Une nouvelle étude conduite par des chercheurs de l’Université d’East Anglia (UEA) montre que des «réseaux fantômes» mettant en relation des bénévoles avec les autorités peuvent contribuer à la sécurité de certaines populations parmi les millions de personnes vivant à proximité de volcans actifs et potentiellement dangereux. Ces réseaux non officiels ont dans leurs rangs de simples citoyens qui travaillent en étroite collaboration avec des scientifiques et des représentants du gouvernement sur les processus de surveillance, de communication, de formation et d’évacuation.
L’étude – publiée dans la revue Global Environmental Change – se concentre sur le Tungurahua en Équateur, volcan entouré de plusieurs villes et quelque 30 000 habitants. Les chercheurs ont étudié comment le système officiel de gestion des risques, le suivi scientifique et l’apport des connaissances des habitants ont pu cohabiter pendant une quinzaine d’années pour faire face à une activité volcanique qui s’est prolongée sur le long terme. L’étude montre que le « réseau fantôme » a contribué à améliorer le suivi, la prise de décisions, les systèmes de communication et les évacuations autour du Tungurahua.
L’équipe interdisciplinaire de chercheurs indique que la réussite de cette cohabitation constitue un modèle pour la participation de la population à des projets de réduction des risques ailleurs dans le monde où plus de 600 millions de personnes vivent à proximité de volcans actifs et environ deux millions ont été déplacées à la suite d’éruptions volcaniques au cours des 30 dernières années.
Plus particulièrement, le « réseau fantôme » qui opère autour du Tungurahua a joué un rôle clé dans l’amélioration des réactions de la population face au risque volcanique. Il a permis aux gens de continuer à cultiver leurs champs et de maintenir leurs moyens de subsistance en sécurité relative pendant une période d’activité volcanique accrue. Ce réseau a également permis de minimiser la nécessité d’évacuations forcées, toujours très traumatisantes pour les habitants.
Les auteurs de l’étude ont organisé 130 rencontres avec des représentants du gouvernement, des scientifiques, des responsables d’administrations locales et des personnes vivant près du Tungurahua. Des tensions existent souvent entre le public et les scientifiques quand il s’agit de l’évaluation des risques et de la communication. Dans le cas du Tungurahua, grâce aux « réseaux fantômes », les autorités et les scientifiques ont établi un climat de confiance qui a permis une meilleure communication entre les différents groupes, avec le soutien des autorités militaires et locales pour déplacer les personnes vivant dans les zones à haut risque pendant les périodes d’activité volcanique accrue.
Un autre élément clé de ce « réseau fantôme » a été son rôle dans la diffusion en temps quasi réel d’observations sur l’activité volcanique et leur communication aux scientifiques. Une confiance s’est développée et s’exprime aujourd’hui entre les bénévoles de ce réseau et les scientifiques. Elle est maintenue grâce à des communications radio quotidiennes et un travail en commun sur le terrain.
L’étude insiste sur les stratégies de communication et les réponses sociales pendant deux périodes de forte activité volcanique sur le Tungurahua en 2006 et 2014. En 2006, une éruption a tué six personnes et détruit plus de 50 maisons. Pendant les années qui ont précédé et suivi cette éruption, d’importantes retombées de cendre ont détruit les cultures, tué des animaux et endommagé des routes et autres infrastructures. Malgré cela, des centaines de familles continuent de vivre et de travailler sur les pentes du volcan pour maintenir leurs moyens de subsistance.
L’étude conclut en indiquant qu’il faut tirer des leçons de la situation en Équateur, en particulier sur la possibilité de réduction des risques pour les populations vivant dans d’autres contextes. À la suite des leçons apprises auprès du Tungurahua, l’Institut Geofisico Escuela Politecnica Nacional (IG-EPN) s’est déjà impliqué dans deux autres « réseaux fantômes « de bénévoles sur des volcans actifs : le Cotopaxi et le Cerro Negro-Chiles sur la frontière entre l’Équateur et la Colombie.
Source: Université d’East Anglia.
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New research by the University of East Anglia (UEA) shows that ‘shadow networks’ linking volunteers with authorities can contribute to the safety of some of the millions of people living near dangerous volcanoes. These informal networks include community members working in close collaboration with scientists and government officials on monitoring, communications, training and evacuation processes.
The study – published in the journal Global Environmental Change – focuses on Tungurahua volcano in Ecuador which is surrounded by several towns, with around 30,000 people living close by. The researchers examined how the official disaster risk management system, scientific monitoring and community knowledge have adapted and evolved over 15 years to be able to cope with long-term volcanic activity. The research shows that the network has helped make improvements in monitoring, decision-making, communication systems and evacuations in Tungurahua.
The team of interdisciplinary researchers suggest the success story there forms a blueprint for best practice community engagement in disaster risk reduction projects around the world where more than 600 million people live close to active volcanoes, and around two million have been displaced as a result of volcanic activity over the last 30 years.
More particularly, the shadow network around Tungurahua volcano has played a key role in improving collective responses to volcanic risk, allowing people to continue farming and maintain their livelihoods in relative safety during heightened volcanic activity, and minimising the need for forced evacuations, which are highly disruptive.
The authors of the study conducted 130 interviews with government officials, scientists, community leaders and people living close to the Tungurahua volcano. Tensions between public and experts are common in hazard assessment and communication. In this case, however, and as a result of the shadow networks, there has been increased trust in the authorities and scientists, enabling better communication between the different groups, with ad-hoc support from the military and local government to move people in and out of high-risk areas during periods of heightened volcanic activity.
Another key element of this shadow network has been its role in generating observations of the volcano in near real-time and communicating these with scientists. A trust has developed and is expressed between the volunteers and the monitoring scientists. This trust is maintained by having daily radio calls and also by working together in the field.
The study insists on communication strategies and social responses during two periods of escalating volcanic activity in Tungurahua in 2006 and 2014. In 2006, an eruption killed six people and destroyed more than 50 homes. In the years before and after this eruption, intense ashfall destroyed crops, killed animals, and damaged roads and other infrastructure. Despite this, hundreds of families continue to live and work on the slopes of the volcano to sustain their livelihoods.
The study concludes by saying that examining cases like Ecuador, one can learn lessons about the potential of community-based disaster risk reduction in other contexts. As a result of the lessons learned at Tungurahua, the Instituto Geofisico Escuela Politecnica Nacional (IG-EPN) is already involved in two other volunteer networks at active volcanoes, Cotopaxi and Cerro Negro-Chiles on the Ecuador-Colombia border.
Source: University of East Anglia.

Vue de l’activité strombolienne du Tungurahua en avril 2011 (Crédit photo : Wikipedia).