Le lac glaciaire des Bossons (France)

Dans une note publiée le 18 juin 2022, j’expliquais que le célèbre Glacier des Bossons continue de fondre et de reculer avec la hausse des températures provoquée par le réchauffement climatique. En 2018, un lac glaciaire s’est formé au pied du glacier à 1695 mètres d’altitude et son volume augmente au fur et à mesure que le glacier fond. Pour éviter une vidange potentiellement trop importante et une crue torrentielle très dangereuse, la commune de Chamonix a décidé d’entreprendre des travaux pendant le mois de juin 2022.

Des glaciologues ont étudié l’évolution de la pièce d’eau et leur travaux ont mis en évidence sa rapide poussée de croissance. En juillet 2021, le volume du lac était estimé à 3 700 m³, mais parce que le débit de son exutoire reste inférieur au débit entrant, le lac périglaciaire gonfle, surtout l’été en période de fonte. En fondant, le glacier des Bossons recule de 4,5 à 6,5 mètres par an dans la zone du lac. Les glaciologues pensent que dès l’automne 2022, le lac pourrait atteindre 20 000 m³, soit cinq fois le volume enregistré au cours de l’été 2021.

C’est pourquoi la commune de Chamonix a décidé d’entreprendre des travaux de déroctage pendant le mois de juin pour limiter l’impact d’une vidange soudaine imprévisible. Le torrent exutoire du lac a été creusé et élargi grâce à une pelleteuse. Le niveau du lac a ainsi baissé de deux mètres en juin. Il est désormais un mètre plus bas que ce qu’il était avant les travaux. Il n’y a pas de nouvelle opération de creusement planifiée à l’heure actuelle, même si le problème se répétera sans doute à l’avenir.

Le lac avait grossi rapidement à partir de l’été 2020. Il est bon de rappeler qu’à l’emplacement du lac, il y avait encore le glacier en 2015. Il s’est ensuite retiré vers sa partie centrale et de l’eau s’est écoulée dans la cuvette. Le mur de glace que l’on voit aujourd’hui au bord du lac était beaucoup plus haut avant. À partir de 2020, au vu de l’étendue occupée par le lac, la mairie de Chamonix avait peur qu’un gros bloc de glace chute dans le lac et le fasse déborder, ce qui aurait pu provoquer une crue dans le torrent de la Creuse, puis dans la rivière de l’Arve au niveau du village des Bossons. Tout le monde a encore en tête le drame du 12 juillet 1892 quand la rupture d’une poche glaciaire avait entraîné une gigantesque vague de 300 000 mètres cubes qui avait enseveli les thermes de Saint-Gervais et fait au moins 175 victimes.

Si le danger d’une crue du lac des Bossons a été écarté grâce aux travaux qui viennent d’être réalisés, d’autres menaces pèsent sur la vallée à plus long terme. Ainsi, sur l’épaule de la montagne juste à côté de l’Aiguille du Midi, une masse de glace apparaît comme suspendue dans le ciel. C’est le glacier rond. Très affecté par la hausse des températures, ce glacier présente un risque notable pour les cordées d’alpinistes qui avancent quelques centaines de mètres plus bas. De gros séracs pourraient s’effondrer du glacier et emporter une cordée.

La ville de Chamonix surveille également la dégradation du pergélisol qui cimente les rochers entre eux en très haute montagne. Avec le réchauffement climatique dans les Alpes, les effondrements de pans de montagne se multiplient. Certains bâtiments et certaines structures sont fragilisés par le dégel du pergélisol, comme les Grands Mulets ou le refuge des Cosmiques.

Source: Reporterre.

https://reporterre.net/

 

Photos: C. Grandpey

Vue du lac glaciaire (Crédit photo: Le Dauphiné)

Glaciers des Bossons : travaux au niveau du lac glaciaire

Comme l’ensemble des glaciers alpins, le très célèbre Glacier des Bossons continue de fondre et de reculer avec la hausse des températures provoquée par le réchauffement climatique. En 2018, un lac glaciaire s’est formé au pied du glacier à 1695 mètres d’altitude et son volume augmente au fur et à mesure que le glacier fond. Pour éviter une vidange potentiellement trop importante et une crue torrentielle très dangereuse, la commune de Chamonix a décidé d’entreprendre des travaux pendant le mois de juin 2022.

Des glaciologues ont étudié l’évolution de la pièce d’eau et leur travaux ont mis en évidence sa rapide poussée de croissance. En juillet 2021, le volume du lac était estimé à 3 700 m³, mais parce que le débit de son exutoire reste inférieur au débit entrant, le lac périglaciaire gonfle, surtout l’été en période de fonte. En fondant, le glacier des Bossons recule de 4,5 à 6,5 mètres par an dans la zone du lac. Les glaciologues pensent que dès l’automne 2022, le lac pourrait atteindre 20 000 m³, soit cinq fois le volume enregistré au cours de l’été 2021.

Selon les autorités chamoniardes en charge de la sécurité et de la montagne,. « lorsque le glacier va se retirer, l’écoulement risque de basculer en rive gauche vers le torrent des Bossons et son quartier, car la pente du lit rocheux est orientée dans ce sens. » C’est pourquoi la commune de Chamonix a décidé d’entreprendre des travaux de déroctage pendant le mois de juin pour limiter l’impact d’une vidange soudaine imprévisible. Il s’agira de déplacer quelques gros blocs autour du déversoir actuel, afin d’abaisser le niveau du lac et réduire le danger.

Cette opération permettra une purge partielle du lac. Un suivi sera ensuite réalisé sur le lac et la langue glaciaire à l’aide de nouvelles sondes, de radars et de drones.

Le coût total de ces interventions est estimé à 128 000 euros.

Source: Le Dauphiné Libéré.

Avec le réchauffement climatique et la fonte des glaciers, les lacs qui se forment à leur front sont un sujets d’inquiétude pour les localités situées en aval. Toujours dans les Alpes, le glacier de Tête Rousse cache une volumineuse poche d’eau à 3200 mètres d’altitude. Lors de sa découverte en 2010, les autorités ont décidé de mettre en place une spectaculaire opération de pompage pour éviter une catastrophe. Tout le monde avait en tête le drame du 12 juillet 1892 quand la rupture d’une poche glaciaire avait entraîné une gigantesque vague de 300 000 mètres cubes qui avait enseveli les thermes de Saint-Gervais et fait au moins 175 victimes. Voir la description de cet événement sur ce blog en cliquant sur ce lien :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2019/04/23/saint-gervais-haute-savoie-toujours-sous-la-menace-du-glacier-de-tete-rousse/

Photos: C. Grandpey

Vue du lac glaciaire (Crédit photo: Le Dauphiné)

Un joli cadeau de Noël !

Les glaciers sont des rivières de glace en mouvement. Il leur arrive de vomir à leur front des objets ou des personnes qu’ils ont cachés pendant des décennies ou même des siècles au fond de leurs crevasses.. A Chamonix, le glaciers des Bossons fait partie des généreux donateurs.

Dans des notes écrites le 15 septembre 2018 et le 14 novembre 2020, j’ai rappelé que des avions se sont écrasés sur le massif du Mont Blanc. Régulièrement, des fragments humains et autres débris sont retrouvés dans la zone de ces accidents.

Il y a quelques jours, un trésor de pierres précieuses découvert en 2013 sur le glacier des Bossons et provenant probablement du crash d’un avion indien, le « Kangchenjunga » en 1966, a été partagé 8 ans après avoir été retrouvé, entre son découvreur et la ville de Chamonix. Chaque lot est évalué à environ 150.000 euros. Pour mémoire, le Boeing 707 effectuait la liaison Bombay-New York. Il s’était écrasé sur le glacier avec 117 passagers à bord à environ 4.750 mètres d’altitude. Aucun passager n’avait survécu à l’accident. Quinze ans plus tôt, un autre avion d’Air India, le « Malabar Princess », s’était écrasé sur le même glacier le 3 novembre 1950 à 4.700 mètres d’altitude, faisant 48 morts. La rumeur avait alors couru qu’il contenait des lingots d’or, mais les recherches sont restées vaines

La loi prévoit que, aucun héritier n’ayant été retrouvé dans un délai de deux ans, le trésor revienne pour moitié à l’alpiniste qui en a fait la découverte, et pour moitié au propriétaire du glacier des Bossons où il a été trouvé, c’est-à-dire à la commune de Chamonix. Les huit années d’attente correspondent à l’enquête internationale qui a fait suite à la découverte. Il a fallu du temps pour expertiser le trésor et pour demander des explications au niveau des personnes qui étaient dans l’avion et de leurs héritiers.

Les pierres, enfermées dans une petite boîte métallique, avaient été retrouvées à l’été 2013 par un jeune alpiniste savoyard. Il avait apporté son trésor, composé en majorité d’émeraudes et de saphirs, à la gendarmerie afin qu’il soit remis à son propriétaire.

Le glacier des Bossons charrie régulièrement des débris des catastrophes aériennes survenues au Mont-Blanc. En 1975 déjà, un guide de haute montagne y avait découvert le train d’atterrissage du « Malabar Princess. » On peut le voir aujourd’hui au Chalet des Bossons, accompagné d’une petite exposition qui explique les circonstances des accidents.

Les pierres du lot dévolu à la ville de Chamonix figureront désormais dans la collection de son nouveau musée des cristaux dont l’inauguration a eu lieu le 18 décembre 2021.

Source: Yahoo News.

Photos: C. Grandpey

Les secrets des Bossons (Alpes françaises)

Le glacier des Bossons est l’un de mes préférés dans les Alpes car il porte une lourde charge affective. C’est en août 1956, alors que je n’étais qu’un petit garçon de 8 ans que je l’ai découvert en compagnie de mes parents. A l’époque, quand on arrivait à Chamonix, l’énorme masse de glace surplombait la vallée et je me disais qu’il allait probablement s’effondrer. Il m’impressionnait vraiment, tout comme l’Arve qui bouillonnait à travers la ville. Sorti de ma campagne creusoise, je n’en menais pas large devant ces forces de la nature !

Au fil des années, je me suis rendu de nombreuses fois à Chamonix et j’ai vu le Glacier des Bossons reculer et remonter dans la montagne. Mes photos montrent que sa fonte s’est accélérée au milieu des années 1970.

Dans les années 2000, j’ai emprunté le télésiège qui permet d’accéder au  Chalet des Bossons d’où l’on a  – ou plutôt on avait – une première belle vue sur le front du glacier. Une halte au Chalet permet de se refaire une santé et de visiter une petite exposition où des panneaux racontent l’histoire du glacier. Dans une note publiée le 15 septembre 2018, j’ai évoqué les catastrophes aériennes survenues en 1950 et 1966 sur le Mont Blanc. Des décennies plus tard, le glacier fait réapparaître des objets ayant appartenu à des passagers ainsi que des morceaux de carlingue.

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2018/09/15/les-secrets-du-glacier-des-bossons-alpes-francaises/

C’est ce que confirme un petit reportage diffusé le 10 novembre sur le site web de la radio France Info :

https://www.francetvinfo.fr/meteo/neige/rechauffement-climatique-le-glacier-des-bossons-devoile-des-lieux-inexplores_4176077.html

La séquence nous rappelle que le Glacier des Bossons recule de plus en plus sous les coups de boutoir du réchauffement climatique. Alors qu’il leur fallait autrefois quelques minutes pour atteindre la glace, les randonneurs doivent désormais effectuer deux heures de marche pour la rejoindre. Après le Chalet des Bossons, le sentier s’élève rapidement et conduit au Chalet des Pyramides. Il ne s’agit pas d’une référence à l’Egypte mais aux séracs spectaculaires qui ornent la surface du glacier. Le sentier s’élève ensuite encore davantage et permet d’atteindre un site baptisé La Jonction. En effet, il y a encore quelques années, on pouvait y admirer le mariage du Glacier des Bossons avec son voisin de Taconnaz. Aujourd’hui, le mariage est devenu divorce et la jonction n’existe plus. On a devant soi une étendue rocheuse qui porte les marques du rabotage effectué par la glace.

Le changement climatique permet aujourd’hui de voir le glacier sous un autre angle, avec des découvertes parfois inattendues. C’est ainsi que des cavernes se creusent dans sa partie frontale où se créent de nouveaux lacs.

Il faut se faire une raison : au train où vont les choses le Glacier des Bossons ne sera plus qu’un souvenir dans quelques décennies, voire quelques années, tout comme la vénérable Mer de Glace sur laquelle on a déposé un linceul blanc pour protéger la grotte que l’on atteignait très facilement quand j’avais 8 ans. Aujourd’hui, il faut emprunter une télécabine et descendre ensuite un escalier de plusieurs centaines de marches. Un bien triste spectacle…

Cette photo confirme que la Jonction entre les Bossons (à gauche) et le Taconnaz (à droite) n’existe plus :

Voici le front du glacier en septembre 2020, dominé par l’Aiguille du Midi :

On peut encore admirer de belles « pyramides » à la surface du glacier :

Cette roue du « Malabar Princess » a été récupérée le 4 août 1987 à hauteur du Chalet des Bossons. Il a fallu 36 ans pour que le glacier accepte de la rendre :

Photos : C. Grandpey