Le Fuego, une roulette russe au Guatemala// Fuego Volcano, Russian roulette in Guatemala

Les gens ont toujours été fascinés par les volcans car les éruptions leur montrent en direct la naissance de la Terre. Ces derniers temps, la hausse d’activité du volcan Fuego au Guatemala a fait monter en flèche le nombre d’excursions sur le volcan, mais elle les a également rendues plus dangereuses. Selon un professeur de volcanologie et climatologie à l’Université de Bristol, « ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un se fasse tuer. »

Deux volcans, l’Acatenango et ie Fuego – se dressent à la périphérie d’Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala, sans oublier le magnifique cône de l’Agua dont le nom fait référence à une coulée de boue dévastatrice qui a dévalé ses flancs le 11 septembre 1541 et a détruit la première capitale du Guatemala.

Photos: C. Grandpey

Gravir l’Acatenngo et le Fuego est considéré comme un rite de passage pour les voyageurs qui visitent le Guatemala. C’est surtout le Fuego qu’ils viennent voir car il peut se manifester jusqu’à 200 fois par jour. Les nombreuses agences de voyages qui conduisent les groupes à proximité du cratère actif misent sur ce spectacle de la nature pour engranger de l’argent. On a vu certains visiteurs s’approcher à moins de 100 mètres de la lèvre du cratère Ces gens inconscients – et stupides – ont tendance à oublier que le Fuego est un tueur.

Il y a six ans, une soudaine hausse d’activité volcanique a eu des conséquences tragiques. Le 3 juin 2018, une puissante éruption a surpris tout le monde, y compris les volcanologues de l’INSIVUMEH. Les autorités ont admis qu’un défaut de communication entre la CONRED (agence qui gère les catastrophes) et l’institut volcanologique a retardé les évacuations quand les coulées pyroclastiques ont dévalé les flancs du Fuego (voir mes notes du 4 et 14 juin 2018). Elles ont enseveli la ville de San Miguel Los Lotes sous des amas de cendres et de roches. Le bilan officiel de l’éruption s’élève à 218 morts, mais les habitants affirment que jusqu’à 3 500 personnes ont disparu ce jour-là.

San Miguel Los Lotes avant et après la destruction de la localité par les coulées pyroclastiques (Source: Conred)

Aujourd’hui, la randonnée jusqu’au Fuego est plus populaire que jamais. Les guides locaux estiment que 200 à 400 personnes visitent i’Acatenango et le Fuego chaque jour, avec jusqu’à 1 000 visiteurs lors d’un vendredi ou d’un samedi chargé. Le tourisme est un énorme moteur économique pour Antigua en particulier et pour le Guatemala en général. En 2018, il a rapporté plus de 838 millions de livres sterling au gouvernement guatémaltèque.

Au final, ce sont ce sont ceux qui gagnent leur vie en guidant des groupes vers les volcans qui sont les plus menacés, car ils passent beaucoup plus de temps dans la zone dangereuse que la plupart des autres visiteurs. Les autorités guatémaltèques insistent sur le fait qu’il est extrêmement dangereux de s’approcher trop près du Fuego. La terrasse de l’Acatenango voisin offre une bonne vue sur les éruptions spectaculaires du Fuego et les gens sont suffisamment en sécurité. Tous les circuits font visiter l’Acatenango en premier, avec une halte dans un camp de base. Les plus courageux et aventureux continuent leur route vers le Fuego. Le professeur de l’Université de Bristol ne comprend pas pourquoi des groupes de touristes continuent de se rendre sur un volcan actif aussi redoutable.

Crédit photo: INSIVUMEH

L’INSIVUMEH publie quotidiennement des bulletins en espagnol sur Facebook, X et son site Internet (voir ma dernière note « Volcans du monde »). Ces bulletins mettent en garde contre les risques de blessures ou de mort pour ceux qui s’approchent trop près du cratère du Fuego. Cependant, comme l’ascension du Fuego n’est pas illégale, l’INSIVUMEH ne peut qu’avertir des risques et n’a pas le pouvoir d’empêcher les visiteurs de grimper sur le volcan. S’agissant des autorités locales, il n’est pas évident de savoir qui gère l’Acatenango et le Fuego. Les municipalités autour de ces deux volcans facturent des frais d’entrée pour différents secteurs de chacun d’eux. Quoi qu’il en soit, le tourisme volcanique est « une vache à lait » pour les autorités locales et le gouvernement central n’a pas assez d’autorité pour imposer de quelconques restrictions.

Source : La BBC.

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People have always been fascinated with volcanoes because eruptions show them Earth’s birth. Recent increased activity at Guatemala’s Fuego Volcano has sent the popularity of the tours skyrocketing, but it has also made them more dangerous. According to a Professor of Volcanoes and Climate at the University of Bristol, “it’s only a matter of time before someone gets killed.”

Twin volcanoes – Acatenango and Fuego – sit on the outskirts of Antigua, the ancient capital of Guatemala, without forgetting the beautiful cone of Mount Agua. .

Climbing them is considered a rite of passage for travellers visiting Guatemala, and it is Fuego in particular that they come to see as this active volcano can erupt 200 times a day. It is precisely what attracts the attention of tourists. Capitalising on this feat of nature are the numerous tour companies which take groups perilously close to Fuego’s active crater. Some visitors have been seen going within 100 meters from its rim.

These reckless – and stupid – people tend to forget that Fuego is a killer. Six years ago, a sudden increase in volcanic activity had tragic consequences. On June 3rd, 2018, a powerful eruption caught much of the surrounding area by surprise. Authorities have admitted that a communication breakdown between CONRED and INSIVUMEH delayed evacuations as pyroclastic flows cascaded down the volcano (see my posts of June 4th and 14th 2018). It buried the entire town of San Miguel Los Lotes under ash and rock. The official death toll from the eruption was 218 people, but locals say as many as 3,500 people disappeared that day.

Today, the hike to Fuego Volcano is more popular than ever. Local guides estimate that 200 to 400 people visit Acatenango and Fuego every day, jumping to as many as 1,000 on a busy Friday or Saturday. Tourism is a huge economic driver for Antigua in particular and Guatemala in general. In 2018, the tourism industry brought over £838 million to the Central American nation’s coffers.

And it is those who derive their livelihoods from guiding groups up the volcanoes that are the most at risk as they spend far more time in the danger zone than most others.

Guatemala’s authorities insist that getting too near Fuego is extremely dangerous The terraces of neighbouring Acatenango offer a spectacular view of Fuego’s lava shows and people are saafe enough. All tours hike Acatenango first, resting in a base camp there. Those who are feeling adventurous then continue on to Fuego. The professor at Bristol University is baffled that tour groups continue to go the active volcano.

INSIVUMEH issues daily bulletins in Spanish on Facebook, X and its website (see my latest post « Volcanoes of the world) warning of risks of injury or death to those who go too close to Fuego’s crater. However, as climbing Fuego is not illegal, INSIVUMEH can only warn of the risks and lacks the power to stop visitors from going there.

As far as local authorities are concerned, it is not obvious who is in charge. Local municipalities charge entry fees for various portions of each volcano and the surrounding area. As such, volcano tourism is “a cash cow” for local authorities and the central government is not strong enough to impose any restriction.

Source : The BBC.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde :

Une hausse de l’activité volcanique a été observée à Home Reef (Tonga). Il est fortement conseillé aux marins de rester à au moins 4 km du volcan. Au cours des derniers jours, plusieurs nouvelles anomalies thermiques ont été enregistrées, montrant une tendance de plus en plus nette vers un stade d’activité modéré. En particulier, une forte anomalie a été détectée dans l’imagerie satellite Sentinel-2 du 15 juin 2024, ce qui laisse supposer une nouvelle arrivée de magma en provenance du système d’alimentation du volcan. La coulée de lave en cours agrandit l’île vers l’est et la forme du volcan semble désormais plus arrondie.

Source : Services Géologiques des Tonga.

 

Image satellite de Home Reef le 15 juin 2024 (Source : Sentinel-2 / Copernicus)

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L’éruption sur la péninsule de Reykjanes (Islande) est restée plutôt stable ces derniers jours et un seul cratère reste actif sur la fracture éruptive. La lave s’écoule principalement vers le nord du cratère, mais une partie s’accumule aussi au sud du cratère. La lave qui coule vers le nord pénètre dans un lac de lave près du mont Sýlingarfell et continue sa route vers le nord où le champ de lave continue de s’épaissir.

Entre le 3 et le 10 juin 2024, le débit d’extrusion de la lave a été estimé à environ 10 m³ par seconde. Depuis cette époque, il n’y a eu aucun changement significatif dans l’activité éruptive. En dépit de l’éruption en cours, le réservoir magmatique sous Svartsengi continue de montrer une inflation, comme cela a été observé lors des éruptions précédentes.

Les données fournies par un drone le 10 juin 2024 indiquent qu’il s’agit du plus important des cinq épisodes éruptifs survenus dans la zone depuis décembre 2023, tant en termes de superficie que de volume. La superficie du champ de lave est estimée à 9,2 kilomètres carrés et le volume de lave émise est estimé à 41 millions de mètres cubes.

Source : Met Office islandais.

Comme je l’ai écrit précédemment, les autorités islandaises ont décidé d’utiliser la stratégie mise en place à Heimaey en 1973 pour refroidir la lave sur la péninsule de Reykjanes. Le 18 juin 2024, la lave était sur le point de déborder d’une digue de terre près de Svartsengi. À titre expérimental, il a été décidé de la refroidir avec de l’eau et les pompiers de Grindavík ont installé des tuyaux entre la centrale électrique et la digue de terre pour assurer un débit d’eau constant. L’objectif était de renforcer la digue et d’empêcher la lave de déborder Une énorme quantité d’eau est nécessaire pour refroidir la lave. Les pompiers ont travaillé toute la nuit mais le refroidissement n’a pas fonctionné correctement, car il faudrait beaucoup plus d’eau pour arrêter la lave. [NDLR : en 1973, les puissantes pompes fournies par l’armée américains ont envoyé l’eau de mer sur le front de lave]. Il faudra plus de puissance dans les pompes islandaises. De plus, il est dangereux de s’approcher trop près des digues de terre avec les camions de pompiers car le lac de lave situé en amont peut déborder et se répandre si le rempart de terre se brise. D’autres tentatives seront faites dans les prochains jours.

Source : Iceland Monitor.

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En début de journée le 18 juin 2024, un épisode éruptif sur le volcan Ibu (Indonésie) a projeté des bombes incandescentes jusqu’à 750 mètres de distance et envoyé de la cendre à une altitude de 4,3 km. Des éruptions d’intensité semblable se sont poursuivies le 19 juin. Le niveau d’alerte est à 4 (AWAS) – le maximum sur une échelle de 4 niveaux – depuis le 16 mai 2024. Il est conseillé à la population d’éviter la zone située dans un rayon de 4 km autour du cratère.

Source : CVGHM.

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L’activité éruptive au cratère Laki-laki du Lewotobi (Indonésie) se poursuit, avec de nombreux événements éruptifs enregistrés quotidiennement par le réseau sismique. Des panaches de cendres s’élèvent de 100 à 1 000 m au-dessus du sommet et des retombées de cendres ont été signalées dans plusieurs villages au nord-ouest et au nord-est du volcan. Les cendres ont perturbé les vols à Frans Seda Sikka. Le niveau d’alerte reste à 2 sur une échelle de 1 à 4 et le public est prié de rester en dehors de la zone d’exclusion autour du volcan.

Source : CVGHM.

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Selon des informations confirmées par l’INGV, le 15 juin 2024, la Voragine, le cratère central de l’Etna (Sicile) a émis des jets de gaz suivis de projections de lave. L’Institut a élevé la couleur de l’alerte aérienne au Jaune (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs). en raison de cette hausse d’activité, puis à l’Orange le même jour car une activité explosive était visible au niveau des cratères sommitaux sur les images webcam et confirmée par les volcanologues sur le terrain.

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L’activité éruptive se poursuit sur le Fuego (Guatemala) avec une moyenne de 3 à 9 explosions chaque heure. Elles éjectent des matériaux incandescents jusqu’à 100 à 400 m au-dessus du sommet. Elles génèrent aussi des panaches de gaz et de cendres qui s’élèvent jusqu’à 1,1 km au-dessus du cratère. Les explosions déclenchent également des avalanches de blocs qui dévalent plusieurs ravines et atteignent souvent des zones de végétation. Des ondes de choc sont toujours signalées presque tous les jours. Les retombées de cendres affectent les villages sous le vent. Le 12 juin 2024, des lahars ont descendu les ravines Las Lajas et Ceniza, transportant des branches, des troncs et des blocs mesurant jusqu’à 1,5 m de diamètre.

Source : INSIVUMEH.

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Une forte activité éruptive se poursuit sur le Sangay (Equateur). Les panaches de cendres s’élèvent jusqu’à 1,5 km au-dessus du sommet. Des retombées de cendres ont été signalées dans plusieurs localités. Des matériaux incandescents sont visibles de nuit au niveau du cratère et jusqu’à 2,5 km sur le flanc SE. Le niveau d’alerte est maintenu au Jaune (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs).

Source Instituto Geofisico.

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ». .
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is some news of volcanic activity around the world :

Increased volcanic activity has been observed at Home Reef (Tonga). All mariners are strongly advised to stay away at least 4 km from the volcano. Over the past days, several new thermal anomalies were recorded at the volcano, showing an increased trend to a moderate stage of activity.

In particular, a strong anomaly was detected in the Sentinel-2 satellite imagery from June 15th, 2024 that suggested a new batch of magma rising from the volcano’s feeding system. The advancing lava flow is enlarging the island towards the east, and the volcano’s shape appears to be more rounded now.

Source : Tonga Geological Services.

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The eruption on the Reykjanes Peninsula (Iceland) has been rather stable during the past few days and only one crater remains active. Lava is flowing mostly to the north from the crater, but a part of it accumulates to the south of the crater. The lava that flows to the north enters a lava lake near Mt. Sýlingarfell and continues to the north where the lava field continues to thicken.

During the period from June 3rd to June 10th, 2024, the lava extrusion rate from the eruption was estimated at about 10 m³ per second, and since then, there have been no significant changes in eruptive activity. Despite the ongoing eruption the Svartsengi reservoir continues to display inflation, as was observed during the previous eruptions.

Drone data collected on June 10th, 2024 indicated that this is the largest of the five eruptive episodes that have occurred in the area since December 2023, both in terms of area and volume. The flow field was an estimated 9.2 square kilometers, and the erupted volume was an estimated 41 million cubic meters.

Source : Icelandic Met Office.

As I put it before, Icelandic authorities have decided to use the 1973 Heimaey strategy to cool the lava that if flowing on the Reykjanes Peninsula. On June 18th, 2024, lava was about to flow over the defense wall close to Svartsengi. As an experiment, it was then decided to cool it and the Grindavík Fire Department laid pipes from the power plant to the defense wall to ensure a constant flow of water. The aim was to strengthen the wall and to stop the flow of lava from passing over it.

A huge amount of water is needed to conduct lava cooling. Firefighters have been working all night trying to cool down the lava at the defense wall near Svartsengi power plant, but the cooling has not worked properly, as a considerable amount of water is needed to stop the flow of lava. More power will be needed in the pump. Moreover, it is dangerous to go too close to the defense walls with the fire trucks if the lava pond above them breaks. More attemps will be made in the ccoming days.

Source : Iceland Monitor.

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Early on June 18th, 2024, a volcanic eruption at Ibu (Indonesia) launched bright lava bombs as far as 750 meters away and ejected ash to an altitude of 4.3 km. Similar intensity eruptions continued on June 19th.

The Alert Level has remained at 4 (AWAS) – the maximum on a 4-level scale – since May 16th, 2024. Residents are advised to avoid the area within a 4 km radius from the crater.

Source : CVGHM.

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Eruptive activity at Lewotobi’s Laki-laki crater (Indonesia) continues, with multiple eruptive events recorded daily by the seismic network. Ash plumes rise 100-1,000 m above the summit and ashfall was reported in several villages to the NW and NE. The ash caused disruptions to flights at Frans Seda Sikka. The Alert Level remains at 2 on a scale of 1-4, and the public is asked to stay outside the exclusion zone around the volcano.

Source : CVGHM.

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According to news reports confirmed by INGV, Mt Etna’s Voragine Crater (Sicily) showed gas jetting from a vent followed by spattering lava on June 15th, 2024. The Institute raised the Aviation Color Code to Yellow (level 2 on a four-color scale) due to increased signs of unrest, and later to Orange that same day because explosive activity at the summit craters was visible in webcam images and observed by volcanologists in the field.

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Eruptive activity continues at Fuego (Guatemala) wit an average of 3-9 hourly explosions that eject incandescent material up to 100-400 m above the summit. They generate gas-and-ash plumes that rise as high as 1.1 km above the crater. The explosions also produce block avalanches that descend various drainages and often reach vegetated areas. Shock waves are reported on most days. Ashfall is still occurring in downwind villages. On 12 June 2024, lahars descended the Las Lajas and Ceniza drainages, carrying tree branches, trunks, and blocks as large as 1.5 m in diameter

Source : INSIVUMEH.

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High levels of eruptive activity continue at Sangay (Ecuador). Ash plumes rise as high as 1.5 km above the summit. Ashfall has been reported in several muncipalities. Incandescent material at the crater is visible at night, and several episodes of incandescent material traveling as far as 2.5 km down the SE flank have also been observed. The Alert Level is kept at Yellow (level 2 on a four-color scale).

Source Instituto Geofisico.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ». .

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Les glaciers meurent… // Glaciers are dying…

Dans une note publiée le 13 mai 2024, j’expliquais qu’en raison du réchauffement climatique et en suivant une tendance générale dans le monde, le glacier Humboldt – ou La Corona – au Venezuela a fondu beaucoup plus rapidement que prévu et ne présente plus qu’une superficie de moins de 2 hectares. C’est ce qu’ont constaté des scientifiques qui se sont rendus à son chevet en décembre 2023. En conséquence, il a été déclassé et est passé de glacier à simple champ de glace.

Vue du glacier Humboldt en 2019. (Crédit photo : Jose Manuel Romero /AP )

On pensait que le Venezuela était le premier pays à avoir perdu tous ses glaciers dans les temps modernes. En fait, la Slovénie l’avait devancé. Le pays est confronté à la même situation, et avait déclaré la perte totale de ses glaciers il y a plus de trente ans. Le Venezuela et la Slovénie sont les deux premiers pays à avoir perdu leurs derniers glaciers au cours d’une période de réchauffement climatique induit par les activités humaines. Malheureusement, ce ne seront pas les derniers. Même des pays arctiques comme l’Islande ont perdu des glaciers entiers (voir ma note sur la mort du glacier Okjökull le 24 juillet 2019).

Toutefois la Slovénie et le Venezuela semblent être les premiers pays depuis le 18ème siècle à se trouver dans une telle situation. Cela survient alors que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) s’attend à ce que 18 à 36 pour cent de la masse glaciaire dans le monde disparaisse au cours du 21ème siècle, en grande partie à cause du réchauffement climatique.
Selon un professeur de l’Université de Los Andes qui a étudié les glaciers, « la disparition de tous les glaciers du Venezuela est une tragédie nationale. Cela devrait nous alerter sur les très nombreux effets qui se produiront à court terme dans le pays en raison du réchauffement climatique.»
Cependant, la Slovénie et le Venezuela avaient probablement perdu leurs derniers glaciers il y a déjà plusieurs années. Il n’existe pas de document officiel pour décréter qu’un glacier est mort, et aucune organisation internationale ne fait autorité en matière de classification des glaciers. Le seuil minimum communément accepté pour qu’un glacier soit décrété mort est de 0,1 kilomètre carré.
En Slovénie, la superficie du glacier Skuta est inférieure à 0,1 kilomètre carré depuis au moins 1969, et le glacier Triglav est descendu sous ce seuil en 1986.

Vue du glacier Skuta en juillet 2008 (Crédit photo : Wikipedia)

La Corona, au Venezuela, a probablement perdu son statut glaciaire en 2016. Deux caractéristiques permettent de définir un vrai glacier : son mouvement vers l’avant et la présence de crevasses générées par ce déplacement. Le Triglav et le Skuta n’en possédaient plus au cours des dernières décennies. Les scientifiques locaux expliquent que la quantité de glace au sommet du Triglav équivaut à la superficie de deux terrains de volley-ball, tandis que la position ombragée du Skuta lui a permis de doubler cette superficie qui atteint 0,01 kilomètre carré. La faible altitude et la latitude des deux glaciers les ont rendus « plus vulnérables aux extrêmes climatiques » et ils ont succombé à « la hausse des températures ». L’Institut géographique Anton Melik s’attend à ce que les deux glaciers aient perdu le reste de leur glace d’ici 2030.
La perte de ces glaciers et de ceux qui suivront entraînera de lourdes conséquences environnementales. L’eau des glaciers slovènes termine sa course dans la mer Noire et le glacier venezuelien La Corona se déverse dans les Caraïbes, contribuant ainsi à l’élévation du niveau de la mer, ce qui devrait causer de gros dégâts dans les zoness côtières. Cette disparition est aussi un avertissement pour le reste de l’Amérique latine. La disparition inévitable des glaciers de Colombie, d’Équateur, du Pérou et de Bolivie aura un impact social bien plus important qu’au Venezuela, en raison de la dépendance de populations beaucoup plus nombreuses à l’égard de l’eau produite par ces glaciers.
Le dernier glacier du Mexique, Gran Norte, devrait perdre son statut entre 2026 et 2033 et disparaître complètement d’ici 2045. Ses eaux de fonte ont fourni pendant des siècles de l’eau aux zones habitées en aval.
Source : Scientific American.

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In a post released on 13 May 2024, I explained that, due to global warming, and following a global tendency around the world, A visit in December 2023 found the Humboldt – or La Corona – Glacier had melted much faster than expected, and had shrunk to an area of less than 2 hectares. As a result, its classification was downgraded from glacier to ice field.

It was thought Venezuela was the first country to have lost all its glaciers in modern times. Actually, Slovenia is also facing the same situation, having claimed the solemn title more than three decades ago. They are the first two countries to lose their last-standing glaciers in a period of global warming induced by human activities. Unfortunately, they won’t be the last. Even Arctic countries like Iceland (see my post about the death of Okjökull on 24 July 2019) have lost whole glaciers. But Slovenia and Venezuela appear to be the first countries since the 18th century to lose their last glaciers. It comes as the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) expects 18 to 36 percent of global glacial mass to be lost across the 21st century due in large part to global warming.

According to a professor at Universidad de Los Andes who studied the glaciers,“the disappearance of all the glaciers in Venezuela is a national tragedy.” It is a warning sign about the avalanche of additional effects that are coming to the country in the short term as a consequence of global warming.”

However, Slovenia and Venezuela likely lost their last glaciers years earlier. There’s no universally accepted point of death for a glacier, and no international organization is recognized as the authority on glacial classification. The commonly accepted minimum threshold for a glacier to be recognized as such is 0.1 square kilometers.

In Slovenia, Skuta’s area has been under 0.1 square kilometers since at least 1969, and Triglav fell under the threshold in 1986. La Corona, in Venezuela, likely lost its glacial status in 2016. Two basic characteristics for the real glaciers are their moving and the presence of glacial crevasses. Triglav and Skuta have not possessed either in the last few decades. Local scientists explain that the amount of ice at the peak of Triglav is the area of two volleyball courts, while Skuta’s shaded position has afforded it double that surface area: 0.01 square kilometers. The low altitude and latitude of both glaciers made them “more vulnerable to climatic extremes” and they succumbed to “rising temperatures. The Anton Melik Geographical Institute expects both summits to be ice-free by 2030.

The loss of these glaciers and those to follow will carry heavy environmental consequences. The Slovenian glaciers both melt into the Black Sea and La Corona empties into the Caribbean, contributing to rising global sea levels that are expected to wreak havoc on coastal communities. It is also a warning for the rest of Latin America. The consequences of the inevitable loss of the glaciers of Colombia, Ecuador, Peru and Bolivia will have a social impact much greater than that of Venezuela, due to the dependence of much larger populations on water sources dependent on these glaciers.

Mexico’s last glacier, Gran Norte, is expected to lose its status sometime between 2026 and 2033 and be completely gone by 2045. Its runoff has provided downstream communities with water for centuries.

Source : Scientific American.

Hawaii (Maui) : pas de nouveaux observatoires sur l’Haleakala // No new observatories on Haleakala

Sur l’archipel hawaiien, le nom de l’île de Maui est lié à la légende d’un guerrier qui attrapa le Soleil avec un filet pour ralentir sa course et permettre aux pêcheurs de cuire leurs poissons.

La légende commence à la création du monde quand le Soleil, qui pense être le seul à travailler dans l’univers, décide de se lever plus tard et de se coucher plus tôt. L’obscurité est si longue que la Terre en souffre cruellement. Il n’y a pas assez de chaleur pour chauffer les fours en pierre et pas assez de lumière pour préparer les repas.

Le jeune guerrier Maui voit les lèvres de sa fiancée Hina s’enflammer à force de manger cru. Il décide alors d’affronter le soleil et de le vaincre. Pour ce faire, il se met à tresser un filet de lianes, d’algues et d’écorces dont la pièce maîtresse est un long cheveu de Hina. Après une longue attente nocturne, il voit apparaître les premiers rayons du Soleil. Maui jette son filet et retient l’astre prisonnier. Le soleil se débat avec fureur, mais le filet tient bon. Alors, le soleil commence à chauffer si fort que la mer se met à bouillonner et la terre à se craqueler, tous les liens du filet brûlent. Rien ne résiste aux flammes, sauf le cheveu de Hina, la fiancée de Maui. Le soleil a beau sauter, chauffer, enfler…, il est saisi par le cou et il étouffe. Il perd peu à peu de son éclat et s’arrête enfin, épuisé, vaincu. Maui fait alors promettre au Soleil que les poissons et les légumes seront cuits avant la nuit. Le Soleil accepte. Maui le délivre et le Soleil bondit dans le ciel. C’est depuis ce jour qu’il se lève si tôt et se couche si tard. Parfois, quand on regarde le soleil se coucher à l’horizon, on aperçoit comme un mince filet vert : c’est le cheveu de la fiancée de Maui qui est suspendu là afin que le Soleil n’oublie jamais sa promesse…

L’île de Maui est dominée par la masse imposante de l’Haleakala (3055 m), un volcan qui, selon la Smithsonian Institution, a pu entrer en éruption entre les voyages d’exploration de La Pérouse en 1786 et de Vancouver en 1793, mais l’incertitude entoure la date de cette éruption qui a aussi pu se produire vers 1750.

Selon les Hawaïens de souche sur l’île de Maui, « l’Haleakala est plus qu’une simple montagne ; le sommet est considéré comme wao akua, ou « royaume des dieux », et continue d’être un lieu de profonde spiritualité pour les autochtones hawaïens qui peuvent s’engager dans certaines de ces pratiques traditionnelles. » Le sommet est donc un lieu sacré utilisé pour les cérémonies religieuses, la prière et pour entrer en contact avec les ancêtres.

C’est la raison pour laquelle les autorités locales de Maui viennent de voter contre une proposition militaire américaine visant à construire six nouveaux télescopes au sommet de l’Haleakala. Le but des télescopes était de suivre des objets dans l’espace.
Le refus de construire les télescopes a également été motivé par une pollution causée par un déversement de carburant en 2023, lorsqu’une pompe qui alimentait un groupe électrogène ne s’est pas arrêtée lors d’un orage.
Le ciel clair et l’air sec au sommet de Haleakala créent des conditions idéales pour observer l’espace, tout comme le sommet du Mauna Kea sur la Grande Ile qui héberge une douzaine de télescopes. On peut déjà voir sur l’Haleakala plusieurs observatoires de l’Université d’Hawaii, ainsi que le Maui Space Surveillance Complex.

Des manifestants ont tenté de bloquer la construction d’un nouvel observatoire sur l’Haleakala en 2017, mais la construction a continué et le télescope Daniel K. Inouye a publié ses premières images du soleil en 2020.
Une proposition de construction du Thirty Meter Telescope (TMT) sur le Mauna Kea a déclenché des manifestations très agressives en 2019. Le projet TMT est actuellement suspendu pendant que ses initiateurs recherchent un financement par la National Science Foundation. Source : médias d’information hawaïens.

 Photos : C. Grandpey

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On the Hawaiian archipelago, the name of the island of Maui is linked to the legend of the warrior who caught the Sun with a net to slow its course and allow the fishermen to cook their fish.

The legend begins at the creation of the world when the Sun, who thinks he is the only one working in the universe, decides to rise later and set earlier. The darkness is so long that the Earth suffers cruelly from it. There is not enough heat to heat the stone ovens and not enough light to prepare meals.
A young warrior, Maui, sees the lips of his fiancée Hina burst into flames from eating raw food. He then decides to face the Sun and defeat it. To do this, he begins to weave a net of lianas, algae and bark, the centerpiece of which is a long hair of Hina. After a long nocturnal wait, he sees the first rays of the Sun appear. Maui throws his net and holds the star prisoner. The Sun struggles furiously, but the net holds firm. Then the sun begins to heat up so much that the sea begins to boil and the earth begins to crack, all the links of the net burn. Nothing resists the flames, except the hair of Hina, Maui’s bride. The Sun may jump, heat up, swell… but it is grabbed by the neck and suffocates. It gradually loses its shine and finally stops, exhausted, defeated. Maui then makes the Sun promise that the fish and vegetables will be cooked before nightfall. The Sun accepts. Maui delivers him and the Sun leaps into the sky. It’s since that day that he gets up so early and goes to bed so late. Sometimes, when we watch the Sun go down on the horizon, we can see a thin green net: it is the hair of Maui’s bride which hangs there so that the Sun never forgets its promise…

The island of Maui is dominated by the mass of Haleakala (3055 m), a volcano which, according to the Smithsonian Institution, may have erupted between the exploring voyages of La Perouse in 1786 and Vancouver in 1793, but uncertainty surrounds the date of this event, which could have occurred in about 1750.

According to native Hawaiians in Maui, “Haleakala is more than just a mountain; the summit is considered wao akua, or ‘realm of the gods,’ and continues to be a place of deep spirituality for Native Hawaiians to engage in some of these traditional practices,” The summit is a sacred place used for religious ceremony, prayer and connecting to ancestors. This is the reason why local officials on Maui have just voted to oppose a U.S. military proposal to build six new telescopes on the summit of Haleakala. The aim of the telescopes was to track objects in space.

What also prompted the refusal to build the telescopes was a fuel spill that occurred in 2023 when a pump that supplies fuel to a backup generator failed to shut off during a lightning storm.

The clear skies and dry air at Haleakala’s peak make for some of the world’s best conditions for viewing space, similar to the summit of Mauna Kea on the Big Island which hosts about a dozen telescopes. Haleakala already hosts multiple University of Hawaii observatories and an existing collection of Space Force telescopes called the Maui Space Surveillance Complex. Protesters tried to block the construction of a new observatory on Haleakala in 2017 but building went ahead and the Daniel K. Inouye Solar Telescope released its first images in 2020.

A proposal to build the Thirty Meter Telescope on Mauna Kea triggered massive protests in 2019. The TMT project is currently paused while planners seek National Science Foundation funding.

Source : Hawaiian news media.