Le pouvoir destructeur des coulées de lave // The destructive power of lava flows

Un récent article « Volcano Watch » diffusé par l’Observatoire des Volcans d’Hawaii (le HVO) explique que la dernière éruption en Islande, en janvier 2024, est un rappel des dangers liés aux coulées de lave. Les scènes de destruction observées en Islande ressemblent à celles subies par les habitants d’Hawaii, à plus grande échelle, lorsque leur vie a été bouleversée par l’éruption dévastatrice du Kilauea en 2018, avec la destruction de quelque 700 structures.

 

Crédit photo: HVO

Un scénario identique s’est déroulé en janvier 2024 en Islande. Une éruption a débuté le 14 janvier sur la péninsule de Reykjanes, avec une menace pour le port de pêche de Grindavik. Des fissures se sont ouvertes à quelques centaines de mètres en amont de la ville. Elles ont émis une coulée de lave qui est entrée dans une zone habitée et a détruit plusieurs maisons.

 

Image webcam

Le lendemain, le front de coulée s’est arrêté et l’éruption a pris fin. Le système magmatique a immédiatement provoqué un nouveau soulèvement du sol, signe qu’une nouvelle éruption pourrait se produire dans un avenir proche.
Ce n’est pas la première fois que l’Islande est confrontée à des coulées de lave destructrices. En 1973, une éruption a envoyé de la lave à travers Heimaey, dans les îles Vestmann, et la coulée a atteint le rivage. Cette éruption a été particulièrement remarquable par l’utilisation de canons à eau pour tenter de refroidir la lave et d’arrêter sa progression avant qu’elle ne bloque l’entrée du port de pêche. Près de la moitié de la ville a été détruite et aujourd’hui, il existe un « cimetière » de maisons à la surface de la coulée de lave de 1973, avec des bornes en pierre, illustrées d’un petit croquis, pour indiquer l’emplacement de chacune des habitations.

 

Crédit photo : HVO

L’éruption de janvier 2024 en Islande n’est pas la seule activité éruptive récente dans ce pays. Au cours des trois dernières années, cinq éruptions se sont produites sur la péninsule de Reykjanes. La plupart d’entre elles ont eu lieu loin des zones habitées. Des milliers de touristes ont pu admirer de très près les fontaines de lave.

 

Image webcam

Malheureusement, les données géologiques montrent que d’autres éruptions sont susceptibles de se produire dans un avenir proche sur la péninsule. La dernière phase éruptive dans cette partie de l’Islande s’est produite il y a 800 ans, avec des phases éruptives qui ont duré des décennies ou plus. Les éruptions des cinq dernières années pourraient n’être que le début d’une activité qui pourrait persister pendant plusieurs années. Cette perspective ne peut qu’angoisser encore davantage les habitants de Grindavik.

 

Crédit photo: Iceland Review

D’une certaine manière, la dernière activité éruptive sur la péninsule de Reykjanes n’est pas sans rappeler celle observée sur le Kilauea. La caldeira sommitale de ce volcan est dans une phase de remplissage qui fait suite à l’effondrement et à l’affaissement du plancher de la caldeira lors de l’éruption de 2018. Cinq éruptions ont eu lieu depuis 2020. La différence avec l’Islande, c’est que sur le Kilauea, cette phase éruptive est restée confinée à la caldeira sommitale, sans menace pour les zones habitées.
L’éruption de 2024 en Islande et celle du Kilauea en 2018 sont deux exemples récents qui mettent en évidence la nature destructrice des coulées de lave. En 2021, l’éruption du Cumbre Vieja à La Palma, dans les îles Canaries, a , elle aussi, produit des fontaines et des coulées de lave qui ont atteint l’océan, en traversant des zones habitées et en détruisant plus d’un millier de bâtiments.

 

Eruption de la Cumbre Vieja (image webcam)

Plus tôt la même année, une éruption latérale du Nyiragongo, en République Démocratique du Congo, a envoyé des coulées de lave dans plusieurs villages, détruisant environ un millier de maisons et tuant 32 personnes. Des milliers d’habitants ont été déplacés.
Que ce soit en Islande, à Hawaï, aux îles Canaries ou au Congo, l’impact des éruptions s’étend bien au-delà des seules coulées de lave. De nombreux habitants ont été déplacés et leur vie a été gravement perturbée, même si la lave a épargné leurs biens. Il faut du temps pour s’adapter à un paysage modifié. Les effets des coulées de lave peuvent persister des années après la fin de l’éruption.

Photo: C. Grandpey

Les progrès en matière de surveillance et de prévision de l’activité éruptive ont, certes, amélioré notre capacité à avertir les populations, mais les zones habitées restent vulnérables. Que la dernière éruption ait eu lieu il y a 800 ans ou 5 ans, il est important de connaître les aléas volcaniques susceptibles d’impacter les habitants qui doivent prendre les mesures nécessaires pour se protéger eux-mêmes, mais aussi leur famille et de leurs biens.
Source : USGS/HVO.

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A recent ‘Volcano Watch‘ article by the Hawaiian Volcano Observatory explains that Iceland’s recent eruption is a reminder of lava flow hazards. The scenes of destruction observed in Iceland are similar to those suffered by Hawaii residents, at a larger scale, when their lives were affected by the destructive 2018 eruption of Kilauea, with the destruction of 700 structures or so.

A similar scenario occurred in January 2024 in Iceland. A new eruption on the Reykjanes Peninsula began on January 14th, threatening the small fishing village of Grindavik. Fissures opened just a few hundred meters upslope of the town, sending a lava flow into residential areas. The flow inched into the edge of town and destroyed several houses.

By the next day, the flow front had stalled, and the eruption was ending. But the magmatic system has been reinflating beneath the surface, indicating another eruption could happen in the near future.

This is not the first time that Iceland has dealt with destructive lava flows. In 1973, an eruption sent lava right through Heimaey in the Vestmann Islands, with the flow creeping into the nearby bay. That eruption was most notable for the use of water cannons to try to cool the flow and arrest its advance before it blocked the entrance to the fishing harbor. Nearly half of the town was destroyed and today, a house “graveyard” is present on the surface of the 1973 lava flow that covered the town, with stone markers showing the location of each owner’s house accompanied by a small sketch of the residence.

The eruption of January 2024 in Iceland has not been the only recent eruptive activity there. Over the last three years, five different eruptions have occurred on the Reykjanes Peninsula. Most of these have been a safe distance from residential areas. Thousands of tourists were drawn to the up-close views of spectacular lava fountaining.

Unfortunately, the geologic record suggests that more eruptions could occur in the near future on the peninsula. The last eruptive phase in this part of Iceland occurred 800 years ago, but eruptive phases have lasted decades or longer. This suggests that the past five eruptions may be just the start of activity that could persist for years. This adds to the anxiety of Grindavik residents.

In a way, this recurrent eruptive phase in the Reykjanes Peninsula is reminiscent of the current era that is observed at Kilauea. The summit caldera of the volcano has been in a multi-year phase of crater refilling, following the collapse and subsidence of the caldera floor during the 2018 eruption. Five eruptions have occurred since 2020. However, at Kilauea, this multi-year eruptive phase has been safely contained within the summit caldera, with no threat to residential areas.

The 2024 eruption in Iceland and the 2018 Kilauea eruption are just two of several recent examples that highlight the destructive nature of lava flows. In 2021, the eruption of Cumbre Vieja at La Palma, in the Canary Islands, produced lava fountains and flows that reached the ocean, cutting through residential areas and destroying over a thousand buildings.

Earlier that same year, a flank eruption of Nyiragongo volcano, in the Democratic Republic of the Congo, sent lava flows through several villages, destroying about a thousand homes and killing 32 people. Thousands of residents were displaced.

In each of these places, whethze in Iceland, in Hawaii, in the Canary Islands, or in Congo, the impact of the eruption extends far beyond the margins of the lava flow. Large numbers of nearby residents have been displaced, and their lives severely disrupted, even if the flow spared their property. Residents and communities take time to adjust to a changed landscape. The effects of the lava flows can linger for years after the eruption ends.

While advances in monitoring and forecasting of eruptive activity have improved our ability to provide warning to stakeholders before an eruption; residential areas around the world are still vulnerable. Whether it’s been 800 years or 5 years since the last eruption where you live, it is important to know the volcanic hazards that could impact you and make a plan for taking care of yourself, your family, and your property.

Source : USGS / HVO.

Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques informations sur l’activité volcanique dans le monde.

En Colombie, le Cerro Machín est un petit stratovolcan qui se trouve à l’extrémité sud du massif Ruiz-Tolima à environ 20 km à l’ONO de la ville d’Ibagué. Sa caldeira de 3 km de large contient trois dômes de lave dacitique recouverts de végétation. La dernière éruption connue a eu lieu il y a environ 800 ans. Depuis lors, le volcan a traversé plusieurs épisodes d’augmentation de l’activité sismique, notamment en novembre 2008, lorsque 400 à 450 personnes ont été évacuées.
Le Service Géologique Colombien (SGC) a observé des changements dans la végétation et une augmentation de la température du sol lors de sa dernière inspection du Cerro Machín le 18 février 2023, en raison de changements signalés dans la végétation et d’une possible hausse de la température du sol. Pour surveiller ces changements et déterminer leur origine potentielle, le SGC procédera à un échantillonnage plus détaillé dans la zone.
La sismicité sous le Cerro Machín a commencé à augmenter le 2 décembre 2022, avec des signaux indiquant une fracturation de roches.
Source : Institution Smithsonian, SGC.

Dôme de lave dans la caldeira du Cerro Machint (Crédit photo : SGC)

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Dans un bulletin émis le 27 février 2023, l’INGV indiquait qu’on observait un nouveau débordement de lave au niveau de la zone cratèrique nord du Stromboli (Sicile). Dans le même temps, le tremor volcanique ne montrait aucune variation significative et se maintenait dans des valeurs moyennes-basses. L’émission de lave a cessé au cours des heures suivantes.

Image thermique du Stromboli le 28 février 2023 (Source : INGV)

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Ce n’est pas une très bonne nouvelle pour ceux qui ont l’intention de se rendre à Hawaii. L’éruption sommitale du Kilauea, dans le cratère de l’Halema’uma’u, reste à un niveau très faible
Le HVO indique que les bouches Est et Centre dans le cratère ont cessé de fonctionner. Le lac dans la partie Ouest est très peu actif et la majeure partie de sa surface est recouverte d’une croûte. La réduction de l’activité va de pair avec une phase de déflation du sommet du Kilauea qui a commencé le matin du 17 février 2023. Aucun changement significatif n’a été observé le long de la zone de rift est ou de la zone de rift sud-ouest.
Source : HVO.

Vue nocturne du lac de lave du Kilauea le 28 février 2023 (Image webcam)

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L’activité du Sabancaya (Pérou) reste stable et modérée, avec une cinquantaine d’éruptions quotidiennes. Elles génèrent des panaches de cendre qui montent à 2,5 – 3 km au-dessus du sommet.

Source : IGP.

Source: IGP

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Le 22 février 2023, l’AVO a fait passer au Jaune la couleur de l’alerte aérienne de l’Aniakchak (Péninsule de l’Alaska) et le niveau d’alerte volcanique à Advisory (surveillance conseillée) en raison d’une hausse de la sismicité et d’un rapprochement de la surface de ces événements. La sismicité était généralement profonde sur le volcan (plus de 15 km sous le niveau de la mer) avec des événements longue période à raison d’environ quatre événements par mois. À partir d’octobre 2022, leur nombre a augmenté et les séismes ont été localisés à des profondeurs inférieures à 9 km sous le niveau de la mer. La sismicité a encore augmenté le 31 janvier 2023, avec des dizaines de secousses par jour, dont un événement de M 3,7 le 17 février. La situation se poursuivait à la fin du mois de février, mais l’AVO précise qu’une éruption ne semble pas imminente.

Crédit photo: HVO

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L’éruption se poursuit au niveau du cratère principal (cratère S) du Karangetang (Indonésie). Les images de la webcam ont récemment montré une incandescence la nuit et des coulées de lave qui descendaient les flancs du volcan, mais l’activité effusive semble avoir diminué. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 1 à 4) et le public est invité à rester à 2,5 km du cratère principal avec une extension à 3,5 km sur les flancs S et SE.
Source : PVMBG.

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Au Japon, l’activité éruptive se poursuit dans les cratères Minamidake et Showa du Sakurajima. L’incandescence est visible dans les deux cratères la nuit. Des explosions sont enregistrées avec des panaches de cendres qui s’élèvent jusqu’à 1,5 km au-dessus du sommet. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 5 niveaux), et il est demandé à la population de rester à au moins 2 km des deux cratères
Source : JMA.

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L’éruption du Cotopaxi (Equateur) se poursuit, avec des émissions quasi quotidiennes de gaz, de vapeur et de cendres. Des retombées de cendres mineures sont observées dans les zones sous le vent. Le niveau d’alerte est maintenu au Jaune (le deuxième niveau sur une échelle de quatre couleurs).
Source : Instituto Geofisico.

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L’éruption du Fuego (Guatemala) se poursuit avec 4 à 10 explosions par heure. Elles génèrent des panaches de cendres qui s’élèvent jusqu’à 1,1 km au-dessus du cratère. Des explosions éjectent chaque jour des matériaux incandescents à 100-400 m au-dessus du sommet, et des ondes de choc font vibrer les structures dans les localités autour du volcan. Des avalanches de blocs descendent plusieurs ravines et atteignent souvent des zones de végétation. Des retombées de cendres sont enregistrées presque quotidiennement dans les zones sous le vent.
Source : INSIVUMEH.

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L’éruption du Merapi (Java / Indonésie) se poursuit et la sismicité reste à des niveaux élevés. Les effondrements du dôme de lave SO produisent des coulées pyroclastiques qui parcourent jusqu’à 1,7 km sur le flanc SO. Aucun changement significatif de morphologie des dômes de lave central et SO n’a été observé sur les images de la webcam. Le niveau d’alerte reste à 3 (sur une échelle de 1 à 4) et le public est invité à rester à 3 ou 7 km du sommet en fonction des endroits.
Source : CVGHM.

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Le lac de lave est toujours actif au fond du cratère du Nyamulagira (République Démocratique du Congo). La sismicité est généralement faible, avec quelques événements longue période jusqu’à 15 km de profondeur le long de la grande fracture qui relie le Nyamuragira et le Nyiragongo. De fortes concentrations de dioxyde de carbone ont été mesurées dans la zone de Mazuku, et à l’ouest d’un camp dans le district du Lac Vert à Bulengo ; Les habitants sont priés de rester à l’écart de ces zones.

Le lac de lave au fond du cratère du Nyiragongo (RDC) continue d’être actif. Une faible lueur émanant du cratère était visible le 15 février 2023. La sismicité est généralement faible, avec quelques séismes longue période à une quinzaine de km de profondeur le long de la grande fracture qui relie le Nyamuragira et le Nyiragongo. Une station près du volcan a enregistré une légère augmentation de la sismicité le 17 février. Le niveau d’alerte reste au Jaune.
Source : Observatoire Volcanologique de Goma (OVG)

La région reste dangereuse et la visite des volcans n’est pas conseillée. De violents affrontements ont récemment opposé l’armée congolaise et les rebelles du M23 qui ont commis des exactions dans la région.

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans.

J’ai dressé un bilan de l’année volcanique 2022. Vous le trouverez en cliquant sur ce lien :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/01/02/bilan-dactivite-volcanique-2022/

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Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous en trouverez d’autres (en anglais) en lisant le bulletin hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is some news about volcanic activity around the world.

In Colombia, Cerro Machín is a small stratovolcano that lies at the southern end of the Ruiz-Tolima massif about 20 km WNW of the city of Ibagué. Its 3-km-wide caldera contains three forested dacitic lava domes. The latest known eruption took place about 800 years ago. Since then, the volcano has experienced several instances of increased seismic activity, most notably in November 2008, when 400 – 450 people were evacuated.

The Colombian Geological Service (SGC) found changes in vegetation and increased soil temperature during their last inspection of Cerro Machín on February 18th, 2023 due to reported changes in vegetation and a possible increase in soil temperature. To monitor these changes and determine their potential origin, the SGC will conduct more detailed sampling in the area.

Seismicity under Cerro Machín began increasing on December 2nd, 2022, with signals indicating rock fracturing.

Source : Smithsonian Institution, SGC.

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In a bulletin released on February 27th, 2023, INGV indicated that a new lava overflow was observed in the northern crater area of Stromboli (Sicily). At the same time, the volcanic tremor showed no significant variation and remained in medium-low values. The lava emission stopped during the following hours.

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This is not good news for those who intend to go to Hawaii. The summit eruption of Kilauea Volcano, within Halemaʻumaʻu crater, is still at a low level.

HVO indicates that the vents in the East and Central lakes have stopped erupting. Activity in the western lake is reduced. The lake remains active but with weak lava flows. Most of the surface is crusted over. The reduction in activity is related to a deflationary tilt drop that began in the early morning of February 17th, 2023. No significant changes have been observed along the East Rift Zone or Southwest Rift Zone.

Source : HVO.

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Activity at Sabancaya (Peru) remains stable and moderate, with about fifty eruptions daily. They generate ash plumes that rise 2.5 – 3 km above the summit.
Source: IGP.

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On February 22nd , 2023, AVO raised the Aviation Color Code for Aniakchak (Alaska Peninsula) to Yellow and the Volcano Alert Level to Advisory due to an increase in the number of earthquakes and a shallowing of those events. Background seismicity was generally deep (more than 15 km below sea level) with long-period events occurring at a rate of about four events per month. Beginning in October 2022 the rate increased, and the earthquakes were located at depths less than 9 km below sea level. The earthquake rate further increased on January 31st, 2023, with dozens of earthquakes per day, including a M 3.7 event on February 17th. The situation was going on at the end of February, but AVO indicates that no eruption seems to be imminent.

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The eruption continues at the Main Crater (S crater) of Karangetang (Indonesia). The webcam images recently showed incandescence at night and lava flows descending the flanks of the volcano, but effusive activity seems to have decreased. The Alert Level remains at 3 (on a scale of 1-4) and the public is asked to stay 2.5 km away from Main Crater with an extension to 3.5 km on the S and SE flanks.

Source : PVMBG.

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In Japan, eruptive activity continues at Sakurajima‘s Minamidake Crater and Showa Crater. Incandescence is visible at both craters at night. Explosions are recorded with ash plumesthat rise as high as 1.5 km above the summit. The Alert Level remains at 3 (on a 5-level scale), and residents are asked to stay 2 km away from both craters

Source : JMA.

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The eruption at Cotopaxi (Ecuador) continues, characterized by almost daily emissions of gas, steam, and ash. Minor ashfall is observed in downwind areas. The Alertt Level is kept at Yellow (the second lowest level on a four-color scale).

Source : Instituto Geofisico.

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The eruption at Fuego (Guatemala) continues with 4-10 explosions per hour. They generate ash plumes that rise up to 1.1 km above the crater. Explosions eject incandescent material 100-400 m above the summit each day, and daily shock waves rattle structures in communities around the volcano. Block avalanches descend various drainages and often reach vegetated areas. Ashfall is recorded almost daily in downwind areas.

Source : INSIVUMEH.

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The eruption at Merapi (Java / Indonesia) continues and seismicity remains at high levels. The SW lava dome produces hot avalanches that travel as far as 1.7 km down the SW flank. No significant morphological changes to the central and SW lava domes have been observed in webcam images. The Alert Level remains at 3 (on a scale of 1-4), and the public is asked to stay 3-7 km away from the summit based on location.

Source : CVGHM.

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The lava lake is still active on Nyamulagira’s crater floor (Democratic Republic of Congo). Seismicity is generally low, characterized by a few long-period earthquakes located up to 15 km deep along the large fracture connecting the Nyamuragira and Nyiragongo. High concentrations of carbon dioxide were measured in the Mazuku areas, and in an area to the W of a camp in the Lac Vert district in Bulengo; Residents are asked to stay away from those areas.

The lava lake on Nyiragongo’s crater floor (DRC) continues to be active. A faint glow emanated from the crater could be seen on February 15th, 2023. Seismicity is generally low, characterized by a few long-period earthquakes located up to 15 km deep along the large fracture connecting the Nyamuragira and Nyiragongo. A seismic station near the volcano registered a minor increase on February 17th. The Alert Level remains at Yellow.

Source : Observatoire Volcanologique de Goma (OVG)

The area is still dangerous and visiting the volcanoes is not advised. Violent confrontations have recently opposed the Congolese armya and M23 rebels who have committed exactions in the region.

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Activity remains globally stable on other volcanoes.

You will find a report of volcanic activity in 2022 by clicking on this link :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/01/02/volcanic-activity-report-2022/

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This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

La double éruption du Mauna Loa et du Kilauea (Hawaii) // The dual eruption of Mauna Loa and Kilauea (Hawaii)

Fin novembre et début décembre 2022, les visiteurs du Parc national des volcans d’Hawaii sur la Grande Ile ont eu la chance de pouvoir assister à deux éruptions simultanées. D’un côté, ils ont pu apercevoir un lac de lave dans le cratère de l’Halema’uma’u sur le Kilauea et, et à environ 29 kilomètres de distance, ils ont pu admirer la forte lueur émise par la lueur de la lave qui avançait sur le flanc du Mauna Loa. Les deux volcans étaient déjà entrés en éruption en même temps en 1984, l’année de la dernière colère du Mauna Loa.
Cette double éruption vient de prendre fin. Le 11 décembre 2022, les scientifiques du HVO avaient déjà déclaré que l’éruption du Kilauea marquait une pause dans le cratère de l’Halema’uma’u. Le lac de lave était recouvert d’une croûte et il n’y avait plus aucune lave active sur le plancher du cratère. Dans le même temps, l’éruption du Mauna Loa diminuait régulièrement avec le front de coulée qui s’était immobilisé à environ 2,8 km de la Saddle Road.
Dans les années 1800, époque où le Kīlauea était actif en permanence, les éruptions doubles sur la Grande Île se produisaient assez souvent. Les scientifiques du HVO expliquent que « au cours des 200 dernières années d’éruptions du Mauna Loa, lorsque ce volcan entrait en éruption, le Kīlauea faisait de même la plupart du temps ».
Selon le Global Volcanism Program (GVP) de la Smithsonian Institution qui compile les informations sur l’activité volcanique dans le monde, il y a en permanence 40 à 50 volcans en éruption à un moment donné sur notre planète. La dernière mise à jour du GVP date du 28 octobre 2022 et répertorie 47 éruptions.
Il existe un certain nombre de volcans jumeaux dans le monde. Le meilleur exemple se trouve en République Démocratique du Congo où le Nyiragongo et le Nyamulagira entrent en éruption fréquemment en même temps. Le Nyiragongo est un peu comme le Kilauea car il héberge un lac de lave qui est généralement actif. Le Nyamulagira ressemble davantage au Mauna Loa, avec des émissions de coulées de lave espacées de quelques années. En distance, ces deux volcans sont encore plus proches l’un de l’autre que le Kilauea et le Mauna Loa.
En Indonésie, les volcans Ibu et Dukono entrent, eux aussi, souvent en éruption en même temps sur l’île d’Halmahera.
En ce qui concerne le Mauna Loa et le Kilauea, les deux volcans ont probablement des sources d’alimentation indépendantes dans le manteau terrestre car ils ont des laves dont la composition est légèrement différente. De plus, rien ne montre qu’il existe vraiment une influence du comportement de l’un sur l’autre. .
Le Kilauea et le Mauna Loa sont des volcans importants car ils sont bien surveillés. Comme le Piton de la Fournaise à La Réunion, ce sont des volcans « laboratoires ». Les leçons tirées de leur comportement peuvent être appliquées à d’autres volcans moins bien surveillés dans le monde.
Source : Big Island Now.

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Late in November and early in December 2022, visitors to Hawaii Volcanoes National Park on the Big Island have had the rare opportunity to view two eruptions. They could see a lava lake in Halemaʻumaʻu Crater on Kilauea; and about 29 kilometer away, the bright glow of lava travelling down the slopes of Mauna Loa. The last time the two volcanoes were erupting at the same time was in 1984. It was also the last time Mauna Loa erupted.

However, the dual eruption has ended. On December 11th, 2022, scientists said the Kilauea eruption within Halemaʻumaʻu crater had paused. The lava lake was all crusted over and no more active lava could be seen on the crater floor. In the meantime, the Mauna Loa eruption was steadily declining with the flow front stalled about 2.8 km from Saddle Road.

In the 1800s, when Kīlauea was continuously active, dual eruptions on the Big Island occurred more often. Sciebtists at HVO explain that “over the last 200 years of Mauna Loa eruptions, when Mauna Loa erupted, Kīlauea was also erupting a majority of the time.”

There are always 40 to 50 volcanoes erupting at any given time in the world, according to the Smithsonian Institution’s Global Volcanism Program which compiles the information about volcanic activity around the world. The latest update for active volcanoes is from October 28th, 2022 and lists 47 eruptions.

There are a number of pairs of volcanoes that are in close proximity around the world. The best example is in the Democratic Republic of Congo, where Nyiragongo and Nyamulagira frequently erupt at the same time. Nyiragongo is a bit like Kilauea because there is a lava lake that is usually active, while Nyamulagira is similar to Mauna Loa, with lava flow eruptions every few years. Those two volcanoes are located even closer together than Kilauea and Mauna Loa.

In Indonesia, volcanoes Ibu and Dukono are erupting in tandem on the same island in the remote Maluku island chain.

As far as Mauna Loa and Kilauea are concerned, both volcanoes probably have independent source areas in the mantle because they erupt in slightly different compositions. Moreover, there is not really a record of them impacting one another in a direct way.

Kilauea and Mauna Loa are important volcanoes because they are well monitored. Like Piton de la Fournaise on Reunion Island, they are dubbed “laboratory” volcanoes. The lessons learnt from their behaviour can be applied to other, less-well-understood volcanoes around the world.

Source: Big Island Now.

Des coulées de lave sur les flancs du Mauna Loa et un lac de lave au sommet du Kilauea, un comportement habituel de ces deux volcans (Crédit photo: USGS / HVO)

Nyiragongo (RDC) : la difficulté de la prévision éruptive // The difficulty of eruptive prediction

L’année dernière, le 22 mai 2021, le Nyiragongo (République Démocratique du Congo) est entré brutalement en éruption. Les habitants de Goma ont vu les villageois des environs arriver en courant avec des matelas sur la tête et de grands sacs contenant leurs affaires, leurs enfants derrière eux. Ces villageois ont dit qu’il y avait un feu de forêt et qu’il se rapprochait. À 17 heures, une forte lueur est apparue dans le ciel et des explosions étaient audibles au loin. Vers 18 heures, tout le monde s’est rendu compte qu’il s’agissait d’une éruption volcanique. Vers 3 heures du matin, la coulée de lave vomie par le Nyiragongo s’est arrêtée à une centaine de mètres de la porte d’entrée de la clinique de Buhene, et à moins de 800 mètres de l’aéroport de Goma. Selon l’ONU, plus de 13 villages et 3 629 maisons ont été détruits, laissant plus de 20 000 personnes sans abri. La lave ayant détruit les lignes électriques, un quart des habitants de Goma se sont retrouvés sans électricité. Au moins 37 personnes sont mortes, soit d’une exposition à la lave ou aux gaz, soit dans des accidents pendant leur fuite devant le danger.

Dans une nouvelle étude publiée le 31 août 2022 dans la revue Nature, des scientifiques du Centre européen de géodynamique et de sismologie de Walferdange au Luxembourg, ont expliqué pourquoi l’éruption avait surpris tout le monde.
La plupart des volcans sous surveillance scientifique envoient des signaux indiquant qu’ils sont susceptibles d’entrer en éruption. En se frayant un chemin à travers la roche, le magma génère des signaux sismiques et déforme le sol à mesure qu’il monte vers la surface en libèrant des gaz toxiques.
Malheureusement, ce ne fut pas le cas pour le Nyiragongo en 2021. Selon les volcanologues locaux, le volcan se comportait comme d’habitude. Ils n’ont détecté aucun changement particulier annonçant une éruption à court terme.
Dans l’étude, les chercheurs avancent l’hypothèse qu’avant le paroxysme, le magma a pénétré à l’intérieur du flanc du Nyiragongo. La masse de roche en fusion était déjà si proche de la surface que le flanc du volcan s’est éventré, libérant immédiatement la lave, sans les signes précurseurs habituels. Le 22 mai, le flanc du Nyiragongo avait probablement été affaibli au fil du temps par des secousses sismiques et par des intrusions magmatiques, de sorte qu’il a fini par céder et laissé échapper des torrents de lave qui ont dévalé ses pentes.
Ce genre d’éruption inopinée devrait servir de leçon aux scientifiques : malgré ce que nous savons déjà sur les volcans, il y a encore des choses que nous ne comprenons pas.
Avec sa lave fluide et rapide et sa capacité à émettre du dioxyde de carbone dans son environnement, le Nyiragongo est un volcan particulièrement dangereux qui met fréquemment en danger Goma, au Congo, et Gisenyi, une ville rwandaise à proximité.
Les éruptions latérales du Nyiragongo en 1977 et 2002 ont tué des centaines de personnes, mais ces deux événements avaient été précédées de signaux indiquant que le magma était sur le point d »atteindre la surface. On avait enregistré de puissants séismes et une modification de comportement du lac de lave. De plus, le Nyiamuragira voisin était entré en éruption et on sait qu’il existe une interconnexion des conduits d’alimentation avec ceux du Nyiragongo.
Depuis 2015, un nouveau réseau sismique est installé dans la région pour détecter les mouvements du magma du Nyiragongo. Avec le bruit émis par le lac de lave qui bouillonne dans le cratère, la « bande sonore » est souvent saturée et il est donc très difficile de détecter un comportement inhabituel du volcan.
Malgré des problèmes politiques, techniques et financiers ces dernières années, le personnel de l’Observatoire Volcanologique de Goma était en mesure de surveiller le volcan au moment de l’éruption et aucun signal précurseur n’a été détecté avant l’éruption de 2021. Cela a été confirmé par des scientifiques internationaux qui ont examiné les données recueillies à l’époque : le Nyiragongo n’a montré aucune activité sismique particulière et le lac de lave n’a pas montré de changement significatif.
Selon la nouvelle étude, tout cela signifie que l’utilisation des méthodes de surveillance traditionnelles sur le Nyiragongo ne permet pas de détecter de tels types d’éruptions. Cela rend ce volcan encore plus dangereux.
La capacité du Nyiragongo à dissimuler son comportement éruptif n’est pas unique dans le monde. Certains volcans peuvent émettre leur lave tranquillement au sein de paysages fracturés, tandis que d’autres montrent de soudaines explosions de vapeur. Il faut espérer qu’un jour, en étudiant ces éruptions soudaines et imprévues à l’aide d’équipements plus performants, on puisse détecter des précurseurs qui permettront de sauver des vies. Il se peut aussi que nous ne réussissions jamais à aller plus avant dans la prévision volcanique. On peut lire dans la conclusion de l’étude : « Il y a peut-être des choses qu’on ne pourra jamais prévoir. »
Source : Le New York Times, via Yahoo News.

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Last year, on May 22nd, 2021, Nyiragongo volcano (Democratic Republic of Congo) eruptedsuddenly. The residents of Goma could see villagers from the foothills of Mount Nyiragongo hurrying with mattresses on their heads and large sacks with their belongings, children in tow. These villagers said there was a forest fire, and it was getting closer. By 5 pm, a fiery glow appeared in the sky and explosions could be heard in the distance. At about 6pm, everybody realized it was a volcanic eruption. At around 3 o’clock in the morning, the flow of lava stopped about 100 metres from the front gate of the clinic in Buhene, and less that 800 metres from Goma’s airport. According to the U.N., over 13 villages and 3,629 houses were destroyed, leaving over 20,000 people homeless. As the lava wiped out power lines, a quarter of Goma’s inhabitants were left without electricity. At least 37 people died, either from exposure to the lava or gases, or in accidents while trying to evacuate.

In a new study published on August 31st, 2022 in the journal Nature, scientists at the European Center for Geodynamics and Seismology in Walferdange, Luxembourg, explained how the eruption managed to ambush everyone.

Most sufficiently monitored volcanoes offer warning signals before erupting. Magma forcing its way through rock generates distinctive types of earthquakes, deforms the land as it ascends and unleashes noxious gases.

Not so for Nyiragongo in 2021. According to the local volcanologists, the volcano was behaving as usual. They were not able to detect any dramatic change that could tell that an eruption would occur.

In the study, the researchers suspect that, before the paroxysm, magma intruded below Nyiragongo’s flank. The molten mass was already so close to the surface that should the flank have broken apart, it would have immediately erupted without the usual precursory signs. On May 22nd, the flank, which had been weakened over time by earthquakes, and by incursions of magma, finally yielded and rivers of lava travelled down its slopes

This sort of unannounced eruption offers scientists a harsh lesson : despite what we already know about volcanoes, there are still things that we don’t understand.

With its fluid, fast-moving lava and its ability to suffuse carbon dioxide into its surroundings, Nyiragongo is an extraordinarily perilous volcano that frequently endangers Goma, in Congo, and Gisenyi, a contiguous Rwandan city.

Nyiragongo’s flank eruptions in 1977 and 2002 killed hundreds, but both were preceded by signs that magma was about to invade the surface: large earthquakes, strange lava lake convulsions and the eruption of the nearby Nyamulagira volcano, whose magmatic pathways are partially entwined with Nyiragongo’s.

Since 2015, a new seismic ntwork has been established in the region to detect Nyiragongo’s magma movements. Partly thanks to the endlessly bubbling lava lake, the soundtrack is as interminable as it is loud. Trying to pick out unusual changes is like trying to identify a new voice in a gigantic crowd of people talking.

Although the Goma Volcano Observatory has been beset with political, technical and financial troubles in recent years, its staff managed to monitor the volcano around the time of the eruption. And as far as they could tell, no precursory signals were detected before the 2021 outburst. This was confirmed by international scientists who scrutinized the scientific data that was gathered at the time : Nyiragongo had exhibited no peculiar seismic activity and its lava lake had not acted up; it had not significantly changed shape.

According to the new study, all this means that using traditional monitoring methods on Nyiragongo will not allow to detect such kinds of eruptions. This makes this volcano even more dangerous than previously thought.

Nyiragongo’s stealthy capabilities are not unique. Other volcanoes can let their lava loose from rifting landscapes relatively quietly, while others unleash unexpected blasts of steam. The hope is that by studying these eccentric eruptions, with improved technological wizardry, some lifesaving precursors will be spotted some day But it’s possible that we will never become perfect prophets of our volcanic futures. One can read in the study’s conclusion : “There may be things we will never be able to forecast.”

Source :The New York Times, via Yahoo News.

La lave du Nyiragongo a recouvert des zones habitées