Champs Phlégréens (Italie)

Le Journal Télévisé de France 2 a consacré ce midi une rubrique aux Champs Phlégréens, site volcanique actif près de Naples. La séquence commençait mal car la présentatrice a indiqué qu’il s’agissait d’un super volcan, ce qui est inexact. Un super volcan a un VEI – Indice d’Explosivité Volcanique – de 8 (sur une échelle de 8 niveaux). Seuls des volcans comme le Yellowstone et le Toba ont accompli cet exploit. On estime – sans en être sûr – qu’une éruption des Campi Flegrei atteindrait au mieux le niveau 7 de l’Indice.

Cela dit, il est vrai, comme l’a fait remarquer Lucia Palppalardo, que certains indices tendent à montrer une certaine élévation de l’activité de la Solfatara au cours des derniers mois. Rien de très alarmant cependant. Il est dit dans le reportage que la température du sol a été mesurée à 40°C, ce qui n’est pas excessif et ne veut pas dire grand-chose. Cela dépend de l’endroit où la mesure a été effectuée et une seule mesure en un seul lieu n’est pas significative. En 1992, je l’avais mesurée à 120°C au niveau de la Bocca Grande.

Le sol de la région a tendance à se soulever, mais ce n’est pas un scoop. La région de Pouzzoles (Pozzuoli) connaît des épisodes récurrents de bradyséisme, avec le sol qui se soulève et s’abaisse en fonction des humeurs de la chambre magmatique sous le volcan. Il suffit de regarder les incrustations de coquillages sur les colonnes du temple de Serapis pour s’en rendre compte.

Le reportage attire l’attention sur le manque d’information dont est victime la population. Ce n’est pas nouveau et c’est la même chose à propos du Vésuve. Des plans d’évacuation existent mais leur mise en place dans l’Italie du Sud n’est pas chose facile. Nous ne sommes pas au Japon et le mot « discipline » ne revêt pas la même valeur !

En conclusion, il ne faut pas nier le risque éruptif des Champs Phlégréens mais la situation actuelle ne justifie pas un mouvement de panique. En cliquant sur ce lien, vous trouverez les dernières informations techniques sur l’activité de ce site dont la visite ne manque pas d’intérêt.

http://www.ov.ingv.it/ov/bollettini-campi-flegrei/Bollettino_Flegrei_2017_02_28.pdf

Source: NASA

 

Nouvelles coulées de lave sur le Kilauea (Hawaii) // New lava flows on Kilauea Volcano (Hawaii)

Une nouvelle vidéo réalisée par la compagnie Paradise Helicopters montre une très importante sortie de lave juste au-dessus du pali, avec de nombreuses coulées en aval. La vidéo a été tournée le 2 mars, donc bien avant l’essaim sismique enregistré le 5 mars sur la partie supérieure de l’East Rift Zone.
La lave continue d’entrer dans l’océan par le fameux « firehose » à Kamokuna. Les nouvelles coulées de lave sur et au-dessus du Pali, ainsi que quelques autres plus modestes sur la plaine côtière, ont absorbé une bonne partie de la lave qui entrait dans l’océan, mais la coulée principale reste bien alimentée et continue de déverser des tonnes de lave dans le Pacifique. Les explosions continuent de secouer la falaise littorale qui reste fracturée et dangereusement instable.
En raison des nuages de gaz qui entravaient la visibilité pendant le vol, le lac de lave dans le Pu’O’o était à peine visible mais il est toujours bien présent et continue d’alimenter la coulée 61g.

La vidéo est accessible à cette adresse :

https://youtu.be/eHcyEeU1ZtM

Source : Big Island Now.

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A new Paradise Helicopters video shows that a huge new outbreak just above the Pali is sending many lava streams downslope. The video was shot on March 2nd, well before the seismic swarm that was recorded on Kilauea’s Upper Rift Zone on March 5th .

Lava is still entering the ocean in a single firehose lava stream at Kamokuna. The numerous new surface flows both on and above the Pali and a few on the coastal flats have taken a good deal of the lava from the ocean entry, but the main flow continues dumping tons of lava into the Pacific Ocean. Explosions continue to rock the coastline, which remains cracked and dangerously unstable.

Because of the large amount of gas clouds, the lava lake within Pu’O’o was hardly visible but it is still there and keeps feeding the 61g flow.

The video can be seen at this address:

https://youtu.be/eHcyEeU1ZtM

Source : Big Island Now.

 

Les lacunes de la surveillance volcanique aux Etats-Unis // The gaps in volcano monitoring in the U.S.

drapeau-francaisLa dernière éruption du Bogoslof en Alaska a montré les difficultés rencontrées par les volcanologues américains pour surveiller les volcans éloignés et mal équipés. Malheureusement, le Bogoslof n’est pas une exception aux États-Unis. Selon l’USGS, il existe au moins 169 volcans actifs dans le pays et 55 sont censés constituer une menace élevée ou très élevée pour les populations. Environ un tiers de ces volcans potentiellement actifs sont entrés en éruption, certains d’entre eux à plusieurs reprises, au cours des deux derniers siècles Le Kilauea, le Mont St. Helens, et Yellowstone sont tous les trois parfaitement équipés. Mais beaucoup de volcans de la Chaîne des Cascades n’ont qu’un ou deux instruments pour les surveiller. La situation du Pacifique Nord-Ouest, qui couvre des zones à forte population à proximité de volcans actifs, est préoccupante en matière de sécurité publique.
Globalement, près de la moitié des volcans actifs des États-Unis ne disposent pas de sismomètres dignes de ce nom. Certains sites sont équipés de sismomètres, mais les appareils ont été choisis parce qu’ils coûtent moins cher et consomment moins d’énergie ; ils sont donc inaptes à enregistrer de manière fiable la sismicité au moment d’une éruption.
L’arrivée du GPS a certes permis de combler certaines lacunes. Quand le magma s’accumule à la surface de la Terre, les déformations du sol peuvent être mesurées depuis l’espace. Cependant, selon un professeur de géophysique à l’Université de Stanford, le problème est que «il n’y a rien là-haut qui soit conçu pour effectuer cette tâche, et les passages du satellite ne sont pas assez fréquents pour effectuer un très bon travail.»
Ce manque d’instruments pour surveiller efficacement les volcans américains est la raison pour laquelle trois sénateurs ont présenté un projet de loi visant à améliorer la situation. Selon le sénateur d’Hawaï: «Depuis 34 ans, nous vivons directement sous la menace de l’activité volcanique dans notre vie quotidienne avec l’éruption du Kilauea. En 2014, nous avons eu des évacuations et des dégâts aux infrastructures et aux habitations. »
Le HVO, sur la Grande Ile d’Hawaï, surveille les volcans depuis 1912, soit près de quatre décennies avant que Hawaii soit devenu un Etat. Aujourd’hui, il est considéré comme l’un des meilleurs observatoires au monde. Pourtant, il y a peu de coordination entre les meilleurs observatoires aux États-Unis. Comme je l’ai écrit précédemment, le projet de loi prévoit la création d’un bureau de surveillance des volcans qui offrira une «connaissance de la situation de tous les volcans actifs des États-Unis et de leurs territoires».
Avec davantage de données, il y aura une meilleure possibilité d’identifier les signes avant-coureurs d’une éruption. Les volcanologues pourront analyser ces paramètres et peut-être prévoir l’activité volcanique de la même façon que l’on prévoit des phénomènes météorologiques extrêmes comme les ouragans.
Source: The Atlantic.com.

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drapeau-anglaisThe recent eruption of Bogoslof Volcano in Alaska showed how difficult it can be for USGS experts to monitor distant and poorly equipped volcanoes. Unfortunately, Bogoslof is not an exception in the U.S. According to USGS, there are at least 169 active volcanoes in the United States, 55 of which are believed to pose a high or very high threat to people. About one-third of these potentially active volcanoes have erupted, some of them repeatedly, within the past two centuries  Kilauea, Mt. St. Helens, and Yellowstone all have extensive monitoring. But many volcanoes in the Cascades have only a couple of sensors. The Pacific Northwest, which includes high-population areas in close proximity to active volcanoes, is of particular concern for public safety.

Globally speaking, almost half of the active volcanoes in the U.S. don’t have adequate seismometers. And even at the sites that do have seismometers, many instruments – selected because they are cheaper and consume less power – are unable to take a complete record of seismicity around an eruption.

GPS helps fill in some of the gaps. As magma accumulates at the Earth’s surface, ground deformation can be measured from space. However, according to a professor of geophysics at Stanford University, the trouble is that “there is nothing up there that is designed to do that, and the orbital repeat times aren’t frequent enough to do a really good job.”

The lack of instruments to monitor efficiently US volcanoes is the reason why three U.S. senators have reintroducing legislation aimed at improving the country’s volcano monitoring efforts. Said the Hawaii senator: “For the past 34 years, we have experienced first-hand the threat of volcanic activity to our daily lives with the ongoing eruption at Kilauea. As recently as 2014, we had evacuations and damage to critical infrastructure and residences.”

The Hawaiian Volcano Observatory, on Hawaii’s Big Island, has been monitoring volcanoes since 1912, nearly four decades before Hawaii became a state. Today it’s considered one of the world’s leading observatories. Yet there’s little coordination between even the best observatories in the United States. The Senate bill calls for the creation of a Volcano Watch Office that will provide continuous “situational awareness of all active volcanoes in the U.S. and its territories.”

More data would mean a better opportunity to identify eruption warning signs. It might eventually be possible to analyse and forecast volcanic activity the way we can predict severe weather like hurricanes.

Source: The Atlantic.com.

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Le St Helens, Yellowstone et le Kilauea sont parmi les volcans les mieux surveillés aux Etats Unis. (Photos: C. Grandpey)