Nouvelles du Mayon (Philippines) // News of Mayon Volcano (Philippines)

En raison de la hausse d’activité du Mayon, plus de 7 000 personnes réparties dans 2 169 familles vivant dans des communautés rurales dans un rayon de 6 kilomètres du cratère ont été évacuées vers des bâtiments scolaires et des centres d’évacuation de la province d’Albay. Ces personnes doivent maintenant faire face à une autre menace qui complique les évacuations en cours : les pluies de mousson qui pourraient être déclenchées par l’approche d’un typhon.
D’autres habitants vivant en dehors du périmètre de sécurité autour du volcan ont fait leurs valises et sont partis volontairement avec leurs enfants vers les centres d’évacuation de la province d’Albay, qui a été placée en état de calamité le 9 juin 2023 pour permettre de débloquer rapidement des fonds d’urgence en cas d’éruption majeure.

Dans sa dernière mise à jour, le PHIVOLCS indique qu’une incandescence est toujours visible au-dessus du sommet. L’Institut met en garde contre d’éventuels éboulements, glissements de terrain ou coulées pyroclastiques, ainsi que des explosions causées par l’extrusion de lave au niveau du dôme sommital qui est en phase de croissance.
Le Mayon reste en niveau d’alerte 3 mais le PHIVOLCS n’exclut pas le passage en niveau 4.
Source : PHIVOLCS, Manila Bulletin.

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Due to Mayon volcano’s increase in activity, more than 7,000 people across 2,169 families living in rural communities within a 6-kilometer radius of the crater have been evacuated to designated public school buildings and evacuation centers in Albay. These people now have to contend with another threat that’s complicating the ongoing evacuations: monsoon rains that could be unleashed by an approaching typhoon.

Other residents living outside the perimeter have packed their bags and voluntarily left with their children for evacuation centers in Albay, which was placed under a state of calamity on June 9th, 2023 to allow more rapid disbursement of emergency funds in case of a major eruption.

In its latest update, PHIVOLCS indicates that a fair crater glow can be seen around its summit. The Institute warns against possible rockfalls, landslides or pyroclastic flows, as well as moderate-sized explosions caused by lava extrusion at the summit dome that is growing.

Mayon remains under Alert Level 3 but PHIVOLCS is not ruling out the possibility of raising it to 4.

Source : PHIVOLCS, Manila Bulletin.

Source: PHIVOLCS

Nouvelle éruption de l’Anak Krakatau (Indonésie) // New eruption of Anak Krakatau (Indonesia)

Comme cela se produit de temps en temps, l’Anak Krakatau est entré en éruption le 10 juin 2023, avec une colonne de cendres de 3 kilomètres de hauteur. Le volcan a connu au moins sept épisodes éruptifs depuis le 9 juin.
Le dernier événement a été le plus long depuis l’effondrement de l’Anak Krakatau qui a provoqué un tsunami meurtrier en 2018. Depuis cet événement qui a causé la mort de 430 personnes, le volcan n’a plus qu’un quart de sa taille d’origine.
Aucune victime n’a été signalée lors de la dernière éruption du 10 juin et aucun ordre d’évacuation n’a été émis. Le village le plus proche est à 16 km.
Le niveau d’alerte 2 (sur une échelle de quatre niveaux) est maintenu depuis 2018.
Source : CVGHM.

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As this happens from time to time, Anak Krakatau erupted on June 10th, 2023, spewing ash as high as 3 kilometers above the summit. The volcano has erupted at least seven times since June 9th.

The last event was the longest eruption since the collapse of Anak Krakatau that caused a deadly tsunami in 2018. Since that event that caused the death of 430 people, the volcano is now only about a quarter of its original size.

There were no casualties reported in the latest eruption and no evacuation order was issued. The nearest settlement is 16 km away.

Alert level 2 (on a scale of four levels) has remained in place since 2018.

Source : CVGHM.

Vue de l’éruption du 10 juin 2023 (Source: CVGHM)

Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : l’Enclos sera-t-il ouvert un jour pendant les éruptions ?

Le 21avril dernier, le Piton de la Fournaise a fait semblant d’entrer en éruption. Selon l’OVPF, c’était une affaire d’heures ou même de minutes, mais il ne s’est rien passé..A peine lancée l’alerte d’une possible éruption, l’Enclos a tout de suite été verrouillé, comme lors de chaque éruption. Une telle interdiction d’accès aux coulées de lave irrite plus d’un Réunionnais qui a l’impression qu’on lui vole son volcan.

La situation va PEUT-ETRE enfin changer. Des experts du volcan vont se réunir à Sainte-Rose ce samedi 10 juin 2023 pour tenter de rendre les éruptions du Piton de la Fournaise accessibles au public. Le symposium est intitulé « Piton de la Fournaise : gestion des flux humains en période éruptive ».

Des experts de tous les domaines sont attendus pour échanger sur le domaine du droit, de la sociologie, de la géographie, mais aussi de la géologie. Un expert islandais sera présent. Il est vrai que l’Islande est un exemple en matière d’organisation touristique d’une éruption. Nous sommes très loin de la décision systématique de la préfecture réunionnaise de fermer l’Enclos ! Lors de la dernière éruption du Fagradalsfjall en Islande en août 2022, près de 80 000 personnes se sont approchées de la lave en fusion, sans aucun incident !! Selon l’expert islandais, « le secret est d’avoir un bon sentier bien balisé avec peu d’entrées à surveiller. Chez nous, chacun peut aller sur le volcan en éruption. […] On comptabilise le nombre de personnes sur le site et on les prévient qu’il faut être un bon marcheur. Les jeunes enfants et les personnes qui ne sont pas en bonne forme physique ne sont pas autorisés à y aller. »

C’est donc, aussi, une affaire de mentalité et de discipline, un mot qu’ont adopté depuis longtemps les populations nordiques. Reste à savoir si c’est applicable en France..et son côté latin désobéissant !

Source : Réunion la 1ère.

Photo: C. Grandpey

L’Everest et le réchauffement climatique // Mount Everest and global warming

Il y a 70 ans, le 29 mai 1953, le Néo-Zélandais Edmund Hillary et son sherpa Tenzing Norgay parvenaient au sommet de l’Everest.
Depuis, des milliers d’alpinistes ont atteint le toit du monde. 2023 marque un nouveau record de candidats à l’escalade, mais aussi un record nombre d’accidents mortels…et de déchets abandonnés aux camps de base.
Sur les quelque 300 personnes qui ont perdu la vie lors de l’ascension de l’Everest, la majorité sont décédées dans ou autour de la zone de la mort, une zone située au-dessus de 7 900 mètres d’altitude. Ici, les alpinistes sont tués par des avalanches ou des chutes de pierres, par des blessures subies suite lors de chutes, ou encore par une exposition aux éléments (très nombreuses gelures en 2023). Sans oublier l’épuisement ou le mal aigu des montagnes (AMS).
Lorsqu’une personne meurt sur l’Everest, le cadavre est momifié par le vent et les basses températures ; il se fige rapidement sur place. Les sauveteurs doivent extraire le corps de la glace. Une fois gelé, son poids peut avoir doublé à cause de la glace. Il faut parfois une équipe de huit personnes pour gérer un seul corps. La récupération d’un corps est aussi très dangereuse. En 1984, un sherpa et un inspecteur de police népalais ont été tués alors qu’ils tentaient de récupérer le corps d’un alpiniste allemand mort sur la montagne cinq ans plus tôt.
On estime qu’il reste entre 200 et 250 corps sur l’Everest, gelés le long des voies d’escalade, ou enterrés dans les champs de neige et les glaciers. Généralement, les personnes mortes sur les glaciers restent emprisonnées dans la glace pendant des décennies voire des siècles. Les corps progressent avec la glace, depuis le site de l’accident jusqu’à la zone d’ablation du glacier, où la perte de glace dépasse la masse de glace accumulée.
Selon des sources chinoises et népalaises, la découverte de nombreux cadavres au cours des dernières années montre à quel point la hausse des températures fait fondre la couverture de neige et de glace sur l’Everest. Comme je l’expliquais dans une note précédente, le plus haut glacier de la montagne, le glacier du Col Sud (South Col Glacier) a perdu plus de 54 mètres d’épaisseur au cours des 25 dernières années.
Des victimes tuées par des avalanches ou tombées dans une crevasse glaciaire ressurgissent aujourd’hui avec la fonte des glaces. De nombreux corps ont également été retrouvés près du camp IV, le camp le plus élevé situé à plus de 7 900 mètres d’altitude. Dix corps y ont été retrouvés au cours des quatre dernières années.
La hausse de la température sur la chaîne himalayenne est supérieure à la moyenne mondiale. Lorsque la couverture neigeuse rétrécit, elle n’est plus en mesure de réfléchir la lumière du soleil. Le paysage rocheux et aride absorbe alors davantage de rayonnement solaire, ce qui réchauffe l’environnement. Avec la hausse des températures qui ajoute de l’énergie à l’atmosphère, la météo sur l’Everest devient plus imprévisible. Cela raccourcit la saison d’escalade et augmente le risque de tempêtes soudaines dans la région. Les températures plus élevées peuvent faire couler l’eau de fonte sous les glaciers,ce qui favorise le déclenchement d’avalanches et déstabilise les parois rocheuses, provoquant des chutes de pierres.
Le réchauffement climatique augmente également le risque pour les alpinistes qui se trouvent sous la zone de la mort. En juin 2022, le ministère du Tourisme népalais a annoncé son intention de déplacer le camp de base de l’Everest, car la fonte rapide du glacier de Khumbu augmentait le risque de chutes de pierres et de crues glaciaires soudaines sur le site. Cependant, ce plan a finalement été abandonné en raison du refus des sherpas qui ont fait valoir que cela ajouterait jusqu’à trois heures au trajet jusqu’au sommet et le rendrait encore plus traître. Une étude réalisée en 2018 par des chercheurs de l’Université de Leeds a montré que la glace du glacier près du camp de base fondait à raison de 1 mètre par an. L’eau de fonte glaciaire alimentait une série de lacs glaciaires. Ces lacs,retenus par des barrages de moraines instables, peuvent libérer leur eau lors de crues soudaines, avec des coulées de débris dévastatrices menaçant les vallées en aval.
Avec la fonte des glaciers himalayens, les sherpas doivent souvent trouver de nouvelles voies plus sures pour gravir la montagne. Les itinéraires sont entretenus par un groupe de sherpas, les « icefall doctors », qui constatent que leurs cordes ne sont plus maintenues sur les parois à cause de la fonte des glaces et doivent être repositionnées tous les quelques jours.
Source : Forbes.

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70 years ago, on May 29th , 1953, New Zealander Edmund Hillary and his Sherpa guide Tenzing Norgay managed to reach the summit of Mount Everest.

Since that time, thousands of climbers have reached the peak, with this year marking a new record for mountaineers expected on Mount Everest and also the number of deadly incidents.

Of the almost 300 people that have lost their lives in the attempt or reaching the summit, the majority of them have died in or around the Death Zone, the region above 7,900 meters. Here climbers are killed by avalanches or rockfall, by injuries sustained from a fall, from exposure to the elements, from exhaustion or from acute mountain sickness.

When a person dies on Mount Everest, the corpse is mummified by the strong wind and low temperatures and quickly gets frozen into place. Rescuers need to hack the body out of the ice. The frozen body may also have doubled in weight due to the ice. It can take a team of eight people to handle just one body. The recovery of a body is also very dangerous. In 1984, a Sherpa and a Nepalese police inspector were killed when they tried to retrieve the body of a German mountaineer who died on the mountain five years earlier.

An estimated 200 to 250 bodies still remain on Mount Everest, either frozen solid along the climbing routes or buried in the snowfields and glaciers. Generally, fatal casualties on glaciers remain immersed in the ice for decades or even centuries. They are moved together with the ice from the site of the accident to the ablation area, where the loss surpasses the accumulated ice mass.

According to Chinese and Nepalese sources, the discovery of many corpses in the last years shows how rising temperatures are melting the snow and ice cover of the mountain. As I explained in a previous post, the highest glacier on the mountain, the South Col glacier, has lost more than 54 meters of thickness in the past 25 years.

Victims killed by avalanches or lost in a glacier crevasse are now reemerging from the thinning ice. Many bodies were also recovered near Camp IV, the highest camp located at an elevation of over 7,900 meters. Ten bodies were recovered here in the last four years.

The rising temperature of the Himalayan area is more than the global average. When the reflecting snow cover shrinks, the barren rocky landscape adsorbs more solar radiation and heat up the environment. With rising temperatures adding energy to the atmosphere, the weather is becoming more unpredictable, shortening the climbing season and increasing the risk of sudden storms in the area. Higher temperatures can cause meltwater to flow beneath the glaciers, triggering avalanches, and destabilize rocky cliffs, triggering rockfalls.

Climate change is also increasing the risk for climbers beneath the Death Zone. In June 2022, Nepal’s tourism ministry announced plans to move the Everest base camp as the rapidly thinning Khumbu Glacier increased the risk of rockfall and flash-floods at the site. However, that plan was ultimately abandoned due to pushback from sherpas, who argued that it would add up to three hours to the journey to the summit and make it even more treacherous. A 2018 study by researchers from Leeds University showed that the ice of the glacier close to the base camp was melting at a rate of 1 meter per year, with the glacial meltwater feeding a series of glacial lakes. Such lakes, dammed up by unstable dams of ice and loose rocks, can release their water in sudden outburst floods triggering deadly debris flows in the valley beneath them.

With the melting of the Himalayan glaciers, the sherpas often have to find new, safer paths up the mountain. Routes are forged and maintained by a group of sherpas called « icefall doctors », who find that their ropes are now falling out of the melting ice and need to be replaced every few days.

Source : Forbes.

Crédit photo : Wikipedia