Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion / Reunion Island): Dernières nouvelles // Latest news

Après avoir connu un déclin régulier depuis le début de l’éruption le 14 juillet, le tremor semble avoir repris un peu de vigueur et l’OVPF indique qu’il se maintient à un niveau constant depuis 9 heures ce matin. Les images de la webcam postée au Piton de Bert confirme ce regain d’activité.

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After a steady decline since the onset of the eruption on 14 July, the tremor seems to have regained some vigour and OVPF indicates it has kept steady since 9 am this morning. The images of the webcam posted at the Piton de Bert confirm this renewed activity.

Vue du tremor éruptif (Source: OVPF)

Crépuscule sur l’éruption (Webcam Piton de Bert)

 

Quelques nouvelles du Turrialba et du Poas (Costa Rica) // Some news of Turrialba and Poas (Costa Rica)

Selon les journaux costaricains, deux éruptions d’une durée de quatre heures ont secoué le Turrialba les 14 et 15 juillet dans la matinée, avec des retombées de cendre fine et une odeur de soufre perçue dans plusieurs villages de la Vallée Centrale.
La plus grande partie de la cendre est retombée sur les flancs du volcan, mais aussi sur des villages comme San Gerardo de Robert entre l’Irazú et le Turrialba.
Les sismographes ont révélé un tremor de faible intensité et des séismes basse fréquence. La colonne éruptive est montée jusqu’à 400 mètres au-dessus du cratère avant de s’étirer vers le sud-ouest et le nord-ouest.
L’OVSICORI rappelle aux personnes qui se rendront à la basilique des Anges à Carthage, à partir du week-end prochain, de surveiller l’activité des volcans actifs, car les gaz et les particules fines pourraient atteindre certains des itinéraires conduisant à l’ancienne métropole. Cependant, si l’activité se poursuit comme précédemment, avec le vent soufflant vers l’ouest et le nord-ouest, il ne devrait y avoir aucun problème. Si les conditions changent, les pèlerins devront utiliser des mouchoirs mouillés ou des masques pour se protéger.
Le Poas est également actuellement très actif et les émissions de gaz pourraient affecter les personnes qui traversent les localités de Naranjo, Zarcero, Valverde Vega et d’autres secteurs situés à proximité du Poas. Il est conseillé aux gens d’utiliser des mouchoirs, en particulier s’ils souffrent de problèmes respiratoires.

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According to the Costa Rican newspapers, two eruptions that lasted four hours rocked Turrialba volcano on July 14th and 15th in the morning, generating ashfall and smell of sulphur in several villages in the Central Valley.

Most of the ash fell near the volcano and in villages such as San Gerardo de Robert between Irazú and Turrialba.

The instruments produced signals of low intensity tremor and low frequency earthquakes. The eruptive column reached up to 400 metres above the crater before drifting southwest and northwest.

OVSICORI reminds people who will walk to the basilica of the Angels in Carthage, from next weekend, to be attentive to the activity of the active volcanoes as the gases and fine particles could reach some of the routes towards the old metropolis. However, if the activity continues as before, with the wind blowing to the west and northwest, there should be no problem. If conditions change, pilgrims should use wet handkerchiefs or masks to protect themselves.

Poas is also currently quite active and gas emissions could affect walkers who pass through Naranjo, Zarcero, Valverde Vega and other cantons close to Poas. People are advised to use handkerchiefs, especially if they are with respiratory problems.

 

Glaciers alpins en juillet 2017: (4) Le Glacier d’Aletsch (Suisse)

Situé dans le sud de la Suisse dans le canton du Valais, le Glacier d’Aletsch est le plus grand glacier des Alpes. Il est entouré au nord par le massif de la Jungfrau et au sud par la vallée du Rhône. Il présente une longueur de 22,6 km  et une superficie de 81,7 km². Comme tous les grands glaciers actifs, sa vitesse de progression varie selon que l’on se trouve dans la partie centrale ou sur les bords où elle est freinée par les frottements. Ce phénomène explique, entre autre, la formation des crevasses. S’agissant de l’Aletsch, la vitesse de progression varie entre 80 et 200 mètres par an.

Selon les glaciologues, les Alpes pourraient perdre 80 % de leurs glaciers si aucun changement ne survient dans l’émission des gaz à effet de serre. Le Glacier d’Aletsch a reculé de 2 600 mètres depuis 1880. Comme pour ses homologues alpins, le recul s’est accéléré depuis 1980 et l’Aletsch a reculé de 800 mètres en 30 ans soit 30 % du recul total.

Selon ces mêmes glaciologues, les glaciers suisses continueront de fondre massivement, même si le réchauffement climatique cesse, ce qui est loin d’être gagné dans le contexte économique actuel. Celui d’Aletsch aura perdu au moins quatre kilomètres et un tiers de sa masse d’ici un siècle. En effet, les glaciers réagissent aux changements climatiques avec des dizaines d’années, voire un siècle, de retard. La fonte du Glacier d’Aletsch sera encore plus impressionnante et rapide si le réchauffement climatique se poursuit comme prévu.

Dans une note rédigée le 15 octobre 2016, j’évoquais un problème causé par la fonte du Glacier d’Aletsch. La glace d’amenuisant, les pans de montagne qui entourent le glacier sont fragilisés et des effondrements se produisent. Le phénomène est observé ailleurs dans le monde, en particulier en Nouvelle Zélande où les glaciers Fox et Franz Josef ont fondu si rapidement qu’il est devenu trop dangereux de les atteindre à partir du fond de la vallée. En raison de la fonte ultra rapide de ces glaciers, les parois de la vallée qui étaient autrefois maintenues en place par la glace sont désormais à l’air libre avec des risques évidents d’effondrements et autres chutes de pierres qui rendraient les randonnées trop dangereuses. Les tour-opérateurs ont donc cessé d’organiser de telles randonnées guidées sur le Franz Josef en 2012 et sur le Fox en 2014. Ces deux glaciers ont perdu chacun 3 kilomètres depuis les années 1800, ce qui correspond à environ 20 pour cent de leur longueur.

De la même façon, un pan de montagne menace de s’effondrer en aval du Glacier d’Aletsch. En conséquence, il est demandé à tous les randonneurs de respecter l’interdiction d’accès aux sentiers pédestres dans une zone de 2 km2.

Une remontée mécanique permettant d’accéder aux abords du glacier d’Aletsch subit elle aussi les effets du mouvement du pan de montagne. Les pylônes d’arrivée de la télécabine d’Aletsch Arena, qui relie Riederalp à Moosfluh, bougent de 1 centimètre par jour. Toutefois, l’exploitant des remontées avait prévu le problème puisque  il a investi 23 millions de francs suisses dans un système qui permet de glisser les pylônes sur un rail pour les maintenir parfaitement droits et ainsi laisser l’installation ouverte. La surveillance est permanente, avec un système d’alarme en cas de gros déplacement.

De  mon côté, j’ai emprunté à Fiesch (Valais) le double téléphérique qui permet d’accéder à l’Eggishorn d’où l’on a une vue splendide sur le Glacier d’Aletsch.

Photos: C. Grandpey

De la suie sur la glace du Groenland et les glaciers de l’Himalaya // Soot on Greenland’s ice and glaciers in the Himalayas

Pour la première fois, des scientifiques ont retrouvé de la suie provenant des feux de forêt au Canada jusque sur la calotte glaciaire du Groenland. Les particules sombres ont atterri sur la glace avec la faculté d’accélérer sa fonte de manière significative. C’est la première étude exhaustive d’un processus susceptible d’accélérer la fonte du Groenland dans les prochaines années et donc contribuer à la hausse du niveau des océans.
L’étude a révélé qu’un événement atmosphérique particulier, en l’occurrence une tempête de neige fin juillet et début août 2013 avait été le principal responsable de la retombée de suie à la surface du Groenland. Sans cette tempête pour les faire descendre de l’atmosphère à la surface de la Terre, les particules de suie auraient probablement survolé la calotte glaciaire à haute altitude sans jamais atterrir.
L’étude a été publiée dans la revue Geophysical Research Letters. 14 scientifiques d’origines diverses y ont contribué : États-Unis, France et Norvège, en particulier..
La suie, émise lors d’une combustion, est essentiellement composée de carbone noir qui affecte l’albédo ou réflectivité d’une surface. Plus la glace est blanche et plus elle réfléchit les rayons du soleil dans l’espace. A l’inverse, les mares d’eau et les particules noires réduisent la réflectivité de la couche de glace en lui permettant d’absorber plus de chaleur. L’eau est moins réfléchissante que la neige et, dans certains cas, le développement de la vie biologique dans les mares à la surface des calottes glaciaires contribue à cet assombrissement et accélère le processus de fonte.
L’étude, qui a examiné un seul événement en 2013, ne s’est pas attardée sur les conséquences qu’aurait une importante retombée de suie sur le Groenland en raison d’un plus grand nombre de feux de forêt. Il ne faudrait toutefois pas écarter une telle éventualité. La quantité de suie déposée lors de cet événement unique aurait été suffisante pour provoquer une augmentation de la fonte de la glace si elle n’avait pas été, par la suite, recouverte d’une nouvelle couche de neige pendant une autre tempête. L’étude a révélé que 57 pour cent de tout le carbone noir qui s’est déposé dans le nord-ouest du Groenland en 2013 provenait de cet événement unique de feux de forêts.

La conclusion de l’étude est que le risque d’intensification des feux de forêts, et donc de la fonte du Groenland, doit être pris au sérieux, même si la relation entre les deux phénomènes est à peine prouvé à ce stade. Le réchauffement de la température atmosphérique et de l’océan reste la principale cause de la fonte du Groenland, plus que les particules de carbone noir en provenance des feux de forêts.

Source: The Washington Post.

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Les glaciers du Groenland ne sont pas les seuls à recevoir la suie des feux de forêt. Les glaciers de l’Himalaya et du Plateau Tibétain fondent eux aussi plus rapidement à cause des nuages ​​de suie provenant des gaz d’échappement des véhicules diesel et des feux d’écobuage, essentiellement en Inde. On trouve des concentrations de carbone noir dans l’Himalaya, un univers censé être vierge et d’une grande pureté. Les glaciers de ces régions alimentent la plupart des principaux fleuves d’Asie. A court terme, le résultat d’une fonte importante est un fort risque d’inondation en aval.
L’Inde et la Chine produisent environ un tiers du carbone noir dans le monde, et les deux pays tardent à prendre des mesures. La réduction des émissions de carbone noir serait relativement peu coûteuse et aiderait à réduire sensiblement le réchauffement climatique. Le remplacement des anciennes cuisinières par des versions modernes qui émettent beaucoup moins de suie pourrait rapidement mettre fin au problème. Un contrôle de la circulation dans la région de l’Himalaya atténuerait les dommages causés par les émissions des moteurs diesel.
En fait, les gouvernements indien et chinois sont réticents à proposer des plans visant à réduire les émissions de carbone noir parce qu’ils veulent que l’attention reste concentrée sur les pays riches qui, selon eux, doivent tout d’abord réduire leurs émissions de dioxyde de carbone.
Source: The Guardian.

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For the first time, scientists have tracked soot from Canadian wildfires all the way to the Greenland ice sheet where the dark particles landed on the ice and had the potential to significantly enhance its melting. It’s the first comprehensive documentation of a process that could hasten Greenland’s melting in the future and, together with it, contribute to increasing sea level rise.

The study found that a specific atmospheric event, a snowstorm in late July and early August of 2013, was the critical factor in delivering the soot to the surface of Greenland. Without that storm to bring them down from the atmosphere to the surface, the soot particles could have travelled over the ice sheet at a high altitude and never landed.

The paper was published in Geophysical Research Letters. It had 14 scientific contributors from institutions in the U.S., France, and Norway.

Soot, which emerges from combustion and is largely comprised of a substance called black carbon, influences albedo, or reflectivity. Whiter ice reflects more solar rays back to space. On the contrary, pools of water and dark particles reduce the reflectivity of the ice sheet, allowing it to absorb more heat. Water is less reflective than pure snow, and in some cases the growth of biological life in ponds atop the ice sheets also causes darkening, which speeds the melting process.

The study, which only examined a single event, was not able to document a trend towards an increased deposition of soot atop Greenland due to a larger number of wildfires. But it certainly hints at the possibility that such a trend could occur. The amount of soot deposited in this single event would have been enough to cause an increase in melting, if not for the fact that it was subsequently buried by another snowstorm. The study found that 57 percent of all of the black carbon that fell in northwest Greenland in 2013 occurred in this single event.

That means the risk that worsening fires could enhance the melting of Greenland is definitely worth taking seriously, if hardly proven at this point. Warming atmospheric and ocean temperatures remain the chief driver of the melting of Greenland, rather than the distant transport of melt-enhancing particles from fires.

Source: The Washington Post.

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Greenland’s glaciers are not the only ones to be covered with soot from wildfires. Glaciers in the Himalayas and the Tibetan plateau are melting faster because of the effects of clouds of soot from diesel fumes and wood fires. Concentrations of black carbon are found n the Himalayas in what are supposed to be pristine, untouched environments. Glaciers in these regions feed most of the major rivers in Asia. The short-term result of substantial melting is severe flooding downstream.

India and China produce about a third of the world’s black carbon, and both countries have been slow to act. Decreasing black carbon emissions should be a relatively cheap way to significantly curb global warming. Replacing primitive cooking stoves with modern versions that emit far less soot could quickly end the problem. Controlling traffic in the Himalayan region should help ease the harm done by emissions from diesel engines.

Experts say that both New Delhi and Beijing have been reluctant to come forward with plans on black carbon because they do not want attention diverted from richer nations’ responsibility to cut carbon dioxide emissions.

Source: The Guardian.

Photo: C. Grandpey