Nouvelle éruption du Lewotobi Laki-Laki (Indonésie) // New eruption of Lewotobi Laki-Laki (Indonesia)

Le Lewotobi Laki-Laki est actuellement l’un des volcans les plus actifs au monde. J’ai déjà évoqué plusieurs épisodes éruptifs dans des notes précédentes. Après trois semaines de calme relatif, une nouvelle puissante éruption a débuté vers 12h48 UTC le 1er août 2025, avec un panache de cendres qui est monté jusqu’à 11,2 km d’altitude. Cette éruption fait suite à plusieurs événements survenus en juin et juillet 2025 ; certains avaient généré des panaches de cendres jusqu’à 18 km d’altitude, entraînant la fermeture de plusieurs aéroports. Lors de sa dernière éruption, le Lewotobi a produit des nuages de cendres, des éclairs et des émissions de lave. L’éruption a été précédée d’une forte augmentation de l’activité sismique. Les projections ont atteint des distances de 3 à 4 km du cratère. L’éruption a été suivie d’un autre événement, encore plus puissant, à 17h05 UTC, avec un panache de cendres qui s’est élevé jusqu’à 19,2 km d’altitude.

Aucune victime ni perturbation aérienne n’ont été signalées. La couleur de l’alerte aérienne reste Rouge et le niveau d’alerte volcanique est maintenu à IV (Awas), le maximum. Il est conseillé à la population et aux touristes d’éviter une zone d’exclusion de 6 km autour du sommet et jusqu’à 7 km dans le secteur sud-ouest-nord-est. Les autorités ont émis des alertes aux lahars dans les vallées radiales autour du volcan, en particulier en cas de fortes pluies.

Source : PVMBG.

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Lewotobi Laki-Laki is currently one of the most active volcanoes in the world.I have mentioned several eruptive episodes in previous posts. After three weeks of relative calm, a major explosive eruption started around 12:48 UTC on August 1st, 2025, ejecting ash up to 11.2 km above sea level. The eruption follows multiple events in June and July 2025, some of which ejected ash plumes up to 18 km a.s.l., causing airport closures.

During the latest eruption, Lewotobi produced ash clouds, lightning and lava emissions. The eruption was preceded by a sharp increase in seismic activity. Ejecta reached distances of 3–4 km from the crater.

The explosion was followed by another, more powerful eruption at 17:05 UTC, with ash rising to an estimated 19.2 km a.s.l.

No casualties or aviation disruptions have been reported.The Aviation Color Code remains at Red and the Alert Level at IV (Awas) — the highest.

Residents and tourists are advised to avoid a 6 km exclusion zone around the summit, and up to 7 km in the southwest–northeast sector.

Authorities have issued lahar warnings for river valleys originating at the volcano, particularly in the event of heavy rainfall.

Source : PVMBG.

Jasper (Rocheuses canadiennes) ravagée par le feu // Jasper (Canadian Rockies) ravaged by fire

Comme je l’ai écrit précédemment, l’Amérique de l’Ouest est confrontée à une vague de chaleur et à une sécheresse sévères, le scénario parfait pour déclencher des incendies de forêt. L’un d’entre eux, probablement provoqué par la foudre lors d’un orage, vient de ravager la ville de Jasper, l’un des joyaux touristiques de l’Alberta au Canada. D’énormes foyers, progressant de manière ultra rapide, ont détruit jusqu’à la moitié de la localité riche en histoire. Les flammes sont toujours hors de contrôle. Les pompiers tentent de sauver autant de bâtiments que possible et de contenir les flammes gigantesques (jusqu’à 100 mètres de haut) qui ont englouti la ville des deux côtés.
Des rues entières ont été rasées par les flammes. Des vidéos postées sur les réseaux sociaux montrent des décombres fumants là où se trouvaient autrefois des maisons, et les restes calcinés de voitures. Aucune victime n’a été signalé. Quelque 20 000 touristes et 5 000 habitants ont fui la région.
Lors d’une conférence de presse le 25 juillet 2024, la première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, en larmes, a parfois eu du mal à décrire l’ampleur des dégâts, mais elle a déclaré que « potentiellement 30 à 50 % » des bâtiments ont été détruits.
2,5 millions de personnes visitent chaque année la région de Jasper et le parc national de Banff, situé à proximité.
L’incendie se trouvait à 5 km de Jasper lorsqu’il a été poussé par les vents violents vers la ville en « moins de 30 minutes », selon des témoins. L’incendie de Jasper marque une nouvelle année de conditions difficiles pour l’Alberta. En 2023, 2,2 millions d’hectares ont brûlé dans cette province entre le 1er mars et le 31 octobre.
En dehors de l’Alberta, il y a plus de 45 incendies de végétation actifs en Colombie-Britannique et d’autres font rage en Californie, en Oregon, dans l’Etat de Washington, au Montana et dans l’Utah aux États-Unis. Les climatologues affirment que le réchauffement climatique pourrait favoriser la présence de la foudre dans les forêts des régions septentrionales du globe, augmentant ainsi le risque d’incendies de forêt.
Source : La BBC et les médias canadiens.

Voici une vidéo illustrant la situation à Jasper :

Je suis très triste quand je vois les images de Jasper proposées par les médias canadiens. J’aime beaucoup cette région des Rocheuses avec ses glaciers et de magnifiques sites comme le lac Maligne et sa faune abondante. (Photos : C. Grandpey)

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As I put it before West America is facing a heatwave and severe drought, the perfect scenario to start wildfires. One of them, rpobably triggerred by lightning during a storm, has just ravaged the town of Jasper, one of Alberta’s tourist jewels in Canada. Huge, fast-moving wildfires have destroyed up to half of the historic town, and the blazes are still out of control as firefighters try to save as many buildings as possible, and to contain the towering flames (up to 100 meters high) which engulfed the town from two sides.

Entire streets have been levelled by the flames, with video showing smouldering rubble where homes once stood and the charred remains of cars. While no deaths have been reported, some 20,000 tourists and 5,000 residents have fled the area.

During a news conference on July 25th,, a tearful Alberta Premier Danielle Smith struggled at times to recount the scale of the damage, but said « potentially 30 to 50 percent » of buildings had been destroyed.

Some 2.5 million people visit the park, and nearby Banff National Park, each year.

The fire was 5km outside of Jasper when it was pushed by the winds to the town in « less than 30 minutes », according to witnesses. The Jasper fire marks another year of difficult conditions for the province. In 2023, a record 2.2 million hectares burned in Alberta between 1 March and 31 October.

Outside Alberta, there are more than 45 active blazes in British Columbia and fires are burning in California, Oregon, Washington, Montana and Utah in the US. Climate scientists say global warming could bring more lightning to forests in northern reaches of the globe, increasing the risk of wildfires.

Source : The BBC and Canadian news media.

De plus en plus de feux de forêts dans l’Arctique // More and more wildfires in the Arctic

Avec l’accélération du réchauffement climatique, on assiste à une intensification des incendies de végétation. Les médias font état régulièrement de zones dévastées par les flammes en Turquie, en Californie ou encore en Grèce. Le plus inquiétant, c’est que les forêts arctiques partent, elles aussi, en fumée. L’Alaska, le Canada et la Russie sont exposées à des incendies particulièrement intenses.

En Russie, le nombre d’incendies ne cesse d’augmenter, particulièrement en Sibérie, ce qui est confirmé par les images satellites de la NASA. Comme le précise l’agence spatiale, ces incendies se déclenchent dans des zones riches en tourbe, une matière organique fossile qui a une forte propension à brûler. J’ai attiré l’attention à plusieurs reprises sur ce blog sur les incendies zombies qui ont tendance à se multiplier dans l’Arctique, en particulier en Sibérie. Vous pourrez lire l’une de ces notes (30 mai 2021) en cliquant sur ce lien :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2021/05/30/incendies-zombies-en-siberie-zombie-wildfires-in-siberia/

Image satellite montrant le réveil d’un incendie qui avait couvé dans le sous-sol arctique pendant tout l’hiver (Source : Copernicus)

Dans l’Extrême-Orient russe, les outils à bord du satellite Sentinel-2 de Copernicus ont mesuré des épaisseurs anormalement élevées de fumées et des concentrations de particules fines plusieurs fois supérieures au seuil d’exposition moyen recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

La situation est tout aussi inquiétante en Alaska où près de 250 000 hectares ont déjà brûlé en 2024. Le dernier incendie le plus spectaculaire a eu lieu dans le Parc National du Denali dans les premiers jours de juillet 2024.

 

Photo: C. Grandpey

Il a entraîné la fermeture du Parc aux visiteurs pendant plusieurs jours. Le Service des parcs nationaux d’Alaska explique que la saison de feux de forêt en Alaska débute fin mai pour se terminer à la fin du mois de juillet. En moyenne, un million d’hectares brûlent dans tout l’Etat chaque année. Il faut ajouter que les forêts arctiques sont fragilisées par le dégel du permafrost, avec des racines qui ne sont plus maintenues solidement dans le sol.

 

« Forêt ivre » dans le Yukon (Photo: C. Grandpey)

Plus à l’est, au Canada, après une année 2023 où le nombre d’hectares brûlé a battu des records, les incendies se sont intensifiés depuis le début du mois de juillet 2024, notamment dans les provinces de l’ouest. Fin juin – début juillet en Alberta, l’intensité des feux était très élevée par rapport à la moyenne 2003-2023. Les autorités locales indiquent que 129 feux actifs avaient été recensés le 16 juillet. On estime que ces incendies ont ravagé 1,5 million d’hectares de forêts depuis le début de l’année. La plupart sont causés par la foudre, comme ailleurs sur l’ensemble du continent nord-américain. Ils font partie du cycle naturel des forêts boréales, denses et difficiles d’accès. Le Service des parcs nationaux d’Alaska indique que les incendies contribuent aussi à la régénérescence des forêts.

Cependant, ces incendies sont alimentés par des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses qui sont la conséquence du réchauffement climatique d’origine anthropique. Il est utile de rappeler (information Copernicus) que le mois de juin 2024 a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré, effaçant le record déjà battu en 2023.

Suivant la tendance de réchauffement de l’Arctique où la hausse des températures est plus rapide qu’ailleurs sur la planète, le nombre et l’intensité des incendies sont en augmentation significative depuis deux décennies dans cette région. Fin juin 2024, des scientifiques de l’université australienne de Tasmanie ont publié une étude dans le journal Nature Ecology and Evolution. Il en ressort que la fréquence des feux de forêt dans le monde a été multipliée par 2,2 entre 2003 et 2023. Ce sont notamment les forêts tempérées de conifères, dans l’ouest des Etats-Unis, et les forêts boréales qui couvrent l’Alaska, le nord du Canada et de la Russie, qui sont les plus touchées, avec une fréquence d’incendies multipliée respectivement par onze et par sept.

Source : médias internationaux, comme France Info dans notre pays.

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With the acceleration of global warming, we are witnessing an intensification of wildfires. The media regularly report areas devastated by the flames in Turkey, California and Greece. Most worrying, the Arctic forests are also going up in smoke. Alaska, Canada and Russia are exposed to intense wildfires.
In Russia, the number of fires continues to increase, particularly in Siberia, which is confirmed by NASA satellite images. As specified by the space agency, these fires start in areas rich in peat, a fossil organic material that has a high propensity to burn. I have drawn attention several times on this blog to the zombie fires that tend to develop in the Arctic, particularly in Siberia. You can read one of these posts (May 30th, 2021) by clicking on this link:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2021/05/30/feus-zombies-en-siberie-zombie-wildfires-in-siberia/

In the Russian Far East, tools aboard the Copernicus Sentinel-2 satellite measured abnormally high smoke thickness and concentration of fine particles several times higher than the average exposure threshold recommended by the World Health Organization. Health (WHO).
The situation is just as worrying in Alaska where nearly 250,000 hectares have already burned in 2024. The last, most spectacular wildfire took place in Denali National Park in the first days of July 2024. It led to the closure of the Park to visitors for several days. The Alaska National Park Service explains that Alaska’s wildfire season begins in late May and ends at the end of July. On average, one million acres burn across the State each year. It should be added that Arctic forests are weakened by the thawing of permafrost, with roots that are no longer held securely in the soil.
Further east, in Canada, after a year 2023 when the number of hectares burned broke records, fires have intensified since the beginning of July 2024, particularly in the western provinces. At the end of June – beginning of July in Alberta, the intensity of fires was very high compared to the 2003-2023 average. Local authorities indicate that 129 active fires had been recorded on July 16th. It is estimated that these fires have ravaged 1.5 million hectares of forests since the start of the year. Most are caused by lightning, as elsewhere across the North American continent. They are part of the natural cycle of boreal forests which are dense and difficult to access. The Alaska National Park Service says the wildfires also contribute to forest regeneration.
However, these fires are fueled by increasingly frequent and increasingly intense episodes of drought which are the consequence of anthropogenic global warming. It is useful to remember (Copernicus information) that the month of June 2024 was the hottest June on record, erasing the record already broken in 2023.
Following the warming trend in the Arctic where the rise in temperatures is faster than elsewhere on the planet, the number and intensity of fires have been increasing significantly for two decades in this region. At the end of June 2024, scientists from the Australian University of Tasmania published a study in the journal Nature Ecology and Evolution. It appears that the frequency of forest fires in the world increased by 2.2 between 2003 and 2023. The temperate coniferous forests, in the west of the United States, and the boreal forests which cover the Alaska, northern Canada and Russia, are the most affected, with a frequency of fires multiplied by eleven and seven respectively.
Source: international news media, such as France Info in our country.

Intensification de la foudre dans les Alpes // Increased lightning strikes in the Alps

Une équipe de chercheurs des départements des géosciences, des sciences de l’atmosphère et des statistiques d’Innsbruck a constaté un doublement du nombre d’éclairs à haute altitudes dans les Alpes orientales au cours des 40 dernières années. Leur étude a été publiée dans la revue Climate Dynamics.
L’équipe scientifique d’Innsbruck a reconstitué avec une précision sans précédent l’activité de foudre entre les nuages et le sol dans les Alpes orientales de 1980 à 2019. Les chercheurs ont mis en relation deux sources d’information, toutes deux disponibles à une résolution spatio-temporelle de 32 km x 32 km et sur une durée d’une heure. À partir de ces ensembles de données, ils ont obtenu des informations sur l’activité de foudre grâce à des relevés continus au cours de la dernière décennie. Ils ont également eu accès à des analyses des conditions atmosphériques à une résolution horaire sur les quatre dernières décennies.
Les chercheurs ont constaté que les zones montagneuses, en raison de leur topographie, présentent des conditions favorables au développement des orages. Leurs analyses ont aussi montré que la hausse des températures due au réchauffement climatique entraîne une augmentation de la fréquence des orages et donc de la foudre.
Selon les scientifiques d’Innsbruck, les changements les plus significatifs se sont produits à haute altitude dans les Alpes entre 1980 et 2019. L’activité de foudre a doublé dans les années 2010 par rapport aux années 1980. Dans les zones de haute altitude dans les Alpes orientales, la saison d’orages accompagnés d’éclairs atteint un maximum plus important et commence un mois plus tôt. Pendant la journée, le pic peut être jusqu’à 50 % plus fort, avec plus d’éclairs l’après-midi et le soir.
L’examen approfondi des différents processus sur le terrain complexe des Alpes contribue de manière significative à la compréhension des relations entre la météo, le climat et la foudre. Ceci est important pour la mise en place de mesures préventives visant à protéger les personnes et l’environnement des dégâts potentiels causés par la foudre. .

Source : The Watchers ; Alps: Light­ning activ­ity dou­bled in a few decades – University of Innsbruck – June 20th, 2023.

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A team of researchers from the Departments of Geosciences, Atmospheric Sciences, and Statistics at Innsbruck has reported a doubling in the number of detected lightning strikes in the high altitudes of the European Eastern Alps over the last 40 years. Their study was published in the journal Climate Dynamics.

The Innsbruck team reconstructed the lightning activity of cloud-to-ground lightning in the area of the European Eastern Alps from 1980 to 2019 with unprecedented precision. The researchers linked two sources of information, both available at a spatio-temporal resolution of 32 km x 32 km and one hour. From these datasets they obtained information on lightning activity with seamless records over the last decade. They also accessed analyses of atmospheric conditions at an hourly resolution over the past four decades.

The researchers found that mountainous areas, due to their topography, have favorable conditions for the development of thunderstorms. Their analyses have now shown that the rising temperatures due to global warming are causing the frequency of thunderstorms and thus lightning to increase even further.

According to the Innsbruck scientists, the most intensive changes occurred in the high Alps between 1980 and 2019. Lightning activity doubled in the 2010s compared to the 1980s. In the high-altitude areas of the Eastern Alps, the lightning season reaches a stronger maximum and starts a month earlier. During the day, the peak is up to 50% stronger, with more lightning in the afternoon and evening.

The researchers’ comprehensive examination of different processes over the complex terrain of the Alps contributes significantly to understanding the relationships between weather, climate, and lightning activity. This is important for the appropriate development of preventive measures to protect people and the environment from the potential damage caused by lightning strikes. .

Source : The Watchers ; Alps: Light­ning activ­ity dou­bled in a few decades – University of Innsbruck – June 20th, 2023.

Crédit photo: Météo Samoens