Voici deux articles parus récemment dans la presse scientifique et qui apportent des éclairages quelque peu différents sur l’impact que l’éruption cataclysmale du Toba a pu avoir sur notre planète. Bonne lecture !
++++++++
1) 1er article.
Un article récemment mis en ligne sur le site de Live Science (http://www.livescience.com) nous rappelle qu’une très violente éruption du volcan Toba (Ile de Sumatra – Indonésie) a eu lieu il y a quelque 74 000 ans et a peut-être menacé d’extinction la race humaine. On estime que le volcan a envoyé 800 kilomètres cubes de cendre dans l’atmosphère, ce qui aurait détruit une grande partie des forêts du centre de l’Inde et fait écran à la lumière du soleil pendant six années. La température globale de la planète aurait chuté de 16°C dans certaines zones du globe, ce qui aurait plongé la Terre dans une période glaciaire qui aurait duré environ 1800 ans. [Il faut utiliser le conditionnel, car les études relatives à cette éruption sont sujettes à controverse].
Selon Stanley Ambrose, professeur d’anthropologie de l’Université d’Illinois en 1998, l’éruption du Toba et la période glaciaire qui a suivi expliqueraient la chute des populations sur Terre qui se serait de toute évidence produite – selon les généticiens – il y a entre 50 000 et 100 000 ans. En effet, le manque de diversité génétique parmi les humains qui vivent de nos jours laisse supposer qu’à cette époque éloignée la population a frôlé l’extinction.
Afin de tester sa théorie, S. Ambrose et son équipe de recherche ont analysé le pollen qui se trouvait sur un site du Golfe de Bengale encore recouvert d’une couche de cendre du Toba. Les scientifiques ont aussi comparé les isotopes de carbone dans les échantillons de sol fossilisé se trouvant dans les couches au-dessus au-dessous de la cendre du Toba dans trois sites du centre de l’Inde – soit 4500 km du volcan – pour déterminer le type de végétation qui existait en différents endroits et à différents moments dans le temps. Les tests ont révélé une modification évidente du type de végétation en Inde juste après l’éruption, avec « une couverture de végétation plus ouverte et une représentation réduite des fougères » qui poussent dans des atmosphères humides, « ce qui sous-entend des conditions plus sèches dans cette région pendant au moins 1000 ans après l’éruption du Toba ». La sècheresse indique aussi probablement une chute de température ; en effet, « une baisse de la température entraîne forcément des pluies moins abondantes ». « Cela prouve sans la moindre ambiguïté que l’éruption du Toba a été la cause de la déforestation sous les tropiques pendant une longue période». S. Ambrose en conclut aussi que le cataclysme a peut-être obligé les ancêtres des êtres humains actuels à adopter de nouvelles stratégies de coopération pour leur survie ce qui, finalement leur a permis de prendre la place des hommes de Néandertal et d’autres anciennes espèces humaines.
L’article de Live Science nous rappelle que le volcan de Yellowstone appartient – comme le Toba – à la catégorie des « super volcans » et que son réveil pourrait avoir des conséquences désastreuses en recouvrant la moitié des Etats-Unis d’une épaisse couche de cendre…. Musique bien connue !
++++++++
2) 2ème article.
Un des grands intérêts de l’éruption du Vésuve en l’an 79 de notre ère a été d’enfouir sous la cendre les villes d’Herculanum, Pompéi et Stabies, nous permettant aujourd’hui de découvrir les vestiges de la civilisation romaine de l’époque.
De la même façon, des fouilles effectuées par l’Université d’Oxford en collaboration avec des institutions indiennes dans le sud et le nord de l’Inde ont jeté un nouvel éclairage sur les modes de vie avant et après l’éruption cataclysmale du volcan Toba sur l’île de Sumatra il y a 74 000 ans.
Les recherches ont duré cinq ans et ont pris en compte l’environnement dans lequel vivaient les hommes à cette époque lointaine, leurs outils de pierre ainsi que les plantes et les ossements d’animaux. Les scientifiques ont abouti à la conclusion que de nombreuses formes de vie ont survécu à l’éruption, contrairement à d’autres études qui laissent entendre que l’éruption aurait entraîné des extinctions animales importantes ainsi qu’une disparition à grande échelle de la population sur Terre.
Le fait que des outils identiques du Paléolithique Moyen aient été trouvé avant et après l’éruption du Toba suppose que les personnes qui ont survécu au cataclysme appartenaient à la même population et utilisaient le même type d’outils. Les recherches viennent étayer les preuves que d’autres ancêtres de l’Homme tels que l’Homme de Neandertal en Europe et les Hobbits de l’Asie du sud-est ont continué à survivre bien après l’éruption du Toba.
L’équipe de recherche d’Oxford est persuadée – contrairement à leurs collègues qui optent pour une destruction à grande échelle de l’environnement – que certaines régions ont récupéré rapidement de l’éruption. Ils n’ont pas trouvé beaucoup d’ossements dans les sites où est retombée la cendre du Toba, mais il ont découvert dans les grottes de Kurnool, dans l’Andhra Pradesh, des dépôts allant de 100 000 ans à nos jours et contenant de très nombreux ossements d’animaux. Ils ont par ailleurs identifié des restes de végétaux sur les sites affectés par la cendre du Toba qui apportent d’importantes informations sur l’impact que l’éruption a pu avoir sur l’environnement.
Ces nouvelles informations mettent à mal l’idée que l’éruption cataclysmale du Toba a entraîné une catastrophe écologique à l’échelle planétaire. Toutefois, les chercheurs reconnaissent que la cendre émise par le volcan a eu un effet dévastateur au moins temporaire sur la végétation, les réserves d’eau potable et a probablement affecté la vie animale et les populations.
Source : Science Daily.