la coordination du préfet. La réunion a permis d’élaborer des stratégies d’intervention pour éviter les risques pour la population.

Dans les Champs Phlégréens, depuis le début de la crise bradysismique des dernières années, on a observé une augmentation de certains paramètres dans les gaz émis, notamment dans les zones d’Agnano-Pisciarelli et de la Solfatara. Au cours des sept dernières années, les émissions de dioxyde de soufre (SO2) ont été multipliées par cinq, tandis que le CO2 a atteint en moyenne 5 000 tonnes par jour.

Fumerolle de Pisciarelli (Crédit photo: INGV)

L’alerte concernant les concentrations de CO2 dans certaines zones des Champs Phlégréens a été donnée en temps réel par l’Observatoire du Vésuve après que la détection de concentrations de dioxyde de carbone bien supérieures à la moyenne dans certaines zones. La réunion en Préfecture a décidé d’adopter des mesures pour protéger la santé des habitants. Comme on le sait, le CO2 a tendance à se concentrer dans les espaces clos, particulièrement les sous-sols et en général les endroits mal ventilés. Suite à cette réunion, le commandement des pompiers effectuera des inspections immédiates dans les bâtiments publics (écoles, hôpitaux et maisons de retraite) pour évaluer la présence éventuelle de dioxyde de carbone. Les maires concernés adopteront rapidement les ordonnances qui prévoient les exigences de sécurité pour les bâtiments publics et les habitations privées de la zone concernée. La table préfectorale se réunira régulièrement pour suivre chaque évolution du dossier.

Source : presse italienne.

Réchauffement climatique : La Martinique manque d’eau !

Pendant que la métropole se lamente à cause d’une météo pourrie pendant ce mois de mai, la Martinique est confrontée à une sécheresse et une situation hydrique exceptionnelles. Pour la première fois de son histoire, l’île a été placée en situation de « crise sécheresse » par la préfecture le 17 mai 2024 et les prévisions ne permettent pas d’envisager d’amélioration à court terme.

Des mesures strictes ont été prises par les autorités. Un arrêté préfectoral interdit les lavages de voitures et de bateaux, y compris par des professionnels. Une réduction de 25% de la consommation d’eau est imposée aux entreprises consommant plus de 1 000 m³ par an.

Il faut savoir qu’à la Martinique le réseau d’eau est loin d’être performant, avec des coupures fréquentes en temps normal. La situation de sécheresse ne fait qu’aggraver la situation. Depuis début avril, les Martiniquais, en particulier dans le centre et le sud de l’île, doivent composer avec des coupures d’eau tournantes en raison de la baisse du débit des rivières. Une vingtaine d’écoles ont dû fermer, faute de pouvoir assurer les conditions sanitaires d’accueil des élèves.

Au manque de pluie s’ajoutent des records de chaleur avec des températures supérieures de 2°C aux moyennes connues sur les cinq premiers mois de l’année. 8 vagues de chaleur ont été enregistrées entre juillet et septembre 2023. Toute la Martinique est concernée, mais la chaleur a été ressentie particulièrement dans les plaines comme celle du Lamentin et celle de Ducos.

Les climatologues expliquent que quatre facteurs contribuent à cette vague de chaleur et de sécheresse. La période de juillet à septembre est réputée pour ses températures élevées. Les émissions des gaz à effet de serre n’ont pas diminué et donc encouragé l’accélération du réchauffement climatique. Le phénomène El Niño a contribué à la hausse des températures dans la Caraïbe. La saison cyclonique est également tenue pour responsable car elle a provoqué des pannes d’alizés et cette absence de vent a eu des conséquences sur la hausse des températures.

 

En bleu, les écarts de température minimales par rapport à la normale et en rouge les écarts de température maximales (Source : Météo France)

Source : France Info.

15 recommandations pour le tourisme volcanique à La Réunion

La Préfecture de la Réunion avait commandé, en début d’année 2023 un rapport autour du tourisme volcanique. Il en ressort 15 recommandations qui constituent des pistes pour améliorer l’accès au Piton de la Fournaise et au spectacle qu’il offre en période d’éruption.

C’est bien connu : dès que commence une éruption du Piton de la Fournaise, la porte de l’Enclos est tout de suite fermée aux visiteurs et un profond sentiment de frustration apparaît parmi les touristes et les habitants de l’île. La demande d’une évolution de la réglementation se fait entendre depuis de nombreuses années.

Il ne faudrait pas oublier que l’Enclos était autrefois ouvert au public lors des éruptions, librement de 1972 à 2010, puis sur autorisation spéciale nominative jusqu’à 2017. Depuis six ans, l’Enclos est systématiquement interdit par arrêté préfectoral lors des crises éruptives du volcan.

C’est pourquoi le préfet actuel, Jérôme Filippini, a souhaité enclencher une réflexion autour du tourisme volcanique. Un rapport a été élaboré ces derniers mois après échanges avec les divers partenaires concernés par le volcan, avec des visites sur le terrain pour bien apprécier la situation.

Au final, 15 recommandations sont identifiées dans le rapport préfectoral.

ATTENTION ! Il ne s’agit, pour le moment, que de recommandations. Elles sont présentées ci-dessous :

1/ Instaurer un comité partenarial de réflexion sur les aménagements et dispositifs de gestion prévus pour valoriser le volcan et assurer la sécurité

2/ Autoriser l’accès aux tunnels de 2007, à l’exclusion du puits du Tremblet

3/ Veiller à une mise à jour régulière de la liste de diffusion des alertes émises par la préfecture, s’agissant des AMM/GHM et des professionnels de la spéléologie

4/ Finaliser l’implantation d’un dispositif sonore et lumineux, dans la partie haute de l’Enclos, à l’aplomb du sentier de sortie du Pas de Bellecombe-Jacob

5/ Réunir, à chaque éruption, un comité d’experts (OVPF, ONF, BRGM, Météo-France, Atmo, PGHM, PNR, EMZ, ARS) qui serait chargé de proposer, dans la mesure du possible, une ou plusieurs zones accessibles au public

6/ Inciter les collectivités à mettre en place des navettes de bus pour limiter les flux de véhicules, que ce soit sur la partie haute, depuis la route forestière, ou sur la partie basse (RN 2)

7/ Convier la DMSOI au comité d’experts, prévu à la recommandation n° 5, lorsque le niveau de vigilance 2-2 est activé afin de définir un périmètre d’interdiction en mer, le cas échéant

8/ Pour les reconnaissances en phase de sauvegarde, lancer des reconnaissances à pied, lorsque les moyens héliportés sont indisponibles ou ne peuvent pas voler en raison des conditions météorologiques

9/ Communiquer par messagerie, au début de la phase de sauvegarde, aux acteurs du tourisme pour les informer sur la situation de l’éruption et les perspectives de retour au niveau de vigilance

10/ Étudier la mise en place de dispositifs innovants permettant d’accompagner l’observation des coulées depuis la RN2

11/ Solliciter la ligue réunionnaise de spéléologie et de canyoning pour accompagner l’installation de panneaux d’information à l’entrée des tunnels de lave de 2007, en cohérence avec la charte graphique déployée sur la route des Laves, et en collaboration avec le propriétaire du foncier

12/ Étudier la faisabilité d’installer un poste avancé de la gendarmerie nationale au Pas de Bellecombe-Jacob

13/ Délivrer une information claire et synthétique aux visiteurs du volcan, par l’apposition de panneaux au Pas de Bellecombe-Jacob ; grâce à un QR code à l’entrée du sentier ; par l’apposition d’un panneau d’information (météo, règles de sécurité, durée d’atteinte au sommet en véhicule). Les panneaux en phase d’alerte doivent également être revus.

14/ Étudier la proposition, au parking Foc-Foc, d’une offre de services complémentaires (toilettes, petite alimentation, petit équipement de sécurité, prévention, etc.), qui pourrait être également mise en place hors épisode éruptif, dans une logique de diffusion du flux de visiteurs et de décongestion du Pas de Bellecombe-Jacob

15/ Mieux connaître le nombre et les pratiques des visiteurs au Piton de la Fournaise au moyen de quelques questions qui leur seraient posées à l’aide d’un QR code scanné à l’entrée des sentiers

Source : Réunion la 1ère.

A voir maintenant ce qu’il adviendra de ces 15 recommandations, en espérant qu’elles ne resteront pas lettre morte. Entre interdiction totale et liberté totale d’accès à l’Enclos, il reste un vaste espace pour trouver des solutions. Affaire à suivre!

Le Piton de la Fournaise : un superbe volcan

Un panneau qui fait grincer les dents..

(Photos: C. Grandpey)

Ça chauffe sur l’Ile de la Réunion ! // Things are getting heated on Reunion Island !

Le Journal de l’Ile de la Réunion a publié un article fort intéressant qui met bien en évidence la difficulté d’accès du public à un site éruptif actif. Pour le moment, l’Enclos Fouqué est fermé dès qu’une éruption débute. Pour permettre aux touristes et à la population locale d’admirer de plus près les éruptions du Piton de la Fournaise, une solution serait de les conduire en sécurité sous la houlette de guide compétents. Cela fait pas mal de temps que cette hypothèse est évoquée, mais le Préfet traîne les pieds. Aujourd’hui, les guides de montagne perdent patience et interpellent le Préfet pour qu’il donne son feu vert à l’accompagnement de touristes sur les sites éruptifs. Ils menacent de se mobiliser dans les prochains jours.

Depuis le 27 avril dernier, c’est à huis clos que se poursuit le spectacle de l’éruption du Piton de la Fournaise. Maintenu à bonne distance, le public doit toujours se contenter du point de vue depuis le Piton de Bert pour tenter d’apercevoir un peu de lave. La fermeture est même devenue totale : plus aucune accréditation n’est accordée par la Préfecture pour descendre dans l’Enclos Fouqué. C’est donc en douce, et avec le risque de ne pas être couverts en cas d’accident, que quelques passionnés se rendent au plus près de l’éruption. Sans eux, il n’y aurait pas d’images dans les médias, sur les réseaux sociaux et dans les journaux TV locaux et nationaux. Ces observations sont également utiles pour le travail scientifique de l’Observatoire Volcanologique.

Présenté comme l’atout touristique numéro un de La Réunion, le volcan est cadenassé à double tour. Selon les informations obtenues par le Journal de l’Ile, c’est en enjambant les grilles de l’Enclos qu’une équipe de la télévision espagnole a pu tourner la semaine dernière un reportage sur l’éruption. Diffusé en Espagne, il pourrait faire venir des touristes à la Réunion, mais il faudrait qu’ils puissent accéder au volcan !

Entre tout interdire et tout ouvrir, le Préfet avait ouvert une porte en se disant favorable à un accompagnement sécurisé, avec la reprise d’un projet initié dès 2010 par le Syndicat national des accompagnateurs en montagne. Dans la foulée, 47 accompagnateurs ont suivi une formation début 2017, financée par la Région, et se sont équipés en conséquence. L’investissement a été estimé en moyenne à 2 500 euros par professionnel. Une phase de test avait été mise en place lors de l’éruption de juillet 2017. La Préfecture avait jugé le projet «réaliste» mais ne pouvait totalement le valider car certains points restaient à améliorer notamment en matière de couverture radio. Deux nouvelles simulations concluantes ont été menées en mars 2018 et il ne manque plus que le feu vert de l’Etat. C’est la transmission avec la Préfecture qui est désormais au point mort.

Le lendemain du début de l’éruption actuelle, un mail a été envoyé à la Préfecture demandant l’autorisation d’enclencher le dispositif d’accompagnement. On attend toujours la réponse ! S’il fait toujours débat – il serait payant – le dispositif permettrait de conduire des groupes de 8 personnes dans l’Enclos, jusqu’à 80 personnes au maximum par rotation, à environ 200 mètres du site éruptif.

Depuis le début de l’éruption, les initiateurs du projet sont submergés d’appels de locaux et de touristes. Aujourd’hui, ils perdent patience. Faute d’avancées, ils promettent de passer à l’action dans les prochains jours.

L’interdiction d’accès au volcan a des répercussions jusqu’en métropole. Spécialisée dans l’organisation rapide de voyages « spécial éruption », l’agence Aventure et Volcans continuera de «boycotter La Réunion tant que l’accès au volcan ne sera pas autorisé, comme promis à de nombreuses reprises lors des différents salons du tourisme», écrit Tanguy de Saint-Cyr, son responsable, sur les réseaux sociaux. Cela ne manquera pas de réjouir Hawaï et d’autres destinations volcaniques à travers le monde.

Source : Journal de l’Ile.

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The Journal de l’Ile de la Réunion has published a very interesting article that highlights the difficulty of public access to an active eruptive site. For the moment, the Enclos Fouqué is closed as soon as an eruption begins. To allow tourists and the local population to have a closer look at the eruptions of Piton de la Fournaise, one solution would be to accompany them safely under the guidance of competent guides. It’s been a long time since this hypothesis has been mentioned, but the Préfet dragged his feet. Today, mountain guides are losing patience and call on the Préfet to give the go-ahead to accompany tourists on eruptive sites. They threaten to take action in the coming days.

Since April 27th 2018, the show of the eruption of Piton de la Fournaise is taking place in camera. Maintained at a safe distance, the public is only allowed to watch the eruption from Piton Bert in order to try to see a little lava. The closure has even become total: no more accreditation is granted by the Prefecture to go down in the Enclos Fouqué. It is therefore illegally, and with the risk of not being insured in case of accident, that some enthusiasts get closer to the eruption. Without them, there would be no images in the media, on social media, and in local and national TV news. These observations are also useful for the scientific work of the Volcano Observatory.
Presented as the number one tourist attraction of Reunion Island, the volcano is totally padlocked. According to information obtained by the Journal de l’Ile, a team of the Spanish television managed to get into the Enclos by climbing over the entrance gate last week and could make a report on the eruption. Broadcast in Spain, it could bring tourists to Reunion, but they would need to have access to the volcano!
Between prohibiting and opening everything, the Préfet had opened a door saying he was in favor of a secure accompaniment, with the resumption of a project initiated in 2010 by the National Union of Mountain Guides. In the wake of the Préfet’s words, 47 guides attended a training session in early 2017, funded by the Region, and got equipped accordingly. The investment was estimated at an average of 2,500 euros per guide. A test phase was set up during the eruption of July 2017. The Prefecture judged the project « realistic » but could not fully validate it because some points remained to be improved, in particular in terms of radio coverage. Two new successful simulations were conducted in March 2018 and only the green light of the State is missing.

The day after the start of the current eruption, an email was sent to the Prefecture requesting permission to activate the accompaniment. The guides are still waiting for the answer! If it is still controversial – tourists would have to pay – the project would lead groups of 8 people into the Enclos, up to 80 people maximum per rotation, about 200 metres from the eruptive site.
Since the beginning of the eruption, the initiators of the project have been overwhelmed by calls from locals and tourists. Today, they are losing patience. If nothing is done, they promise to take action in the coming days.
The ban on access to the volcano has repercussions as far as the metropolis. Specialized in the rapid organization of « special eruption » trips, the agency Aventure et Volcans will continue to « boycott Reunion Island as long as access to the volcano is not allowed, as was promised many times at various tourism fairs » , wrote Tanguy de Saint-Cyr, its manager, on social networks. This will delight Hawaii and other volcanic destinations around the world.
Source: Journal de l’Ile.

Frustration des touristes devant un spectacle qu’ils ne peuvent pas approcher (Crédit photo: Christian Holveck)