L’information a été diffusée par de nombreux medias à travers le monde au moment où je mettais en ligne ma note intitulée « Parenthèse arctique »: Après deux décennies d’augmentation rapide des températures de la planète, on assisterait à une pause surprenante (pompeusement appelée « hiatus » par certains) depuis une douzaine d’années. C’est du moins le point de vue d’une équipe scientifique sous la férule du Massachusetts Institute of Technology (MIT), bien connu pour ses réserves à propos du réchauffement climatique, attitude qui s’explique probablement par les liens étroits qui unissent l’Institut et les grosses groupes industriels nord-américains
Dans un rapport mis en ligne le 9 février via la revue Nature Climate Change, des chercheurs affirment que l’augmentation du CO2 ne modifierait pas le climat autant que le laissent supposer les modélisations climatiques diffusées jusqu’à présent. Ils reconnaissent toutefois qu’une ou deux décennies de températures stables ou en baisse ne vont pas à l’encontre du réchauffement global que l’on observe sur la planète.
D’après l’équipe scientifique, les volcans seraient la cause principale du « hiatus ». Selon une climatologue du MIT, « si l’on observe les éruptions volcaniques de la dernière décennie, on est forcé de reconnaître qu’elles ont été significatives ».
Les vents seraient une autre cause du « hiatus ». D’après le rapport, au cours des 20 dernières années, les alizés (vents qui soufflent de l’est vers l’ouest) se sont intensifiés comme jamais auparavant et ont fait se déplacer les eaux de surface chaudes vers l’ouest où elles convergent et s’accumulent à des profondeurs de plus en plus grandes. Dans le Pacifique Est, les eaux de surface chaudes sont remplacées par des eaux froides qui remontent des profondeurs et se propagent vers l’ouest, vers le Pacifique Central, ainsi que le long des côtes d’Amérique du Nord et du Sud. Les scientifiques estiment qu’au cours des 20 dernières années ce processus a suffisamment refroidi le climat pour expliquer la moitié de la différence observée entre les températures globales de surface mesurées et celles modélisées.
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En réponse au rapport du MIT, voici des graphiques publiés par le Mauna Loa Observatory, centre de recherche de premier plan qui mesure et rassemble des données sur les modifications atmosphériques depuis les années 1950.




Le premier graphique montre les effets des dernières éruptions sur l’absorption d’énergie solaire. La première chose qui saute aux yeux, c’est qu’il n’y a pas eu d’éruption majeure depuis l’an 2000. La dernière en date est celle du Pinatubo en 1991. Contrairement à ce que prétend la scientifique du MIT, je ne suis pas certain que les effets cumulés des dernières éruptions, mineures dans leur ensemble, aient eu un effet significatif sur le climat de la planète ! On connaît les capacités d’absorption de l’atmosphère et le graphique montre que les effets de l’éruption du Pinatubo n’ont été que de courte durée.
Les autres graphiques montrent l’évolution des températures au cours des dernières années sur le Mauna Loa d’une part et dans la basse troposphère d’autre part, à la fois au niveau du Mauna Loa et de l’ensemble de l’hémisphère nord (NH).
Si l’on regarde ces graphiques, en particulier ceux concernant la troposphère, on n’observe pas vraiment une tendance au refroidissement. De toute façon, s’il y avait eu refroidissement, la calotte glaciaire et les glaciers auraient inévitablement réagi, ce qui n’est pas le cas.
S’agissant de l’influence des alizés, je ne suis pas suffisamment compétent pour faire des commentaires. Toutefois, ce qui est écrit me rappelle la théorie de Sénèque qui pensait que les vents provenaient de cavités à l’intérieur de la Terre.
Je suis prêt à admettre que le réchauffement climatique connaît des fluctuations, mais les mots ‘pause’ ou ‘hiatus’ me semblent exagérés !
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The piece of news was widely spread by the media around the world at the moment when I released my note entitled “Arctic digression”: After two decades of rapid increases in the earth’s temperatures, an unexpected pause (pompously called “hiatus”) is supposed to have occurred during the past 12 years. At least, this is the opinion of a team of scientists led by the Massachusetts Institue of Technology (MIT) which has always negated the idea of global warming. Its links with US industries clearly accounts for this attitude.
In a report published on February 9th via the online edition of Nature Climate Change, the researchers argue that the climate may not be as easily altered by rising CO2 levels as climate models suggest. However, they concede that one or two decades of relatively stable, or even cooling, surface temperatures don’t represent the long-term trends over which global warming is occurring.
According to the team, the first cause of the so-called “hiatus” lies with the volcanoes. Said one MIT climate scientist: “Looking at the past decade’s volcanic eruptions, I don’t think they can be left out as not being significant. »
Another cause could be the trade winds. According to the report, over the past 20 years, the westward-blowing trade winds have intensified to unprecedented levels and have carried warm surface waters west, where they converge and accumulate at ever-deeper depths. In the eastern Pacific, the warm surface waters are replaced with cold water welling up from the deep ocean and spreading west into the central Pacific as well as along the coasts of South and North America. The team estimates that over the past 20 years this process has cooled the climate sufficiently to account for about half of the difference between global surface temperatures as measured and as modelled.
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As an answer to the MIT report, there are graphs (see above) released by the Mauna Loa Observatory, a premier atmospheric research facility which has been continuously monitoring and collecting data related to atmospheric changes since the 1950s.
The first graph shows the effects of past eruptions on the solar energy absorption. The first thing to be noticed is that there have not been any major eruptions since 2000. The last major event was the eruption of Mount Pinatubo in 1991. Contrary to what the above-mentioned scientist said, I’m not sure that the cumulated effects of all the most recent minor eruptions had a significant effect on the world’s climate! We know the absorption capabilities of the atmosphere and the graph clear shows that a major eruption like Mount Pinatubo’s only had short-lived effects.
The other graphs show the evolution of temperatures at the Mauna Loa Observatory and in the lower troposphere, both on Mauna Loa and in the Northern Hemisphere (NH), in recent years.
Looking at the graphs, especially those related to the troposphere, there does not seem to be any significant cooling trend. Should there be any cooling, the icefield and the glaciers would have responded, but I’m afraid they didn’t.
Concerning the influence of the trade winds, I am not qualified enough to comment it. However, it reminds me of Sénèque’s theory about the winds which were supposed to come from cavities within the Earth’s interior…
I agree that there may be some fluctuation in the global warming tendency but speaking of a pause or hiatus is certainly exaggerated.

L’observatoire du Mauna Loa (Photo: C. Grandpey)