Hawaï : Ōhi‘a lehua toujours menacé // Hawaii : Ōhi‘a lehua still under threat

Dans deux notes publiées en novembre 2015 et mai 2017, j’ai alerté sur une maladie qui menace de tuer les ohi’a lehua à Hawaï. L’Ōhi’a lehua (Metrosideros polymorpha) est l’un des arbres les plus répandus et les plus populaires à Hawaï et le premier arbre indigène à coloniser la lave récemment émise par les volcans. C’est un arbre qui possède une très forte signification culturelle ; il symbolise la force, la beauté et la sainteté. Il est considéré comme la manifestation physique de Kū, l’une des quatre principales divinités hawaïennes. Les fleurs de lehua rouges, orange et jaunes sont un symbole de Pele, la déesse du feu et des volcans. L’‘ōhi‘a est intimement lié à l’art du hula; ses fleurs et son feuillage ornent fréquemment les danseurs.

Aujourd’hui, la maladie qui tuait les arbres il y a dix ans est toujours présente et les scientifiques nous expliquentt qu’« elle pourrait détruire la plupart des forêts d’‘ohi‘a de la Grande Île d’ici 20 ans. » Lors de la découverte de cette maladie mystérieuse, on s’est rendu compte qu’elle étai causée par un champignon, le Ceratocystis fimbriata. Elle provoque le brunissement rapide des feuilles d’une seule branche ou de toute la couronne de l’arbre, entraînant souvent sa mort en quelques semaines. Cette maladie pourrait modifier l’évolution du paysage volcanique et des écosystèmes forestiers d’Hawaï, mettant en danger les oiseaux, les invertébrés et les communautés végétales sur les îles.

Les chercheurs sont désormais engagés dans une course contre la montre. Ils estiment que la plupart des vastes forêts d’ohi’a de l’île d’Hawaï pourraient disparaître d’ici 20 ans si la maladie n’est pas enrayée. C’est pourquoi des équipes de scientifiques tentent de mieux comprendre le fonctionnement de cette maladie fongique afin d’aider les agents du Forest Service et le gouvernement fédéral à mieux protéger les forêts vulnérables. Des avancées prometteuses ont récemment été réalisées. Ces mesures comprennent un nouveau répulsif contre les coléoptères. Il est censé éloigner les minuscules insectes qui contribuent à infecter les arbres avec le virus. Une subvention d’un million de dollars a également été accordée pour étudier si la chimie rend certains arbres plus résistants que d’autres. En janvier 2024, un groupe de travail multi-agences a publié un plan quinquennal de lutte contre la maladie. La mise en œuvre de ce plan pourrait nécessiter jusqu’à 8 millions de dollars par an, soit environ le double du montant prévu dans les plans précédents.
Les scientifiques expliquent que le réchauffement climatique accélère la disparition des ohi‘a. Avec la hausse des températures, les plantes et les mauvaises herbes envahissantes à croissance rapide étouffent les jeunes ohi‘a et d’autres espèces végétales indigènes sur le sol forestier. Les périodes de sécheresse prolongée liées au réchauffement climatique stressent davantage les o‘hi‘a, et les tempêtes plus fréquentes les laissent avec des branches cassées et l’écorce exposée. Ces facteurs les rendent plus vulnérables à la maladie.

L’ʻohiʻa est ce que les chercheurs appellent un arbre « clé de voûte » pour Hawaï, car il permet l’existence de nombreuses plantes indigènes, insectes, oiseaux et l’écologie globale. L’ʻohiʻa joue également un rôle essentiel dans la cosmologie et les croyances hawaïennes traditionnelles. Il est étroitement lié à Pele, la déesse hawaïenne du feu et des volcans, et à Ku, le dieu hawaïen de l’énergie primordiale et de la guerre. Dans un haʻi moʻolelo (légende), Pele, la déesse du feu, rencontre un jeune guerrier nommé ʻŌhiʻa et lui demande de vivre avec elle. Cependant, ʻŌhiʻa a déjà promis son amour à une femme nommée Lehua. Folle de jalousie, Pele provoque une éruption de l’Halemaʻumaʻu et décide de tuer ʻŌhiʻa et Lehua. Détruisant tout sur son passage, Pele finit par trouver les deux amants blottis l’un contre l’autre dans une cachette. Elle les encercle avec des coulées de lave, mais avant qu’ils soient dévorés par le feu, l’ʻaumakua (ancêtre déifié) de Lehua transforme ʻŌhiʻa en arbre, et Lehua en fleur, afin que les deux amoureux soient ensemble pour toujours. On dit encore aujourd’hui que cueillir une fleur de lehua ʻōhiʻa sépare les amoureux et qu’il pleuvra, la pluie symbolisant leurs pleurs.

Les danseurs de hula cueillaient souvent les fleurs et les feuilles de lehua ʻōhiʻa pour confectionner des lei (couronnes) et faire des offrandes à Laka, la déesse hawaïenne du hula. Des recherches ont montré que les champignons ne sont pas présents dans les feuilles, les graines ou les fleurs de ʻōhiʻa ; cependant, la cueillette est susceptible de créer des blessures microscopiques, susceptibles de provoquer une infection. Depuis 2016, le Merrie Monarch Festival , le plus grand concours de hula au monde, encourage l’utilisation d’autres plantes pour confectionner les lei afin de limiter la cueillette dans les forêts, où les ʻōhiʻa sont les plus vulnérables.

La maladie de la mort rapide de l’ʻohi‘a – Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD) – a été détectée dans certaines zones forestières de Kauai, Oahu et Maui, mais elle n’a pas encore explosé sur ces îles comme elle l’a fait sur la Grande Île. Selon le Service des forêts, au cours de la dernière décennie, la maladie a tué entre 1 et 2 millions d’arbres à Hawaï.
Les chercheurs tentent de comprendre ce qui rend certains arbres plus résistants que d’autres. Un projet de recherche se concentre sur les glucides, éléments constitutifs des défenses chimiques des plantes. Ils examinent si les arbres génétiquement capables de stocker davantage de glucides peuvent mieux résister à la maladie. Ce projet de trois ans vient s’ajouter à une autre étude visant à collecter des boutures et des graines d’ʻohi‘a sur le terrain, puis à les utiliser pour faire pousser de nouveaux arbres en pépinière afin de déterminer lesquels sont génétiquement les plus résistants au champignon.
Tout le monde s’accorde également à dire que l’installation de clôtures dans les forêts d’ʻohi‘a de la Grande Île permettrait d’éradiquer presque entièrement la maladie. Ces barrières empêcheraient l’entrée des porcs sauvages, des chèvres et autres ongulés susceptibles de propager les spores du champignon d’arbre en arbre. Cependant, l’installation et l’entretien de clôtures sur la très vaste étendue de forêts sont tout à fait impossibles et trop coûteux. Le Park Service dispose d’environ 270 km de clôtures dans le Parc national des Volcans sur Big Island pour empêcher l’entrée de ces ongulés. L’entretien et l’inspection de ces clôtures représentent un travail colossal. Des caméras ont été installées dans les forêts pour surveiller le comportement des animaux.
En 2025, la maladie continue de se propager et de plus en plus d’ʻohiʻa meurent. Une fois de plus, les restrictions budgétaires imposées par l’administration Trump ne contribueront pas à résoudre le problème. Il n’existe actuellement aucun remède contre la mort rapide de lʻŌhiʻa ; cependant, la sensibilisation à la maladie a progressé à Hawaï. Des efforts sont déployés pour enrayer la propagation dans de nouvelles régions, mais chacun doit contribuer. Si les Hawaïens ne parviennent pas à collaborer, la mort rapide d’ʻŌhiʻa pourrait potentiellement anéantir toutes les forêts d’ʻōhiʻa restantes, et des aspects importants de la culture hawaïenne pourraient être perdus à jamais.

Photos: C. Grandpey

Source : Médias d’information hawaïens.

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In two posts released in November 2015 and May 2017, I alerted to a disease that was threatening to kill ohi’a lehua trees in Hawaii. Ōhi‘a lehua (Metrosideros polymorpha)is one of the most common and popular trees in Hawaii and the first native tree to colonize young lava. It is a tree with immense cultural significance, symbolizing strength, beauty, and sanctity. It is considered the physical manifestation of Kū, one of the four principal Hawaiian deities. The red, orange, and yellow lehua blossoms are a symbol of Pele, the goddess of fire and volcanoes. The ‘ōhi‘a is entwined with the art of hula, with its flowers and foliage frequently adorning the dancers.

Today, we learn that the disease that was killing the trees ten years ago is still present and scientusts warn that « it could kill most of the Big Island’s ‘ohi‘a forests within 20 years. »

It was ten years ago, that the mysterious new disease was found sweeping through Hawaii’s native ‘ohi‘a forests. It was caused by a fungus, Ceratocystis fimbriata. Known as ‘ōhi‘a wilt, or Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD), it causes the rapid browning of the leaves on a single limb or in the entire tree crown and the tree often dies within weeks. This has the potential to change the evolution of the volcanic landscape and forest ecosystems in Hawaii, putting Hawaiian birds, invertebrates, and plant communities at risk.

Now, researchers are in a race against time. They say most of the vast ‘ohi‘a forests on Hawaii island might be gone in the next 20 years if the disease is not stopped. This is why teams of scientists are trying to better understand how the fungal disease works to help state and federal land managers better protect the vulnerable forests. Recently, some promising developments have occurred. They include a novel beetle repellent to keep away the tiny bugs that help infect the ‘ohi‘a trees with the virus, and a $1 million grant to study whether the chemistry makes some trees more resistant than others. However, more money will be needed. In January 2024, a multi-agency working group released a five-year plan to fight the disease. State land officials say carrying the plan out could require as much as $8 million per year, about double the amount called for in earlier plans.

Scientists explain that global warming is hastening the ‘ohi‘a die-off. Warming conditions lead fast-growing invasive plants and weeds to choke out young ʻohiʻa trees and other native plant species on the forest floor. Extended drought linked to global warming further stresses the o‘hi‘a trees, and more frequent storms leave them with broken branches with exposed bark. Those factors make them more vulnerable to the disease.

The ʻohiʻa is what researchers call a “keystone” tree for Hawaii, supporting scores of native plants, insects, birds and the overall ecology. The ʻohiʻa also plays an integral role in traditional Hawaiian cosmology and belief. It is closely linked to Pele, the Hawaiian goddess of fire and volcanoes and Ku, the Hawaiian god of primal energy and war.

In haʻi moʻolelo (storytelling) Pele, the goddess of fire, met a young warrior named ʻŌhiʻa and asked him to be with her. However, ʻŌhiʻa had already pledged his love to a woman named Lehua. Enraged with jealousy, Halemaʻumaʻu erupted and Pele decided to kill ʻŌhiʻa and Lehua. Destroying everything in her path, Pele finally found the two lovers huddled together in hiding. Pele surrounded them with lava, but before she could devour them in fire, Lehua’s ʻaumakua (deified ancestor) turned ʻŌhiʻa into a tree, and Lehua into a flower on the tree so that the two lovers would be together forever. It is said that if you pick the ʻōhiʻa lehua flower, you are separating the lovers and it will rain, which is symbolic of the lovers crying.

Hula dancers would often collect its flowers and leaves to craft lei and make offerings to Laka, the Hawaiian goddess of hula. Research has shown that the fungi are not present in ʻōhiʻa leaves, seeds, or blossoms; however, the act of picking could create microscopic wounds, which would lead to infection. Since 2016, the Merrie Monarch Hula Competition, the largest hula competition in the world, has encouraged the use of other lei plants to limit gathering in the forests, where ʻōhiʻa are most vulnerable.

Rapid ‘Ōhi‘a Death (ROD) has been found in some forest pockets of Kauai, Oahu and Maui but has yet to explode across those islands as it has on the Big Island. In the past decade, the disease has killed between 1 and 2 million trees in Hawaii, according to the U.S. Forest Service.

Researchers are trying to figure out what makes some trees more resilient than others.A research project focuses on carbohydrates as the building blocks of the chemical defenses in the plants. They will examine whether trees genetically capable of storing more carbohydrates can better fend off the disease when it strikes. The three-year project complements a separate effort to collect ʻohi‘a cuttings and seeds from the forest, then use them to grow new trees in a nursery to determine which are genetically the most resistant to the fungus.

Everybody also agrees that installing fences across the Big Island’s ‘ohi‘a forests would almost entirely stamp out Rapid ʻOhi‘a Death. The barriers would keep out the pigs, goats and other invasive hoofed animals that can spread the fungus spores from tree to tree. But installing fences across the huge area of forests and maintaining them simply isn’t feasible and too expensive. The park service has about 270 km of fencing across the Big Island’s Volcanoes National Park to keep out those hoofed animals. Maintaining and inspecting the fences is a huge job. Cameras have been installed in the forests to spy on the animals.

In 2025, the disease is still spreading and more ʻohiʻa trees are dying. Once again, budget cus imposed by the Trump administration will not help solve the problem. There is currently no cure for Rapid ʻŌhiʻa Death; however, awareness on the disease has progressed throughout Hawaiʻi. Efforts are being focused on stopping the spread into new regions, but everyone needs to do their part. If Hawaiians fail to work together, Rapid ʻŌhiʻa Death could potentially wipe out all the remaining ʻōhiʻa forests, and important aspects of Hawaiian cultural could be lost forever.

Source : Hawaiian news media.

Le réchauffement climatique menace la tombe de Chateaubriand

Tout comme son homologue atlantique, le littoral de la Manche est exposé à l’érosion et au recul du trait de côte. La ville de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) est en première ligne des conséquences du réchauffement climatique. Le niveau de la mer monte de quatre millimètres par an.

Photo: C. Grandpey

Situé à flan de falaise, sur la pointe occidentale de l’ilot du Grand-Bé à Saint-Malo, le tombeau de l’écrivain français François-René de Chateaubriand, mort en 1848, est de plus en plus menacé par l’érosion. Certaines associations craignent de le voir s’effondrer.

Photo: C. Grandpey

Devant la tombe, un panneau indique aux passants qu’un « grand écrivain français a voulu reposer ici pour n’y entendre que la mer et le vent ».

Photo: C. Grandpey

Désormais, une rambarde est installée pour empêcher les curieux de s’approcher. Bien sûr, certains font fi de l’interdiction et semblent ne pas de rendre compte à quel point la falaise est friable et menace de s’effondrer.

Photo: C. Grandpey

Les Malouins ont remarqué ce recul de la falaise. L’érosion s’est accélérée de manière spectaculaire au cours des dernières décennies. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder des photos du début du 20ème siècle. On y voit des personnes debout autour de la grille qui protège le tombeau. On estime qu’il y avait encore une marge d’au moins deux mètres avant le vide.

Aujourd’hui, la menace d’effondrement du tombeau est évidente. Cette crainte de l’effondrement semble aussi ancienne que la mort de Chateaubriand. Il se dit qu’en 1848, au moment de son enterrement, « il y avait déjà des textes qui disaient ‘attention elle va tomber’ ! »

Photo: C. Grandpey

La mairie de Saint-Malo a commandé une étude géologique pour « prendre la meilleure décision possible. » Selon l’adjointe au maire, il n’y a pas de « péril imminent » et « il n’est pas question de déplacer le tombeau à ce stade », comme le demandent certaines associations. Selon ces dernières, la seule solution viable serait de remonter la tombe en haut du Grand-Bé pour l’éloigner de l’érosion. Ce serait « un événement national » commente la mairie de Saint-Malo, qui espère trouver une autre solution.

Source : France Inter.

De passage à Saint-Malo ces derniers jours, j’ai profité de la marée basse pour me rendre sur le Grand Bé. Je n’ai pu que constater la fragilité de la falaise qui héberge les restes de l’auteur des Mémoires d’outre-tombe. Il faut espérer qu’une solution sera trouvée rapidement avant que la mer soit la dernière demeure de l’écrivain.

Photo: C. Grandpey

Pralognan-la-Vanoise (Savoie) sous la menace d’un lac glaciaire

Le 3 juillet 2025, dans une note consacrée à la hausse des températures sur le Mont Blanc, j’indiquais que le village de Pralognan-la-Vanoise était menacé par un lac glaciaire. Formé il y a cinq ans par la fonte des glaciers, le lac du Grand Marchet, qui couvre 12 000 mètres carrés, risque de se vidanger soudainement, mettant ainsi le village en danger.

Vue du lac glaciaire du Grand Marchet (Crédit photo : Antoine Blanc / France Info).

La presse régionale donne des détails sur cette situation qui pourrait vite tourner au drame. Dans la commune savoyarde de 700 habitants, personne ne voudrait connaître le sort de La Bérarde (Isère) et de Blatten (Suisse), dévastés par une lave torrentielle et l’effondrement d’un glacier sous le coup du réchauffement climatique. .

À Pralognan, la menace réside dans un lac d’altitude situé à 2 900 mètres d’altitude qui a commencé à se former en 2020 et n’a cessé de croître et de se remplir. Les géologues et glaciologues ont prévenu qu’il était certain que ce lac déverserait brutalement sur la commune une lave torrentielle avec 50.000 à 70.000 mètres cubes d’eau si la barrière de glace qui le maintient venait à se rompre. Le phénomène risquerait de surcharger les torrents existants et surtout d’emporter des pierres et des blocs de roches dans son sillage. Une telle lave torrentielle provoquerait d’immenses dégâts au niveau du camping de la commune qui a été fermé préventivement cet été, le temps de réaliser les travaux nécessaires pour éliminer le risque lié à la présence du lac.

Plusieurs options ont été envisagées, mais c’est finalement le creusement d’un chenal pour permettre de vidanger la poche d’eau qui a été retenu. Des hélicoptères vont acheminer sur le site des travaux le matériel nécessaire et les trois engins de chantiers en pièces détachées. Il est précisé que l’opération au cœur du Parc National de la Vanoise devrait nécessiter moins de rotations aériennes que pour la restauration d’un refuge de montagne. Si tout va bien, les travaux, d’un montant de 400.000 euros, devraient être terminés à la fin de l’été.

Ce ne sont pas les premières opérations entreprises en France pour vidanger des lacs glaciaires. En 2004 dans les Alpes, l’alerte avait été donnée sur le lac du glacier de Rochemelon alors qu’il menaçait la vallée du Ribon, en Savoie. Le lac a été vidangé par siphonnage. Des travaux identiques également eu lieu pour la vidange du lac glaciaire devant la partie frontale du glacier des Bossons à Chamonix en Haute-Savoie en 2023.

Source : presse régionale.

Le réchauffement climatique et l’eau (2ème partie) : les phénomènes extrêmes

Comme je l’ai écrit dans ma note du 18 juin 2025, le changement climatique augmente la probabilité et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations et les sécheresses. La hausse globale des températures accroît la quantité d’humidité que peut contenir l’atmosphère, ce qui entraîne une multiplication des tempêtes et des fortes pluies, mais aussi, paradoxalement, des périodes de sécheresse plus intenses, car l’eau s’évapore davantage des terres et les schémas météorologiques mondiaux se modifient. Le GIEC ne cesse de rappeler que chaque degré supplémentaire de réchauffement de la planète accroît les risques de sécheresse et d’inondation, ainsi que les dommages sociétaux qui en découlent.
Selon la Banque Mondiale, les catastrophes liées à l’eau ont fait la Une de l’actualité au cours des 50 dernières années et représentent 70 % de tous les décès liés aux catastrophes naturelles. Depuis 2000, les catastrophes liées aux inondations ont augmenté de 134 % par rapport aux deux décennies précédentes.

Le nombre et la durée des sécheresses ont également augmenté de 29 % au cours de cette même période. La plupart des décès liés à la sécheresse se sont produits en Afrique.

Le Sahel est l’une des régions du monde qui subit le plus durement les effets de la sécheresse

Afin de réduire l’impact de ces phénomènes extrêmes – inondations et sécheresses – le rapport des Nations Unies propose quelques pistes. Par exemple, des écosystèmes aquatiques sains et une meilleure gestion de l’eau peuvent réduire les émissions de gaz à effet de serre et offrir une protection contre les risques climatiques.
Il est indispensables de protéger les zones humides telles que les mangroves, les herbiers marins, les marais et les marécages qui sont des puits de carbone très efficaces ; ils absorbent et stockent le CO2, contribuant ainsi à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les zones humides servent également de protection contre les phénomènes météorologiques extrêmes. Elles constituent un bouclier naturel contre les ondes de tempête et absorbent l’excès d’eau et de précipitations. Grâce aux plantes et aux micro-organismes dont elles regorgent, les zones humides permettent également de stocker et de purifier l’eau.

 Les mangroves sont des puits de carbone très efficaces (Photo: C. Grandpey)

Le rapport des Nations Unies recommande le développement des systèmes d’alerte précoce en cas d’inondations, de sécheresses et d’autres risques liés à l’eau. Ces systèmes peuvent réduire considérablement les risques de catastrophe. Selon l’OMM, un avertissement lancé 24 heures avant l’arrivée d’une tempête peut contribuer à réduire de 30 % les dommages qui s’ensuivent.
Pour finir, l’agriculture intelligente, qui a recours à l’irrigation au goutte-à-goutte et à d’autres moyens d’utiliser l’eau plus efficacement, peut contribuer à réduire la demande en eau douce.

Source : Nations Unies.