Eyjafjöll (Islande)

drapeau francais.jpgLes webcams judicieusement placées donnent toujours d’aussi belles images de l’éruption. Ainsi, ce matin à 8 heures, on pouvait voir que le panache de cendre était encore volumineux. Le phréato-magmatisme semble toujours présent, alors que l’effusion de lave reste bien timide, avec un maigre nuage de vapeur qui s’échappe du Gigjökull. Tant que des essaims sismiques semblables à celui qui a été enregistré hier se produiront, on peut raisonnablement penser que l’éruption continuera de la même façon. Si le vent reste orienté au NO, les aéroports européens seront encore affectés par le nuage de cendre. Aujourd’hui, c’est l’espace aérien d’Irlande du nord qui est interdit aux avions. L’aéroport de Belfast est fermé et il n’est pas impossible que celui de Dublin et de plusieurs villes d’Angleterre connaissent le même sort d’ici mardi.  

 

drapeau anglais.jpgThe webcams are still giving great images of the eruption. Thus, this morning at 8 o’clock, one could see that the eruptive plume is still voluminous. Phreato-magmatism is still present whereas lava effusion is very limited, with a thin steam plume coming out of Gigjökull. As long as seismic swarms occur, the eruption will probably go on in the same way. If the wind keeps blowing from the NW, European airports will be affected by the ash cloud. Today, the airspace is closed to the planes in Northern Ireland. Belfast airport is closed; Dublin and other English airports might have to close too in the next three days.

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L’Eyjafjöll ce matin à 8 heures.

Mont Hood (Orégon / Etats Unis)

drapeau francais.jpgUn petit essaim sismique a secoué le Mont Hood le 14 mai, avec un premier événement de M 2,4 à 10h09. La dernière secousse de M 3 a été enregistrée à 12 :03. L’essaim a été localisé à environ 18 km à l’est de Mount Hood Village, à une profondeur de 6,5 km. De tels petits épisodes sismiques se produisent de temps en temps sous le volcan. Ils sont en général espacés de quelques années. En juillet 2006, l’un d’eux atteignait M 2,1. En 2002, plus de 200 événements successifs ont fait vibrer la montagne, avec une secousse de M 4,5 bien ressentie par la population.

Les scientifiques pensent que cette sismicité est provoquée par un réseau de failles superficiel ou par des mouvements du magma dans les conduits d’alimentation du volcan dont la dernière éruption majeure a eu lieu  en 1781-1782,  tandis que la dernière manifestation d’activité s’est produite peu avant l’arrivée de Lewis et Clark en 1805.

Source : The Oregonian.

 

drapeau anglais.jpgA swarm of earthquakes shook Mount Hood on May 14th, starting with a magnitude 2.4 event at 10:09 a.m. The largest and latest quake, a magnitude 3.0, hit at 12:03 p.m. All were centered about 18 km east of Mount Hood Village at a depth of 6.5 km beneath the surface.  Flurries of small earthquakes arise every few years beneath Mount Hood. A swarm in July 2006 included a magnitude 2.1 quake. In 2002, more than 200 earthquakes – including a widely felt magnitude 4.5 quake – rumbled beneath the mountain.
A shallow fault system in the Earth’s crust may be triggering the quakes, or the source could be magma moving in the dormant volcano’s plumbing system.

Source: The Oregonian.

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Sismicité du 14 mai 2010
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Le Mont Hood (Photo: C. Grandpey)

Pensées nuageuses…

Il y a quelques jours, mon ami sicilien  Pippo Scarpinati – dont  le nom apparaît à plusieurs reprises dans les commentaires de ce blog – me faisait part dans sa langue maternelle de ses doutes quant à l’importance donnée au nuage de cendre émis par l’Eyjafjöll. Selon lui, « cette histoire de cendre en suspension dans l’atmosphère » pourrait être « le fruit d’une information volontairement déformée ». En effet, avec les moyens de communication modernes, toute information, même la plus banale, se retrouve transposée à l’échelle mondiale et, après son passage au travers des télévisions et des ordinateurs, personne ne sait plus où se termine la vérité et où commence le mensonge. Un événement au départ peu dangereux est en passe de devenir une menace pour l’humanité. Après avoir rappelé l’épisode comique de la fameuse Grippe A, Pippo s’attarde sur les déclarations d’E. Boschi à propos du volcan sous-marin Marsili ou encore celles de G. Bertolaso  à propos d’une possible éruption à Ischia, déclarations dont j’avais à l’époque critiqué l’effet d’annonce.

S’agissant du nuage islandais, mon ami sicilien se demande s’il ne s’agirait pas d’un prétexte trouvé par certaines compagnies aériennes –  ‘low cost’ en particulier – pour faire des économies. Certaines d’entre elles ne remboursent pas les passagers et ne répondent pas aux messages de protestation qui leur sont adressés. D’autre part, selon Pippo, de nombreuses compagnies préfèrent utiliser le prétexte de la cendre pour maintenir leurs avions au sol ; c’est vrai qu’il leur faut payer le parking des appareils, mais elles économisent des sommes énormes en ne remboursant pas les billets, en ne consommant pas de carburant et, surtout, en préservant les structures de leurs avions des cycles de décollage et d’atterrissage.

Pour ce qui est du principe de précaution par rapport au nuage de cendre, Pippo Scarpinati se demande si la concentration de cendre dans les airs est aussi dangereuse qu’on veut bien le dire. Est-elle, par exemple, vraiment plus dangereuse que la concentration de sable dans le ciel sicilien quand souffle le sirocco qui transporte avec lui des tonnes de poussière en provenance du Sahara, à tel point que l’on peut écrire des mots sur le sol quand elle s’y dépose !. Or, même lorsque le sirocco souffle et qu’une brume envahit la Sicile, les avions continuent à décoller et atterrir dans les aéroports de l’île ! Aucun problème particulier n’a jamais été recensé au niveau des avions ! Il y a quelques jours, le Pape a pu voyager et atterrir sans encombre au Portugal, alors que l’espace aérien de ce pays était fermé. Raison d’état ? A moins, dit mon ami, que le nuage de cendre islandais se soit ouvert pour laisser passer le Pape, comme l’avait fait la Mer Rouge devant le peuple de Moïse… !

 

En ce qui me concerne, j’ai défendu publiquement le principe de précaution et la fermeture des espaces aériens à la mi-avril quand la crise éruptive de l’Eyjafjöll était à son apogée. Les images des nuages de cendre diffusées par les satellites météo montraient qu’un risque certain existait pour les avions. Un mois plus tard, je suis beaucoup plus nuancé. Si la fermeture de l’aéroport de Reykjavik, qui se trouve à une centaine de kilomètres du volcan, est justifiée quand le panache prend la direction de l’ouest, celle des autres aéroports européens semble maintenant un peu exagérée. Le nuage de cendre est beaucoup moins volumineux et s’élève moins haut dans l’atmosphère. Il ne faudrait pas, comme le dit mon ami, que la cendre islandaise serve de prétexte pour résoudre des problèmes plus profonds !