Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde :

Selon le Met Office islandais, une nouvelle éruption est susceptible de se produire en Islande le long de la chaîne de cratères de Sundhnúkur dans quelques semaines. On estime que le volume minimum de 11 millions de mètres cubes requis pour le déclenchement d’une éruption a été atteint le 27 septembre 2025 et le volume maximum de 23 millions de m3 sera atteint le 18 décembre, sous réserve qu’il n’y ait pas de fluctuations dans le système d’alimentation. Une fois le volume minimum atteint, on considère qu’il existe une forte probabilité d’intrusion magmatique et d’éruption sur la chaîne de cratères de Sundhnúkur. Une éruption peut survenir à tout moment une fois le volume minimum atteint.

Source : Met Office.

Source: Met Office

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L’Épisode 34 de l’éruption du Kilauea (Hawaï) a débuté le 30 septembre 2025 vers 26h45 avec une activité strombolienne dans la bouche nord et des débordements de lave. L’activité s’est intensifiée et les premières fontaines de lave sont apparues environ 30 minutes plus tard, le 1er octobre. D’abord obliques, elles sont devenues verticales et mesuraient environ 150 mètres de hauteur. Vers 2 heures du matin (heure locale), une petite activité strombolienne avec débordement de lave est apparue dans la bouche sud. Des fontaines de plusieurs dizaines, puis centaines de mètres, de hauteur (jusqu’à 400 m selon le HVO) ont ensuite jailli de cette bouche. On a alors assisté à un superbe duo de fontaines de lave. Elles ont brusquement cessé à 7h01 à la bouche sud et 7h03 à la bouche nord, et l’Épisode 34 a pris fin après plus de 6 heures d’activité intense. On estime à environ 8,9 million de mètres cubes le volume de lave émis pendant l’épisode. Comme lors des épisodes précédents, la fin du 34ème a été marquée par un passage de la déflation à l’inflation au sommet du Kilauea. Un 35ème épisode est donc probable d’ici quelques jours.

À noter que le 2 octobre 2025, à 20h28 (heure locale), un séisme de magnitude 3,9 s’est produit à 2 km au sud-sud-ouest de Pāhala, sur l’île d’Hawaï, à une profondeur de 30 km sous le niveau de la mer. Le séisme n’a eu aucun impact apparent sur le Mauna Loa et le Kīlauea.

Source : HVO.

Image webcam de l’éruption

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Des panaches de gaz et de vapeur s’élèvent encore de 300 à 1300 m au-dessus du cratère du Sabancaya (Pérou). Des anomalies thermiques sont détectées presque quotidiennement au fond du cratère sommital. Le niveau d’alerte reste Orange (niveau 3 sur une échelle de quatre couleurs) et le public est prié de rester en dehors d’un rayon de 12 km autour du sommet.
Source : IGP.

Crédit photo: IGP

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C’est toujours la même histoire sur le Fuego (Guatemala), où les explosions stromboliennes génèrent des panaches de gaz et de cendres qui s’élèvent jusqu’à 1,1 km au-dessus du sommet. Les explosions déclenchent des ondes de choc qui ébranlent les bâtiments et les structures dans les zones habitées des flancs sud-ouest et ouest. Elles projettent des matériaux incandescents à 100-200 m au-dessus du sommet. Des avalanches de blocs dévalent les flancs du volcan dans plusieurs ravines. De fortes pluies génèrent parfois des lahars qui dévalent eux aussi les ravines, charriant sédiments, branches d’arbres, troncs et blocs atteignant 3 m de diamètre.
Source : INSIVUMEH.

Vue di Fuego et de l’Acatenango (Crédit photo: INSIVUMEH)

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Des panaches de vapeur et de cendres s’élèvent jusqu’à 2 km au-dessus du sommet du Lewotobi Laki-laki (Indonésie). Selon un article de presse, l’aéroport Fransiskus Xaverius Seda (60 km à l’ouest du volcan) a été fermé du 26 septembre au début du 27 septembre 2025. Les cendres volcaniques ont entraîné l’annulation de six vols. Suite à une diminution du nombre de séismes volcaniques profonds, le niveau d’alerte a été abaissé à 3 (sur une échelle de 1 à 4) le 29 septembre 2025. Il est recommandé au public de se tenir à au moins 6 km du centre de Laki-laki.
Source : PVMBG.

Crédit photo: GVN

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L’activité volcanique reste intense sur le Yasur (Vanuatu) et le volcan est maintenu au niveau d’alerte 2 (sur une échelle de 0 à 5). Des émissions de SO₂ ont été identifiées sur des images satellite, ainsi que des anomalies thermiques de faible intensité. Des photos prises sur le terrain et des images de la webcam indiquent que des explosions se poursuivent périodiquement, avec des émissions de gaz, de vapeur et de cendres. Les données sismiques confirment une activité volcanique continue, avec des explosions parfois fortes. Les matériaux éjectés par les explosions peuvent retomber dans et autour du cratère. Il est rappelé au public de ne pas pénétrer dans la zone réglementée, et à moins de 600 m des limites de la zone d’exclusion permanente.
Source : Département de météorologie et des géorisques du Vanuatu (VMGD).

Source: Vanuatu Geohazards

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Dernière minute : Un volcan de boue situé à Jarawa Creek, sur l’île de Baratang (îles Andaman-et-Nicobar), est entré en éruption le 2 octobre 2025, après deux décennies d’inactivité. L’éruption a projeté de la boue, des gaz et de l’eau sur plus de 1 000 m², formant un monticule d’environ 3 à 4 m de hauteur. Les autorités ont fermé toutes les voies d’accès au volcan de boue, suspendu l’accès des visiteurs et demandé aux opérateurs de transport locaux de cesser d’acheminer des touristes vers la zone.
Les volcans de boue de Baratang sont le résultat de processus tectoniques dans la zone de subduction d’Andaman, où la plaque indienne plonge sous la plaque birmane, libérant des fluides et des gaz tels que le méthane et le sulfure d’hydrogène. Ces gaz mobilisent la boue souterraine et la poussent vers le haut à travers des fractures. Contrairement aux volcans magmatiques, les volcans de boue entrent en éruption en raison de la surpression des couches sédimentaires, parfois amplifiée par l’activité sismique.

Source : The Watchers.

Volcan de boue dans les Maccalube di Aragona (Sicile)

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is some news about volcanic activity in the world:

According to the Icelandic Met Office, a new eruption is likely to occur in Iceland along the Sundhnúkur crater row in a few weeks. It is assessed that the lower volume of 11 million cubic meters required for the start of an eruption was reached on 27 September 2025 and the upper vomume of 23 million m3 will be reached on 18 December, provided no fluctuations occur in the feeding system. Once the lower volume is reached, it is considered that we have entered a period with increased likelihood of a new intrusion and/or eruption. An eruption may occur any time after this lower volume is reached.

Source : Met Office.

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Episode 34 of the Kilauea eruption (Hawaii) began on September 30, 2025, at around 12:45 p.m., with Strombolian activity at the north vent and lava overflows. The activity intensified, and the first lava fountains appeared about 30 minutes later, on October 1. Initially oblique, they became vertical and measured about 150 meters in height. Around 2 a.m. (local time), a small Strombolian activity with lava overflows appeared at the south vent. Fountains several tens, then hundreds of meters high (up to 400 m according to HVO) then gushed from this vent. We then witnessed a superb duo of lava fountains. They abruptly ceased at 7:01 a.m. at the south vent and 7:03 a.m. at the north vent, and Episode 34 ended after more than 6 hours of lava fountaining. The volume of lava emitted during the episode is estimated at approximately 8.9 million cubic meters. As with previous episodes, the end of Episode 34 was marked by a transition from deflation to inflation at Kilauea’s summit. A 35th episode is therefore likely within a few days.

It should be noted that on October 2 2025, at, 8:28 p.m. (local time), an M3.9 earthquake occurred 2 km south-southwest of Pāhala on the Island of Hawaiʻi at a depth of 30 km below sea level. The earthquake had no apparent impact on either Mauna Loa or Kīlauea volcanoes.

Source : HVO.

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Gas-and-steam plumes at Sabancaya (Peru) still rise 300-1,300 m above the crater. Thermal anomalies are detected almost daily on the summit crater floor. The Alert Level remains at Orange (level 3 on a four-color scale) and the public is asked to stay outside of a 12 km radius from the summit.

Source : IGP.

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It is still the same story at Fuego (Guatemala) where Strombolian explosions generate gas-and-ash plumes that rise as high as 1.1 km above the summit. Explosions triggrer shock waves that rattle buildings and structures in communities on the SW and W flanks. Explosions eject incandescent material 100-200 m above the summit. Block avalanches descend the flanks of the volcano in several drainages. Heavy rains sometimes generate lahars that rush down the drainages carrying sediments and tree branches, trunks, and blocks as large as 3 m in diameter.

Source : INSIVUMEH.

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Steam and ash plumes rise as high as 2 km above the summit of Lewotobi Laki-laki (Indonesia). According to a news article the Fransiskus Xaverius Seda Airport (60 km W) was closed on 26 September through early 27 September 2025. Volcanic ash caused six flights to be canceled. Following a decline in the number of deep volcanic earthquakes, on 29 September 2025 the Alert Level was lowered to 3 (on a scale of 1-4) and the public was advised to stay 6 km away from the center of Laki-laki

Source : PVMBG.

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Activity is still intense at Yasur (Vanuatu) and yjhe volcano is kept at Alert Level 2 (on a scale of 0-5). SO2 emissions have been identified in satellite images, as well as low-level thermal anomalies. Field photos and webcam images indicate that explosions continue periodically, producing emissions of gas, steam, and ash. Seismic data confirm continuing volcanic activity with explosions that are occasionally strong. Ejected material from explosions can fall in and around the crater. The public is reminded to not enter the restricted area within 600 m around the boundaries of the Permanent Exclusion Zone.

Source: Vanuatu Meteorology and Geohazards Department (VMGD).

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Latest : A mud volcano at Jarawa Creek, Baratang Island, Andaman and Nicobar Islands, erupted on October 2, 2025, after lying dormant for two decades. The eruption released mud, gases, and water across more than 1 000 m2, forming a mound about 3–4 m (10–13 feet) high. Authorities closed all approach routes to the volcano, suspended visitor access, and informed local transport operators to stop ferrying tourists to the area.

Mud volcanoes in Baratang are formed by tectonic processes in the Andaman subduction zone, where the Indian Plate descends beneath the Burmese Plate, releasing fluids and gases such as methane and hydrogen sulfide. The gases mobilize underground mud, forcing it upward through fractures. Unlike magmatic volcanoes, mud volcanoes erupt due to overpressure in sediment layers, sometimes intensified by seismic activity.

Source : The Watchers.

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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La fonte des glaciers déclenche-t-elle des éruptions volcaniques ? // Does glacier melting trigger volcanic eruptions ?

Voici une nouvelle qui tend à devenir à la mode dans le monde scientifique. Avec la fonte des glaciers, les volcans jusqu’alors cachés sous une épaisse couche de glace pourraient devenir plus actifs à l’avenir.

Dans une nouvelle étude présentée à la conférence internationale de géochimie Goldschmidt début juillet 2025, des chercheurs de l’Université du Wisconsin-Madison ont analysé six volcans du sud du Chili afin d’étudier l’influence du recul des calottes glaciaires qui les recouvrent sur leur comportement éruptif passé.
Grâce à de nouvelles méthodes de datation à l’argon et d’analyse des cristaux de glace, ils ont découvert qu’au plus fort de la dernière période glaciaire, il y a environ 20 000 ans, une épaisse couche de glace avait entraîné une diminution de l’activité volcanique, ce qui avait permis à un immense réservoir de magma de s’accumuler à 9 à 14 kilomètres de profondeur.
Par la suite, la fin de la période glaciaire a entraîné un recul rapide des calottes glaciaires. La perte soudaine de poids de la glace a permis aux gaz contenus dans le magma de se dilater, ouvrant la voie à des éruptions explosives provenant de volcans nouvellement formés.

Aujourd’hui, les scientifiques expliquent qu’un scénario similaire pourrait se produire en raison du réchauffement climatique. Selon l’auteur principal de l’étude, « les glaciers ont tendance à réduire l’activité éruptive des volcans situés en dessous d’eux. Toutefois, à mesure qu’ils reculent sous l’effet du changement climatique, nos résultats montrent que ces volcans entrent en éruption plus fréquemment et de manière plus explosive.»
Des scientifiques ont précédemment constaté que la fonte des glaciers pouvait accroître l’activité volcanique en observant ce phénomène en Islande, mais d’autres régions du monde pourraient également être menacées. L’auteur principal de l’étude a également déclaré : « Notre étude montre que ce phénomène ne se limite pas à l’Islande, où une augmentation du volcanisme a été observée, mais pourrait également se produire en Antarctique.

La condition essentielle pour une intensification de l’explosivité est la présence initiale d’une couche glaciaire très épaisse recouvrant une chambre magmatique. Le point de déclenchement se situe lorsque les glaciers commencent à reculer, libérant ainsi la pression, ce qui se produit actuellement dans des régions comme l’Antarctique. D’autres régions continentales, comme certaines parties de l’Amérique du Nord, de la Nouvelle-Zélande et de la Russie, méritent désormais une attention scientifique plus soutenue. »
Si les volcans sous-glaciaires devaient entrer en éruption plus fréquemment, l’étude prévient que sur le long terme, leurs éruptions pourraient favoriser le réchauffement climatique en raison de l’accumulation de gaz à effet de serre. On aurait alors affaire à une boucle de rétroaction positive dans laquelle la fonte des glaciers déclencherait des éruptions ; celles-ci pourraient à leur tour contribuer à un réchauffement de l’atmosphère et une accélération de leur fonte.»
Source : Yahoo News.

Schéma illustrant le rebond isostatique suite à la fonte des calottes glaciaires

Au cours de ma conférence « Glaciers en péril », j’explique que nous n’avons pas suffisamment de recul pour affirmer que la fonte des glaciers pourrait favoriser des éruptions plus fréquentes des volcans qui se trouvent sous eux. L’accélération du réchauffement climatique a commencé dans les années 1970 et, depuis cette période, aucune éruption en Islande ne peut être directement liée à une fonte des glaciers causée par la hausse des températures. Par exemple, le Katla, un volcan situé sous le Myrdalsjökull, est entré en éruption pour la dernière fois en 1918 et n’a montré aucun véritable signe de réveil depuis cette date. Certains volcanologues disent que « le volcan est en retard » dans son processus éruptif. L’éruption de l’Eyjafjallajökull en 2010 n’a jamais été clairement liée au réchauffement climatique. Aux États-Unis, les glaciers fondent sur le mont Rainier et aucune éruption n’a été observée au cours des dernières décennies.

 

Le Katla (Islande) et le mont Rainier (États Unis n’ont pas (encore) réagi à la fonte des glaciers qui les recouvrent (Photos : C. Grandpey)

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Here is a piece of news that tends to become trendy in the world of science. With the melting of glaciers, the volcanoes that up to now were hidden beneath a thick layer of ice might become more active in the furure.

In a new study presented at the Goldschmidt international geochemistry conference in early July 2025, researchers from the University of Wisconsin-Madison analyzed six volcanoes in southern Chile to study how retreating ice sheets may have influenced past volcanic behaviour.

Using advanced argon dating and crystal analysis methods, they found that around the peak of the last ice age, around 20,000 years ago, a thick ice cover subdued volcanic activity, allowing a huge reservoir of magma to accumulate 9 to 14 kilometers below the surface.

However, the end of the ice age led the ice sheets to retreat rapidly. The sudden loss of ice weight allowed gases in the magma to expand, setting the stage for explosive eruptions from newly formed volcanoes.

Today, scientists are warning that a similar scenario could unfold because of global warming. According to the lead author of the study, « glaciers tend to suppress the volume of eruptions from the volcanoes beneath them. But as they retreat due to climate change, our findings suggest these volcanoes go on to erupt more frequently and more explosively. »

Scientists previously found that melting glaciers could increase volcanic activity by observing the phenomenon in Iceland. However, other places in the world could also be at risk. The lead author of the study also declared : »Our study suggests this phenomenon isn’t limited to Iceland, where increased volcanicity has been observed, but could also occur in Antarctica. The key requirement for increased explosivity is initially having a very thick glacial coverage over a magma chamber, and the trigger point is when these glaciers start to retreat, releasing pressure, which is currently happening in places like Antarctica. Other continental regions, like parts of North America, New Zealand and Russia, also now warrant closer scientific attention. »

Should subglacial volcanoes erupt more frequently, the study warns that in the long term eruptions themselves could contribute to « long-term global warming because of a buildup of greenhouse gases. This would crearte a positive feedback loop, where melting glaciers trigger eruptions, and the eruptions in turn could contribute to further warming and melting. »

Source : Yahoo News.

During my conference « Glaciers at risk », I explain that we don’t have enough perspective to assert that glacier melting may favour more frequent eruptions of the volcanoes that lie beneath them. The acceleration of global warming started in the 1970s and since that period, there have not been eruptions in Iceland that can be directly linked to glacier melting caused by rising temperatures. For instance, Katla, a volcano beneath Myrdalsjökull last erupted in 1918 and has shown no sign of reawakening since then. Some volcanologists say it is ‘overdue’ The 2010 eruption of Eyjafjallajökull has never really been clearly linked to climate channge. In the U.S., glaciers are melting on Mount Rainier and no eruption has been observed recently.

Le Veniaminof (Alaska) pour mieux comprendre le comportement du magma // Veniaminof (Alaska) to better undrestand magma behaviour

Le Veniaminof, l’un des volcans qui se dressent sur la péninsule d’Alaska, présente une longue histoire d’éruptions qui se produisent avec peu ou pas de signes précurseurs détectables. Malgré la présence de huit stations sismiques permanentes et d’une surveillance satellite par radar à synthèse d’ouverture interférométrique (InSAR), la plupart des éruptions depuis 1993 se sont produites sans véritables signes précurseurs. Sur les 13 dernières éruptions, seules deux ont été précédées de signes avant-coureurs détectables. Ce schéma éruptif a incité les chercheurs à examiner le système magmatique sous-jacent du Veniaminof et à étudier le comportement des volcans avant leur éruption.

Vue du Veniaminof (Crédit photo : USGS)

Des chercheurs de deux universités de l’Illinois ont cherché à déterminer si un système magmatique fermé pouvait entrer en éruption sans déclencher d’activité sismique ni de mouvements de terrain notables.
Dans les systèmes volcaniques ouverts, comme le Mauna Loa, le magma et les gaz se déplacent librement vers la surface, ce qui génère parfois peu de signaux avant-coureurs clairs. En revanche, les systèmes fermés, comme les Champs Phlégréens, accumulent généralement de la pression, ce qui peut provoquer un soulèvement du sol et une hausse de la sismicité avant une éruption. Pour comprendre comment des éruptions peuvent se produire sans ces signaux, les chercheurs ont construit des modèles thermomécaniques avec lesquels ils ont testé l’interaction des changements de forme, de taille, de profondeur et de débit de la chambre magmatique avec les propriétés physiques de la roche environnante.
L’équipe scientifique a créé des modèles intégrant le comportement de la roche, dépendant et indépendant de la température. Ils ont simulé le déplacement du magma depuis des sources profondes, à plus de 13 km de profondeur, vers des chambres magmatiques moins profondes, avec diverses géométries.
Pour tester le réalisme de ces modèles, ils ont comparé les résultats aux données InSAR et sismiques de l’éruption de Veniaminof de 2018. L’éruption de 2018 est intéressante car elle n’a montré aucun mouvement de terrain significatif ni aucune activité sismique préalable, ce qui en fait un bon exemple d’éruption ‘silencieuse’, autrement dit sans signes précurseurs.
La principale conclusion est que certains systèmes magmatiques peuvent entrer en éruption sans produire de signaux d’alerte détectables. Plus précisément, les systèmes disposant de petites chambres magmatiques profondes, avec de faibles apports de magma et une roche environnante ramollie par la chaleur peuvent produire des éruptions avec une déformation minimale du sol (moins de 10 mm) et une sismicité faible, voire nulle. Cette dernière est en général liée à la rupture de la roche par cisaillement.
Cependant, les scientifiques ont remarqué que certaines roches continuent à se fracturer suite à des contraintes trop intenses, ce qui est suffisant pour permettre au magma de remonter vers la surface et provoquer une éruption. Dans les modèles où le comportement de la roche évolue avec la température, un flux de magma plus important est nécessaire pour déclencher cette rupture, mais même dans ce cas, les signaux de surface restent faibles.
L’analyse InSAR de 2015 à 2018 n’a révélé aucun schéma cohérent de soulèvement ou d’affaissement du sol autour du Veniaminof, ce qui corrobore les résultats de la modélisation. Même lors de l’éruption de 2018, les signaux de déplacement étaient difficilement détectables et probablement masqués par des interférences atmosphériques ou par le glacier qui recouvre le sommet. Ces facteurs compliquent la détection de signes subtils d’inflation volcanique et étayent la conclusion selon laquelle le Veniaminof peut produire des éruptions avec peu ou pas de signes précurseurs en surface.

References:

Stealthy magma system behavior at Veniaminof Volcano, Alaska – Yuyu Li, Patricia M. Gregg, et al. – Frontiers in Earth Science – June 10, 2025 – DOI https://doi.org/10.3389/feart.2025.1535083 – OPEN ACCESS

The Watchers.

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Veniaminof volcano on the Alaska Peninsula has a long record of eruptions that occur with little or no detectable warning. Despite the presence of eight permanent seismic stations and satellite monitoring using Interferometric Synthetic Aperture Radar (InSAR), most eruptions since 1993 have taken place without clear precursory signals. Of the last 13 eruptions, only two were preceded by detectable warning signs. This pattern prompted researchers to examine the underlying magma system at Veniaminof and investigate how volcanoes behave prior to eruption.

Researchers from two Illinois universities set out to test whether a sealed magma system could erupt without triggering any noticeable seismic activity or ground movement.

In open volcanic systems, such as Mauna Loa, magma and gases move more freely toward the surface, sometimes resulting in fewer clear warning signals. In contrast, closed systems, such as Campi Flegrei, typically accumulate pressure, which can cause ground uplift and increased seismicity before an eruption.

To figure out how eruptions might happen without these signals, the researchers built detailed thermomechanical models. They tested how changes in magma chamber shape, size, depth, and magma supply rate interact with the surrounding rock’s physical properties.

The scientific team created models incorporating both temperature-dependent and temperature-independent rock behavior. They simulated magma transport from deep sources, more than 13 km below the surface, into shallower magma chambers with varying geometries.

To test how realistic these models were, they compared the results with InSAR and seismic data from Veniaminof’s 2018 eruption. The 2018 eruption is valuable because it showed no obvious ground movement or any preceding seismic activity, making it a good example of a quiet eruption.

The main finding is that certain magma systems can erupt without producing detectable warning signals. Specifically, systems characterized by small, deep magma chambers, low magma supply rates, and heat-softened surrounding rock can produce eruptions with minimal ground deformation (less than 10 mm and little to no seismicity related to shear failure, which typically causes earthquakes.

However, some rock still fractured through tensile failure, which was enough to allow magma to rise and cause an eruption. In models where the rock’s behavior changed with temperature, a higher magma flux was needed to trigger this failure, but even then the surface signals remained weak.

InSAR analysis from 2015 to 2018 revealed no consistent uplift or subsidence patterns around the volcano, supporting the modeling results. Even during the 2018 eruption, displacement signals were ambiguous and likely masked by atmospheric interference or the glacier covering the summit. These factors complicate the detection of subtle signs of volcanic inflation and support the conclusion that Veniaminof can produce eruptions with little or no surface warning.

References:

Stealthy magma system behavior at Veniaminof Volcano, Alaska – Yuyu Li, Patricia M. Gregg, et al. – Frontiers in Earth Science – June 10, 2025 – DOI https://doi.org/10.3389/feart.2025.1535083 – OPEN ACCESS

The Watchers.

La source magmatique du Mauna Loa et du Kilauea (Hawaï) // The magma source of Mauna Loa and Kilauea (Hawaii)

En utilisant près de 200 années d’archives sur la chimie de la lave du Kilauea et du Mauna Loa, des scientifiques de l’Université d’Hawaï à Manoa et leurs collègues ont montré que les deux volcans les plus actifs d’Hawaï partagent une source magmatique commune au sein du panache mantellique hawaïen. Leur étude a été publiée dans le Journal of Petrology.
On pensait autrefois que la composition chimique distincte des laves du Kilauea et du Mauna Loa correspondait à des conduits d’alimentation magmatique complètement distincts depuis leur source dans le manteau jusqu’à la surface. Cependant, les dernières études montrent que c’est inexact. La matière en fusion provenant d’une source commune dans le manteau au sein du panache hawaïen peut alimenter alternativement le Kilauea ou le Mauna Loa sur une échelle de temps de plusieurs décennies.
Les chercheurs ont obtenu sur le long terme un modèle d’activité éruptive alternée entre le Kilauea et le Mauna Loa en analysant près de deux siècles de données sur la chimie de la lave. Les données indiquent que lorsqu’un volcan connaît une période prolongée d’activité, l’autre a tendance à rester en sommeil. Ce schéma semble lié à des changements dans le transport du magma en provenance de la source commune sous l’archipel hawaïen.
Le Mauna Loa est entré en éruption en 2022 après sa plus longue période d’inactivité connue. Cette période a en grande partie coïncidé avec l’éruption du Pu’uO’o sur le Kilauea, de 1983 à 2018. Elle s’est terminée par un effondrement de la caldeira sommitale et une éruption qui a détruit quelque 700 structures. Les fontaines de lave atteignaient jusqu’à 80 mètres de hauteur.
Les chercheurs ont observé que les variations dans la chimie de la lave correspondent aux changements dans la fréquence et l’intensité des éruptions. Le Kilauea est resté très actif pendant que le Mauna Loa est resté relativement calme entre le milieu du 20ème siècle et 2010. Au cours de cette période, la composition chimique de la lave du Kīlauea a ressemblé de plus en plus à celle de la lave typique du Mauna Loa. Ce changement tend à montrer que le magma s’est déplacé du Mauna Loa vers le Kilauea.
Depuis 2010, la composition chimique de la lave du Kilauea a de nouveau commencé à changer, ce qui indique que le magma se dirige maintenant vers le Mauna Loa. Ce changement a d’abord été observé dans les rapports d’éléments traces tels que le niobium et l’yttrium (Nb/Y), qui reflètent le degré de fusion du manteau. L’étude montre que ces changements chimiques pourraient être un précurseur d’une hausse d’activité éruptive au Mauna Loa dans les décennies à venir.
La nouvelle étude propose une nouvelle approche pour prévoir les éruptions sur la Grande Île d’Hawaï. Selon les chercheurs, la surveillance à long terme de la composition chimique de la lave pourrait permettre de savoir quel volcan est susceptible de devenir plus actif à l’avenir. «Notre étude montre que la surveillance de la composition chimique de la lave est un outil susceptible d’être utilisé pour prévoir la fréquence des éruptions de ces volcans voisins sur une échelle de temps de plusieurs décennies. Une hausse future de l’activité éruptive du Mauna Loa est probable si la composition chimique de la lave continue de changer sur le Kilauea. »

Les résultats de l’étude ont des implications pour l’évaluation des risques et les stratégies de surveillance. Les scientifiques pourraient être en mesure de fournir des prévisions plus précises sur le moment et le lieu de la prochaine éruption majeure si le mouvement du magma provenant de la source commune peut être suivi grâce à la chimie de la lave. Ces connaissances pourraient permettre de mieux gérer les risques dans les localités à proximité de ces volcans.
Source : Big Island Now.

Coulée de lave sur le Kilauea (Photo: C. Grandpey)

Dernière éruption du Mauna Loa en 2022 (Crédit photo: USGS)

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Using a nearly 200-year record of lava chemistry from Kīlauea and Mauna Loa, scientists from the University of Hawaiʻi at Mānoa and their colleagues revealed that Hawaii’s two most active volcanoes share a magma source within the Hawaiian plume. Their discovery was published in the Journal of Petrology.

In the past, the distinct chemical compositions of lavas from Kīlauea and Mauna Loa were thought to require completely separate magma pathways from their source in the mantle to the surface. However, the latest research shows that this is incorrect. Melt from a shared mantle source within the Hawaiian plume may be transported alternately to Kīlauea or Mauna Loa on a timescale of decades.

Researchers identified a long-term pattern of alternating eruptive activity between Kīlauea and Mauna Loa by analyzing nearly 2 centuries of lava chemistry data. The data indicates that when one volcano experiences an extended period of heightened activity, the other tends to remain dormant. The pattern has been linked to shifts in the transport of magma from the shared source beneath the Hawaiian Islands.

Mauna Loa erupted in 2022 after its longest-known dormancy period. The period of inactivity largely coincided with the prolonged Pu’uO’o eruption at Kīlauea which lasted from 1983 to 2018. It ended with a summit caldera collapse and a voluminous eruption. Lava fountains were as tall as 80 meters

Researchers have observed that variations in lava chemistry correspond to changes in the frequency and intensity of eruptions. Kīlauea was highly active while Mauna Loa remained relatively quiet between the mid-20th century and 2010. During this period, the chemical composition of Kīlauea’s lava became increasingly similar to typical Mauna Loa lava. The shift suggests that magma transport had moved from Mauna Loa to Kīlauea.

Since 2010, lava chemistry at Kīlauea has once again begun to change which indicates that magma is now being redirected back to Mauna Loa. The shift was first observed in trace element ratios such as niobium to yttrium (Nb/Y) which reflect the degree of mantle melting. The study suggests that these chemical shifts could be a precursor to increased eruptive activity at Mauna Loa in the coming decades.

The new study provides a new approach to forecasting volcanic eruptions on Hawaii Big Island. It suggests that long-term monitoring of lava chemistry could serve as an indicator of which volcano is likely to become more active in the future. “Our study suggests that monitoring of lava chemistry is a potential tool that may be used to forecast the eruption rate and frequency of these adjacent volcanoes on a timescale of decades. A future increase in eruptive activity at Mauna Loa is likely if the chemistry of lava continues to change at Kīlauea.”

The findings of the study have implications for hazard assessment and monitoring strategies.

Scientists may be able to provide more accurate predictions about when and where the next major eruption will occur if magma movement from the shared source can be tracked through lava chemistry. The knowledge could help mitigate risks for the communities living near these volcanoes.

Source : Big Island Now.

https://bigislandnow.com/