De la tridymite sur la planète Mars! // Tridymite on Mars!

drapeau-francaisLa tridymite n’est pas le minéral volcanique le plus connu. Une définition proposée par les encyclopédies nous apprend que la tridymite est « une des formes polymorphes de la silice cristalline. Elle est présente dans les roches volcaniques où elle coexiste avec la cristobalite, une autre forme de silice cristalline. Certaines formes de silices cristallines peuvent être converties en d’autres formes en fonction de l’augmentation ou de l’abaissement de la température ».

Les scientifiques ont été très surpris de trouver la tridymite sur Mars. En effet, sur Terre le minéral provient généralement de volcans extrêmement chauds dont la lave a été exposée à beaucoup d’eau de mer. De telles conditions ne sont pas censées exister sur Mars.
Un échantillon de roche prélevé par le robot Curiosity dans le cratère Gale, que l’on pense être le fond d’un ancien lac, a révélé cette tridymite qui est généralement produite sur Terre par des éruptions puissantes comme celle du Mont St. Helens. La planète Mars possède des volcans, mais ils sont basaltiques, comme à Hawaii; ils émettent une lave riche en fer et en magnésium, mais pauvre en silice. Au contraire, la lave produite par les volcans de la Chaîne des Cascades aux États-Unis contient beaucoup de silice, un minéral qui se forme en présence d’eau et nécessite des températures très élevées pour fondre et recristalliser en un matériau comme la tridymite. Les volcans des Cascades se sont formés lorsque la plaque Juan de Fuca s’est enfoncée sous la plaque continentale nord-américaine, emportant avec elle une grande quantité d’eau de mer. Il n’y a aucune preuve de tectonique des plaques sur Mars; c’est la raison pour laquelle les chercheurs ont été surpris de trouver de la tridymite dans les échantillons recueillis par Curiosity. Il n’y a pas non plus de traces de volcans siliciques, ni suffisamment d’eau sur Mars pour qu’elle soit descendue assez profond pour participer au processus qui génère la tridymite sur Terre.
Il n’y a pourtant pas le moindre doute sur la présence du minéral. Les instruments à bord du robot ont non seulement identifié sa chimie, mais ils ont aussi utilisé les rayons X pour analyser la structure du cristal et confirmer son identité.
Curiosity continuera de recueillir et d’analyser des échantillons du sol martien lorsqu’il escaladera le Mont Sharp, une colline formée de plusieurs couches de matériaux. Les chercheurs sont impatients de savoir s’ils trouveront de nouveau de la tridymite dans ce secteur.
Source: CBC News.

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drapeau-anglaisTridymite is not the most popular mineral found on volcanoes. One of the definitions found in encyclopediae goes as follows: “Tridymite is one of the polymorphic forms of crystalline silica. It is present in volcanic rocks where it coexists with cristobalite, another form of crystalline silica. Certain forms of crystalline silicas can be converted in other forms according to the increase or the reduction in temperature”.

Scientists were quite surprised to find tridymite on Mars as, on Earth, the mineral typically comes from extremely hot volcanoes whose lava was exposed to lots of ocean water. Earth conditions that aren’t known on Mars are needed to produce tridymite.

A rock sample drilled by the Curiosity rover in the Gale Crater, believed to be the bed of an ancient lake, included tridymite, typically produced on Earth by powerful eruptions of volcanoes such as Mount St. Helens. While Mars has volcanoes, they are basaltic volcanoes like those in Hawaii; they produce a lava high in iron and magnesium and low in silica. On the contrary, lava produced by the Cascade volcanoes in the U.S. contain a lot of silica, a mineral that forms in the presence of water and requires extremely hot temperatures to melt and recrystallize into a material like tridymite. The Cascade volcanoes were formed when the Juan de Fuca plate in the Pacific Ocean pushed under the continental North American plate, taking a lot of ocean water with it. There’s no evidence for plate tectonics on Mars; this is the reason why researchers were so surprised to find tridymite in the samples collected by the Curiosity rover. Nor is there any sign of any silicic volcanoes, nor evidence that there was ever enough water on Mars or any way to get it down deep enough to undergo the kind of processes that generate tridymite on Earth.

There is not the slightest doubt about the mineral. The rover’s instruments not only identified the chemistry of the material, but also used X-rays to analyze the structure of the crystal and confirm its identity.

The Curiosity rover will continue to collect and analyse samples of the ground as it climbs up a multi-layered hill called Mount Sharp. The researchers are interested to see whether they will find more tridymite on the way up.

Source : CBC News.

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Exemple de forage effectué par le robot Curiosity sur la planète Mars. Le diamètre du trou correspond environ à celui d’une pièce de un centime d’euro (Source: NASA).

 

 

 

 

 

Hawaii : La coulée du 24 mai // Hawaii : The 24 May lava flow

drapeau-francaisIl se dit un peu tout et n’importe quoi sur la nouvelle coulée de lave émise le 24 mai sur le versant SE du Pu’uO’o. Elle est certes active, mais il lui faudra encore pas mal de temps pour atteindre l’océan, à condition qu’elle montre suffisamment de vigueur pour y parvenir. Il est à noter que cette nouvelle coulée a « pompé » l’alimentation de son homologue du 27 juin qui, de ce fait, est devenue totalement inactive. Cette coalition pourrait permettre à la nouvelle lave de parcourir une longue distance. Les derniers bulletins du HVO indiquent qu’elle avait parcouru 3, 3 km le 10 juin depuis sa source. Elle progresse à raison de 250 mètres par jour en moyenne, avec tendance à l’élargissement. Cette vitesse s’accélérera une fois que la pente du Pulama Pali sera atteinte, mais il faudra que la coulée redouble ensuite d’efforts pour traverser la plaine côtière et atteindre l’Océan Pacifique. Il ne serait pas judicieux de se précipiter sur la Grande Ile d’Hawaii pour assister à ce spectacle qui ne sera probablement pas visible avant au moins un mois. De plus, il faut savoir aussi que le Parc des Volcans ne laissera pas les touristes s’approcher de la lave de façon anarchique. On peut raisonnablement penser que des points d’observation seront aménagés pour assurer une sécurité maximale.

La carte ci-dessous montre la position de la coulée le 10 juin 2016.

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drapeau-anglaisSome nonsense has been written about the new lava flow emitted on May 24th on the southeastern flank of Pu’uO’o. The flow is active, but it will take it quite a lot of time to reach the ocean, provided it shows sufficient vigour to do so. The new flow has « pumped » the feeding system of the 27 June flow which has become totally inactive. This coalition could allow the new lava to travel a long distance. The latest HVO updates indicate it had travelled 3.3 km on June 10th. It is moving forward at an average rate of 250 metres per day, with a tendency to spreading. This speed will accelerate once the slope of Pulama Pali is reached, but the flow will then need to make more efforts to cross the coastal plain and reach the Pacific Ocean. It would be unwise to rush to Hawaii Big Island to attend this show that probably will not occur before at least one month. Besides, Park authorities will not let tourists approach the lavain an anarchic way. It is reasonable to think that observation points will be installed to ensure maximum security.
The map below shows the position of the new flow on 10 June 2016.

Coulée 24 mai

On peut voir en rouge vif la position de la coulée active le 10 juin 2016. (Source : HVO)

Mont Shindake (Japon): Baisse du niveau d’alerte // The alert level has been lowered

drapeau-francaisSuite à la baisse de la sismicité, l’Agence Météorologique Japonaise (JMA) a baissé à 3 le niveau d’alerte du Shindake, volcan situé sur l’île Kuchinoerabu, à un millier de kilomètres au SO de Tokyo. Le niveau d’alerte avait été porté à 5 (le maximum) le 29 mai 2015 au moment de l’éruption (voir ma note à cette date) et les 118 habitants avaient été évacués vers l’île voisine de Yakushima.

La JMA fait remarquer que l’on ne peut exclure la possibilité de petites éruptions avec des retombées de cendre dans un rayon de 2 km autour du cratère. De nombreux habitants sont déjà revenus chez eux quand le gouvernement a levé l’ordre d’évacuation pour la majeure partie de l’île en décembre dernier.

Sources : JMA & presse japonaise.

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drapeau-anglaisDue to a decrease in seismicity, the Japan Meteorological Agency (JMA) has lowered to 3 the alert level for Mount Shindake on Kuchinoerabu Island, about 1,000 km southwest of Tokyo. The level had been raised to 5 during the eruption on May 29th 2015 (see may note on that day) and all 118 residents had been forced to evacuate the island to nearby Yakushima Island.

The JMA said it could not rule out the possibility of small-scale eruptions that could spew ash deposits within a 2-km radius of the crater. Many residents have returned home since the local government lifted an evacuation order for most of the island last December.

Sources : JMA & japanese newspapers.

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Capture d’écran de la télévision japonaise au moment de l’éruption du 29 mai 2015.

Il y a 25 ans, le Pinatubo entrait en éruption… // 25 years ago, Mt Pinatubo erupted…

drapeau-francaisCertaines dates sont à retenir en volcanologie. L’éruption du Pinatubo en 1991 est l’une d’entre elles. A 13h42, heure locale, le 15 juin 1991, le volcan laissait échapper son courroux après une période de repos d’environ 600 ans. Cette éruption cataclysmique est entrée dans l’histoire ; c’est la deuxième plus importante du 20ème siècle après celle du Novarupta en Alaska en 1912.
Le Pinatubo a commencé à montrer des signes de réveil en avril 1991 avec des essaims sismiques comprenant des événements allant de M 2 à M 3, parfois M4. Le PHILVOCS a remarqué que l’épicentre de cette activité sismique se situait sur le versant nord-ouest du volcan. Suite à l’augmentation du nombre de secousses, les scientifiques philippins sollicitèrent l’aide de l’USGS.
La première grande explosion du Pinatubo a eu lieu le 7 juin 1991. Le 12 juin, la colonne de cendre atteignait 20 kilomètres de hauteur. Le point culminant de l’éruption se situa le 15 juin en début de matinée et dura jusqu’au petit matin du 16 juin. L’éruption a été aggravée par le passage du typhon « Diding, » de sorte que la cendre émise par le volcan a atteint des secteurs situés au-delà de la zone de danger. Le typhon a également déclenché des lahars.
Grâce à l’anticipation de l’éruption et à l’évacuation de la population, environ 700 victimes seulement sont à déplorer; 40 pour cent d’entre elles sont décédées en raison d’effets indirects, tels que l’effondrement des toits sous le poids de la cendre, 50 pour cent sont mortes en raison de maladies dans les centres d’évacuation, et les 10 pour cent restants ont péri à cause des lahars.
Parmi les conséquences de l’éruption, on remarquera que la température moyenne de la planète a chuté de 0,4 à 0,5 degrés Celsius; la hauteur du volcan a été réduite de 300 mètres et un lac de cratère est apparu au sommet. 20 000 Aetas, population indigène qui vivait sur les pentes de la montagne, ont été déplacés.
L’éruption de 1991 a enseigné un certain nombre de choses. L’une d’elles est qu’un toit solide et en pente est le meilleur moyen de se protéger des retombées de cendre. Au cours de l’éruption, les gens qui se trouvaient en dehors de la zone de danger n’avaient pas imaginé que leurs toits s’effondreraient sous le poids de la cendre.
Une carte des lahars a été distribuée aux communautés concernées. Chaque fois qu’un typhon ou de fortes pluies sont attendues, le public est informé.
Le PHILVOCS et l’USGS ont fait un excellent travail pour sauver des vies lors de l’éruption du Pinatubo en 1991, mais il ne faudrait pas oublier qu’une vidéo pédagogique imaginée par le regretté Maurice Krafft pour le compte de l’IAVCEI a, elle aussi, sauvé des milliers de vies. Paradoxalement, alors que la vidéo sauvait des vies aux Philippines; Katia et Maurice Krafft perdait la leur sur le Mont Unzen au Japon, sous une coulée pyroclastique.

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drapeau-anglaisSome dates are to be remembered in volcanology. The 1991 eruption of Mount Pinatubo is one of them. At 1:42 p.m., local time, on June 15th, 1991, the volcano unleashed its fury after sleeping for some 600 years. The cataclysmic eruption went down in history as the second largest volcanic activity in the 20th century, after Novarupta (Alaska) in 1912.

Mt Pinatubo started to show signs of seismic unrest as early as April 1991. The seismic swarms included events that ranged from M 2 to 3, sometimes reaching M4. PHILVOCS was later able to detect the epicentre of seismic activity at the northwest side of the volcano. As the earthquakes were becoming more frequent, Phivolcs sought the assistance of the USGS.

The first large explosion happened on June 7th 1991. By June 12th, the ash column had reached 20 kilometres high. The strongest, or climactic, eruption occurred in the early morning of June 15th and lasted until early morning of June 16th. The eruption was aggravated by the passing of typhoon “Diding,” so that the volcanic ash released by the volcano reached areas beyond not in the hazard zone map for ashfall. The typhoon also triggered lahars.

Thanks to the anticipation of the eruption and the evacuation of the population, only about 700 casualties were recorded; 40 percent died due to indirect effects, such as collapse of roofs from heavy ash deposits, 50 percent died due to sickness in evacuation sites, and the remaining 10 percent died in the lahar flows.

Along the consequences of the eruption, the average global temperature dropped by 0.4 to 0.5 degrees Celsius; the height of the volcano was reduced by 300 metres; a crater lake formed at the volcano’s summit; and some 20,000 Aetas who used to live by the slopes of the mountain have been displaced.

The 1991 eruption taught quite a number of lessons. One of them was that a sturdy steep roof is best so it will not collapse from an ashfall. During the eruption, people who were outside the hazard zone were not aware that their roofs would collapse due to heavy ash deposits.

A lahar map has been distributed to the communities. They are aware of the hazard. Every time that a typhoon or heavy rainfall is expected, an advisory is issued to the public.

PHILVOCS and USGS did a great job to save lives during the Pinatubo eruption in 1991, but one should not forget that an educational video made by the late Maurice Krafft for the IAVCEI saved thousands of lives. Video worked where words would have failed. Ironically, while the video was saving lives in the Philippines; Katia and Maurice Krafft lost theirs on Mt Unzen in Japan where they were killed by a pyroclastic flow.

Pinatubo erup

Séquence éruptive dans le cratère du Pinatubo (Crédit photo: Wikipedia)