Le Grand Projet Pompéi a enfin débuté // The Great Pompeii Project has started, at last

Dans une note publiée il y a quelques jours, j’expliquais que de nouvelles fouilles allaient débuter à Pompéi. Plusieurs articles parus dans les journaux italiens confirment que ce travail archéologique a déjà commencé, avec des découvertes intéressantes. Comme je l’ai écrit précédemment, les nouvelles fouilles ont lieu dans la zone Regio V et ont été lancées dans le cadre du grand projet de restauration de Pompéi, ou Grand Projet Pompéi.
Il a fallu tout d’abord résoudre le problème posé par l’instabilité des fronts de fouilles dans cette zone où se sont produits des effondrements. Ensuite, les archéologues ont pu commencer leur travail de fourmi et ils ont mis à jour des restes de zones publiques et privées, des jardins et des portiques qu’ils ne pensaient pas trouver à cet endroit. Ils ont retiré des dépôts de matériaux des objets, des plâtres et des fresques qui n’ont jamais été restaurés, qui sont dans leur forme et leur couleur d’origine, sans avoir été modifiés lors d’une restauration précédente. Aujourd’hui, les scientifiques ont la possibilité d’effectuer ce travail en utilisant les techniques les plus avancées. Il devrait durer deux ans pour un coût total de 8,5 millions d’euros. La zone restera ouverte aux visiteurs pendant la durée des travaux.
Les archéologues ont déjà identifié un espace comme étant probablement un «jardin» dont la fonction sera mieux étudiée par l’analyse paléobotanique. Le coin sud-est du «jardin» a révélé plusieurs amphores dont le type et le contenu sont en cours d’étude. Tout près, la rue qui longe la Maison des Noces d’Argent se dévoile peu à peu, avec ses trottoirs surélevés et les entrées des bâtiments qui la bordent. On observe en particulier l’entrée d’une domus avec les murs ornés de fresques sur fond rouge, avec l’image de deux dauphins.
Dans le même temps, le directeur du Grand Projet Pompéi a confirmé son intention de faire arriver une LGV (ligne ferroviaire grande vitesse) directement sur le site. Il a déclaré: « Le projet n’a pas été abandonné, mais il doit être étudié en profondeur, avec l’élimination de la ligne de chemin de fer côtière actuelle.. »
Source: Presse italienne.

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In a post released a few days ago, I explained that new excavations were about to start at Pompeii. Several articles published in the Italian news papers confirm that that archaeological work has already started, with interesting new finds. As I put it before, the new excavations take place in the Regio V area and they were launched under the auspices of the conservation project Great Pompeii.
The first work to be done was to resolve the instability of the excavation fronts in this area, which have a history of collapses. Then, archaeologists could start digging the area and they found remains of public and private areas, gardens and porticoes that they did not think they would find. They came across objects, plasterwork and frescoes that had never been restored, that are in their original shape and colour without having been tampered with in past restoration. Today, scientists have the opportunity to carry out conservation work using the most advanced techniques. It is expected to take two years at a total cost of 8.5 million euros and the area will remain open to visitors for the duration.
Archaeologists have already identified an open area that they believe was a ‘garden’ whose function will be better investigated through palaeobotanical analysis. The south-eastern corner of the ‘garden’ has revealed several amphorae, whose type and contents are now being studied. Nearby, the street that ran alongside the House of the Silver Wedding is coming to light with its raised pavements and the entrances to the buildings along it. These include the entrance to a domus with frescoed walls and panels against a red background with the painted image of a pair of dolphins.
Meanwhile, the director-general of the Great Pompeii Project has confirmed plans to bring high-speed railway services directly to the site. Said he: « The project hasn’t been shelved but it needs to be studied in depth, together with the elimination of the current coastal railway line.. »
Source: Italian news media.

Intérieur d’une demeure à Pompéi (Photo: C. Grandpey)

Mesure de la hauteur du lac de lave du Kilauea (Hawaii) // Measuring the height of the Kilauea lava lake (Hawaii)

Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, le niveau du lac de lave dans le cratère de l’Halema’uma’u varie continuellement en fonction des variations – à la fois profondes et superficielles – dans le système d’alimentation magmatique. Lorsque les inclinomètres enregistrent une inflation de l’édifice volcanique, la lave s’élève dans l’Overlook Crater. Inversement, son niveau baisse lorsque les instruments enregistrent un épisode de déflation.
Thomas Jaggar, fondateur de l’Observatoire des Volcans d’Hawaï (HVO), fut peut-être le premier à reconnaître l’importance du niveau d’un lac de lave quand, il y a plus d’un siècle, il a lancé une campagne de mesures de l’Halema’uma’u. Ces mesures ont montré les fluctuations de niveau du lac pendant plus d’une décennie, jusqu’à sa vidange en 1924.
Contrairement aux apparences, la mesure du niveau d’un lac de lave n’est pas chose facile. Il n’existe pas de marégraphe ou de repère de profondeur de la lave dans le cratère. Aujourd’hui, les scientifiques du HVO utilisent essentiellement un télémètre laser pour calculer la hauteur du lac de lave, mais cette technique nécessite une vue bien dégagée du cratère. En conséquence, des mesures continues et cohérentes, jour et nuit, par tous les temps, sont difficiles à réaliser.

C’est le défi qu’a tenté de relever une équipe scientifique composée de chercheurs du HVO, de l’Université de Cambridge et de l’University College de Londres. Les Britanniques ont mis au point un radar capable de mesurer la hauteur d’un lac de lave. Le premier exemplaire a été testé sur l’Erebus en Antarctique en 2016 dans le cadre du Programme Antarctique américain. Les mesures ont révélé des variations de niveau périodiques remarquables du lac de lave, avec des phases d’oscillation d’environ dix minutes. On ne sait pas pourquoi l’Erebus se comporte de celle manière. Des expériences en laboratoire sont en cours pour simuler l’activité et mieux la comprendre.
Dans la mesure où le matériel de mesure avait pu survivre aux conditions difficiles sur le volcan antarctique, les scientifiques étaient persuadés qu’il allait également être opérationnel à Hawaï. La dernière version du radar a été testée sur le Kilauea en janvier 2018.
Après une période de mise en route de quelques jours, le radar a fonctionné en autonomie pendant plus d’une semaine, en enregistrant le niveau du lac une fois par seconde. Des impulsions micro-ondes sont transmises depuis une antenne parabolique vers la surface du lac de lave. Une partie de l’énergie micro-onde est renvoyée et est captée par une autre antenne. La distance jusqu’au lac de lave est calculée en prenant en compte le temps écoulé entre la transmission et la réception des impulsions. Cette technique offre une mesure en continu relativement précise de la hauteur du lac de lave.

Les données collectées au cours de cette campagne de mesures sont en cours d’analyse, mais les premiers résultats semblent correspondre à d’autres mesures effectuées par le HVO. En même temps que le radar effectuait les mesures, un spectromètre infrarouge était positionné sur la lèvre du cratère pour enregistrer la composition des gaz émis par le lac de lave. La façon dont les gaz s’accumulent dans le lac de lave ou s’en échappent influe considérablement sur le niveau du lac. Une comparaison des variations du niveau de la lave et de la chimie des gaz devrait donner de bonnes indications sur les relations entre l’arrivée de magma à la surface, la libération des gaz et les fluctuations d’activité du lac de lave.
Source: USGS / HVO.

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As I put it several times before, the level of the lava lake within Halema’uma’u Crater varies continuously according to deep and shallow changes in the magma plumbing system feeding the lava lake. When tiltmeters record an inflation of the volcanic edifice, lava rises within the Overlook Crater. Conversely, its level drops when the instruments record a deflation episode.

Thomas Jaggar, founder of the Hawaiian Volcano Observatory (HVO), was perhaps the first to recognize the significance of lava lake level when, more than a century ago, he established a routine of measuring it at Halema‘uma‘u using traditional surveying equipment. His measurements charted the fluctuating lake level for over a decade until the lava drained away in 1924.

The lava lake level is not easy to measure. No one has put a tide gauge in the lava lake or a ruled depth marker in the crater. Today, HVO scientists primarily use a laser-rangefinder to calculate the lava lake height, but this requires a clear view into the crater. Making continuous and consistent measurements, day and night, in all weather, is even more demanding. This challenge has stimulated an international collaboration between HVO scientists and a small team of volcanologists and engineers from the University of Cambridge and the University College London.

The United Kingdom team has been developing a turnkey radar for measuring lava lake height, with the first system tested on Erebus volcano in Antarctica in 2016 under the auspices of the U.S. Antarctic Program. The measurements revealed a remarkable periodic rise and fall of the lava lake, with a single oscillation taking around ten minutes. Why Erebus volcano behaves like this is still unclear and laboratory experiments are now underway to simulate the activity and better understand the driving processes.

Trusting that if monitoring equipment can survive the harsh conditions that prevail on the remote Antarctic volcano it should also work in Hawaii, the latest version of the radar was brought for a trial run on Kilauea in January 2018.

After an initial setup period of a couple of days, the radar ran unsupervised for over a week, recording the level of the lake once per second. It works this way: Microwave pulses are transmitted from one dish towards the lava lake surface. Some of the microwave energy is reflected back and is received by the other dish. The distance to the lava lake is then calculated from the time taken between transmission and reception of the pulses, providing a sensitive measure of the lava lake height. Measurements can be made continuously.

The data collected during this period are still being analyzed, but they look consistent with other measurements made by HVO scientists.

At the same time the radar was running, an infrared spectrometer was positioned at the crater rim to record the composition of gases emitted from the lava lake. How gas accumulates in, or escapes from, the lava lake exerts a strong control on the lake level. Careful comparison of extended observations of lava lake height and gas chemistry promise to reveal yet more detailed insights into the relationships between the supply of magma to the surface, the release of gases, and the variable activity of the lava lake.

Source : USGS / HVO.

Les paraboles sur la lèvre de l’Overlook Crater (Crédit photo: USGS / HVO)

Vue du lac de lave dans le cratère de l’Halema’uma’u (Crédit photo: USGS / HVO)

Mayon (Philippines): Baisse du niveau d’alerte // The alert level has been lowered

Le jeudi 29 mars 2018, le PHIVOLCS a abaissé le niveau d’alerte du Mayon de 3 à 2, car le volcan a montré une nette baisse d’activité au cours des dernières semaines. Ainsi, au cours des deux dernières semaines, l’activité sismique provoquée par des effondrements est passée de 82 événements à moins de 10. Les séismes basse fréquence associés au dégazage du magma et aux panaches de cendres ont été enregistrés pour la dernière fois le 15 mars. L’effusion de lave à partir du cratère a été détectée jusqu’au 18 mars. La baisse globale de la sismicité indique qu’il n’y a actuellement aucune ascension de magma jusqu’au niveau superficiel de l’édifice volcanique. De plus, depuis le 20 février 2018, une déflation moyenne du Mayon a été enregistrée, malgré quelques épisodes d’inflation de courte durée sur les pentes inférieures et moyennes. Les émissions de SO2 ont également diminué.
S’il y a un retour significatif au niveau normal de déformation du sol et si les autres paramètres continuent à montrer une baisse, le niveau d’alerte pourra être diminué encore davantage.
Il est rappelé au public qu’il est interdit de pénétrer dans la zone de danger permanent de six kilomètres «en raison des risques de chutes de pierres, d’avalanches, d’émissions de cendre et d’éruptions phréatiques soudaines». De même, les personnes vivant dans les vallées et les ravines sont doivent rester vigilantes devant le risque de lahars en cas de longues périodes de fortes pluies.

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PHIVOLCS on Thursday, March 29th, 2018 lowered Mayon Volcano’s alert status from 3 to 2, as the volcano showed a “general decline in unrest” in the past weeks. Over the past two weeks, seismic activity has waned from a peak of 82 to less than 10 rockfall events. Low frequency earthquakes associated with magma degassing and short ash plumes were last recorded on March 15th, although lava flow effusion from the crater was detected until March 18th. The overall decline in seismicity indicates that there is currently no active ascent of magma to the shallow levels of the volcano’s edifice. In addition, since February 20th, 2018, an average deflation of Mayon’s edifice has been recorded despite short-term episodes of inflation of its lower and middle slopes. SO2 emissions have alsio declined during the past weeks.

If there is a noticeable return to baseline levels of ground deformation and sustained low levels of other parameters, then the alert level may further step down.

The public is reminded to avoid entry into the six-kilometer permanent danger zone “due to hazards of rockfalls, avalanche, ash puffs and sudden steam-driven or phreatic eruptions”. Likewise, people living in valleys and active river channels are cautioned to remain vigilant against lahars in the event of prolonged and heavy rainfall.

Source: PHIVOLCS.

Source: Wikipedia

L’Etna glisse vers la Mer Ionienne // Mt Etna is sliding toward the Ionian Sea

On peut lire dans la presse anglo-saxonne ces derniers jours plusieurs articles sur le glissement de l’Etna en direction de la Mer Ionienne. Contrairement à ce que le laissent entendre certains journaux, l’information n’a rien d’un scoop. Le phénomène est étudié depuis les années 1990 et plusieurs rapports scientifiques ont attiré l’attention sur ce basculement de l’édifice volcanique sicilien. Voici les liens vers deux notes de ce blog qui abordent le sujet :

14 février 2007

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2007/02/14/etna-sicile-italie-84/

18 septembre 2010

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2007/02/14/etna-sicile-italie-84/

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In the last few days, several articles have been published in the Anglo-Saxon press on the slippage of Mount Etna towards the Ionian Sea. Contrary to what some newspapers suggest, this piece of information is not a scoop. The phenomenon has been studied since the 1990s and several scientific reports have drawn attention to this slip-slide of the Sicilian volcanic edifice. Here are the links to two posts of this blog that address the subject:

February 14th, 2007
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2007/02/14/etna-sicile-italie-84/

September 18th, 2010
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2007/02/14/etna-sicile-italie-84/

Photo: C. Grandpey