Contrairement aux années 1980 ou 1990, on parle peu aujourd’hui du trou dans la couche d’ozone (ou couche à ozone, comme se plaisait à l’appeler Tazieff). Pourtant, les scientifiques ont remarqué que les polluants atmosphériques et un courant d’air froid y ont creusé un trou profond au-dessus de l’Arctique, et ce trou risque fort de prendre de l’ampleur. Facteur inquiétant, l’excès de lumière ultraviolette qui en découle pourrait affecter les humains et les écosystèmes sur Terre. Les chercheurs se demandent si le changement climatique ne rendra pas ces trous dans la couche d’ozone arctique plus fréquents et plus importants.
Les températures extrêmement froides enregistrées dans la couche d’ozone stratosphérique arctique, entre 15 à 35 kilomètres d’altitude, sont la principale cause des pertes de cette année, car elles contribuent à libérer des substances chimiques destructrices d’ozone. A cette époque de l’année, la stratosphère a tendance à se réchauffer avec la rupture du vortex polaire qui emprisonne l’air froid. Mais si le puissant vortex de cette année persiste encore pendant un mois avec le retour la lumière en Arctique, après l’obscurité de l’hiver, les pertes en ozone augmenteront et pourraient dépasser le record enregistré au printemps de l’année 2011.
À la surface de la Terre, l’ozone est dangereux pour la santé. Par contre, dans la stratosphère, il protège la planète des rayons ultraviolets. Les scientifiques ont remarqué au cours des années 1980 que les CFC couramment utilisés dans les réfrigérants réagissaient pour former des composés qui attaquaient l’ozone stratosphérique, en particulier au niveau des pôles. En 1989, le Protocole de Montréal a conduit à l’élimination progressive de ces substances chimiques, mais leur longue durée de vie dans l’atmosphère signifie que les pertes d’ozone saisonnières vont continuer encore au 21ème siècle. Chaque année, un important trou d’ozone s’ouvre dessus de l’Antarctique où les hivers sont plus froids et le vortex polaire est plus puissant et plus stable que dans l’Arctique.
Le vortex arctique tend à se comporter de façon erratique, avec de fréquentes descentes d’air froid vers les latitudes nordiques les plus peuplées. L’afflux d’air pauvre en ozone pourrait causer des problèmes à cette population peu habituée à utiliser des écrans solaires en mars. L’excès de rayonnement pourrait également nuire au phytoplancton qui se développe habituellement dans l’Océan Arctique au printemps.
Selon de nombreux scientifiques, la grande question est de savoir quel rôle pourrait jouer le changement climatique. La météo polaire très changeante est le principal facteur qui détermine la quantité d’ozone détruite à chaque printemps. Mais le changement climatique devrait aussi contribuer à refroidir la stratosphère sur le long terme. Les mêmes gaz qui piègent la chaleur dans l’atmosphère inférieure permettent à la stratosphère de rayonner plus efficacement l’énergie dans l’espace. Le refroidissement de la stratosphère pourrait entraîner une plus grande fréquence des mauvaises années d’ozone dans l’Arctique. Ce refroidissement pourrait également renforcer et stabiliser les vortex polaires. A côté de cela, il ne fait guère de doute que les tempêtes qui se produisent dans les basses latitudes – phénomène qui devrait s’amplifier avec le réchauffement climatique – diminueront la fréquences des vortex polaires stables.
En ce qui concerne l’avenir, les scientifiques pensent que le changement climatique devrait générer des cyclones tropicaux moins fréquents mais plus intenses. Dans le même temps, les vortex arctiques persistants pourraient devenir plus rares mais plus puissants. Les hivers froids pourraient devenir plus spectaculaires. Cela pourrait signifier que les trous d’ozone de l’Arctique, comme celui observé cette année, pourraient s’intensifier dans les années à venir.
Source: Science.
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Unlike in the 1980s or 1990s, little is said today about the hole in the ozone layer. However, scientists have noticed that atmospheric pollutants and a blast of frigid air have carved a deep hole in the ozone layer over the Arctic, and it threatens to get deeper. But they are worrying about how extra ultraviolet light might affect humans and ecosystems below and wondering whether climate change will make such Arctic holes more common or severe.
Record cold temperatures in the Arctic stratospheric ozone layer, 15 to 35 kilometres up, are the proximate cause for this year’s losses, because they help to unleash ozone-destroying chemicals. At this time of year, the stratosphere tends to warm up with the breakdown of the polar vortex that traps cold air. But if a strong vortex persists another month as light returns to the Arctic after the dark winter, ozone losses will get much bigger and might surpass a record Arctic ozone hole observed in the spring of 2011.
At Earth’s surface, ozone is a health hazard. But in the stratosphere, it shields the planet from ultraviolet light. Scientists noticed in the 1980s that CFCs commonly used in refrigerants were reacting to form compounds that ate away stratospheric ozone, especially over the poles. The 1989 Montreal Protocol led to the phaseout of those chemicals, but their long atmospheric lifetime means that seasonal ozone losses will persist well into this century. Every year, a major ozone hole opens up over Antarctica, where winters are colder and polar vortices are stronger and more stable than over the Arctic.
The Arctic vortex tends to behave erratically, with blobs of cold air often dipping into more heavily populated northern latitudes. The influx of ozone-poor air could cause problems for people there, who are unused to wearing sunscreen in March. The extra radiation could even adversely affect phytoplankton, which typically bloom in the Arctic Ocean each spring.
According to many scientists, the bigger question is what role climate change might be playing. The notoriously mercurial polar weather is the main factor determining how much ozone is destroyed each spring. But climate change is also expected to cool the stratosphere over the long run. The same greenhouse gases that trap heat in the lower atmosphere allow the stratosphere to more effectively radiate energy into space. The stratospheric cooling could make bad ozone years in the Arctic more common. It should also make polar vortices stronger, and more stable. But there is evidence that storminess at lower latitudes—another thing that is expected to increase in a warming world—will make stable polar vortices less common.
As far as the future is concerned, scientists think climate change is expected to make tropical hurricanes less frequent but more intense. Persistent Arctic vortices, too, could become scarcer but stronger. Cold winters might tend to be whoppers. This could mean that Arctic holes like this year’s could get deeper in the future.
Source: Science.

Le trou dans la couche d’ozone arctique
(Source : Ministère de l’Environnement et du Changement Climatique canadien)