Fort risque sismique en Méditerranée?

C’est bien connu, la presse a ses marottes, avec des sujets qui ressortent de temps à autre, histoire de titiller les angoisses des lecteurs. Ces derniers jours, Le Figaro titrait :  » Le volcanisme sous-marin, menace oubliée en Méditerranée »; La Croix annonçait qu’ en Méditerranée, il y avait « un risque certain de tsunami dans les trente ans », information confirmée par le journal Libération. A l’heure où nous ne sommes pas fichus de prévoir, même à très court terme séismes et éruptions volcaniques, de telles affirmations prêtent à sourire, voire carrément à rire. Comme disait ma grand-mère, c’est gratuit et ça ne coûte pas cher.

On notera au passage que personne n’a vu venir les deux séismes de M 5,9 et M 4,5 qui ont tué plus d’un millier de personnes en Afghanistan le 22 juin 2022 !

C’est une déclaration en provenance de l’Unesco qui a déclenché cette avalanche d’articles. L’institution nous rappelle que le risque sismique est très peu considéré autour de la Méditerranée et qu’il est ignoré par beaucoup de personnes. Pourtant, le 16 octobre 1979, un raz-de-marée a été déclenché par un glissement de terrain à Nice. Il faut toutefois remarquer que cet événement était lié à l’effondrement d’une partie de l’extension de l’aéroport en cours de travaux. Le tsunami avait donc une cause largement humaine. Il a frappé la côte niçoise, faisant une dizaine de morts. D’autres événements similaires, mais d’origine naturelle, ont eu lieu en Algérie en 2003, et sur l’île grecque de Samos en 2020.

Selon un scientifique mandaté par l’UNESCO, «il y a 100 % de chances qu’un tel phénomène ait lieu en Méditerranée au cours des trente prochaines années.» Face à cette menace, l’institution onusienne a appelé, le 21 juin 2022, les pouvoirs publics à mettre en œuvre des mesures de sensibilisation, d’alerte et de prévention afin de s’assurer que les communautés côtières soient prêtes à réagir face à de tels phénomènes.

Il est indéniable que le risque tsunami existe en Méditerranée, tout comme le risque volcanique auquel il peut être lié, comme on l’a vu à Stromboli en décembre 2002. D’autres volcans se cachent sous la mer à proximité de la Sicile et de la côte italienne. Ils ont pour noms Panarea, Marsili – le plus grand volcan sous-marin d’Europe et de Méditerranée, dans la mer Tyrrhénienne entre Palerme et Naples – ou Empedocle dans le Canal de Sicile – entre la Sicile et la Tunisie -, un volcan sous-marin d’une trentaine de kilomètres de diamètre à sa base et dont le Ferdinandea n’est que l’un des cônes éruptifs. Dans une note publiée le 23 janvier 2022, je rapportais les paroles de Boris Behncke (INGV Catane) à propos de ce volcan dont le système éruptif a été décrit par les scientifiques comme « un grand relief sous-marin qui s’élève sur les fonds marins à une profondeur de 250 à 500 m, et sur lequel sont implantés des dizaines d’édifices volcaniques bien structurés de dimensions très variables, souvent alignés selon l’orientation NNO du Canal de Sicile. » Selon Boris, s’il n’y a pas de danger imminent, il est également vrai qu’il y a toujours la possibilité d’une forte éruption sous-marine avec un risque significatif de tsunami.

Dégâts causés par le tsunami de 2002 à Stromboli (Photo: C. Grandpey)

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde:

Une puissante éruption a eu lieu sur le Sheveluch (Kamtchatka) à 20h52 (UTC) le 19 juin 2022, avec un panache de cendres qui est monté jusqu’à 8,2 km d’altitude. Dans le même temps, la croissance du dôme de lave se poursuit, La couleur de l’alerte aérienne reste à Orange, de même que pour le Bezymianny et le Karymsky.
Source : KVERT, VAAC de Tokyo.

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Le Bulusan (Philippines) reste bien actif avec des émissions de cendres s’élevant de 100 à 500 m au-dessus du sommet. Les émissions de SO2 atteignent 660 à 1 255 tonnes par jour. La sismicité est encore élevée. Le niveau d’alerte reste à 1 (sur une échelle de 0 à 5). Le public est prié de ne pas pénétrer dans la zone de danger permanente (PDZ) de 4 km de rayon ni dans la zone de danger étendue (EDZ) de 2 km sur le flanc SE.
Source : PHIVOLCS.

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De petites explosions phréatiques sont observées sur l’Ebeko (île de Paramushir / Russie). Elles génèrent des panaches de cendres jusqu’à 2,5 km de hauteur. La couleur de l’alerte aérienne est passée au Jaune le 17 juin 2022.
Source : KVERT.

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La situation est redevenue calme sur l’Etna (Sicile) où aucune émission de lave n’est actuellement observée.
Source : INGV.

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L’éruption du Great Sitkin (Aléoutiennes / Alaska) se poursuit. Des températures de surface élevées appraissent dans les données satellitaires, en relation avec des émissions de lave. La sismicité est faible avec plusieurs petits séismes locaux détectés par le réseau de surveillance. La couleur de l’alerte aérienne et le niveau d’alerte volcanique restent respectivement à Orange et Vigilance.
Source : AVO.

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Sur le Kilauea (Hawaii), la lave continue d’être émise par une bouche au pied de la paroi Ouest du cratère de l’Halema’uma’u. La surface du lac de lave est continuellement active, avec des sorties de lave presque continues sur les bordures. Le 17 juin 2022, le volume total de lave émise était estimé à 93 millions de mètres cubes. La surface du lac s’est élevée de 120 m depuis le 29 septembre 2021.
Source : HVO.

Source: HVO

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Plusieurs événements éruptifs ont été enregistrés sur l’Anak Krakatau (Indonésie) ces derniers jours. Ils ont généré des panaches de cendres qui se sont élevés de 300 à 600 m au-dessus du sommet. Les images de la webcam montrent parfois des projections de matériaux incandescents. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 1 à 4), et le public est invité à rester à au moins 5 km du cratère
Source : CVGHM.

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A l’attention de celles et ceux qui ont prévu de se rendre à Yellowstone (Etats Unis) dans les prochaines semaines, voici une carte montrant l’état des voies de circulation. Comme indiqué précédemment, les entrées dans le Parc sont régies par le système de plaques d’immatriculation paires et impaires. La partie nord de Yellowstone reste fermée mais de gros moyens sont mis en oeuvre pour que la situation s’améliore le 4 juillet, jour de la Fête Nationale aux Etats Unis. La fermeture du Parc représenteun gros manque à gagner pour le gouvernement américain !

Source: National Park Service

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Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous en trouverez d’autres (en anglais) en lisant le bulletin hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is some news of volcanic activity around the world :

A powerful eruption took place at Sheveluch (Kamchatka) at 20:52 (UTC) on June 19th, 2022, ejecting ash up to 8.2 km above sea level. Meanwhile, growth of the lava dome continues, The Aviation Color Code remains at Orange, as well as for Bezymianny and Karymsky.

Source: KVERT, Tokyo VAAC.

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Bulusan (Philippines) remains quite active with ash emissions rising 100-500 m above the summit. SO2 emissions reach 660-1,255 tonnes per day. Seismicity is still elevated. The Alert Level remains at 1 (on a scale of 0-5). The public is asked not to enter the 4-km-radius Permanent Danger Zone (PDZ) nor the 2 km Extended Danger Zone (EDZ) on the SE flank .

Source: PHIVOLCS.

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Small phreatic explosions are observed at Ebeko (Paramushir Island / Russia). They generate ash plumes up to 2.5 km. The Aviation Color Code was raised to Yellow on June 17th, 2022.

Source: KVERT.

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The situation has become quiet on Mt Etna (Sicily) where no lava effusion is currently observed.

Source: INGV.

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The eruption at Great Sitkin (Aleutians / Alaska)continues. Elevated surface temperatures are identified in satellite data, consistent with lava effusion. Seismicity is low with several small local earthquakes detected by the seismic network. The Aviation Color Code and the Volcano Alert Level remain at Orange and Watch, respectively.

Source: AVO.

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In Hawaii, lava continues to be emitted by a vent in the lower W wall of Kilauea’s Halema`uma`u Crater. The surface of the lava lake is continuously active, with nearly continuous breakouts along the margins. By June 17th, 2022, the total volume of erupted lava was an estimated 93 million cubic meters, and the lake had risen 120 m since September 29th, 2021.

Source: HVO.

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Several eruptive events have been recorded at Anak Krakatau (Indonesia) in recent days. They produced ash plumes that rose 300-600 m above the summit. Webcam images sometimes showed incandescent material. The Alert Level remains at 3 (on a scale of 1-4), and the public is asked to stay at least 5 km away from the crater

Source: CVGHM.

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This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

Réchauffement climatique : projet de déplacement du camp de base de l’Everest // Global warming : project to move Mt Everest’s base camp

Si vous aviez des doutes sur le réchauffement climatique et son impact sur les montagnes, lisez donc cette information : Le Népal envisage de déplacer son camp de base de l’Everest à cause de la fonte et du recul rapide des glaciers dans la région.
Pour gravir l’Everest, les alpinistes doivent faire étape dans deux camps de base en fonction du pays choisi. Le site du sud situé au Népal – le point de départ le plus populaire pour atteindre le toit du monde – se trouve au sommet d’un glacier qui s’amincit en fondant et devient de plus en plus dangereux.
C’est pourquoi les autorités népalaises envisagent de déplacer le camp de base plus en aval sur la montagne. Le glacier perd environ 9,5 millions de mètres cubes d’eau chaque année. Le projet de relocalisation fait suite aux recommandations d’un comité mis en place par le gouvernement et qui supervise l’alpinisme sur l’Everest.
Une étude réalisée en 2018 a révélé que le glacier du Khumbu près du camp de base s’amincissait à un rythme de 1 mètre par an. Aujourd’hui, selon les autorités népalaises, il est devenu dangereux et elles ne veulent pas prendre de risques. Elles se souviennent qu’en 2015 une avalanche avait tué une vingtaine de personnes au camp de base. Là où se trouve actuellement le camp de base, les alpinistes sont confrontés à des fractures sur la glace, à l’érosion et à de plus en plus de torrents d’eau de fonte. Une augmentation des chutes de pierres est également observée.
Quelque 1500 alpinistes fréquentent le camp de base chaque année, laissant derrière eux des tonnes de déchets. Ces personnes laissent environ 4 000 litres d’urine ainsi que des déchets fécaux chaque jour pendant la haute saison, sans oublier le kérosène et d’autres déchets qui ont également un impact sur le glacier.
Le camp de base se trouve actuellement à une altitude de 5 364 mètres au-dessus de la limite de la neige sur la montagne. Il pourrait descendre de 400 mètres, vers une zone libre de glace. Selon les autorités népalaises, aucune décision définitive n’a été prise et aucun nouveau site n’a été identifié. Toutefois, la relocalisation pourrait intervenir dès 2024.

Le projet ne plaira pas aux alpinistes qui devront gravir – puis redescendre – 400 mètres de plus pour atteindre le sommet de l’Everest. Mais c’est bien connu : quand on aime, on ne compte pas…
Source : Yahoo News, Business Insider.

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If you had any doubts about tglobal warming and its impact on mountains, just read this piece of news : Nepal is planning to move its Everest base camp because of rapidly thinning glaciers and erosion from climbers

In order to ascend Mount Everest, climbers have to pass through one of two starting points. The southern site in Nepal – the most popular starting point to summit the top of the world – is located on top of a thinning glacier that is becoming increasingly unsafe as it is melting amid climate change.

As ice close to the base camp slowly melts, and the glacier is retreating so fast that Nepal is preparing to move the campsite down the mountain. The potential relocation follows recommendations from a committee set up by the government, which oversees mountaineering at Everest.

A 2018 study found that the Khumbu Glacier close to the base camp was thinning at a rate of 1 meter per year. Now, according to Nepalese authorities, it has become unsafe. They remember that in 2015 an avalanche killed about 20 people at the base camp. Where the base camp currently stands, mountain climbers contend with cracks on the ice, erosion, and growing streams of water due to ice melt. Increased rock falls and movement of meltwater are observed on the surface of the glaciers and they can be hazardous. »

The sheer number of people passing through the camp, and the footprints, debris, and waste left on the mountain are a concern. The camp is used by around 1,500 climbers every year. These people urinate at the camp, leaving about 4,000 liters of pee and faecal waste every day during in peak season, along with kerosene and other waste products which also impact the glacier.

The base camp currently sits at an altitude of 5,364 meters above the mountain’s snowline. Plans could shift it as much as 400 meters lower, to an ice-free area. A final decision has not been made, nor has a new base been identified, according to Nepalese authorities. Once plans are finalized, the relocation could come as soon as 2024. The project will not please climbers who will have to cmimb – and then descend – 400 meters more to reach the summit of Mt Everest.

Source: Yahoo News, Business Insider.

Photos : Wikipedia

Quelles mesures pour empêcher que Reynisfjara tue à nouveau? // What measures to prevent Reynisfjara from killing again?

Suite au décès survenu sur la plage de Reynisfjara (Islande) le 10 juin 2022 (voir mon article du 13 juin), le cinquième de ce type au cours des sept dernières années, une réunion a été organisée pour discuter de l’opportunité de fermer Reynisfjara complètement, partiellement ou de mettre en place une autre mesure.
La ministre du Tourisme a déclaré que cette situation ne pouvait plus durer, et cette remarque ne s’applique pas seulement à Reynisfjara, mais aussi à d’autres endroits en Islande qui, bien qu’ils soient d’une grande beauté, peuvent s’avérer dangereux pour les non-initiés.
La ministre a suggéré de fermer temporairement Reynisfjara. Elle a ajouté : « Personne ne parle de fermer complètement Reynisfjara. Juste pendant les périodes où les marées peuvent s’avérer mortelles. Nous agirons bien sûr en coopération avec les propriétaires fonciers et l’industrie du tourisme.
Bien que la plupart des guides disent aux touristes d’éviter de s’approcher des vagues, tout le monde n’écoute pas et rappeler aux gens que cette zone est dangereuse n’est pas toujours chose aisée. L’un des guides a déclaré: « Après le dernier gros incident, nous avons crié aux gens de s’éloigner de l’océan. Certaines personnes nous ont écouté, mais il y en a d’autres qui sont venues vers nous et ont dit : « Qui êtes-vous, la police ? » Ils nous ont insultés et nous ont dit d’aller nous faire foutre.
Ce guide touristique n’est pas en faveur de la fermeture complète de Reynisfjara. Il pense que la surveillance devrait être assurée par « des spécialistes formés à la gestion de grands groupes de personnes se trouvant dans une situation potentiellement dangereuse. Des personnes ayant le pouvoir d’agir ». Il pense qu’il pourrait y avoir deux personnes à tout moment de la journée, en particulier quand il ne fait pas nuit.
Pour le moment, les autorités islandaises n’ont pas envisagé officiellement la mise en place de services de sécurité à Reynisfjara, mais les pourparlers entre l’État, les propriétaires terriens et l’industrie du tourisme sont toujours en cours.
Source : Reykjavik Grapevine.

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Following the death at Reynisfjara beach (Iceland) on June 10th, 2022 (see my post of June 13th), the fifth such death in the past seven years, discussion has renewed over whether to close Reynisfjara completely, partially, or try another strategy.

The Minister of Tourism said this situation could not be accepted for much longer, and this does not only apply to Reynisfjara but to other locations in Iceland that, while certainly beautiful, can prove dangerous for the uninitiated.

The Minister suggested to close Reynisfjara temporarily. She added : “No one is talking about closing Reynisfjara completely. Just when the tides are at such a point that they can prove deadly. But we will of course do this in cooperation with the landowners and the tourism industry.”

A tour guide said that while he and most other tour guides tell tourists to avoid the waterline, not everyone listens, and trying to call people back from the waterline is not always effective. He said: “After the last big incident, we’d be down there, screaming at people to get away from the ocean. Some people listen to us, but then there’s some people who will confront us and say ‘What are you, police?’ They’ll be swearing at us, telling us to f*ck off and all this.”

This tour guide does not believe Reynisfjara should be closed altogether. He thinks there should be « specialists trained in how to manage large groups of people coming into a potentially dangerous situation. People with the authority to act. » He thinks there might be two people at any one time throughout the day, particularly through the hours of daylight.

For the time being, increasing the human security presence at Reynisfjara has not entered the discussion on any official level, but talks between the state, the landowners and the tourism industry are still ongoing.

Source: Reykjavik Grapevine.

Photos: C. Grandpey