Hawaï : Ōhi‘a lehua toujours menacé // Hawaii : Ōhi‘a lehua still under threat

Dans deux notes publiées en novembre 2015 et mai 2017, j’ai alerté sur une maladie qui menace de tuer les ohi’a lehua à Hawaï. L’Ōhi’a lehua (Metrosideros polymorpha) est l’un des arbres les plus répandus et les plus populaires à Hawaï et le premier arbre indigène à coloniser la lave récemment émise par les volcans. C’est un arbre qui possède une très forte signification culturelle ; il symbolise la force, la beauté et la sainteté. Il est considéré comme la manifestation physique de Kū, l’une des quatre principales divinités hawaïennes. Les fleurs de lehua rouges, orange et jaunes sont un symbole de Pele, la déesse du feu et des volcans. L’‘ōhi‘a est intimement lié à l’art du hula; ses fleurs et son feuillage ornent fréquemment les danseurs.

Aujourd’hui, la maladie qui tuait les arbres il y a dix ans est toujours présente et les scientifiques nous expliquentt qu’« elle pourrait détruire la plupart des forêts d’‘ohi‘a de la Grande Île d’ici 20 ans. » Lors de la découverte de cette maladie mystérieuse, on s’est rendu compte qu’elle étai causée par un champignon, le Ceratocystis fimbriata. Elle provoque le brunissement rapide des feuilles d’une seule branche ou de toute la couronne de l’arbre, entraînant souvent sa mort en quelques semaines. Cette maladie pourrait modifier l’évolution du paysage volcanique et des écosystèmes forestiers d’Hawaï, mettant en danger les oiseaux, les invertébrés et les communautés végétales sur les îles.

Les chercheurs sont désormais engagés dans une course contre la montre. Ils estiment que la plupart des vastes forêts d’ohi’a de l’île d’Hawaï pourraient disparaître d’ici 20 ans si la maladie n’est pas enrayée. C’est pourquoi des équipes de scientifiques tentent de mieux comprendre le fonctionnement de cette maladie fongique afin d’aider les agents du Forest Service et le gouvernement fédéral à mieux protéger les forêts vulnérables. Des avancées prometteuses ont récemment été réalisées. Ces mesures comprennent un nouveau répulsif contre les coléoptères. Il est censé éloigner les minuscules insectes qui contribuent à infecter les arbres avec le virus. Une subvention d’un million de dollars a également été accordée pour étudier si la chimie rend certains arbres plus résistants que d’autres. En janvier 2024, un groupe de travail multi-agences a publié un plan quinquennal de lutte contre la maladie. La mise en œuvre de ce plan pourrait nécessiter jusqu’à 8 millions de dollars par an, soit environ le double du montant prévu dans les plans précédents.
Les scientifiques expliquent que le réchauffement climatique accélère la disparition des ohi‘a. Avec la hausse des températures, les plantes et les mauvaises herbes envahissantes à croissance rapide étouffent les jeunes ohi‘a et d’autres espèces végétales indigènes sur le sol forestier. Les périodes de sécheresse prolongée liées au réchauffement climatique stressent davantage les o‘hi‘a, et les tempêtes plus fréquentes les laissent avec des branches cassées et l’écorce exposée. Ces facteurs les rendent plus vulnérables à la maladie.

L’ʻohiʻa est ce que les chercheurs appellent un arbre « clé de voûte » pour Hawaï, car il permet l’existence de nombreuses plantes indigènes, insectes, oiseaux et l’écologie globale. L’ʻohiʻa joue également un rôle essentiel dans la cosmologie et les croyances hawaïennes traditionnelles. Il est étroitement lié à Pele, la déesse hawaïenne du feu et des volcans, et à Ku, le dieu hawaïen de l’énergie primordiale et de la guerre. Dans un haʻi moʻolelo (légende), Pele, la déesse du feu, rencontre un jeune guerrier nommé ʻŌhiʻa et lui demande de vivre avec elle. Cependant, ʻŌhiʻa a déjà promis son amour à une femme nommée Lehua. Folle de jalousie, Pele provoque une éruption de l’Halemaʻumaʻu et décide de tuer ʻŌhiʻa et Lehua. Détruisant tout sur son passage, Pele finit par trouver les deux amants blottis l’un contre l’autre dans une cachette. Elle les encercle avec des coulées de lave, mais avant qu’ils soient dévorés par le feu, l’ʻaumakua (ancêtre déifié) de Lehua transforme ʻŌhiʻa en arbre, et Lehua en fleur, afin que les deux amoureux soient ensemble pour toujours. On dit encore aujourd’hui que cueillir une fleur de lehua ʻōhiʻa sépare les amoureux et qu’il pleuvra, la pluie symbolisant leurs pleurs.

Les danseurs de hula cueillaient souvent les fleurs et les feuilles de lehua ʻōhiʻa pour confectionner des lei (couronnes) et faire des offrandes à Laka, la déesse hawaïenne du hula. Des recherches ont montré que les champignons ne sont pas présents dans les feuilles, les graines ou les fleurs de ʻōhiʻa ; cependant, la cueillette est susceptible de créer des blessures microscopiques, susceptibles de provoquer une infection. Depuis 2016, le Merrie Monarch Festival , le plus grand concours de hula au monde, encourage l’utilisation d’autres plantes pour confectionner les lei afin de limiter la cueillette dans les forêts, où les ʻōhiʻa sont les plus vulnérables.

La maladie de la mort rapide de l’ʻohi‘a – Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD) – a été détectée dans certaines zones forestières de Kauai, Oahu et Maui, mais elle n’a pas encore explosé sur ces îles comme elle l’a fait sur la Grande Île. Selon le Service des forêts, au cours de la dernière décennie, la maladie a tué entre 1 et 2 millions d’arbres à Hawaï.
Les chercheurs tentent de comprendre ce qui rend certains arbres plus résistants que d’autres. Un projet de recherche se concentre sur les glucides, éléments constitutifs des défenses chimiques des plantes. Ils examinent si les arbres génétiquement capables de stocker davantage de glucides peuvent mieux résister à la maladie. Ce projet de trois ans vient s’ajouter à une autre étude visant à collecter des boutures et des graines d’ʻohi‘a sur le terrain, puis à les utiliser pour faire pousser de nouveaux arbres en pépinière afin de déterminer lesquels sont génétiquement les plus résistants au champignon.
Tout le monde s’accorde également à dire que l’installation de clôtures dans les forêts d’ʻohi‘a de la Grande Île permettrait d’éradiquer presque entièrement la maladie. Ces barrières empêcheraient l’entrée des porcs sauvages, des chèvres et autres ongulés susceptibles de propager les spores du champignon d’arbre en arbre. Cependant, l’installation et l’entretien de clôtures sur la très vaste étendue de forêts sont tout à fait impossibles et trop coûteux. Le Park Service dispose d’environ 270 km de clôtures dans le Parc national des Volcans sur Big Island pour empêcher l’entrée de ces ongulés. L’entretien et l’inspection de ces clôtures représentent un travail colossal. Des caméras ont été installées dans les forêts pour surveiller le comportement des animaux.
En 2025, la maladie continue de se propager et de plus en plus d’ʻohiʻa meurent. Une fois de plus, les restrictions budgétaires imposées par l’administration Trump ne contribueront pas à résoudre le problème. Il n’existe actuellement aucun remède contre la mort rapide de lʻŌhiʻa ; cependant, la sensibilisation à la maladie a progressé à Hawaï. Des efforts sont déployés pour enrayer la propagation dans de nouvelles régions, mais chacun doit contribuer. Si les Hawaïens ne parviennent pas à collaborer, la mort rapide d’ʻŌhiʻa pourrait potentiellement anéantir toutes les forêts d’ʻōhiʻa restantes, et des aspects importants de la culture hawaïenne pourraient être perdus à jamais.

Photos: C. Grandpey

Source : Médias d’information hawaïens.

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In two posts released in November 2015 and May 2017, I alerted to a disease that was threatening to kill ohi’a lehua trees in Hawaii. Ōhi‘a lehua (Metrosideros polymorpha)is one of the most common and popular trees in Hawaii and the first native tree to colonize young lava. It is a tree with immense cultural significance, symbolizing strength, beauty, and sanctity. It is considered the physical manifestation of Kū, one of the four principal Hawaiian deities. The red, orange, and yellow lehua blossoms are a symbol of Pele, the goddess of fire and volcanoes. The ‘ōhi‘a is entwined with the art of hula, with its flowers and foliage frequently adorning the dancers.

Today, we learn that the disease that was killing the trees ten years ago is still present and scientusts warn that « it could kill most of the Big Island’s ‘ohi‘a forests within 20 years. »

It was ten years ago, that the mysterious new disease was found sweeping through Hawaii’s native ‘ohi‘a forests. It was caused by a fungus, Ceratocystis fimbriata. Known as ‘ōhi‘a wilt, or Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD), it causes the rapid browning of the leaves on a single limb or in the entire tree crown and the tree often dies within weeks. This has the potential to change the evolution of the volcanic landscape and forest ecosystems in Hawaii, putting Hawaiian birds, invertebrates, and plant communities at risk.

Now, researchers are in a race against time. They say most of the vast ‘ohi‘a forests on Hawaii island might be gone in the next 20 years if the disease is not stopped. This is why teams of scientists are trying to better understand how the fungal disease works to help state and federal land managers better protect the vulnerable forests. Recently, some promising developments have occurred. They include a novel beetle repellent to keep away the tiny bugs that help infect the ‘ohi‘a trees with the virus, and a $1 million grant to study whether the chemistry makes some trees more resistant than others. However, more money will be needed. In January 2024, a multi-agency working group released a five-year plan to fight the disease. State land officials say carrying the plan out could require as much as $8 million per year, about double the amount called for in earlier plans.

Scientists explain that global warming is hastening the ‘ohi‘a die-off. Warming conditions lead fast-growing invasive plants and weeds to choke out young ʻohiʻa trees and other native plant species on the forest floor. Extended drought linked to global warming further stresses the o‘hi‘a trees, and more frequent storms leave them with broken branches with exposed bark. Those factors make them more vulnerable to the disease.

The ʻohiʻa is what researchers call a “keystone” tree for Hawaii, supporting scores of native plants, insects, birds and the overall ecology. The ʻohiʻa also plays an integral role in traditional Hawaiian cosmology and belief. It is closely linked to Pele, the Hawaiian goddess of fire and volcanoes and Ku, the Hawaiian god of primal energy and war.

In haʻi moʻolelo (storytelling) Pele, the goddess of fire, met a young warrior named ʻŌhiʻa and asked him to be with her. However, ʻŌhiʻa had already pledged his love to a woman named Lehua. Enraged with jealousy, Halemaʻumaʻu erupted and Pele decided to kill ʻŌhiʻa and Lehua. Destroying everything in her path, Pele finally found the two lovers huddled together in hiding. Pele surrounded them with lava, but before she could devour them in fire, Lehua’s ʻaumakua (deified ancestor) turned ʻŌhiʻa into a tree, and Lehua into a flower on the tree so that the two lovers would be together forever. It is said that if you pick the ʻōhiʻa lehua flower, you are separating the lovers and it will rain, which is symbolic of the lovers crying.

Hula dancers would often collect its flowers and leaves to craft lei and make offerings to Laka, the Hawaiian goddess of hula. Research has shown that the fungi are not present in ʻōhiʻa leaves, seeds, or blossoms; however, the act of picking could create microscopic wounds, which would lead to infection. Since 2016, the Merrie Monarch Hula Competition, the largest hula competition in the world, has encouraged the use of other lei plants to limit gathering in the forests, where ʻōhiʻa are most vulnerable.

Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD) has been found in some forest pockets of Kauai, Oahu and Maui but has yet to explode across those islands as it has on the Big Island. In the past decade, the disease has killed between 1 and 2 million trees in Hawaii, according to the U.S. Forest Service.

Researchers are trying to figure out what makes some trees more resilient than others.A research project focuses on carbohydrates as the building blocks of the chemical defenses in the plants. They will examine whether trees genetically capable of storing more carbohydrates can better fend off the disease when it strikes. The three-year project complements a separate effort to collect ʻohi‘a cuttings and seeds from the forest, then use them to grow new trees in a nursery to determine which are genetically the most resistant to the fungus.

Everybody also agrees that installing fences across the Big Island’s ‘ohi‘a forests would almost entirely stamp out Rapid ʻOhi‘a Death. The barriers would keep out the pigs, goats and other invasive hoofed animals that can spread the fungus spores from tree to tree. But installing fences across the huge area of forests and maintaining them simply isn’t feasible and too expensive. The park service has about 270 km of fencing across the Big Island’s Volcanoes National Park to keep out those hoofed animals. Maintaining and inspecting the fences is a huge job. Cameras have been installed in the forests to spy on the animals.

In 2025, the disease is still spreading and more ʻohiʻa trees are dying. Once again, budget cus imposed by the Trump administration will not help solve the problem. There is currently no cure for Rapid ʻŌhiʻa Death; however, awareness on the disease has progressed throughout Hawaiʻi. Efforts are being focused on stopping the spread into new regions, but everyone needs to do their part. If Hawaiians fail to work together, Rapid ʻŌhiʻa Death could potentially wipe out all the remaining ʻōhiʻa forests, and important aspects of Hawaiian cultural could be lost forever.

Source : Hawaiian news media.

La Photo de l’Année en Islande // Photo of the Year in Iceland

Le 14 janvier 2024, une fracture éruptive s’est ouverte à quelques centaines de mètres des habitations au nord de Grindavík, au pied du mont Hagafell. Le même jour, une autre fracture s’est ouverte à 20 mètres des habitations les plus proches. Un homme, Lúðvík Pétursson, a été porté disparu après être tombé dans l’une d’elles. Il travaillait à compacter le sol dans une crevasse lorsqu’il a fait une chute à l’intérieur. Une opération de secours et de recherche impliquant plus de 200 personnes a été organisée, mais le malheureux n’a jamais été retrouvé. Les recherches ont été interrompues pour des raisons de sécurité.
Eggert Jóhannesson, photographe pour le journal islandais Morgunblaðið, a reçu le prix de la Photo d’actualité de l’année 2024 décerné par l’Association islandaise des photographes de presse. Ce prix prestigieux lui a été décerné pour sa photo prise en janvier 2024 lors des recherches entreprises pour retrouver Lúðvík Pétursson.
Le jury a particulièrement apprécié la photo dans laquelle Jóhannesson a su capturer le moment où toute l’Islande a pleinement pris conscience de la gravité de la situation à Grindavík. Selon le jury, « la photo capture l’intensité de l’instant, tout en soulignant l’ampleur et la difficulté des opérations de sauvetage. Elle traduit les immenses défis auxquels sont confrontés sauveteurs et photographes dans des conditions extrêmement dangereuses. La capacité du photographe à cadrer l’instant avec tant de force traduit parfaitement la tension et le danger présents sur les lieux. L’image rappelle également avec force que la fracture ne se trouvait pas en milieu ouvert, mais à côté d’une maison, qui semble vaciller au bord du néant.» Le jury a également félicité le photographe pour avoir exploité les conditions défavorables afin d’accentuer la profondeur de l’image. Ainsi, l’humidité sur l’objectif ajoute une impression tangible de l’environnement périlleux. « Bien que la scène puisse paraître calme vue d’en haut, une lourdeur sous-jacente s’en dégage. Les drapeaux rouges ajoutent une touche symbolique, nous rappelant la gravité de la situation. »
Source : Iceland Monitor, où vous trouverez une image en haute résolution.

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Sur le terrain, on attend l’éruption…qui ne vient pas. Initialement prévue fin janvier 2025 par les volcanologues islandais, puis le 20 mars, elle ne s’est toujours pas déclenchée. Dans son dernier bulletin du 18 mars, le Met Office indique que le soulèvement du sol se poursuit à Svartsengi, bien qu’à un rythme légèrement réduit. Effectivement, les graphiques montrent une stabilisation du phénomène, avec une courbe qui tend à devenir horizontale. Selon le Met Office, le volume de magma accumulé n’a jamais été aussi important depuis le début de la série d’éruptions le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur en décembre 2023.

Évolution de l’inflation au cours des derniers mois (Source: Met Office)

Il semble que, pour le moment, la pression des gaz ne soit pas suffisante pour permettre à la lave de percer la surface. De plus, la sismicité est faible. Se dirige-t-on vers une éruption avortée, comme cela s’est déjà produit en Islande ? La lave sortira-t-elle dans le secteur de Sundhnúkur, ou bien optera-t-elle pour celui où a eu lieu le dernier essaim sismique ? Le magma restera-t-il sous terre pour former un dyke ? Autant de questions auxquelles personne n’est capable de répondre. Dans la mesure où des vies humaines ne sont pas menacées, l’issue de cette situation importe peu. Si une éruption avec importante émission de lave devait avoir lieu, les seules structures menacées seraient la centrale géothermique et le Blue Lagoon. Si éruption il y a, il faut espérer que les digues de terre éviteront des conséquences fâcheuses pour l’alimentation en eau chaude et en électricité de cette partie de l’Islande.

Depuis la fin de la dernière éruption de décembre 2024, les scientifiques du Met Office et de l’Université d’Islande ont émis de nombreuses hypothèses sur la situation dans la péninsule de Reykjanes. Certains affirment aujourd’hui que l’importante accumulation de magma pourrait provoquer une éruption plus puissante que les précédentes sur la chaîne de cratères de Sundhnúkur . Des scientifiques du Met Office ont récemment déclaré que la période éruptive actuelle sur la péninsule de Reykjanes pourrait durer des siècles et alterner entre les systèmes volcaniques. À côté de cela, on pouvait lire il y a quelques semaines que la prochaine éruption, si elle se produit, sera probablement la dernière de la série. Un autre scientifique a déclaré qu’avec la lente accumulation actuelle du magma, il pourrait s’écouler plusieurs mois, voire des années, avant que suffisamment de magma s’accumule pour déclencher la neuvième éruption à Sundhnúkur. Le volcanologue a ajouté : « Cela rend plus difficile la prévision du moment de la prochaine éruption avec plus de quelques mois de précision, et on ne sait même pas s’il y aura une éruption. »

L’exemple le plus récent d’une telle situation, avant les éruptions sur la péninsule de Reykjanes, concerne le volcan Krafla dans le nord-est de l’Islande, qui est entré en éruption de 1975 à 1984. Il y a eu neuf éruptions, et vers la fin de la série, l’afflux de magma dans la caldeira a considérablement ralenti. Le soulèvement du sol s’est arrêté pendant trois ans après la dernière éruption. Il a repris pendant deux ans et s’est terminé en 1990 sans autre éruption. J’étais en Islande à ce moment-là. La sismicité était élevée ; le sol avait gonflé d’environ un mètre à la centrale géothermique, mais l’éruption a finalement avorté.

Éruption du Krafla en septembre 1984 (Source: Smithsonian Institution)

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On January 14th, 2024, an eruptive fissure opened just a few hundred meters from homes north of Grindavík, at the foot of Hagafell Mountain. That same day, another fissure opened 20 meters from the nearest homes. A man, Lúðvík Pétursson, was missing after falling into a crack in the ground. He had been working to compact soil into a crevasse when he fell into it. A search and rescue operation involving more than 200 people was organised but they could never find the missing person. The search was called off for safety reasons..

Eggert Jóhannesson, a photographer for the Icelandic newspaper Morgunblaðið, has been awarded the News Photo of the Year 2024 by the Icelandic Press Photographers Association. The prestigious award was presented for his striking photograph taken in January 2024 during the search efforts in Grindavík for Lúðvík Pétursson, .

The jury praised Jóhannesson’s image for capturing the moment when the whole of Iceland fully grasped the gravity of the situation in Grindavík. « The photo captures the poignancy of the moment, highlighting the vast scope and difficulty of the rescue operations, » the jury said. « It conveys the immense challenges faced by rescuers and photographers alike in extremely hazardous conditions. The photographer’s ability to frame the moment so powerfully speaks to the tension and danger present at the scene. The image is also a stark reminder that the crack was not in an open field, but next to a house, one that seems to be teetering on the edge of nothingness. » The jury further commended the photographer for using the adverse conditions to enhance the image’s depth, noting the wetness on the lens that added a tangible sense of the perilous environment. « Though the scene may seem calm from above, there is an underlying heaviness. The red flags add a symbolic touch, reminding us of the gravity of the situation. »

Source : Iceland Monitor where you will see a higher resolution image.

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On the field, everybody is waiting for the eruption… which hasn’t happened yet. Initially predicted by Icelandic volcanologists for late January 2025, then on March 20th, it still hasn’t occurred. In its latest bulletin dated March 18th, the Met Office indicates that ground uplift is continuing at Svartsengi, albeit at a slightly reduced rate. Indeed, the graphs show a stabilization of the phenomenon, with a curve tending to become horizontal. According to the Met Office, the volume of accumulated magma has never been this large since the beginning of the series of eruptions along the Sundhnúkur crater row in December 2023.
It appears that, for the moment, the gas pressure is not sufficient to help the lava to break through the surface. Moreover, seismicity is low. Are we heading towards an aborted eruption, as has already happened in Iceland? Will the lava erupt in the Sundhnúkur area, or will it choose the area where the last seismic swarm was observed? Will magma remain underground to form a dike? These are all questions no one can answer. As long as human lives are not at risk, the outcome of this situation matters little. If an eruption with significant lava flows were to occur, the only structures threatened would be the geothermal power plant and the Blue Lagoon. If an eruption does occur, it is to be hoped that the earth dikes will prevent adverse consequences for the hot water and electricity supply in this part of Iceland.

Since the end of the last eruption of December 2024, scientists at the Met office and the University of Iceland have released numerous predictions about the situation on the Reykjanes Peninsule. Some are saying today that beacuse a large quantity of magma has accumulated, the next eruption in the Sundhnúkur crater row could be stronger than the previous ones. Dcientists at the Met Office recently declared that the current eruptive period on the Reykjanes peninsula could last for centuries and shift between volcanic systems. One could read a few weeks ago that the next eruption, if it occurs, would be the last of the series. Another scientists has declared that with the current slow magma accumulation, many months or even years could pass before enough magma builds up to trigger the ninth eruption in the Sundhnúkur crater row. The volcanologist added : « This also makes it more difficult to predict the timing of the next eruption with more than a few months’ accuracy, or whether it will even erupt at all. » The most recent example before the eruptions on the Reykjanes peninsula is the one of Krafla volcano in north-east Iceland, which lasted from 1975 to 1984. There were nine eruptions, and towards the end, magma inflow into the Krafla caldera slowed significantly. Ground uplift halted for three years after the last eruption but resumed for two years and ended in 1990 without further eruptions. I was in Iceland by that time. Seismicity was elevated ; the ground had inflated by about one meter at the geothermal power station, but the eruption finally aborted.

Combat mortel d’ours dans le Katmai (Alaska) // Deadly fight of bears in Katmai (Alaska)

La Fat Bear Week (Semaine de l’Ours Gras) est une compétition qui se déroule chaque année à l’automne dans le Parc national du Katmai en Alaska. Elle demande au public de voter en ligne afin de déterminer lequel des ours bruns qui résident dans le Parc, et qui mangent autant de saumons que possible à cette période de l’année pour se préparer à l’hibernation, mérite le titre de « Fat Bear » de l’année.
Cette année, la Fat Bear Week a dû être décalée à la suite d’une bagarre entre deux grizzlis et qui s’est soldée par la mort d’un des protagonistes. Selon les rangers, l’affrontement a eu lieu entre un ours mâle, appelé 469, et une femelle plus âgée, appelée 402, et a entraîné la mort de cette dernière. La scène a été filmée en direct par l’une des webcams du Parc:

https://www.youtube.com/watch?v=b5FDOlp3eWk&t=131s

Les ours se chamaillaient dans le lac Naknek près de la rivière Brooks lorsque la querelle a dégénéré. L’ours 469 a finalement vaincu l’ourse 402, qui a fini noyée. L’ourse 402 n’avait jamais remporté la Fat Bear Week mais était connue pour avoir  donné naissance à huit portées d’oursons au cours de sa vie dans le Katmai National Park.

J’ai visité le Katmai National Park il y a quelques années. Outre les ours, le but de mon voyage était de me rendre dans la Vallée des 10 000 fumées, résultat de l’éruption cataclysmale du Novarupa en 1912.

Les ours sont les premiers animaux que les visiteurs aperçoivent lorsque l’hydravion se pose sur le lac Naknek, près de la rivière Brooks. La vue des ours en train de se gaver de saumons qu’ils attrapent depuis le haut de la cascade est un véritable spectacle. Bien que les ours semblent inoffensifs lorsqu’ils sont dans la rivière, il ne faut pas oublier que ce sont des animaux sauvages et que vous pouvez être confronté à l’un d’eux en vous promenant sur le site. Dès votre arrivée à Brooks, les rangers vous indiquent ce qu’il faut faire – et ne pas faire – si vous rencontrez un ours pendant votre séjour.

Si vous voulez en savoir plus sur les différentes sortes d’ours dans le monde, il vous suffit de lire le livre « Dans les Pas de l’Ours » (Ed. Sequoïa) que j’ai écrit avec Jacques Drouin il y a quelques années.

Photos: C. Grandpey

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Fat Bear Week is an annual competition, which takes place at Katmai National Park in Alaska. It asks the public to vote in order to determine which of the park’s resident brown bears, who are eating as much salmon as possible this time of year to prepare hibernation, deserves Fat Bear Week’s top title.

This year, the Fat Bear Week had to be delayed following a fatal fight between two Alaskan grizzlies. According to the Park’s rangers, a clash between a male bear, referred to as 469 and an older female bear, referred to as 402, led to one of the bears dying. The incident was caught on one of the park’s livestreams :

https://www.youtube.com/watch?v=b5FDOlp3eWk&t=131s

The bears were biting and thrashing at each other in Naknek Lake close to the Brooks River when Bear 469 ultimately overtook 402, who sank and got drowned into the water. Bear 402 had never won Fat Bear Week but was known for having given birth to eight litters of cubs during her life at Katmai National Park.

I visited Katmai National Park a few years ago. Beside the bears, the aim of my trip was to visit the Valley of the 10,000 Smokes, the result of Novarupa’s major eruption in 1912.

Bears are the first animals visitors ee when the float plane lands on Naknek Lake, close to Brooks River. The sight of the bears feeding on salmon and catching the fish from the top of the waterfall is a real show. Although the bears look inoffensive while they are in the river, one should not forget they are wild animals and you may be confronted with one of them while walking around the site. As soos as you arrive at Brooks, the rangers tell you what to do if you happen to encounter a bear during your stay.

If you want to know more about the different sorts of bears in the world, just read the book « Dans les Pas de l’Ours » (Ed. Sequoïa) I wrote with Jacques Drouin a few years ago.

Nouvelles attaques d’ours polaires, une espèce en danger // New polar bear attacks, a species at risk

Dans une note publiée le 3 août 2024, j’expliquais qu’un Allemand qui faisait partie d’une équipe scientifique a été attaqué par un ours polaire dans l’est du Groenland le 24 juillet 2024. L’incident s’est produit sur l’île Traill, près de Mestersvig. Le scientifique est le seul à avoir été blessé lors de l’attaque et il a été immédiatement transportée par avion vers un hôpital en Islande. Son état est jugé stable. L’ours polaire responsable de l’attaque a été abattu.

Le 12 août 2024, plusieurs articles de presse nous informaient que deux ours polaires ont attaqué et tué un ouvrier au Canada sur un site radar isolé de l’île Brevoort, dans le territoire du Nunavut. Le site fait partie d’avant-postes du Système d’Alerte du Nord (North Warning System) qui est réparti à travers le Grand Nord canadien ; il forme un réseau de surveillance contre les incursions aériennes ou les attaques de missiles de croisière. La couverture radar s’étend sur près de 5000 kilomètres de l’Alaska au Labrador, dans l’est du Canada. Les employés de l’entreprise pour laquelle travaillait la victime se sont rendus sur les lieux et l’un des animaux a été abattu.
Les attaques d’ours polaires sur des humains sont rares, mais la mort de cet homme marque au moins la deuxième attaque mortelle depuis 2023. L’année dernière, un ours polaire a émergé brusquement d’une bourrasque de neige et a tué une femme et son jeune fils à Wales, un village à proximité de Nome, en Alaska, juste en dessous du Cercle polaire arctique. Il s’agissait de la première attaque mortelle d’ours polaire depuis 30 ans en Alaska, le seul État américain où vivent ces plantigrades. En 2018, un père de famille de 31 ans a été tué par un ours polaire alors qu’il protégeait ses enfants au Canada. La même année, les autorités norvégiennes ont déclaré qu’un ours polaire avait été abattu après avoir attaqué et blessé un garde qui accompagnait des touristes au moment où ils sortaient d’un bateau de croisière sur l’archipel du Svalbard.
La population d’ours polaires est en déclin en raison de la fonte et de la réduction de la banquise arctique. En 2021, des scientifiques norvégiens ont découvert que les ours polaires deviennent consanguins alors que l’espèce lutte pour sa survie. Une étude a révélé que dans l’archipel norvégien du Svalbard, les populations d’ours polaires ont connu une perte de 10 % de leur diversité génétique entre 1995 et 2016. Une étude de 2020 a révélé que la fonte de la banquise affame les ours polaires qui s’approchent des zones habitées pour trouver de la nourriture. L’étude avertit que d’ici un siècle, les ours polaires pourraient disparaître, et que le déclin de la diversité génétique augmente le risque d’extinction.
Source : Médias d’information américains.

Ours polaire dans l’Arctique canadien (Photo: C. Grandpey)

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In a post written on August 3rd, 2024, I explained that a German man participating in a research team was attacked by a polar bear in East Greenland on July 24th, 2024. The incident occurred on Traill Island near Mestersvig. Only one person was injured in the attack and was immediately airlifted to a hospital in Iceland. His condition has been reported stable. The polar bear responsible for the attack was shot following the incident.

On August 12th, 2024, several press articles informed us that two polar bears attacked and killed a worker in Canada at a remote government radar site on Brevoort Island, in the Nunavut territory. The site is one of dozens of North Warning System outposts dotting Canada’s far north, forming a surveillance tripwire against aircraft incursions or cruise missile attacks. The radar coverage spans over 3,100 miles from Alaska to Labrador in eastern Canada.The employees of the company for which he was working responded to the scene and one of the animals was put down.

Polar bear attacks on humans are rare but the man’s death marks at least the second fatal attack since 2023. Last year, a polar bear emerged from the impenetrable snow squall and killed a woman and her young son in Wales, Alaska, just below the Arctic Circle. It marked the first fatal polar bear attack in 30 years in Alaska, the only U.S. state that is home to the animals. In 2018, a 31-year-old father was killed in a polar bear attack while protecting his children in Canada. That same year, Norwegian authorities said a polar bear was shot and killed after it attacked and injured a guard who was leading tourists off a cruise ship on an Arctic archipelago.

The polar bear species is declining because of disappearing Arctic sea ice. In 2021, scientists in Norway found polar bears were inbreeding as the species fights to survive. A study found that on the Norwegian archipelago of Svalbard, polar bear populations have seen a 10% loss in their genetic diversity from 1995 to 2016. A 2020 study found that the melting sea ice is starving polar bears that are coming close to populated areas to find some food. The study warned that within the century, polar bears could be extinct, and declining genetic diversity increases the risk of extinction.

Source : US news media.