Pas aussi “incroyable” que cela ! // Not that « incredible » !

Le New Zealand Herald a publié ce qu’il appelle une « image incroyable d’un caméraman qui a été presque été soufflé par l’explosion d’un volcan ».
Dans la courte vidéo, on peut voir le cinéaste néo-zélandais Geoff Mackley en train d’installer une caméra sur le bord du cratère du volcan Yasur, au Vanuatu, au moment où le volcan entre soudain en éruption. La séquence a été filmée par l’ami de Mackley il y a trois jours.
J’aimerais faire plusieurs remarques sur la vidéo et la situation qu’elle montre.
Tout d’abord, je suis surpris par les vêtements que porte Geoff Mackley.  Avec son bob et son short, il ressemble à un touriste sur une plage! Personnellement, j’ai toujours porté des pantalons longs et un casque lorsque j’effectuais des observations depuis la lèvre des cratères de l’Etna ou du Stromboli. Cela me semble une précaution élémentaire.
Une autre remarque concerne la situation qui, si elle est spectaculaire, n’est pas vraiment dangereuse pour Geoff Mackley. Au cours de l’explosion strombolienne, tous les matériaux éjectés retombent dans le cratère et on ne voit aucune projection atterrir sur la lèvre. La vidéo donne une fausse impression en comprimant les distances.
Les explosions stromboliennes peuvent être beaucoup plus fortes. Je me souviens d’un jour où j’observais le cratère central de l’Etna en compagnie du regretté Jean-Pierre Kloster. Une explosion soudaine et violente a envoyé des matériaux incandescents jusqu’à l’endroit où nous nous trouvions. Dans un réflexe commun, nous nous sommes jetés sur le sol, comme le font les soldats pour éviter les éclats d’obus. Je sentais les lapilli chauds tomber sur mon dos et je les entendais crépiter sur mon casque. Quand tout s’est terminé, j’ai constaté que mon pull était plein de trous ! Je l’ai abandonné un peu plus tard dans une poubelle à la Casa Cantoniera! Cela s’appelle se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. J’ai décrit cet événement dans mon livre Volcanecdotes, aujourd’hui épuisé, dans un chapitre intitulé « Accoutumance au risque ».
Voici le lien vers la vidéo sur le Yasur:
http://www.nzherald.co.nz/volcanoes/news/article.cfm?c_id=357&objectid=11892521&ref=rss

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The New Zealand Herald has released what it calls an “incredible footage of a cameraman being nearly blown off the edge of an exploding volcano”.

In the short video, one can see New Zealand film maker Geoff Mackley setting up a camera on the crater rim of Yasur in Vanuatu when the volcano suddenly erupts. The moment was captured by Mackley’s friend, three days ago.

I would like to make several remarks about the video and the situation it shows.

First of all, I am surprised at the clothes Geoff Mackley is wearing; he looks like a tourist on a beach with his shorts and his sun hat! Personally, I was always wearing long trousers and a helmet while making observations on the crater rims of Mt Etna or Stromboli.

Another remark is about the situation which was dramatic but not really dangerous to Geoff Mackley. During the strombolian explosion, all the ejections fell within the crater and no material can be seen falling on the rim. The video gives compresses the distances and, as such,  gives a false impression.

Strombolian explosions can be much stronger. I can remember one day when I was observing Mt Etna’s central crater with the late Jean-Pierre Kloster. A sudden and violent explosion sent red-hot material as far as the place where we were standing. In a common reflex, we threw ourselves onto the ground, just like soldiers would do to avoid the shrapnel. Il could feel the hot lapilli falling on my back and hear them making noise on my helmet. When it was all over, I realised my pullover was full of holes and I later left if in a rubbish bin at the Casa Cantoniera!

Here is a link to the viedo on Yasur Volcano:

http://www.nzherald.co.nz/volcanoes/news/article.cfm?c_id=357&objectid=11892521&ref=rss

Cratère central de l’Etna (Photo: C. Grandpey)

 

Fonte de la glace de mer et pollution dans l’Arctique // Sea ice melting and pollution in the Arctic

Alors que l’Arctique se réchauffe plus vite que le reste de la planète, une nouvelle étude démontre comment la pollution, que se soient les nappes d’hydrocarbures ou les contaminants organiques, est susceptible de  passer d’une région de l’Arctique à une autre. Dans cette étude publiée dans la revue Earth’s Future, des scientifiques de l’Université de Columbia (État de New York) et de l’Université McGill (Montréal) ont étudié le mouvement de la glace de mer d’un pays à l’autre dans l’Océan Arctique. En comparant les données de 1988 à 2014, ils ont constaté que la glace de mer se déplaçait de plus en plus vite.
Les chercheurs ont analysé 239 023 formations de glace dans l’Arctique et sont arrivés à la conclusion que « le déplacement de la glace de mer s’est accéléré de 14% par décennie ». La glace en provenance des plateformes glaciaires russes – qui produisent plus de la moitié de la glace de mer de la région – « a mis 46% moins de temps pour atteindre les zones économiques d’autres pays où elle a finalement fondu ». La glace de mer nord-américaine s’est déplacée vers les eaux européennes et a fondu 37% plus vite au cours des années qui ont suivi l’an 2000, que pendant les années antérieures à cette date.
Alors que la plus grande partie de la glace de mer reste et fond là où elle se forme, une certaine partie se détache et se déplace essentiellement vers l’ouest. De cette façon, la glace en provenance de Russie dérive vers les eaux de Norvège et du Groenland; La glace en provenance de l’Alaska se dirige principalement vers les eaux russes; l’Alaska reçoit la majeure partie de sa glace du Canada.
L’étude a révélé que 24% de la glace de mer a fondu sans se déplacer et 52 % a fondu à moins de 100 kilomètres de son origine, c’est-à-dire dans les eaux territoriales d’un pays (celles-ci s’étendent jusqu’à à 320 km du littoral). Cependant, près du quart de la glace de mer – plus d’un million de kilomètres carrés – qui s’est formée dans des eaux territoriales s’est finalement déplacée.

 Les scientifiques attribuent l’accélération de déplacement de la glace de mer aux étés plus chauds dans l’Arctique. Comme les températures augmentent dans la région, la quantité de glace de mer qui s’est formée diminue et la glace qui se forme est plus mince. Cette glace plus mince peut être transportée plus loin par le vent et les courants océaniques que de la glace épaisse.
En même temps que la glace de mer se déplace plus vite, il en va de même pour les polluants qui peuvent voyager plus loin de leur source. L’étude montre que ce mouvement devient particulièrement inquiétant lorsqu’il s’agit des nappes d’hydrocarbures.
Avec la réduction de la surface de glace de mer, les scientifiques ont observé une «augmentation significative» de l’exploration pétrolière et gazière dans l’Océan Arctique qui, selon l’’USGS, recèle 13% des réserves pétrolières encore exploitables dans le monde. Un plus grand nombre de forages combiné à un déplacement plus rapide de la glace de mer pourrait entraîner des catastrophes si des marées noires se produisaient dans la région. Dans un modèle du «pire scénario», dans lequel un puits de pétrole explose à la fin de la saison de forage estivale, les chercheurs ont constaté qu’une marée noire dans la Mer de Beaufort pourrait dériver sur plus de 1 200 km avant le mois d’avril suivant. De plus, les opérations de nettoyage seraient bloquées par la glace et l’obscurité permanente des mois d’hiver.
Il convient de noter que des sources de pollution autres que le pétrole peuvent dériver elles aussi, comme les pesticides agricoles et les microplastiques. Comme les contaminants se décomposent plus lentement dans les eaux froides de l’Arctique, la pollution qui se dirige vers l’Arctique depuis les latitudes inférieures se prolonge plus longtemps. La recherche met également en évidence l’interconnexion des pays arctiques et comment une situation dans un pays peut avoir un impact sur toute la région.
Source: Alaska Dispatch News.

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As the Arctic warms faster than the rest of the planet, new research demonstrates how pollution, from oil spills to organic contaminants, could be passed from one Arctic neighbour to another. In the new study released in the journal Earth’s Future, scientists from Columbia University (New York State) and McGill University (Montreal) examined the movement of sea ice from country to country in the Arctic Ocean. Comparing data from 1988 to 2014, they found that sea ice is moving faster between destinations.

The study analyzed 239,023 ice formations in the Arctic and found that the movement of sea ice accelerated 14 percent each decade. Ice from Russian ice shelves, which produce more than half of the region’s sea ice, traveled to the exclusive economic zones of other countries 46 percent faster, where it eventually melted. North American sea ice traveled to European waters and melted 37 percent faster in the years after 2000 when compared to pre-2000 data.

While most sea ice stays and melts where it forms, some ice breaks off and travels in a mostly westerly direction. In this way, ice from Russia floats to Norway and Greenland waters; ice from Alaska waters primarily travels to Russian waters; Alaska receives most of its ice from Canada.

The study found that 24 percent of sea ice melted without straying and 52 percent melted within 100 kilometres of its origin, namely well within a nation’s exclusive economic zone, which extends 320 km off a country’s coastline. However, almost a quarter of the sea ice that formed inside an exclusive economic zone eventually strayed, totalling more than one million square kilometres of ice.

Scientists attribute this speedier sea ice to warmer Arctic summers. As temperatures increase in the region, the amount of sea ice formed decreases, and the ice that does form is thinner. Thin ice can be carried farther by wind and ocean currents than thick ice.

As Arctic ice is travelling faster, the potential increases for pollutants to travel farther from where they are dumped. The study shows that this movement becomes especially important when it comes to oil spills.

With less ice in Arctic regions, scientists have observed a « significant increase » in oil and gas exploration in the Arctic Ocean, where the USGS estimates that 13 percent of the world’s remaining oil is located. More drilling combined with faster sea ice movement can lead to disaster if an oil spill occurs in the region. In a model of the « worst-case scenario, » in which an oil well blows out at the end of the summer drilling season, the researchers found that a Beaufort Sea spill could be carried by sea ice over 1,200 km by the next April. Cleanup efforts would be stymied by heavy ice and 24-hour darkness in winter months.

It should be noted that sources of pollution besides oil can be dragged along with the ice, including agricultural pesticides and microplastics. Because contaminants break down more slowly in Arctic waters compared to warmer climates, pollution that makes its way to the Arctic from lower latitudes sticks around longer. The research highlights how interconnected Arctic countries are, and how an action by one country could impact the whole region.

Source : Alaska Dispatch News.

Photos: C. Grandpey