Le gardien du Merapi (Ile de Java / Indonésie)

Vue depuis la France, la décision d’évacuation prise devant la montée en puissance du Merapi semble raisonnable. Le volcan a un passé peu glorieux et quand on pense aux nombreux villages accrochés sur ses pentes, la mise en sécurité des habitants semble justifiée. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, une décision d’évacuation est très délicate à prendre pour les autorités. Il faut qu’elle soit vraiment nécessaire et que l’évacuation ne s’éternise pas. Les personnes évacuées sont, pour la plupart, des paysans qui redoutent qu’on leur vole leurs biens ou leurs animaux pendant leur absence.

Quand se produit l’éruption d’un volcan indonésien, il y a un autre facteur à prendre en compte : le gardien du volcan. On a vu lors de la pseudo éruption du Kelud en 2007 que son gardien avait annoncé qu’elle ne serait pas immédiate, ce qui avait compliqué le travail de persuasion des scientifiques à l’égard de la population qui s’est montrée souvent réticente à évacuer la zone de sécurité.

Mbah Marijan est le gardien officiel (iuru kunci) du Merapi. En tant que tel, c’est l’un des personnages les plus importants de Yogjakarta après le sultan. Il fait partie de cette vieille tradition indonésienne liée aux mythes et à l’histoire de cette partie du monde située à l’un des points de rupture de l’écorce terrestre. Tous les matins, Mbah Marijan se rend devant un petit autel sur le flanc du volcan où il fait quelques offrandes. Comme les autres gardiens des volcans indonésiens, son rôle consiste à entretenir le dialogue avec cette puissance naturelle, par la prière et le recueillement.

Si une éruption se produit, la population agit en principe en fonction des réactions du gardien du volcan. S’il refuse de quitter son poste, les villageois des hameaux voisins du volcan refusent aussi de quitter leur logis, ce qui met leur vie en danger et pose un sérieux problème aux autorités civiles chargées de la sécurité de la région.  

Hier, Mbah Marijan a dit qu’il ne quitterait pas son village de Kinahrejo, pourtant situé à seulement 5 kilomètres du cratère, donc très sérieusement menacé par le volcan. Il a dit : « Si je fuis, je crains que les gens interprètent mal mon geste et se mettent à paniquer. Ils vont penser que la situation du Merapi est très sérieuse. Pourtant, je leur demande d’obéir aux ordres d’évacuation du gouvernement ».  

40 000 personnes vivent sous la menace du Merapi. Les propos du gardien du volcan devraient faciliter la tâche des autorités.

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