Islande : bilan de l’éruption de Litli-Hrútur // Iceland : assessment of the Litli-Hrútur eruption

Les scientifiques du département des Sciences de la terre à l’Université d’Islande viennent de donner des informations sur l’éruption de 2023 dans ce pays.

Le champ de lave présente une longueur totale de 3,7 km. Il couvre une superficie de 1,5 kilomètres carrés, avec un volume de lave émise de 15,5 millions de mètres cubes. Pour effectuer cette évaluation, les scientifiques se sont appuyés sur des images prises par le satellite Pleiades environ 15 jours après la fin de l’éruption.
Les mesures prises le 31 juillet 2023 révèlent que la lave au cours des derniers jours de l’éruption avait un débit très faible d’environ 0,7 mètre cube par seconde entre le 31 juillet et la fin de l’éruption le 5 août.

L’épaisseur moyenne du champ de lave est estimée à une dizaine de mètres. L’épaisseur la plus importante à l’extérieur du cratère se situe au nord-est de Litli-Hrútur, entre 28 et 30 mètres, mais la lave atteint également 24 mètres d’épaisseur au cœur de la vallée qu’elle a remplie à l’est de Kistufell et dans le secteur nord-est de la Meradalir.
L’éruption de Litla-Hrút a duré 26 jours. En termes de taille et de comportement, elle a été très semblable à l’éruption d’août 2022. Le début de l’éruption de 2023 a été un peu plus puissant qu’en 2022, mais elle a progressivement diminué jusqu’à son arrêt complet le 5 août après midi.

Si l’on compare l’éruption de 2023 aux précédentes, on remarque que la lave de 2021 avait un volume dix fois plus important et une épaisseur moyenne trois fois plus élevée, soit 30 mètres. La lave s’est écoulée principalement dans des vallées fermées qu’elle a largement remplies : les vallées de Geldingadalur, Nátthagi et Meradalir.
La quantité de lave émise lors de l’éruption de 2023 est d’environ un tiers supérieure à celle de l’éruption de 2022, mais toutes deux sont globalement considérées considérés comme très faibles.
Le volume total de lave émis lors des éruptions des trois dernières années est estimé entre 175 et 180 millions de mètres cubes.

En ce qui concerne la composition de la lave, aucun changement significatif n’a été observé dans sa composition depuis le début de l’éruption du Litli-Hrútur le 10 juillet 2023.
La lave de l’éruption de 2023 est très similaire à celle qui a envahi la Meradalir en 2022, mais elle est différente de celle qui s’est écoulée dans la Geldingadalir au cours des premiers mois de 2021.
La lave émise au début de la première éruption, en mars 2021, était différente de celle émise depuis. La lave de la dernière éruption est différente de toutes les autres laves analysées sur la péninsule de Reykjanes. Elle ressemble beaucoup à la lave trouvée à proximité d’Askja et de Veiðivötn.
Selon les scientifiques islandais, « la diminution d’une lave homogène, comme ce fut le cas à Litli-Hrútur cet été, peut s’expliquer par la vidange d’un réservoir magmatique isolé qui ne s’est pas rechargé avec le magma du manteau. […] L’évolution des éruptions de 2022 et 2023 a été très différente de l’éruption de 2021 pendant laquelle le magma s’écoulait directement du manteau vers la surface ; la production de magma augmentait à mesure que l’éruption progressait. »
Source  : Université d’Islande, Iceland Monitor.

—————————————————-

Earth scientists at the University of Iceland have just given more information about the 2023 eruption in this country.

The lava field has a total length of 3.7 km. It covers an area of 1.5 square kilometres and a volume of 15.5 million cubic metres. The scientists are basing this assessment on images taken from the Pleiades satellite about 15 days after the eruption.

Measurements taken on July 31st, 2023 reveal that the lava flow during the last days of the eruption was very low, about 0.7 cubic metres per second from that date until the eruption’s end on August 5th.

The average thickness of the lava is estimated to be ten metres. The highest thickness outside the crater is northeast of Litli-Hrútur, 28-30 metres, but the lava is also 24 metres thick in the heart of thevalley which filled east of Kistufell and in the northeast-corner of Meradalir.

The eruption at Litla-Hrút lasted 26 days. In terms of size and behaviour, it was very similar to the eruption in August 2022. The beginning of the 2023 eruption was rather more powerful than in 2022, but it gradually decreased until it completely disappeared after noon on August 5th..

If we compare the 2023 eruption with previous ones, we notice that the lava from 2021 was ten-fold larger in volume and had an average thickness three times more, at 30 metres. It mostly flowed into closed valleys and went far to fill them: Geldingadalur, Nátthagi and Meradalir valley.”

Magma levels in the 2023 eruption are about one-third higher than in the previous eruption, but both are considered very small.

The total volume of lava from the last three years’ eruptions is estimated to be 175-180 million cubic metres.

As far as the composition of the magma is concerned, no significant changes have been observed in the composition of the lava since the eruption at Litli-Hrútur began on July 10th, 2023.

The lava from the 2023 eruption is very similar to the one that erupted in Meradalir in 2022, but is different from the one that occurred in Geldingadalir in the first months of 2021.

The magma at the beginning of the first eruption in March 2021 was different from the magma that has been dominating since then. The latest magma is different from all other lavas that have been studied on the Reykjanes peninsula, and in fact it is most similar to the lava found in the vicinity of Askja and Veiðivötn.

According to the Icelandic scientists, « the decreased flow of homogeneous magma, as was the case at Litli-Hrútur this summer, can be explained by the emptying of a single isolated magma reservoir that does not recharge with magma from the mantle. The development of the eruptions in 2022 and 2023 was very different from the 2021 eruption, when magma flowed directly from the mantle to the surface and magma production increased as the eruption progressed.”

Source : University of Iceland, Iceland Monitor.

Eruption dans la Geldingadalur le 2 avril 2021 (Image webcam)

Eruption le 14 août 2022 (Image webcam)

Image webcam de l’éruption de 2023

 

 

 

Premier bilan de l’éruption sur la péninsule de Reykjanes // First assessment of the eruption on the Reykjanes peninsula

Une éruption a commencé sur la péninsule de Reykjanes à 16h40 le 10 juillet 2023. Il s’agit de la troisième éruption en trois ans sur le site. Selon les volcanologues islandais, la région est entrée dans une période d’activité volcanique intense qui pourrait durer des décennies, voire des siècles. . Aucune zone habitée ou infrastructure n’est actuellement menacée par la lave de l’éruption, mais la pollution par les gaz est un risque important, à la fois sur le site et dans le sud-ouest de l’Islande, jusque dans la région de Reykjavík.
L’éruption n’est pas une surprise. En juin 2023, un soulèvement régulier du sol avait été observé sur la péninsule de Reykjanes depuis début avril. Le soulèvement de plus de 2 centimètres indiquait que le magma s’accumulait sous la surface de la péninsule, mais personne ne pouvait dire quand la lave percerait la surface. Début juillet, un essaim sismique a commencé sur la péninsule, avec un événement de M 5.2 dans la soirée du 9 juillet. L’éruption a commencé le 10 juillet. Ce schéma de soulèvement du sol, suivi d’une période de forte sismicité, puis d’une éruption, est identique à celui qui a précédé les éruptions de 2021 et 2022 sur le même site.
L’éruption actuelle est une éruption fissurale qui a débuté exactement là où les volcanologues islandais l’avaient prédit : entre Litli-Hrútur et le mont Keilir, juste au nord des sites éruptifs de 2021 et 2022. Comme c’est le cas pour les éruptions fissurales, l’activité la plus intense a été observée au début et a diminué par la suite. L’éruption est relativement modeste mais pourrait durer longtemps. Alors que l’éruption de 2022 a duré un peu moins de trois semaines, celle de 2021 a duré environ six mois.

Voir les chiffres concernant l’éruption actuelle dans ma note du 18 juillet 2023.
Jusqu’à présent, l’éruption ne menace pas les zones habitées ou les infrastructures, bien que la pollution par ses gaz ainsi que par les incendies de végétation constituent un risque important pour les personnes présentes sur le site et dans des zones plus éloignées.

Une modélisation réalisée par l’Université d’Islande indique que la lave atteindra la route côtière sud – Suðurstrandavegur – à partir de la mi-août, à condition que l’éruption se poursuive au rythme actuel en termes de débit, composition, température et viscosité du magma, et si la rivière de lave continue d’augmenter en longueur. (NDLR : Comme pour d’autres éruptions, tout dépendra de l’alimentation à la source.)
Source : Iceland Review.

————————————————–

An eruption began on the Reykjanes peninsula at 4:40 PM on July 10th, 2023. It is the third eruption in three years at the site, and experts say the region has entered a period of increased volcanic activity that could last decades or even centuries. No inhabited areas or infrastructure are currently threatened by lava flow from the eruption, but gas pollution is a significant risk, both at the site and across Southwest Iceland and the Reykjavík capital area.

The eruption dis not come as a surprise. In June 2023, steady uplift had been measured on the Reykjanes peninsula since early April. While the uplift of over 2 centimetres indicated that magma was collecting below the surface of the peninsula, there were still no indications if or when it would breach the surface. In early July, a seismic swarm began on the peninsula, culminating in an M5.2 event on the evening of July 9th. The eruption began the following day, July 10th. This pattern- uplift followed by a period of strong earthquakes and then finally an eruption – mirrored the 2021 and 2022 eruptions at the same site.

The eruption is a fissure eruption that opened exactly where experts had predicted it would: between Litli-Hrútur and Mt. Keilir, just north of the 2021 and 2022 eruption sites. As is typical for fissure eruptions, its activity was most intense when it began and has decreased since. The eruption is relatively small but could last a long time. While the 2022 Reykjanes eruption lasted just short of three weeks, the 2021 eruption lasted around six months.

See the figures in my post of July 18th, 2023.

So far, the current eruption is not threatening inhabited areas or infrastructure, though pollution from its gases as well as from wildfires set off by the lava are a significant risk for people at the site as well as further off.

A projection model by the University of Iceland indicates that lava will reach the south coastal highway Suðurstrandavegur from mid-August, provided the eruption continues unchanged.in terms of magma productivity, composition, temperature and viscosity, and if the river of lava maintains itself and continue to increase in length. (Editor’s note : like other eruptions, everything will depensd on the lava output at the source).

Source : Iceland Review.

Capture d’image de l’éruption le 19 juillet au matin

Bilan climatique 2021 (suite) // Climate assessment 2021 (continued)

Après le bilan ERA5, voici les données Copernicus, système satellitaire de l’UE, pour 2021. Les données de l’agence proviennent d’une constellation de satellites Sentinel en orbite autour de la Terre, ainsi que des mesures prises au niveau du sol. Selon Copernicus, 2021 a été la cinquième année la plus chaude, avec une chaleur record dans certaines régions. La quantité de gaz à effet de serre dans notre atmosphère a continué d’augmenter. 2021 a été la cinquième année la plus chaude jamais enregistrée, légèrement plus chaude que 2015 et 2018. Considérées ensemble, les sept dernières années ont été les sept plus chaudes jamais enregistrées.
L’Europe a vécu son été le plus chaud et des records de température ont été battus dans l’ouest des États-Unis et du Canada. Des incendies de forêt extrêmement violents en juillet et août ont réduit en cendres des villes presque entières et ont tué des centaines de personnes.
La température moyenne de 2021 a été de 1,1 à 1,2 °C au-dessus du niveau préindustriel, il y a environ 150 ans
L’agence Copernicus explique que le début de l’année a vu des températures relativement basses par rapport aux dernières années, mais qu’en juin les températures ont été parmi les quatre plus chaudes jamais enregistrées.
La Niña a contribué à générer des températures inférieures à la moyenne en Sibérie occidentale et orientale, en Alaska et dans le Pacifique central et oriental au début et à la fin de 2021.

En revanche, une vague de chaleur a balayé la Méditerranée en juillet et août, touchant particulièrement la Grèce, l’Espagne et l’Italie. En Sicile, 48,8 °C ont été signalés, battant le record d’Europe de température la plus élevée de 0,8 °C. Les températures élevées en Méditerranée orientale et centrale ont déclenché de violents incendies de forêt dans plusieurs pays.
Les deux principaux gaz à effet de serre ont encore atteint des niveaux impressionnants en 2021. Les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) ont atteint 414,3 parties par million l’année dernière, avec une progression semblable à celle de 2020. Les niveaux de méthane (CH4) dans l’atmosphère ont augmenté pour atteindre environ 1876 parties par milliard, un niveau jamais vu auparavant. La croissance du méthane a également été plus élevé qu’en 2020.
D’autres données sur les températures de 2021 seront publiées dans les prochains jours par d’autres agences, notamment la NASA et le Met Office britannique.
Source : Copernicus.

—————————————————-

After the ERA5 assessment, here is the 2021 Copernicus data from the EU’s satellite system.The Copernicus data comes from a constellation of Sentinel satellites that monitor the Earth from orbit, as well as measurements taken at ground level. According to this agency, 2021 was the fifth-warmest year, with record-breaking heat in some regions. The amount of warming gases in our atmosphere continued to increase. Copernicus data show that 2021 was the fifth-hottest on record, marginally warmer than 2015 and 2018. Taken together, the past seven years were the hottest seven years on record by a clear margin.

Europe lived through its warmest summer, and temperature records in western US and Canada were broken by several degrees. Extreme wildfires in July and August burnt almost entire towns to the ground and killed hundreds.

The 2021 average temperature was 1.1-1.2°C above the pre-industrial level around 150 years ago

The Copernicus agency explains that the start of the year saw relatively low temperatures compared to recent years, but that by June monthly temperatures were at least among the warmest four recorded.

La Niña contributed to below-average temperatures in western and eastern Siberia, Alaska, and the central and eastern Pacific during the start and end of 2021.

A heatwave swept through Mediterranean in July and August, particularly affecting Greece, Spain and Italy. In Sicily, 48.8C degrees was reported, breaking Europe’s record for highest temperature by 0.8°C. The hot temperatures in the eastern and central Mediterranean triggered intense wildfires in several countries.

The two main greehouse gases still reached impressive levels in 2021. Carbon dioxide concentrations reached 414.3 parts per million last year, growing at a similar rate to 2020. Methane levels in the atmosphere increased to reach about 1,876 parts per billion, a level never seen before. The growth rate of methane was also higher than in 2020.

More data about 2021’s temperatures will be released in the coming days from other agencies including from Nasa and the UK’s Met Office.

Source: Copernicus.

La courbe de Keeling montre l’évolution des concentrations de CO2 en un an. On est passé de 415 ppm à plus de 417 ppm (Source: Scripps Institution)

Cumbre Vieja (La Palma) : bilan actuel de l’éruption // Current assessment of the eruption

Aucun événement majeur n’a été observé ces dernières heures sur le Cumbre Vieja. La lave continue de sortir d’une bouche située à l’ouest du cône principal et elle circule ensuite essentiellement en tunnels. Dans les zones où la lave réapparaît en surface, elle se divise en deux branches qui se déplacent vers l’ouest en recouvrant les coulées précédentes. Les autres centres d’émission de lave au niveau du cône principal sont très peu actifs.

Le dimanche 12 décembre 2021 à 15h13, l’éruption du Cumbre Vieja dépassera en durée celle de Tehuya en 1585 qui était la plus longue de l’histoire de La Palma.
Le Cumbre Vieja a émis plus de 120 millions de mètres cubes de magma, selon les dernières données publiées le 47ème jour d’activité. On ne recense aucune victime, à part le décès d’un homme qui est tombé de son toit en déblayant la cendre.
La magnitude maximale des séismes enregistrés à La Palma a été de M 5,1 le matin du 19 novembre.Le plus grand nombre de séismes a été enregistré le 30 novembre avec 375 événements. La superficie des deux deltas de lave est de 50 hectares. Le plus grand couvre 44 hectares, soit l’équivalent de l’ensemble de l’État du Vatican.
La lave a affecté 360 hectares de cultures : 224,99 hectares de bananiers, 62,37 hectares de vignes et 27,33 hectares d’avocatiers.
Jusqu’à présent, 1 628 bâtiments ont été touchés par la lave, dont 1 304 maisons, 179 structures à usage agricole, 74 usines et entrepôts industriels, 40 entreprises de loisirs et d’accueil, 15 écoles, temples et espaces pour usage public.
La surface des terres couvertes par les coulées de lave atteint 1 173 hectares. A cette surface, il faut ajouter les zones que la lave n’a pas touchées, mais qui sont ensevelies sous la couche de cendres, par endroits de plusieurs mètres d’épaisseur.
Plus de 7000 personnes ont été évacuées depuis le début de l’éruption. Près de trois mois après le début de la crise, seules 30 familles ont pu rentrer chez elles dans deux quartiers de Los Llanos.

Sources: IGN,Pevolca,El Pais.

—————————————-

No major event has been observed in recent hours on Cumbre Vieja. Lava continues to come out of a vent located west of the main cone and then travels mainly in tunnels. In areas where lava reappears on the surface, it splits into two branches that move westward, covering previous flows. The other lava emission centers at the main cone are not very active.
On Sunday December 12th, 2021 at 3:13 p.m., the eruption of Cumbre Vieja will exceed in duration that of Tehuya in 1585, which was the longest in the history of La Palma.
Cumbre Vieja has emitted more than 120 million cubic meters of magma, according to the latest data released on the 47th day of activity. There are no victims, apart from a man who fell from his roof while clearing the ash.
The maximum magnitude of earthquakes recorded in La Palma was M 5.1 on the morning of November 19th, with the highest number of earthquakes recorded on November 30th with 375 events. The area of ​​the two lava deltas is 50 hectares. The largest one covers 44 hectares, which is the equivalent of the entire Vatican State.
Lava has affected 360 hectares of crops: 224.99 hectares of banana plantations, 62.37 hectares of vines and 27.33 hectares of avocado trees.
So far 1,628 buildings have been affected by the lava, including 1,304 houses, 179 structures for agricultural use, 74 factories and industrial warehouses, 40 leisure and hospitality businesses, 15 schools, temples and spaces for public use. .
The land area covered by lava flows reaches 1,173 hectares. To this surface, one must add the areas that the lava has not affected, but which are buried under the layer of ash, in places several meters thick.
More than 7,000 people have been evacuated since the start of the eruptio. Almost three months after the start of the crisis, only 30 families have been allowed to return to their homes in two areas of Los Llanos.
Sources: IGN, Pevolca, El Pais.

Capture écran webcam