Comme je l’ai écrit à plusieurs reprises, la pêche au saumon joue un rôle non négligeable dans l’économie de l’Alaska et elle est sévèrement contrôlée par les autorités de l’Etat. Alors que je m’adonnais moi-même aux joies de la pêche au saumon en septembre, j’ai rencontré un autre pêcheur qui m’a raconté une histoire assez surprenante, sur un ton qui montrait que, s’agissant de la pêche, il n’y a pas vraiment d’histoire d’amour entre l’Alaska et la Colombie-Britannique. A mon retour, je me suis plongé dans la presse alaskienne et canadienne et j’ai eu confirmation de ses propos.
Le 7 Août 2008, le volcan Kasatochi, à l’extrémité ouest des îles Aléoutiennes, vomissait des millions de tonnes de cendre volcanique riche en fer dans le Golfe d’Alaska et déclenchait une apparition massive d’algues. Deux ans plus tard, en Colombie Britannique, la rivière Fraser connaissait une arrivée incroyable de 34 millions de saumons rouges (les sockeye), la plus grande remontée jamais observée depuis 1913. Plus étonnant encore, l’année précédente, on n’avait recensé que 1,7 millions de poissons, l’une des remontées les plus faibles jamais enregistrées.
Selon les scientifiques, les deux événements étaient probablement liés, mais les saumons sont des créatures extrêmement complexes et il existe un trop grand nombre d’autres facteurs pour pouvoir établir un lien direct entre l’arrivée massive de saumons rouges et le fer apporté par la cendre volcanique.
Quoi qu’il en soit, en espérant imiter le volcan, une société de Colombie-Britannique – Haida Salmon Restoration Corporation (HSRC) – a piloté l’une des initiatives les moins orthodoxes de l’histoire canadienne de la pêche : déverser des tonnes de poudre de fer dans l’océan, déclencher une prolifération de plancton et attendre une arrivée record de poissons, avec à la clé une pêche et des profits exceptionnels !
Pendant que la compagnie HSRC s’efforce de convaincre la population de Colombie-Britannique, très friande de saumons, de la légitimité de cette initiative, un très impressionnant groupe d’opposants l’accuse de vouloir jouer aux apprentis sorciers. Comme l’a déclaré un analyste : «Nous aimerions tous croire qu’en jetant un tas de fer dans la mer on peut synthétise la chair de saumon, mais ce n’est pas aussi simple que ça ».
Comme me disait mon compagnon de pêche, nous avons déjà assez de problèmes environnementaux à résoudre – en particulier le réchauffement climatique qui affecte la migration des saumons – sans toucher à la Nature juste pour un profit commercial !
As I put it before, salmon fishing plays a non-negligible part in Alaska’s economy and is severely controlled by the state’s authorities. While I was myself fishing in September, another fisherman told me a story with a tone that led me to think that there is not really a love affair about fishing between Alaska and neighbouring British Columbia in Canada!
On August 7th, 2008, Kasatochi volcano, on the western edge of the Aleutian Islands, spewed millions of tonnes of iron-rich volcanic ash into the Gulf of Alaska and kicked off a massive algae bloom. Two years later, the Fraser River surged with an unbelievable 34 million sockeye salmon, the largest run of the fish since 1913. More amazing still, the year before, the run had yielded only 1.7 million fish, one of the weakest on record.
According to scientists, the two events were probably related but salmon are extremely complex creatures and there are too many other factors to responsibly make any link between sockeye returns and the iron-dumping.
Anyway, copying the natural event, a British Columbia company – Haida Salmon Restoration Corporation (HSRC) – has been leading one of the most unorthodox schemes in Canadian fisheries history: Dump tonnes of powdered iron in the ocean, spark a plankton bloom and then expect a record run (and catch!) of fish!
But as the company is making efforts to convince the salmon-hungry population of British Columbia of the legitimacy of this initiative, a solid chorus of opponents is warning that HSRC may be recklessly playing God. Said a fisheries analyst: “We’d all like to believe that you can throw a bunch of iron in the sea and it synthesizes salmon flesh, but it is not that easy.”
As the other fisherman told me, we already have enough environmental problems to solve – especially global warming which affects salmon migration – without tampering with Nature just for the money!

Belle prise dans la rivière Kenai! Le saumon « sockeye » est facilement reconnaissable à sa couleur.
(Photo: C. Grandpey)