Coup de chaud sur le Mont Blanc (suite)

Comme je l’expliquais dans une note publiée le 18 juin 2022, un record de chaleur a été battu sur le Mont Blanc, avec 10,4°C relevés à la station météo du Col Major. C’est 3,6° de plus qu’en juin 2019, époque où on avait enregistré 6,8°C. La station a été installée il y une dizaine d’années à 4750 m d’altitude, donc à proximité immédiate du sommet du Mont-Blanc Il est intéressant de noter qu’en juin 2019 la période caniculaire avait été un peu plus tardive. Le coup de chaud précoce de cette année va être dévastateur, surtout si de nouvelles vagues de chaleur se produisent pendant l’été..La fonte des glaciers va s’accélérer, ainsi que le dégel du permafrost de roche, avec le risque d’effondrements et donc des conséquences sur le paysage

Il suffit d’observer la Mer de Glace qui a perdu 2,5 mètres d’épaisseur en un mois suite à la vague de chaleur et au faible enneigement pendant l’ l’hiver.

A l’attention des randonneurs et alpinistes : Les travaux ont débuté au Montenvers pour la nouvelle télécabine de la Mer de Glace. En conséquence, le sentier d’accès à la Mer de Glace (via les échelles) depuis le restaurant panoramique et le sentier d’accès aux échelles depuis la buvette des Mottets sont fermés jusqu’au 1ze décembre 2022. Pour les nombreuses courses qui se font au départ du Montenvers, les alpinistes devront donc cet été passer par les escaliers et la grotte de glace.

Source: presse savoyarde.

La Mer de Glace vue par la webcam le 26 juin 2022. Un bien triste spectacle.

Réchauffement climatique : les ours polaires essayent de s’adapter // Polar bears are trying to adapt to climate change

La vie devient de plus en plus difficile pour les ours polaires dans l’Arctique à cause du réchauffement climatique et de la fonte de la banquise. Une étude publiée dans la revue Science s’attarde sur une population isolée d’ours polaires au Groenland et montre qu’elle a réussi à s’adapter à la réduction de la surface de la glace de mer dont les plantigrades dépendent pour chasser le phoque.
Cette population à part incluant plusieurs centaines d’ours et vivant dans une partie de la côte sud-est du Groenland le long du détroit du Danemark, a survécu à la perte de la glace de mer en chassant à partir des morceaux de glace d’eau douce qui se détachent de l’immense calotte glaciaire du Groenland. Ce faisant, ils parviennent à survivre dans des fjords où la glace de mer a disparu pendant plus de huit mois par an. Ils se réfugient sur les petits icebergs vêlés par les glaciers, et à partit desquels ils peuvent chasser. Les scientifiques indiquent toutefois que ce comportement est rare dans la majeure partie de l’Arctique.
Les chercheurs ont découvert que les ours du Groenland qu’ils ont observés étaient différents, d’un point de vue génétique, des 19 autres populations connues de l’espèce. Ils sont restés quasiment en permanence à l’écart des autres ours polaires pendant plusieurs siècles au moins. Aucun animal ne semble avoir quitté le groupe, bien qu’il existe des preuves d’une arrivée occasionnelle d’ailleurs.
Selon les auteurs de l’étude, ces ours « vivent à la limite de ce qu’ils croient être physiologiquement possible. Ces ours ne prospèrent pas. Ils se reproduisent plus lentement, ils sont de plus petite taille. Mais, surtout, ils survivent Il est difficile de savoir si ces différences sont dues à des adaptations génétiques ou simplement à une réponse différente des ours polaires à un climat et à un habitat très différents. »
Les ours polaires, dont la population totale est d’environ 26 000 individus sont particulièrement menacés par le changement climatique, car la hausse des températures remodèle le paysage arctique et les prive de leurs plates-formes de glace de mer pour chasser les phoques.
La population du sud-est du Groenland est géographiquement enclavée, avec des montagnes et la calotte glaciaire du Groenland d’un côté et l’océan de l’autre. Au printemps, les ours parcourent la glace de mer et les glaciers, avec des icebergs retenus par la glace de mer. En été, les ours sont confrontés à de l’eau libre avec des morceaux de glace qui flottent devant le front des glaciers. C’est à partir de ces petits icebergs qu’ils vont pouvoir chasser. Ce type d’habitat ne se trouve que dans certaines parties du Groenland et du Svalbard. Cependant, la glace d’eau douce en provenance des glaciers représente une surface infime à côté l’eau de mer gelée.
Les chercheurs ont recueilli des données génétiques, des indications de déplacements des ours et de comptage de la population, avec le suivi de certains ours par satellite ou par hélicoptère. L’étude donne un aperçu de la façon dont les ours polaires ont survécu aux périodes chaudes au cours des quelque 500 000 ans depuis leur séparation évolutive des ours bruns.
On peut lire dans la conclusion de l’étude : « Il est clair que si nous ne pouvons pas ralentir le rythme du réchauffement climatique, les ours polaires sont sur une trajectoire d’extinction. Plus nous en apprendrons sur cette espèce remarquable, mieux nous pourrons être en mesure de les aider à survivre au cours des 50 à 100 prochaines années. »
Source : Yahoo Actualités.

————————————————-

Life is getting more and more difficult for polar bears in the Arctic because of global warming and the melting of the sea ice. A study published in the journal Science tells about an isolated population of polar bears in Greenland has made a clever adaptation to the decline in the sea ice they depend upon as a platform for hunting seals

This population of several hundred bears, living in a part of Greenland’s southeast coast on the Denmark Strait, has survived with only limited access to ice formed from frozen seawater by hunting instead from chunks of freshwater ice breaking off from the huge Greenland Ice Sheet. In doing so, they manage to survive in fjords that are sea-ice free more than eight months of the year. They have access to chunks of ice calved by the glaciers, on which they can hunt. The scientists indicate that this habitat is uncommon in most of the Arctic.

The researchers discovered that the Greenland bears they observed were the world’s most genetically isolated polar bears, distinct from the species’ 19 other known populations. They have been almost entirely cut off from other polar bears for at least several hundred years, with no evidence of any leaving, though there is some evidence of an occasional arrival from elsewhere.

According to the authors of the study, these bears are « living at the edge of what they believe to be physiologically possible. These bears are not thriving. They reproduce more slowly, they’re smaller in size. But, importantly, they are surviving. It’s hard to know yet whether these differences are driven by genetic adaptations or simply by a different response of polar bears to a very different climate and habitat. »

Polar bears, numbering roughly 26,000 in all, are particularly imperiled by climate change as rising temperatures reshape the Arctic landscape and deprive them of their customary sea-ice platform for hunting seals.

The southeast Greenland population is geographically hemmed in, with jagged mountain peaks and the Greenland Ice Sheet on one side and the open ocean on the other. In springtime, the bears roam sea ice and glaciers, with icebergs frozen solid into the sea ice. In summertime, there is open water with floating pieces of glacial ice at the fronts of glaciers, from which the bears hunt. This type of habitat is found only in parts of Greenland and Svalbard. However, glacial ice is a minor component of the marine ice cap in the Arctic, in comparison to ice formed from freezing seawater.

The researchers gathered genetic, movement and population data including satellite tracking of some bears and observing them from a helicopter. The study may provide a glimpse of how polar bears survived previous warm periods over the roughly 500,000 years since they split evolutionarily from brown bears.

One can read in the study’s conclusion : « It is clear that if we can’t slow the rate of global warming, polar bears are on a trajectory to become extinct. The more we can learn about this remarkable species, the better able we will be to help them to survive the next 50 to 100 years. »

Source: Yahoo News.

Photo: C. Grandpey

Orages de grêle : le ciel va-t-il nous tomber sur la tête ?

En date du 24 juin, on recensait 180 000 impacts de foudre en France métropolitaine pour le mois de juin 2022. C’est un record – le précédent était de 172 000 en 1993 – auquel il faudra probablement s’habituer avec l’intensification du réchauffement climatique. Là encore, le « jamais vu » risque de devenir une habitude.

Après le mois de mai le plus chaud jamais enregistré en France (voir ma note du 8 juin), la récente vague de chaleur du début du mois de juin a intensifié le phénomène orageux qui est facile à comprendre.

Au sol, la température grimpe; l’air se charge donc en humidité, et remonte vers les nuages. Cette situation est propice à la formation des cumulo-nimbus qui peuvent atteindre des altitudes de 10 000 ou 15 000 mètres. Une fois arrivé en altitude, l’air chaud et humide se condense en gouttes d’eau dans l’air rafraîchi. Ces gouttes continuent à monter très vite. Vers 3 500 mètres, elles viennent s’agréger autour des cristaux de glace pour former des glaçons. Plus ils prennent de l’altitude, plus ils sont gros. Ils sont pris dans des tourbillons ascendants et se chargent de plus en plus jusqu’à devenir trop lourds et retombent au sol sous forme de grêlons en se chargeant encore de glace à la descente. Leur vitesse atteint souvent plus de 180 km/h et deviennent des projectiles qui brisent toitures et pare-brise.

Un grand nombre d’orages se déclenchent à cette période de l’année, mais le réchauffement climatique pourrait changer la donne à l’avenir, avec une intensification des orages et des épisodes de grêle.

Les services de météorologie ont mis beaucoup de temps à admettre le lien entre changement climatique, chaleur précoce et sécheresse. Aujourd’hui, ils hésitent avant de reconnaître la relation entre réchauffement climatique et orages. Pourtant, au vu des explications qui viennent d’être données – où la hausse des températures joue un rôle déterminant- cette relation ne semble guère faire de doute.

Pour justifier leur hésitation à établir un lien, les météorologues font remarquer que les outils d’observation des orages sont assez récents. Les éclairs, par exemple, ne sont recensés en France que depuis les années 2000. Selon les scientifiques, nous n’avons donc pas assez de recul pour pouvoir tirer des conclusions sur leur évolution.

Même hésitation concernant la grêle et les méga-grêlons. Comme pour les éclairs, nous ne possédons pas, soi-disant, suffisamment d’observations directes fines et à long terme. Selon les scientifiques, l’augmentation observée de l’intensité en avril-mai pourrait être liée au réchauffement des températures minimales du printemps.

En conclusion, on peut dire que si l’influence du réchauffement climatique sur des phénomènes météo comme les ouragans, les canicules, et les fortes pluies, fait l’unanimité parmi la communauté scientifique, la question des orages n’a pas encore trouvé de réponse claire à ce jour. Les météorologues reconnaissent toutefois le lien entre hausse des températures et intensification des précipitations. Pour chaque degré supplémentaire de température, les précipitations s’intensifient de 7 %., avec leur cortège d’inondations.

Il est fort à parier que les hésitations des météorologues à propos des orages ne feront pas log feu. En effet, la France n’est pas le seul pays à connaître une intensification de la fréquence et de la violence des orages accompagnés de grêle. Les articles abondent dans la presse internationale et les météorologues d’autres pays sont plus affirmatifs.

Les dégâts occasionnés par les grêlons gros comme des balles de golf ou de tennis auront, eux, probablement un effet facilement prévisible : la hausse des tarifs d’assurances. On l’a constaté après la tempête de 1999 et le nombre de sinistres déclarés ces dernières semaines va faire monter la facture. Arrivera le jour où la France se trouvera dans la même situation que les Etats Unis. Les primes d’assurances y sont tellement élevées dans les zones à risque sismique et volcanique que beaucoup d’Américains ont fait le choix de ne pas s’assurer et prient le ciel pour qu’il ne leur tombe pas sur la tête. C’est l’option choisie par une amie vivant au pied du volcan Hualalai à Hawaii, où elle est exposée à ce double risque.

Source: Météo-France, France Info, Futura Science.

Des grêlons gros comme des balles de golf et de tennis ont frappé certains secteurs de la Haute-Vienne le 19 juin 2022, causant de très importants dégâts (Crédit photo: Wikipedia)

Âge du Bronze : refroidissement causé par une éruption en Alaska // Bronze Age : cooling caused by an eruption in Alaska

En 1627 avant notre ère, au cours de l’Âge du Bronze, le climat s’est soudain refroidi. On présumait jusqu’à présent que ce refroidissement global était une conséquence de l’éruption qui a détruit l’île de Théra en mer Égée, et qui correspond aujourd’hui à Santorin. Une nouvelle étude publiée dans les Proceedings de l’Académie Nationale des Sciences et dirigée par une scientifique de l’université de l’Arizona vient remettre en cause cette hypothèse.

Suite à l’analyse des cendres volcaniques et du soufre présents dans des carottes de glace prélevées au Groenland et en Antarctique, il ressort que le principal responsable de ce refroidissement serait le volcan Aniakchak qui se trouve dans l’arc des Aléoutiennes en Alaska. Il présente aujourd’hui une caldeira de 10 km de large qui s’est formée il y a environ 3 400 ans lors d’une éruption volumineuse au cours de laquelle des coulées pyroclastiques ont parcouru plus de 50 km au nord de la mer de Béring et ont également atteint l’océan Pacifique au sud. Au moins 40 éruptions explosives ont été documentées au cours des 10 000 dernières années, ce qui en fait le volcan le plus actif des Aléoutiennes orientales.Son éruption en 1628 avant notre ère, est celle qui a eu le plus fort impact sur le climat au cours des quatre derniers millénaires.

Ce n’est donc pas l’éruption de Santorin, mais bien celle de l’Aniakchak, qui serait à l’origine du refroidissement global de l’Âge du Bronze

Si l’on connaît assez bien l’activité volcanique et son impact sur le climat au cours des 2500 dernières années, ce n’est pas le cas pour les périodes antérieures. Ainsi, celle du Théra (Santorin) en mer Égée, qui fut l’une des plus explosives de l’Holocène. On ne connaît pas sa date précise, si ce n’est qu’elle a eu lieu au cours d’une période comprise entre 1680 et 1500 avant notre ère.

Pour dater les éruptions volcaniques, les scientifiques s’appuient sur deux types de preuves : la présence de sulfates volcaniques dans les carottes de glace et les anomalies de croissance dans les cernes des arbres. C’est en étudiant des carottes de glace prélevées au Groenland et en Antarctique et en les faisant correspondre aux anomalies de formation de croissance d’arbres du sud-ouest des États-Unis et d’Irlande, que les chercheurs ont réussi à déduire les datations, mais aussi la latitude, les dimensions et l’impact climatique de sept éruptions détectées entre 1680 et 1500 avant notre ère.

Source: Science et Avenir, Yahoo News, Smithsonian Institution.

—————————————–

In 1627 BCE, during the Bronze Age, the climate suddenly cooled. It was assumed until now that this global cooling was a consequence of the eruption that destroyed the island of Thera in the Aegean Sea, and which today corresponds to Santorini. A new study published in the Proceedings of the National Academy of Sciences and led by a scientist from the University of Arizona challenges this hypothesis.
Following the analysis of volcanic ash and sulfur present in ice cores taken from Greenland and Antarctica, it appears that the main culprit for this cooling was the Aniakchak volcano, in the Aleutian arc (Alaska). It now features a 10 km wide caldera that formed about 3,400 years ago in a large eruption in which pyroclastic flows traveled more than 50 km north of the Bering Sea and also reached the Pacific Ocean to the south. At least 40 explosive eruptions have been documented over the past 10,000 years, making it the most active volcano in the eastern Aleutians. Its eruption in 1628 BCE was the one with the greatest impact on climate in the over the past four millennia.
Therefore, it was the eruption of Aniakchak, not Santorini, which was the cause of the global cooling of the Bronze Age.
We know quite well the volcanic activity and its impact on the climate during the last 2500 years, but not during the previous periods. This is the case of the eruption of Thera (Santorini) which was one of the most explosive of the Holocene. However, we do not know its precise date, except that it took place during a period between 1680 and 1500 BC.
To date volcanic eruptions, scientists rely on two types of evidence: the presence of volcanic sulfates in ice cores and growth anomalies in tree rings. By studying ice cores taken from Greenland and Antarctica and matching them with growth formation anomalies of trees in the southwestern United States and Ireland, the researchers were able to deduce the datings, but also the latitude, dimensions and climatic impact of seven eruptions detected between 1680 and 1500 BC.
Source: Science and Future, Yahoo News, Smithsonian Institution.

Vue de la caldeira de l’Aniakchak (Source: AVO)