Suite à la récente hausse du niveau d’alerte du Vert au Jaune pour la Fossa di Vulcano, l’INGV a intensifié la surveillance du volcan. Le 12 octobre 2021, les scientifiques ont échantillonné des gaz dans quatre fumerolles sur la lèvre et sur le flanc interne du cratère, ainsi qu’une fumerolle à basse température sur la plage de Porto Levante. Les échantillons ont été remis au laboratoire de Palerme pour analyse. Parallèlement à l’échantillonnage, les scientifiques ont effectué des mesures de température.
La température des fumerolles dépasse régulièrement 100 °C et ne peut pas être mesurée avec des thermomètres normaux. Il a fallu recourir à un thermomètre de type K, l’instrument que j’ai utilisé dans les années 1990 lorsque le volcan avait déjà connu une augmentation de température. A cette occasion, j’ai mis au point un manchon de cuivre destiné à protéger la sonde du thermomètre qui était attaquée par les vapeurs acides et cessait rapidement de fonctionner.
L’INGV explique que les valeurs mesurées peuvent évoluer avec le temps et en fonction des différentes fumerolles. Elles atteignaient 344 °C lors de la campagne d’octobre.
Le niveau d’alerte a également été relevé en raison de la modification des paramètres géophysiques et géochimiques sur La Fossa au cours de l’été 2021. Les fumerolles avaient mis en évidence une augmentation du CO2 et du SO2. La micro-sismicité locale liée à la dynamique du système fumerollien a également montré une augmentation ces dernières semaines.
A noter que depuis la dernière éruption (1888-1890), La Fossa a déjà traversé des périodes d’intensification de dégazage – de faible à forte – avec de grandes quantités de gaz à partir de 1977. Dans une note publiée en 1992, j’ai mis en garde sur le risque de mauvaise interprétation des fumerolles de La Fossa. En effet, j’avais remarqué que le volume des panaches variait considérablement avec la température et l’hygrométrie de l’air ambiant. J’avais effectué plusieurs relevés dans ce but à l’aide d’un thermomètre et d’un hygromètre.
En ce qui concerne les températures, deux hausses significatives se sont produites entre 1916 et 1927, puis entre 1988 et 1995. Elles ont atteint respectivement 623 °C et 700 °C.
J’ai décrit en 2005 la situation des années 1990 pour l’association L.A.V.E. dans le mémoire n°8 intitulé « L’Ile de Vulcano ». J’y expliquais la composition du gaz, ainsi que les températures maximales que j’avais mesurées au niveau du cratère (687°C le 23 avril 1993 ; 670° en juin 1993 ; 630° en juillet 1994 ; 570° en mai 1995, avec une baisse régulière jusqu’en avril 2003 où j’ai mesuré un maximum de 385° C. Comme je l’ai indiqué précédemment, un chercheur de l’Institut des Fluides de Palerme, m’a expliqué que l’augmentation en température a probablement été causée par un diapir. C’est peut-être aussi la cause de la situation actuelle. Les prochains mois nous diront s’il faut vraiment s’inquiéter. Le bon point est que le niveau d’alerte a été relevé à la fin de la saison touristique alors qu’en 1993, l’augmentation de la température s’est produite au printemps.
Coulée de soufre sur la lèvre du cratère de la Fossa
Photos : C. Grandpey
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Due to the recent increase of the alert level from Green to Yellow for la Fossa di Vulcano, INGV has intensified the monitoring of the volcano. On October 12th, 2021, researchers sampled gases at four fumaroles on the rim and inner slope of the crater, as well as a low-temperature fumarole at the Porto Levante beach. The samples were handed to the Palermo laboratory for analysis. Together with the sampling, the scientists carried out temperature measurements.
The temperatures of the fumaroles regularly exceed 100 °C and cannot be measured with normal thermometers. They had to resort to a type K thermometer, the instrument I used in the 1990s when the volcano had already gone through an increase in temperature. On that occasion, I invented a coppe sleeve to protect the thermometer’s probe which stopped working after a short time beacause of the acid vapours.
INGV explains that measured values can change with time and vary strongly among the different fumaroles.. They reached 344 °C during the October campaign.
The alert level was raised because of changed in geophysical and geochemical parameters during the summer of 2021 on La Fossa.. The fumaroles had evinced an increase in CO2 and SO2. Local micro-seismicity linked to the dynamics of the fumarolic system has also shown an increase in recent weeks.
It should be noted that since the last eruption (1888-1890), La Fossa has gone through periods of different degassing intensities – from weak to strong – returning to emit large quantities of gas starting from 1977. In a note released in 1992, I warned about the misinterpretation of the fumaroles at La Fossa because I noticed that the volume of the plumes varied considerably with the temperature and hygrometry of the ambient air.
As far as the temperatures are concerned, two notable increases occurred between 1916 and 1927 and between 1988 and 1995. They reached up to 623 °C and 700 °C, respectively.
I described the situation of the 1990s for the L.A.V.E. association in a paper entitled « L’Ile de Vulcano », I explained the gas composition, as well as the maximum temperatures I measured at the crater (687°C on April 23rd, 1993; 670° in June 1993; 630° in July 1994; 570° in May 1995, with a regular decrease until April 2003 when I measured a maximum of 385°C. As I put it before, one of the guys of the Institute of the Fluids of Palermo, explained me that the incease in temperature was probably caused by a diapir. This may also be the reason of the current situation. The next months will tell us whether we should really worry. The good point is that tha alert level was raised at the end of the tourist season whereas in 1993, the increase in temperature occurred in Spring.