Nouvelles informations scientifiques sur l’éruption du Mauna Loa en 2022 // New scientific information about the 2022 Mauna Loa eruption

La division « Earth Observatory » de la NASA vient de publier un document très intéressant qui donne plus d’informations sur la dernière éruption du Mauna Loa.
Le 27 novembre 2022, des fontaines de lave ont commencé à jaillir de la zone de rift nord-est du volcan et des coulées se sont dirigées vers le nord. Dix jours après le début de l’éruption, un avion de la NASA a effectué son premier vol au-dessus du volcan. Il transportait un système de radar à synthèse d’ouverture pour véhicule aérien inhabité (UAVSAR)* qui a été utilisé pour cartographier la topographie du volcan dans les moindres détails avec un instrument à bande Ka baptisé GLISTIN-A. Au départ, le GLISTIN-A est une nouvelle technique radar pour cartographier les surfaces de glace. Les applications scientifiques ont commencé en 2013 au-dessus des glaciers alpins et de la glace de mer en Alaska, et d’une plaine inondable en Californie. Ces applications se sont depuis étendues à d’autres domaines, tels que l’accumulation de neige et la dynamique des volcans. L’instrument a été déployé pour la première fois sur un volcan en 2018 lors de l’éruption du Kīlauea. Le succès de cette opération a encouragé son utilisation sur le Mauna Loa.
Des équipes du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA et du United States Geological Survey (USGS) ont utilisé les données de ce capteur pour cartographier l’épaisseur des coulées de lave sur le Mauna Loa lors d’une série de vols les 7, 8 et 10 décembre 2022. La carte ci-dessous montre l’épaisseur des coulées de lave pendant le vol du 7 décembre. Le 8 décembre , les scientifiques de l’USGS ont remarqué une baisse significative de l’éruption et quelques jours plus tard, ils ont déclaré que l’éruption s’était arrêtée.

 

Epaisseur de la coulée de lave le 7 décembre 2022 (Source: USGS)

La carte montre l’épaisseur des coulées de lave dans la caldeira sommitale, là où l’éruption a commencé, et des coulées de lave sur le flanc nord-est du Mauna Loa. La variation de couleur du bleu à l’orange indique une augmentation de l’épaisseur de la coulée de lave. Une épaisseur maximale d’environ 25 mètres est indiquée, bien que des valeurs supérieures à 40 mètres aient été observées dans certaines zones.
L’épaississement de la lave à l’extrémité nord de la coulée est dû au refroidissement de la lave loin de la source de l’éruption, ainsi qu’à un aplanissement du terrain au niveau du col (the Saddle) entre le Mauna Loa et le Mauna Kea. Ces deux facteurs ont contribué au ralentissement et à l’accumulation de la lave dans ce secteur. Les données GLISTIN ont été superposées à une image Landsat 8 aux couleurs naturelles du volcan réalisée en 2017, et un modèle d’élévation numérique offrant une vue plus réaliste de la topographie du Mauna Loa. La photographie aérienne proposée par l’USGS ci-dessous montre une partie de la coulée de lave principale le 7 décembre 2022.

 

Vue de la coulée de lave le 7 décembre 2022 (Crédit photo: USGS)

En effectuant une comparaison avec les cartes de la topographie de cette zone avant l’éruption, y compris les données GLISTIN-A collectées en 2017, les chercheurs de l’USGS ont pu calculer la taille et le volume de la coulée de lave. Au cours de l’éruption d’environ 14 jours, le Mauna Loa a émis plus de 230 millions de mètres cubes de lave avec une coulée qui a parcouru jusqu’à 19,5 kilomètres depuis la source de l’éruption. [NDLR : On se rend compte que le volume de lave émis en 2022 est assez proche de celui émis lors de la précédente éruption de 1984 : 220 millions de mètres cubes].

* Le système UAVSAR mentionné plus haut fonctionne à partir d’une nacelle montée sous un jet Gulfstream III avec équipage du Armstrong Flight Research Center de la NASA en Californie. Des cartes topographiques générées lors de chaque vol montrent la progression et l’épaississement de la lave avec le temps. Il s’agit d’informations précieuses pour la compréhension scientifique des processus volcaniques et pour les interventions de secours d’urgence.

Un grand merci au HVO de m’avoir communiqué ces informations à propos de l’éruption.

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NASA’s Earth Observatory has just relaesed a very interesting document that gives more information about Mauna Loa’s latest eruption.

On November 27th, 2022, lava fountains began spurting from the volcano’s Northeast Rift Zone and streams of molten rock flowed to the north. Ten days into the eruption, a NASA aircraft conducted its first flight over the erupting volcano. It carried NASA’s Uninhabited Aerial Vehicle Synthetic Aperture Radar (UAVSAR)* system, which was used to map the volcano’s topography in fine detail with a Ka-band instrument called GLISTIN-A. GLISTIN-A was originally demonstrated as a new radar technique for mapping ice surfaces. Science demonstration flights began in 2013 over alpine glaciers and sea ice in Alaska, and a floodplain in California. Its applications have since expanded to other areas, such as snow accumulation and volcano dynamics. The first time the instrument was deployed for volcano response was in 2018 during the three-month eruption of Kīlauea. The success of that operation paved the way for deployment to Mauna Loa.

Teams from NASA’s Jet Propulsion Laboratory (JPL) and the United States Geological Survey (USGS) used data from that sensor to map the thickness of those flows during a series of flights on December 7th, 8th, and 10th. The map above shows the thickness of the lava flows during the flight on December 7th, the day before USGS scientists noticed a significant decline in the pace of the eruption. A few days later, they declared the eruption had stopped. The map shows the thickness of the lava flows in the summit caldera, where the eruption began, and of lava flows on Mauna Loa’s northeastern flank. The color variation from blue to orange indicates increasing lava flow thickness. A maximum thickness of roughly 25 meters is shown, though values exceeding 40 meters were observed in some areas.

The thickening at the northern end of the flow is due to lava cooling and hardening with distance away from the vent, along with a flattening of the terrain at the saddle between Mauna Loa and Mauna Kea. Both of these factors contributed to the flow slowing down and piling up in that area. The GLISTIN data were laid over a 2017 natural-color Landsat 8 image of the mountain and a digital elevation model offering a more realistic view of Mauna Loa’s topography. The USGS aerial photograph above shows part of the main lava flow on December 7th, 2022.

By comparing to pre-eruption maps of this area’s topography, including GLISTIN-A data collected in 2017, the USGS researchers were able to calculate the size and volume of the lava flow. Over the roughly 14-day eruption, Mauna Loa erupted more than 230 million cubic meters of lava along a flow that extended up to 19.5 kilometers from the vent. [Personal note: One realizes that the volume of lava emitted in 2022 was quite close to that emitted during the previous eruption in 1984 which was 220 million cubic meters].

* The above-mentioned UAVSAR system operates from a pod mounted beneath a crewed Gulfstream III jet from NASA’s Armstrong Flight Research Center in California. Repeated topographic maps generated with each flight reveal the progression and thickening of lava with time. This is information for scientific understanding of volcano processes and for emergency response.

I do thank HVO for sending me this information about the eruption.

Eruption de l’Etna (Sicile)? // Is Mt Etna erupting in Sicily?

L’INGV indique qu’à partir de 17h00 (UTC) le réseau de vidéosurveillance a mis en évidence l’ouverture d’une bouche effusive à la base nord-est du cratère SE, à une altitude d’environ 2800 m d’altitude. On observe une petite coulée de lave qui avance lentement en direction de la Valle del Leone.
Le tremor volcanique ne montre pas de variations significatives.

Affaire à suivre.
Source: INGV.

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INGV indicates that starting at 5:00 p.m. (UTC) the video surveillance network revealed the opening of an effusive ventat the northeast base of Mt Etna’s SE Crater, at about 2800 m above sea level. A small lava flow that is slowly advancing towards Valle del Leone.
The volcanic tremor does not show significant variations.
To be continued
Source: INGV.

Captures d’écrans webcams

Quelques réflexions sur le Stromboli (Sicile)

Comme je l’ai indiqué précédemment, le maire de Lipari a publié une nouvelle ordonnance renforçant les restrictions d’accès à Stromboli. Cette décision, prise après consultation des scientifiques et de la Protection Civile intervient au moment où le volcan est en train de se stabiliser comme le montre le tremor éruptif.

 

Source: LGS

La sismicité est faible et l’édifice volcanique de présente pas de déformations significatives.

 

Derniers événements VLP sur le Stromboli (Source: LGS)

L’événement du dimanche 9 octobre 2022 a été spectaculaire; il a permis la réalisation de superbes vidéos, mais il ne s’agissait pas d’une éruption majeure du volcan. Il ne faudrait pas oublier que le Stromboli est en éruption quasi permanente – de type strombolien, bien sûr – depuis des lustres. Il s’agissait d’un effondrement d’une portion de la terrasse cratèrique Nord.

L’effondrement a tout d’abord provoqué une impressionnante coulée pyroclastique, avec d’importantes quantités de matériaux qui ont dévalé la Sciara del Fuoco.

Une fois cet effondrement terminé, la lave a débordé du cratère et a emprunté le chenal creusé par la coulée pyroclastique. De petites effondrements ont continué à être observés pendant cette phase effusive. La source se tarissant progressivement, la coulée de lave est devenue moins longue et son front se trouvait environ à mi pente de la Sciara del Fuoco le 12 octobre.

Au cours de cet épisode, le cratère Nord a poursuivi son activité strombolienne habituelle.

Tout rentre donc peu à peu dans l’ordre sur le Stromboli. En relation avec l’effondrement, ce qui m’inquiète le plus, c’est l’accumulation progressive de matériaux sur la basse pente de la Sciara del Fuoco, et en particulier dans sa partie sous-marine. A la longue, cette accumulation permanente risque d’être déstabilisée et s’effondrer, comme cela s’est produit à plusieurs reprises ces dernières années. Un tel effondrement peut provoquer une vague de tsunami susceptible de causer de sérieux dégâts sur la côte. Si le tsunami se produit au mois de décembre où janvier, les dégâts resteront essentiellement matériels. S’il a lieu au coeur de l’été, ce sera plus problématique.

 

Dégâts du tsunami de 2002 à Stromboli (Photo: C. Grandpey)

Un tel événement est soudain et rien ne l’annonce, pas plus que l’effondrement du cratère sud qui a surpris tout le monde. S’il avait été prévu, les restrictions d’accès auraient été mises en place en amont! C’est dans de telles situations que l’on se rend compte, une fois de plus, des limites de la prévision volcanique.

Une coulée de lave de 75 km ! // A 75-kilometer-long lava flow !

La NASA a réussi à capturer dans sa totalité le Carrizozo Malpaís, une formation de lave longue de… 75 kilomètres. Sa largeur varie de 1 kilomètre dans sa partie la plus étroite à 5 kilomètres au niveau des extrémités. L’Administration a dû assembler quatre clichés pour capturer la coulée dans toute son ampleur. Les photos ont été réalisées depuis la Station spatiale internationale (ISS). Sur le montage final, on peut voir le Carrizozo Malpaís, une grande coulée de lave basaltique au Nouveau-Mexique.

Les différents clichés, pris le 30 juin 2022, couvrent les quelque 33.700 hectares et 75 kilomètres de long de la formation. Selon l’USGS, cette coulée de lave, en plein cœur du désert de Chihuahua, a été produite en une seule fois par une éruption il y a environ 5200 ans; elle aurait duré entre 20 et 30 ans. La source est un cône de 27 mètres de hauteur que les locaux appellent «Little Black Peak. Il est l’un des points culminants d’un volcan bouclier aujourd’hui inactif. L’USGS explique que « la coulée est l’une des plus longues connues à avoir surgi sur Terre au cours des 10 000 dernières années. » Sa composition lui a permis d’avancer facilement dans le Tularosa Basin. Une autre coulée, moins visible dans le paysage, a été émise par le Broken Back Crater au nord.

Connu depuis longtemps, le Carrizozo Malpaís n’avait pas pu être capturé dans sa totalité et en détail. Les derniers clichés constituent les images aériennes les plus détaillées jamais prises de la coulée de lave. Contrairement à ce que l’on pourrait penser en regardant la couleur très sombre de la lave, elle n’est pas dépourvue de vie. Un certain nombre d’espèces de plantes, caractéristiques des milieux désertiques, comme le figuier de Barbarie ou encore le genévrier, ont élu domicile sur la coulée.

Source: NASA.

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NASA has managed to capture the Carrizozo Malpaís in its entirety, a lava formation 75 kilometers long. Its width varies from 1 kilometer in its narrowest part to 5 kilometers at the extremities. The Administration had to put together four shots to capture the full extent of the flow. The photos were taken from the International Space Station (ISS). On the final montage, one can see the Carrizozo Malpaís, a large basaltic lava flow in New Mexico.
The various shots, taken on June 30th, 2022, cover the approximately 33,700 hectares and 75 kilometers long of the formation. According to USGS, this lava flow, in the heart of the Chihuahua Desert, was produced in one go by an eruption about 5200 years ago; it probably lasted between 20 and 30 years. The source was a 27 meter tall cone that locals call “Little Black Peak. It is one of the highest points of a now inactive shield volcano. USGS explains that « the flow is one of the longest known on Earth in the past 10,000 years. » Its composition allowed it to easily advance in the Tularosa Basin. Another flow, less visible in the landscape, was emitted from the Broken Back Crater to the north.
Known for a long time, the Carrizozo Malpaís could not be captured in its entirety and in detail. The latest snaps are the most detailed aerial images ever taken of the lava flow. Contrary to what one might think looking at the very dark color of the lava, it is not devoid of life. A number of plant species, characteristic of desert environments, such as the prickly pear or even the juniper, have taken up residence on the lava flow.
Source: NASA.

Source: NASA