En date du 24 juin, on recensait 180 000 impacts de foudre en France métropolitaine pour le mois de juin 2022. C’est un record – le précédent était de 172 000 en 1993 – auquel il faudra probablement s’habituer avec l’intensification du réchauffement climatique. Là encore, le « jamais vu » risque de devenir une habitude.
Après le mois de mai le plus chaud jamais enregistré en France (voir ma note du 8 juin), la récente vague de chaleur du début du mois de juin a intensifié le phénomène orageux qui est facile à comprendre.
Au sol, la température grimpe; l’air se charge donc en humidité, et remonte vers les nuages. Cette situation est propice à la formation des cumulo-nimbus qui peuvent atteindre des altitudes de 10 000 ou 15 000 mètres. Une fois arrivé en altitude, l’air chaud et humide se condense en gouttes d’eau dans l’air rafraîchi. Ces gouttes continuent à monter très vite. Vers 3 500 mètres, elles viennent s’agréger autour des cristaux de glace pour former des glaçons. Plus ils prennent de l’altitude, plus ils sont gros. Ils sont pris dans des tourbillons ascendants et se chargent de plus en plus jusqu’à devenir trop lourds et retombent au sol sous forme de grêlons en se chargeant encore de glace à la descente. Leur vitesse atteint souvent plus de 180 km/h et deviennent des projectiles qui brisent toitures et pare-brise.
Un grand nombre d’orages se déclenchent à cette période de l’année, mais le réchauffement climatique pourrait changer la donne à l’avenir, avec une intensification des orages et des épisodes de grêle.
Les services de météorologie ont mis beaucoup de temps à admettre le lien entre changement climatique, chaleur précoce et sécheresse. Aujourd’hui, ils hésitent avant de reconnaître la relation entre réchauffement climatique et orages. Pourtant, au vu des explications qui viennent d’être données – où la hausse des températures joue un rôle déterminant- cette relation ne semble guère faire de doute.
Pour justifier leur hésitation à établir un lien, les météorologues font remarquer que les outils d’observation des orages sont assez récents. Les éclairs, par exemple, ne sont recensés en France que depuis les années 2000. Selon les scientifiques, nous n’avons donc pas assez de recul pour pouvoir tirer des conclusions sur leur évolution.
Même hésitation concernant la grêle et les méga-grêlons. Comme pour les éclairs, nous ne possédons pas, soi-disant, suffisamment d’observations directes fines et à long terme. Selon les scientifiques, l’augmentation observée de l’intensité en avril-mai pourrait être liée au réchauffement des températures minimales du printemps.
En conclusion, on peut dire que si l’influence du réchauffement climatique sur des phénomènes météo comme les ouragans, les canicules, et les fortes pluies, fait l’unanimité parmi la communauté scientifique, la question des orages n’a pas encore trouvé de réponse claire à ce jour. Les météorologues reconnaissent toutefois le lien entre hausse des températures et intensification des précipitations. Pour chaque degré supplémentaire de température, les précipitations s’intensifient de 7 %., avec leur cortège d’inondations.
Il est fort à parier que les hésitations des météorologues à propos des orages ne feront pas log feu. En effet, la France n’est pas le seul pays à connaître une intensification de la fréquence et de la violence des orages accompagnés de grêle. Les articles abondent dans la presse internationale et les météorologues d’autres pays sont plus affirmatifs.
Les dégâts occasionnés par les grêlons gros comme des balles de golf ou de tennis auront, eux, probablement un effet facilement prévisible : la hausse des tarifs d’assurances. On l’a constaté après la tempête de 1999 et le nombre de sinistres déclarés ces dernières semaines va faire monter la facture. Arrivera le jour où la France se trouvera dans la même situation que les Etats Unis. Les primes d’assurances y sont tellement élevées dans les zones à risque sismique et volcanique que beaucoup d’Américains ont fait le choix de ne pas s’assurer et prient le ciel pour qu’il ne leur tombe pas sur la tête. C’est l’option choisie par une amie vivant au pied du volcan Hualalai à Hawaii, où elle est exposée à ce double risque.
Source: Météo-France, France Info, Futura Science.
Des grêlons gros comme des balles de golf et de tennis ont frappé certains secteurs de la Haute-Vienne le 19 juin 2022, causant de très importants dégâts (Crédit photo: Wikipedia)