Sur son site web, l’Observatoire Volcanologique du Piton de la Fournaise (OVPF) se vante d’avoir anticipé 83 éruptions du volcan réunionnais. Le 21 avril 2023, l’Observatoire alertait le public en indiquant qu’une crise sismique était en cours et qu’une éruption était une affaire d’heures, voire de minutes. 15 jours plus tard, la lave fait toujours sa timide et n’ose pas percer la surface!
Dans son bulletin mensuel, l’OVPF indique que « le mois d’avril 2023 a été marqué par une hausse de la sismicité sous le Piton de la Fournaise passant d’une dizaine de séismes volcano-tectoniques superficiels par jour entre le 1er et le 12 avril à une vingtaine entre le 13 et le 20 avril. Cette sismicité a culminé le 21 avril avec une crise sismique au cours de laquelle 370 séismes volcano-tectoniques ont été enregistrés entre 15h11 et 16h20 heure locale. Ces séismes étaient localisés sous la bordure sud-ouest du cratère Dolomieu. Cette crise sismique correspond à une injection de magma depuis le réservoir vers la surface mais sans atteindre la surface. Suite à la crise sismique du 21 avril, la sismicité s’est maintenue et a augmenté passant de 7 séismes volcano-tectoniques superficiels le 22 avril à 32 le 30 avril. »
Une éruption se produira probablement, mais où et quand, personne n’a la réponse, bien que le volcan soit truffé d’instruments et surveillé en permanence par des scientifiques compétents. L’Observatoire affirmera-t-il que cette nouvelle éruption était anticipée, malgré le flou actuel dans la prévision ? De la même façon, on pourrait annoncer dès à présent, avec un risque d’erreur minime, qu’une nouvelle éruption aura lieu en 2024 ! D’une manière plus générale, la situation actuelle sur le volcan réunionnais montre qu’il reste beaucoup à faire pour obtenir une prévision éruptive digne de ce nom. On vient d’en avoir la confirmation avec des événements en Islande et au Guatemala.
Comme je le dis souvent, le Piton de la Fournaise est un « volcan d’opérette » qui permet de voir de belles coulées de lave et où le risque humain est quasiment nul. Certes, la lave peut décider de sortir de l’Enclos, mais le volcan étant effusif, il suffira que les populations concernées ne se trouvent pas sur la trajectoire des coulées.
Il en irait tout autrement si le Piton était un volcan explosif. Cela ferait 15 jours que l’on aurait évacué les populations menacées, avec les problèmes de santé, de promiscuité et de sécurité que cela suppose dans les centres d’hébergement provisoire…
Zone sommitale du Piton de la Fournaise, avec les cratères Dolomieu et Bory (Photos: C. Grandpey)