30ème anniversaire de l’Observatoire des Volcans d’Alaska! // The Alaska Volcano Observatory celebrates its 30th anniversary!

L’Observatoire des Volcans d’Alaska (AVO) est l’une des structures avec lesquelles je suis en contact pour obtenir les dernières nouvelles sur l’activité volcanique à travers le monde. L’AVO m’envoie régulièrement des courriers électroniques quand quelque chose d’anormal se passe dans les Aléoutiennes et ailleurs dans l’État.
Cette année, l’Observatoire des Volcans d’Alaska célèbre son 30ème anniversaire. L’Observatoire est le fruit d’une collaboration entre l’Université d’Alaska à Fairbanks, l’USGS et l’Alaska Division of Geological and Geophysical Surveys.

Quelque 90 volcans sont entrés en éruption en Alaska au cours des 10 000 dernières années, assez récemment pour qu’ils soient considérés comme actifs. L’Observatoire surveille essentiellement les volcans proches des zones habitées ou des couloirs aériens.
L’AVO existait depuis un peu plus d’an quand le Redoubt est entré en éruption en 1989. Cette éruption a marqué les esprits car un avion qui faisait la liaison entre Tokyo et Amsterdam via Anchorage, a frôlé la catastrophe en volant trop près du nuage de cendre du Redoubt et ses moteurs ont brusquement cessé de fonctionner. Depuis cette époque, les pilotes se méfient des éruptions volcaniques. Le réseau de surveillance de l’AVO le long des volcans de la chaîne des Aléoutiennes n’est pas forcément essentiel pour les zones habitées, mais il est important pour le trafic aérien. En effet, au moins 50 000 personnes par jour survolent la région et même un volcan isolé peut constituer un risque pour les avions.
L’AVO a débuté en 1988 avec des stations de surveillance sur le Mt. Redoubt, le Mt. Spurr, l’Augustine et le Katmai, mais le réseau de surveillance s’est développé au fil du temps. Les capteurs utilisés par les volcanologues pour étudier les volcans et essayer de prévoir les éruptions sont semblables à ceux utilisés pour détecter les séismes, mais ils doivent être très proches du volcan pour détecter la moindre activité sismique avant une éruption. Ainsi, les scientifiques qui installent ou assurent la maintenance des équipements utilisent un hélicoptère pour s’approcher de la zone où ils installeront les équipements dans un local en fibre de verre.
Certains sites sont plus faciles que d’autres. L’Augustine est relativement facile à visiter, tandis que des volcans comme L’Iliamna et le Mont Spurr sont plus difficiles à approcher sur le plan logistique.
Le 30ème anniversaire de l’Observatoire des Volcans d’Alaska coïncide avec le centenaire du Parc National du Katmai. Le parc a été créé en 1918 pour protéger une zone dévastée par l’éruption de Novarupta, la plus grande éruption volcanique du 20ème  siècle. Des retombées de cendre ont affecté l’Ile Kodiak pendant 60 heures, avec une couche de 30 centimètres. Le nuage de cendre s’est étendu jusqu’à Puget Sound dans l’État de Washington trois jours après le début de l’éruption et a fait chuter la température moyenne d’environ 2 degrés Fahrenheit (1,1°C) dans l’hémisphère nord pendant plus d’un an.
Les chercheurs de l’Alaska Volcano Observatory surveillent également d’autres sites volcaniques dans l’Etat. Ils effectuent des cartographies géologiques des volcans d’Alaska dans le but de comprendre le comportement de ces volcans dans le passé, et d’essayer de prévoir ce qu’ils vont faire dans le futur. Ainsi, sur la Péninsule du Kenai, on peut creuser un trou ou regarder une coupe géologique le long d’une route et détecter des couches de cendre du Redoubt ou de l’Augustine …
L’émergence de nouvelles technologies a permis d’améliorer la surveillance volcanique. L’AVO a installé un capteur de gaz en continu au sommet de l’Augustine – le seul en Alaska – et espère étendre cette technologie dans les années à venir. L’imagerie par satellite a également contribué de manière significative à la détection des nuages de gaz. Les scientifiques commencent également à explorer les volcans en utilisant des drones. Comme l’a dit un chercheur: « Les choses changent constamment ».
Source: Peninsula Clarion.

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The Alaska Volcano Observatory (AVO) is one of the structures I am in touch with to get the latest news about volcanic activity around the world. AVO regularly sends me e-mails when something unusual happens in the Aleutians and elsewhere in the State.

This year, the Alaska Volcano Observatory marks its 30th anniversary. The Observatory  is a collaborative effort between the University of Alaska Fairbanks, the U.S. Geological Survey and the Alaska Division of Geological and Geophysical Surveys.

About 90 volcanoes have erupted in Alaska in the last 10,000 years, recently enough to be considered active. The observatory essenially monitors the volcanoes which are close to people or travel routes.

AVO had only existed for about a year when Mt. Redoubt erupted in 1989. That eruption is often noted because of the near-tragedy of a jet plane flying from Tokyo to Amsterdam via Anchorage, which went briefly into freefall as it flew too close to the ash cloud from the erupting volcano and its engines shut down. Since then, planes have been careful to take volcanic eruptions into account. The observatory’s monitor network along the Aleutian chain volcanoes may not necessarily be applicable for nearby residents, but it is important for air traffic. As many as 50,000 people a day are flying those routes, so even a remote volcano may pose a risk to those flights.

The observatory started out with monitoring stations on Mt. Redoubt, Mt. Spurr, Mt. Augustine and Katmai, but has grown its network over time. The sensors the volcanologists use to study volcanoes and predict eruptions are very similar to the sensors used to detect earthquakes, but they have to be very close to the volcano to detect the subtle seismic activity before an eruption. So the scientists installing or maintaining equipment will fly a helicopter to the volcanoes and look for an area to mount the equipment and a fiberglass hut to house it.

Some sites are easier than others. Mt. Augustine is a relatively easy to site for the researchers, while volcanoes like Mt. Iliamna and Mt. Spurr are more logistically challenging.

The Alaska Volcano Observatory’s 30th anniversary coincides with Katmai National Park’s centennial. The park was established in 1918 in part to protect an area on the Alaska Peninsula devastated by the eruption of Novarupta, the largest known volcanic eruption in the 20th century. Stretched over three days, ash rained down in Kodiak for 60 hours, burying the town in a foot of ash. The ash cloud stretched all the way to Puget Sound in Washington State three days after the eruption began and lowered the average temperatures by about 2 degrees Fahrenheit (1.1°C) in the Northern Hemisphere for more than a year.

The researchers at the Alaska Volcano Observatory do similar work with other volcanic sites around the State. The researchers do basic geological mapping of Alaskan volcanoes, with the goal of understanding what these volcanoes have done in the past, and what they will do in the future. On the Kenai Peninsula, one could go dig a hole or look at a road cut and see layers of Redoubt, Augustine…

The emergence of new technology has helped with monitoring as well. The Alaska Volcano Observatory keeps a continuous gas sensor at the summit of Mt. Augustine, the only one in Alaska, and hopes to expand that technology in the future. Satellite imaging has also helped significantly with detecting chemical dispersions. Scientists are also starting to explore volcanoes by using drones. As one researcher said: “Things are always changing.”

Source: Peninsula Clarion.

Mt Redoubt

Augustine

Vallée des 10 000 Fumées (Parc National du Katmai)

(Photos: C. Grandpey)

 

La cendre du Novarupta (Alaska) // Novarupta’s ash (Alaska)

Le 6 juin 1912, une violente éruption a secoué le Novarupta en Alaska, à l’intérieur de ce qui est aujourd’hui le Parc National du Katmai. Pendant trois jours, le volcan a vomi 100 fois plus de matériaux que l’éruption du Mont St. Helens, avec des panaches qui sont montés jusqu’à plus 30 kilomètres dans le ciel avant de retomber sur la vallée qui a été enfouie par endroits sous plus de 150 mètres de cendres et de roches volcaniques. Le Mont Katmai s’est effondré pendant l’éruption. Quatre ans plus tard, quand le botaniste Robert Griggs a visité la région, des gaz continuaient à s’échapper de la cendre qui recouvrait la vallée, et il lui a donné le nom de Vallée des 10 000 Fumées.
Aujourd’hui, quelques jours chaque année, le vent rappelle à la population de la région cette impressionnante éruption. Cela se passe le plus souvent à l’automne, lorsque les tempêtes balayent la région, avant l’arrivée de la neige.
La semaine dernière, de forts vents de nord-ouest ont soulevé la cendre de l’éruption du 20ème siècle, affectant la visibilité sur l’Ile Kodiak. Le Service Météorologique a publié un bulletin spécial pour Kodiak, avertissant les habitant que le vent avait soulevé la cendre qui se dirigeait essentiellement vers la partie ouest de l’île.
Aujourd’hui, une éruption semblable à celle du Novarupta affecterait gravement le trafic aérien. Au début du 20ème siècle, quand le Novarupta est entré en éruption, il n’y avait aucun avion dans le ciel; le premier aéronef a volé en Alaska seulement un an après l’éruption. De nos jours, le Pacifique Nord est l’un des couloirs aériens les plus fréquentés au monde, avec plus de 200 vols par jour.
Pour calculer les effets qu’aurait aujourd’hui une éruption du Novarupta sur le trafic aérien, un chercheur américain a utilisé un modèle informatique appelé Puff développé par des scientifiques de l’Université de l’Alaska et affiné par un scientifique de l’Institut de Géophysique. A l’aide de ce modèle, le chercheur a imaginé que le Novarupta émettait de la cendre une fois par semaine pendant cinq ans. Il a constaté que la plupart des aéroports de l’hémisphère Nord fermeraient, mais aussi que la cendre de l’éruption atteindrait probablement l’Australie. Le pire scénario coûterait plus de 300 millions de dollars uniquement en termes de passagers et de vols retardés.
Source: Alaska Dispatch News.

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On June 6th 1912, a violent eruption shook Mt Novarupta in Alaska, in what is now Katmai National Park and Preserve. For three days, the volcano spewed 100 times more material than the Mount St. Helens eruption, shooting plumes 30 kilometres into the air and burying the valley downwind in over 150 metres of ash and volcanic rock. Mount Katmai collapsed during the explosion. Four years later, when botanist Robert Griggs visited the region, steam still poured from vents across the valley, prompting the crew to name it the Valley of 10,000 Smokes.

Today, a few times every year, the wind reminds the population of the region of that impressive eruption. It is most commonly seen in fall, when storms are passing through the area, and before snow has settled.

Last week, strong northwestern winds kicked up ash from the 20th century eruption, impacting visibility on Alaska’s Kodiak Island. The National Weather Service issued a special weather statement for Kodiak, letting locals know that loose ash had been stirred up, particularly toward the west side of the island.

Today, an eruption similar to Novarupta’s would severely affect air traffic. In the early 20th century, when Novarupta erupted, there were no planes in the air; the first plane didn’t fly in Alaska until one year after the eruption. Now, the North Pacific is one of the busiest air corridors in the world, with more than 200 flights a day.

To calculate the effects of a modern-day Novarupta on today’s air travel, a U.S. researcher used a computer model called Puff developed by University of Alaska scientists and refined by a scientist at the Geophysical Institute. The researcher used the model to spew ash from Novarupta’s vent once a week for five years and discovered that most airports in the Northern Hemisphere would close, but ash would also likely reach Australia. The worse case scenario would cost in excess of 300 million dollars just in terms of passengers and delayed flights.

Source: Alaska Dispatch News.

Falaises de cendre dans la Vallée des 10 000 Fumées (Photos: C. Grandpey)

La cendre du Katmai (Alaska) // The ash from Katmai (Alaska)

drapeau-francaisLa NASA a publié une image obtenue grâce au spectroradiomètre d’imagerie à résolution modérée (MODIS) sur le satellite Terra le 2 décembre 2016. Une autre photo a été prise le 5 décembre 2016. Les deux images montrent un panache de cendre volcanique en suspension au-dessus du golfe d’Alaska, en particulier dans la deuxième image. Cependant, le panache n’est pas le résultat d’une éruption; il s’agit d’ancienne cendre déposée dans le Katmai lors de l’éruption du Novarupta en 1912 et soulevée par le vent. Ce n’est pas la première fois qu’un tel événement est observé. Des vents violents ont déjà remobilisé la cendre dans cette région en octobre 2015. De plus, de semblables nuages de cendre envahissent parfois l’île Kodiak où ils perturbent la vie des habitants:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2015/03/14/29162/

J’ai rédigé une note sur l’éruption de Novarupta en juin 2012 à l’occasion du centième anniversaire de cet événement:
Https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2012/06/06/il-y-a-tout-juste-un-siecle-le-volcan-novarupta-alaska/

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drapeau-anglaisNASA has released an image captured by the Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer (MODIS) on Terra satellite on December 2nd 2016. Another image was acquired on December 5th 2016. Both images show a plume of volcanic ash hanging over the Gulf of Alaska, especially in the second image. However, the plume is not the product of an eruption; it is re-suspended ash deposited in Katmai by the 1912 eruption of Novarupta. High winds previously stirred up ash in the area in October 2015. Similar ash clouds are sometimes observed on Kodiak Island where they disturb the lives of the inhabitants :

 https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2015/03/14/29162/

I wrote a note about the Novarupta eruption in June 2012 for the hundredth anniversary of this event:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2012/06/06/il-y-a-tout-juste-un-siecle-le-volcan-novarupta-alaska/

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On aperçoit le nuage de cendre en bleu dans l’angle supérieur droit de l’image.

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Source: NASA.

La cendre du Katmai (Alaska) // The ash of Katmai (Alaska)

drapeau-francaisDes scientifiques de l’Alaska Volcano Observatory vont se rendre sur l’Ile Kodiak afin d’installer des appareils destinés à mesurer la cendre volcanique produite par l’éruption du volcan Novarupta en 1912. L’éruption fut la plus puissante du 20ème siècle. Elle a donné naissance à  une zone désertique de 110 kilomètres carrés, la Vallée des 10 000 Fumées qui fait aujourd’hui partie du Parc National du Katmai, sur la péninsule de l’Alaska. Plus d’un siècle après l’éruption, la cendre volcanique constitue toujours un réel danger. En effet, une couche de cendre atteignant parfois 18 mètres d’épaisseur demeure dans certaines vallées du Katmai et cette cendre peut être emportée par le vent vers Kodiak quand la région n’est pas recouverte de neige. Cela crée un danger pour les avions et parfois pour la population. Les fortes rafales de vent soulèvent de volumineux panaches de cendre qui sont détectés par les satellites depuis l’espace et peuvent être confondus avec une nouvelle éruption volcanique. Si la cendre atteint 6.000 mètres d’altitude, elle devient une menace réelle pour les vols transcontinentaux. La cendre du Katmai est généralement observée entre 1500 et 3300 mètres, ce qui peut causer des problèmes aux pare-brise et aux moteurs des petits aéronefs.
L’Observatoire va installer des instruments de mesure de particules sur deux sites pour recueillir des échantillons de cendre et évaluer la quantité de cendre dans l’air ambiant..
Source: AVO.

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drapeau anglaisThe Alaska Volcano Observatory is sending scientists to Kodiak Island to set up equipment that can monitor volcanic ash from the Novarupta-Katmai eruption in 1912. The eruption was the largest in the 20th Century and created a 110-square-kilometre desert known as the Valley of 10,000 Smokes in what is now Katmai National Park on the Alaska Peninsula. More than a century later, ash from the event is still creating a hazard. Indeed, ash up to 18 metres deep remains in some valleys in Katmai and can be kicked up and blown toward Kodiak when it’s not covered by snow, creating a hazard for aircraft and possibly human health. When strong winds blow, the ash kicks up in such large volumes, it’s detected from space and can be mistaken for a new volcanic eruption. If ash reaches 6,000 metres, it’s considered a major threat to trans-continental aircraft. Ash from Katmai typically has been observed at 1,500 to 3,300 metres, which can cause abrasion issues for the windshields and engines of smaller aircraft.

The Observatory will install particulate measuring instruments at two locations to collect ash samples and assess how much is blown around.

Source: AVO.

Vallee 07

Vallee 12

Photos: C. Grandpey