Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques nouvelles de l’activité volcanique dans le monde:

Au Kamtchatka, une nouvelle éruption a eu lieu sur le Bezymianny le 23 mai 2022. Selon le VAAC de Tokyo, le panache de cendres s’est élevé jusqu’à 5,2 km d’altitude. En conséquence, le KVERT a fait passer la couleur de l’alerte aérienne à l’Orange.
Dans le même temps, l’activité explosive se poursuit sur le Karymsky, avec des colonnes de cendres atteignant une hauteur de 8 km et 6,7 km au-dessus du niveau de la mer. La couleur de l’alerte aérienne est maintenue à l’Orange.
Source : KVERT.

Eruption du Bezymianny (Source: KVERT)

++++++++++

Au cours des dernières heures, une augmentation progressive de l’activité strombolienne a été observée au sommet du Cratère sud-est de l’Etna (Sicile). Les panaches de cendres peuvent atteindre une altitude d’environ 5 000 mètres. Au vu de cette nouvelle phase éruptive, l’INGV a mis en place une alerte Rouge pour l’aviation, même si les cendres n’ont eu aucun impact sur le fonctionnement de l’aéroport international Vincenzo Bellini de Catane. Dans le même temps, la lave continue à être émise par les deux bouches qui se sont ouvertes les 12 et 20 mai. Les fronts de coulée les plus avancés se situent à une altitude comprise entre 2 800 et 2 700 mètres dans la Valle del Leone.
Source : INGV.

L’Etna le 22 mai 2022 (capture image webcam)

++++++++++

La sismicité a diminué sur la péninsule de Reykjanes (Islande) au cours des derniers jours, mais personne ne sait comment la situation est susceptible d’évoluer. Fin de l’essaim sismique ? Nouvelle inflation du sol à cause d’une intrusion magmatique ? Nouvelle éruption, en espérant qu’elle ne se produise pas dans la zone de la centrale géothermique?

++++++++++

L’éruption sommitale du Kilauea (Hawaï) se poursuit. Elle reste confinée dans le cratère de l’Halemaʻumaʻu. Selon le HVO, les données actuelles indiquent que ce scénario est susceptible de se poursuivre. Les mesures effectuées le 10 mai 2022 ont révélé que le fond du cratère s’était élevé d’environ 106 mètres et que 77 millions de mètres cubes de lave avaient été émis depuis le début de cette éruption le 29 septembre 2021.
Source : HVO.

Crédit photo; HVO

++++++++++

L’activité est table sur le Sabancaya (Pérou) avec une moyenne de 21 explosions quotidiennes. Elles génèrent des panaches de cendres qui s’élèvent généralement à environ 2,3 km au-dessus du sommet. La situation ne devrait pas changer dans les prochains jours.
Source : IGP.

Source : IGP

++++++++++

À Vulcano (îles Éoliennes), tout le monde attend les résultats des analyses des échantillons de gaz et d’eau prélevés après l’événement du 23 mai 2022, lorsque l’eau le long de la plage de Levante a soudainement pris une couleur d’abord blanc laiteux puis sombre, avec des odeurs nauséabondes.

Photo: C. Grandpey

++++++++++

Le niveau d’activité reste élevé sur le Ruapehu (Nouvelle-Zélande), mais on observe une baisse. Le tremor volcanique a diminué, mais reste au-dessus de la normale. La température de l’eau du lac a diminué d’un pic de 41°C le 8 mai à 30°C aujourd’hui. Les émissions de gaz sont toujours élevées, mais à des valeurs inférieures à celles mesurées il y a deux semaines. Les émissions de SO2 et de CO2 s’élèvent respectivement à 179 et 1 658 tonnes par jour. Le niveau d’alerte volcanique reste à 2 (sur une échelle de 0 à 5) et la couleur de l’alerte aérienne est maintenue au Jaune.
Source : GeoNet.

Photo: C. Grandpey

°°°°°°°°°°

Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous en trouverez d’autres (en anglais) en lisant le bulletin hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

——————————————–

Here is some news of volcanic activity around the world :

In Kamchatka, a new eruption took place at Bezymianny on May 23rd, 2022. According to the Tokyo VAAC, the ash plume rose up to 5.2 km above sea level. As a result, KVERT raised the Aviation Color Code from Yellow to Orange.

Meatime, explosive activity continues at Karymsky, with ash columns reaching a height of 8 km and 6.7 km above sea level. The Aviation Color Code remains Orange.

Source: KVERT.

++++++++++

Over the past few hours, a gradual increase in Strombolian activity has been observed at the summit of Mt Etna’s Southeast Crater. Ash plumes may reach an altitude of about 5,000 meters. In view of this new eruptive phase, INGV issued a red alert for aviation, even if the ash had no impact on the operation of the Vincenzo Bellini international airport in Catania. At the same time, lava is still coming out of the two vents that opened on May 12th and 20.th The most advanced flow fronts are at an altitude between 2,800 and 2,700 meters in the Valle del Leone.

Source: INGV.

++++++++++

Seismicity has been declining on the Reykjanes Peninsula (Iceland) during the past days, but nobody knows what might happen next. End of the seismic swarm? New ground inflation because of magma intrusion? A new eruption, hoping it does not happen in the area of the geothermal plant?

++++++++++

The summit eruption of Kilauea (Hawaii) continues. It remains confined within Halemaʻumaʻu crater. According to HVO, current data indicate that this scenario is likely to continue. Overflight measurements on May 10th, 2022 indicated that the crater floor had risen by about 106 meters and that 77 million cubic meters of lava had been effused since the beginning of this eruption on September 29th, 2021.

Source: HVO.

++++++++++

Activity is table at Sabancaya (Peru) with an everage of 21 daily explosions. They generate ash plumes that usually rise about 2.3 km above the summit. The situation is unlikely to change in the coming days.

Source: IGP.

++++++++++

At Vulcano (Aeolian Islands), everybody is waiting for the results of the analyses of gas and water samples collected after the event of May 23rd, 2022, when the water along the coast at Levante beach suddenly took on a colour that was first milky white and then dark, with foul odours.

++++++++++

Elevated unrest continues at Ruapehu (New Zealand), though at reduced levels. The levels of volcanic tremor have declined, but remain above normal. The lake water temperature has decreased from a peak of 41°C on May 8th to 30°C. Yhere are still high levels of gas emissions, though at values lower than measured two weeks before. SO2 and CO2 emission rates were at 179 and 1,658 tonnes per day, respectively. The volcanic alert level remains at 2 (on a scale from 0-5) and the aviation colour code is kept at Yellow.

Source: GeoNet.

°°°°°°°°°°

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

Nome (Alaska) et le réchauffement climatique : une affaire d’adaptation (2ème partie // Nome (Alaska) and global warming : a matter of adaptation (part 2)

La fonte de la glace de mer et les nouvelles stratégies internationales.
La Russie ne se contente pas de construire des ports. Au cours de la dernière décennie, les autorités russes ont de plus en plus exprimé leur désir de faire de l’Arctique une sphère d’expansion militaire et économique, pour contrer ce qu’ils perçoivent comme une menace des États-Unis et de l’OTAN pour les intérêts russes dans la région. Les images satellite publiées en avril 2021 montrent que la Russie étend ses capacités militaires dans l’Arctique en construisant de nouvelles bases et en modernisant celles qui existent déjà.
L’influence des différents acteurs entrera en jeu lorsqu’il s’agira de contrôler les réserves de pétrole, les minéraux dans les fonds marins et les ressources poissonnières dans la région. Le réchauffement des océans pousse les bancs de poissons vers le nord, dans les zones arctiques où des nations rivales pourraient s’affronter à propos des droits de pêche. La mer de Béring, partagée par la Russie et les États-Unis, abrite déjà environ 40 % des stocks américains de poissons et de crabes et est en concurrence avec la Nouvelle-Angleterre au niveau de la rentabilité. La région pourrait devenir un point de conflit et intensifier les tensions avec les États-Unis.
La flotte de pêche de l’Alaska a eu un aperçu de cette possibilité de conflit en août 2020, lorsque la marine russe a conduit des opérations militaires à l’intérieur de la zone économique américaine de la mer de Béring. Il a été demandé à tous les bateaux américains présents dans la zone de bien vouloir l’évacuer. La marine américaine a réagi, quoique tardivement, en effectuant ses propres manoeuvres militaires au mois de mars.
Alors que le changement climatique redessine la carte de l’Arctique, les accords régionaux sur les stocks de poissons, les routes maritimes, les programmes de recherche et l’extraction des ressources devront être étroitement contrôlés pour protéger ce qui était autrefois surnommé avec optimisme le Pôle de la Paix par Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’ère soviétique.

La glace de mer : un élément essentiel de l’Arctique.
La glace de mer ne protège pas seulement les côtes arctiques des violentes tempêtes hivernales. C’est aussi un élément essentiel de la chaîne alimentaire. Les algues qui poussent sous la glace nourrissent les larves de poissons et les minuscules crustacés qui sont une source de nourriture pour la plupart des habitants de l’océan. Les mammifères marins comme les phoques et les ours polaires ont besoin de la glace de mer pour chasser et mettre bas. De plus, les populations autochtones côtières de l’Alaska dépendent de la glace de mer pour la chasse de subsistance. Un phoque peut nourrir une famille en viande pendant un an. Dans les communautés autour de Nome, les produits d’épicerie sont acheminés par avion à grands frais. Une pastèque peut coûter 50 dollars et une dinde de Thanksgiving congelée jusqu’à 60 dollars! A Nome, la chasse n’est pas un passe-temps, c’est une une nécessité.
Le dernier rapport du GIEC indique que « l’augmentation des événements météorologiques et climatiques extrêmes expose les gens à une insécurité alimentaire aiguë et réduit la sécurité de l’eau ; les impacts les plus importants sont observés dans de nombreux endroits et/ou communautés de l’Arctique, en particulier chez les peuples autochtones ». Les communautés en question commencent déjà à s’adapter. Certains ont commencé à chasser l’orignal qui se déplace maintenant vers le nord dans la toundra à mesure que la nouvelle végétation prend racine dans le pergélisol en train de dégeler. Sur la côte, la goberge commence à remplacer le saumon et l’omble chevalier qui occupaient autrefois le nord de la mer de Béring.
Même la vieille plaisanterie qui disait que les Esquimaux avaient cent mots pour parler de la neige n’est plus à l’ordre du jour dans un monde qui se réchauffe. Certains indigènes de l’Alaska ont commencé à utiliser le néologisme yup’ik usteq pour désigner l’érosion rapide causée par le climat et le dégel du pergélisol.

Un maître mot : ADAPTATION !
Adaptation est un mot-clé pour les communautés de l’Arctique qui doivent faire face aux réalités du changement climatique. Elles devront créer de nouvelles traditions et les régimes alimentaires changeront.
Nome peut encore être en mesure de s’adapter à la nouvelle situation sans trop de pertes si la ville sait anticiper le changement. Lorsque le Crystal Serenity a été le premier grand navire de croisière à traverser l’Arctique en 2016, Nome a été l’une de ses premières escales lors du voyage de 32 jours. Plus de 1 000 passagers ont dépensé leur argent dans les commerces de la ville. Aujourd’hui, après la pause due à la pandémie de COVID-19, 27 paquebots de croisière devraient s’arrêter à Nome cet été.
Une étude menée par le Nome Visitor Center estime que chaque touriste d’un croisiériste rapporte plusieurs centaines de dollars aux magasins locaux et aux voyagistes. Mais les gros bateaux acheminent aussi des marchandises, des matériaux de construction, du carburant et de la nourriture dont le prix diminuerait, rendant la vie plus abordable pour la population.
Cependant, un port en eau profonde à Nome pourrait également poser des problèmes. Plus de trafic signifie un risque accru d’introduction d’espèces invasives collées aux coques des navires étrangers, ce qui pourrait détruire un écosystème dans le détroit de Béring qui est déjà sous la pression du changement climatique. L’augmentation du bruit due à la récente augmentation de la navigation perturbe déjà l’écosystème océanique. Des poissons et des mammifères marins sont partis et le bruit perturbe le mode de vie des autochtones. Plus de navires signifie aussi plus de gaz d’échappement qui noircissent ce qui reste de glace de mer et accélèrent le processus de fonte.
L’ancien maire de Nome, l’un des premiers partisans de l’expansion du port, affirme que le projet vise davantage à protéger la communauté qu’à profiter du changement climatique. Plus l’Arctique se réchauffera, plus les bateaux passeront par le détroit de Béring. Nome doit se préparer à cela, mais aussi aux conséquences. Une expansion du port, bien faite, devrait inclure des mesures de contrôle permettant d’éloigner le trafic des frayères ou des alevinières à certaines périodes de l’année.
Les premiers habitants de l’Alaska ont survécu et prospéré dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète grâce à un processus d’adaptation continue.

Selon l’ancien premier magistrat, la recherche d’opportunités dans une région en évolution rapide, qu’il s’agisse d’un meilleur accès aux ressources minérales, de voies de navigation plus efficaces ou de nouvelles zones de pêche, constitue une forme d’adaptation à la situation actuelle.
Source : Yahoo Actualités.

—————————————

The melting of the sea ice: new international strategies.

Russia isn’t just building up ports. For the past decade, the country’s leaders have increasingly voiced their desire to make the Arctic a sphere of military and economic expansion, to counter what they perceive as U.S. and NATO challenges to Russian interests in the region. Satellite imagery released in April 2021 showed Russia expanding its military capabilities in the Arctic by building new bases and modernizing existing ones.

Influence will matter when it comes to control of the region’s petroleum reserves, seabed minerals, and seafood. Warming oceans are pushing global fish stocks northward, into polar areas where rival nations could clash over fishing rights. The Bering Sea, shared by Russia and the U.S., is already home to approximately 40% of U.S. fish and crab stocks, and rivals New England for the most profitable U.S. fishery. This could become an unexpected flash point and intensify tensions with the U.S.

The Alaskan fishing fleet got a glimpse of what that could look like in August 2020, when the Russian navy conducted military operations inside the U.S. economic zone of the Bering Sea and warned all boats in the area to get out of their way. The U.S. Navy responded, belatedly, by conducting its own operations inside the Arctic Circle in March.

As climate change redraws the Arctic map, regional cooperation over fish stocks, shipping routes, research programs, and resource extraction will be vital to protect what was once optimistically dubbed the Pole of Peace by the last Soviet President, Mikhail Gorbachev.

Sea ice: an essential element of the Arctic.

Sea ice doesn’t just protect Arctic coasts from savage winter storms. It’s also an essential element of the region’s and the world’s food web. Algae growing underneath feeds the fish larvae and tiny crustaceans that are the food source for most ocean inhabitants, and marine mammals like seals and polar bears need the ice floes to hunt and give birth. Furthermore, Alaska’s coastal Indigenous populations rely on sea ice for subsistence hunting. One seal can keep a family in meat for a year. In communities around Nome – where groceries are flown in at great expense – a watermelon can cost $50 and a frozen Thanksgiving turkey up to $60. In Nome, hunting is not a pastime, it’s a lifeline.

The latest IPCC report noted that “increasing weather and climate extreme events have exposed … people to acute food insecurity and reduced water security, with the largest impacts observed in many locations and/or communities in … the Arctic, especially for Indigenous Peoples.” Already communities are starting to adapt. Some have started hunting moose, a once foreign species that is now moving northward into the tundra as new vegetation takes root in the thawing permafrost. On the coast, pollock is starting to replace the cold-loving salmon and arctic char that used to dominate the northern Bering Sea.

Even the old joke about Eskimos having a hundred words for snow needs to be updated in a grim vocabulary for a warming world. Some Alaska natives have started using the Yup’ik neologism usteq to refer to rapid, climate-driven erosion and ground collapse caused by permafrost melt.

A key word : ADAPTATION !

Adaptation is the climate world’s anodyne word for the decisions that must be made as threatened communities face the realities of irrevocable change. Dictionaries will have to be updated, communities will have to craft new traditions, and diets will change.

Nome may yet be able to adapt to the new situation with minimal loss if it can get ahead of the change. When the Crystal Serenity became the first large cruise ship to traverse the Arctic in 2016, Nome was one of its first stops on the 32-day voyage, bringing in more than 1,000 day-trippers eager to spend money at its businesses. Now, following a COVID-19 pandemic pause, 27 cruise liners are scheduled to stop at Nome this summer.

A study undertaken by the Nome Visitor Center estimates that each cruise-line tourist brings in several hundreds of dollars to local shops and tour companies. But bigger boats also mean that the cost of bringing in goods, from construction materials to fuel, watermelons, and frozen turkeys, would go down, making life more affordable for residents.

However, a deepwater port in Nome could bring problems as well. More traffic means an increased risk of introducing invasive species stuck to the hulls of foreign vessels, which could devastate a Bering Strait ecosystem already under pressure from climate change. Increased noise from the recent uptick in shipping is already disturbing the ocean ecosystem, driving fish and marine mammals away and disrupting the Native subsistence lifestyle. More ships mean more exhaust fumes that blacken what sea ice remains, accelerating the melting process.

Nome’s former mayor, an early supporter of the port expansion, says the project about the port is more about protecting the community than profiting from climate change. The more the Arctic warms, the more boats will come through the Bering Strait. Nome has to be prepared for that and prepared for the consequences as well. A port expansion, done right, should include the authority to direct traffic away from fish-spawning grounds or nurseries at certain times of the year.

Alaska’s earliest residents not only survived but thrived in one of the harshest environments on Earth through a process of continuous adaptation. Seeking opportunities in a rapidly changing region, whether it’s better access to mineral resources, more efficient shipping routes, or new fishing grounds, is simply the newest form of adaptation.

Source: Yahoo News.

Glace de mer

Montagnes russes suite au dégel du permafrost

(Photos: C. Grandpey)

 

Mesure des gaz sur le Kilauea (Hawaii) // Gas measuring on Kilauea Volcano (Hawaii)

Lors d’une éruption, le dioxyde de soufre (SO2) est souvent mentionné par les volcanologues. À Hawaii, c’est la principale composante du vog, ou brouillard volcanique. Cependant, d’autres gaz sont présents dans un panache éruptif et il est intéressant d’étudier leur rapport, comme celui entre le SO2 et le HCl (dioxyde de soufre/chlorure d’hydrogène). Il est également intéressant de connaître la quantité de CO2 (dioxyde de carbone) dissous dans le verre volcanique.
Sur le Kilauea, c’est le travail de l’Hawaiian Volcano Observatory (HVO) d’effectuer ces analyses. Pour réaliser les mesures, les scientifiques de l’Observatoire utilisent un spectromètre infrarouge à transformée de Fourier (IRTF ou FTIR pour Fourier Transform InfraRed spectroscopy). Ce type de spectromètre détecte le rayonnement infrarouge (IR) entrant ; c’est le type de rayonnement associé aux objets chauds ou tièdes qui ont des longueurs d’onde légèrement plus longues que la lumière visible que perçoivent les yeux.
Il s’avère que les gaz absorbent le rayonnement et que chaque gaz – CO2, HCl, SO2, H2O (sous forme de vapeur d’eau), par exemple – a sa propre signature unique de la quantité de rayonnement qu’il absorbe à différentes longueurs d’onde.
Un exemple un peu différent, mais bien connu, de gaz absorbant est l’ozone (O3). L’ozone dans l’atmosphère nous protège d’une partie des rayons ultraviolets (UV) nocifs du soleil (longueurs d’onde plus courtes que la lumière visible) en absorbant très fortement les longueurs d’onde UV. Le SO2 absorbe lui aussi fortement dans la gamme UV ; c’est pour cela que le HVO utilise les UV pour mesurer les taux d’émission de SO2.
Cependant, de nombreux gaz volcaniques n’absorbent pas très bien les UV; en revanche, ils absorbent fortement dans la gamme infrarouge ( IR). En conséquence, les scientifiques du HVO se tournent vers le FTIR pour effectuer les mesurer. L’Observatoire possède deux types de spectromètres FTIR qu’ils utilisent pour des applications différentes.
Pour mesurer les gaz dans l’atmosphère, les scientifiques utilisent le spectromètre FTIR ‘de terrain’ et se rendent sur le site où le volcan émet le panache volcanique. Une source d’énergie IR est nécessaire et la lave convient parfaitement car elle est très chaude. Ainsi, lorsqu’une éruption se produit, les scientifiques peuvent orienter le FTIR vers de la lave incandescente. S’il n’y a pas de lave à portée de main, ils peuvent toujours mesurer le gaz en dirigeant le FTIR vers une lampe spéciale qui génère des IR.
Une fois la source IR obtenue, les scientifiques doivent positionner le FTIR de telle sorte que le gaz volcanique se trouve entre la source IR et le FTIR. Le FTIR mesure les quantités relatives de rayonnement IR à différentes longueurs d’onde, dont une partie est absorbée par les gaz volcaniques. Ils analysent ensuite les données et calculent des ratios de gaz majoritaires, comme CO2/SO2 et le SO2/HCl, qui peuvent donner des informations sur la façon dont le magma et les gaz volcaniques sont véhiculés dans le système d’alimentation du volcan.
Le deuxième spectromètre FTIR reste dans le laboratoire où il est utilisé pour mesurer de petites quantités de H2O et de CO2 dissous dans les minéraux et le verre volcanique. Le principe reste le même que pour le FTIR de terrain. Le FTIR de labo dispose d’une source IR et d’un détecteur de rayonnement qui mesure l’intensité IR à de nombreuses longueurs d’onde différentes. Au lieu d’un panache volcanique pour effectuer les mesures, les scientifiques insèrent une fine lame de minéral ou de verre soigneusement polie entre la source IR et le détecteur.
Les minéraux et les verres, en particulier ceux qui sont émis par des volcans riches en gaz, contiennent souvent du CO2 et du H2O encore dissous qui absorbent les infrarouges à ces longueurs d’onde caractéristiques, tout comme les gaz volcaniques dans l’atmosphère. Dans la mesure où les scientifiques connaissent l’épaisseur de la minuscule lame de verre ou de minéral, le FTIR peut alors leur indiquer quelle quantité de gaz est dissoute dans ce petit échantillon solide. Une fois qu’ils ont ces informations, les scientifiques peuvent déterminer, par exemple, de quelle profondeur provient le matériau émis pendant éruption et à quelle vitesse il a été émis.
Source : USGS/HVO.

——————————————-

During an eruption, sulfur dioxide (SO2) is often mentioned by volcanologists. In Hawaii, it is the major component of vog, or volcanig smog. However, other gases are present in an eruptive plume and it is interesting to study their ratio, such as the one between SO2 and HCl (sulfur dioxide/hydrogen chloride). It is also interesting to know the amount of CO2 (carbon dioxide) dissolved in volcanic glass.

On Kilauea volcano in Hawaii, it is up to the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) to perform these analyses. To make the measurements, scientists at the Observatory use a Fourier Transform Infrared spectrometer, or FTIR. FTIR instruments detect incoming infrared (IR) radiation; this is the type of radiation associated with hot or warm objects having wavelengths slightly longer than the visible light we can see with our eyes.

It turns out that gases absorb radiation, and each gas – CO2, HCl, SO2, H2O (water vapour), and others – has its own unique signature of how much it absorbs at different wavelengths.

One slightly different, but common, example of an absorbing gas is ozone (O3). Ozone in the atmosphere protects us from some of the sun’s harmful ultraviolet (UV) radiation (shorter wavelengths than visible light) by absorbing UV wavelengths very strongly. SO2 also absorbs strongly in the UV range; HVO uses UV to measure SO2 emission rates.

However, many important volcanic gases don’t absorb UV very well, but they do absorb strongly in the IR range. So, HVO scientists turn to FTIR to measure them. HVO has two different types of FTIR, which they use for different applications.

For measuring gases in the atmosphere, scientists take the ‘field FTIR’ and head out to where the volcanic plume is. A source of IR energy is needed and lava is a great source of IR because it is very hot. So, when an eruption takes plave,scientists can aim the FTIR at hot, glowing lava. If there is no lava around, they can still measure the gas by aiming the FTIR at a special lamp that generates IR.

Once the IR source is obtained, scientists need to position the FTIR so the volcanic gas is between the IR source and the FTIR. The FTIR measures relative amounts of IR radiation at different wavelengths, some of which is absorbed by the volcanic gases. They then process the data and calculate important gas ratios, like CO2/SO2 and SO2/HCl, which can give information about how magma and volcanic gases are transported in the volcanic plumbing system.

The second FTIR stays in the lab where it is used for measuring small amounts of H2O and CO2 dissolved in minerals and volcanic glass. The principles are the same as with the previous instrument. The lab FTIR has an IR source and a radiation detector that measures IR intensity at many different wavelengths. But instead of a volcanic plume passing between them, the scientists insert a tiny, carefully polished chip of mineral or glass into the path between the IR source and the detector.

Minerals and glasses, especially those that erupt out of gas-rich volcanoes, often have CO2 and H2O still dissolved in them, which will absorb IR at those characteristic wavelengths just like volcanic gases in the air. As long as scientists know how thick the tiny chip of glass or mineral is, the FTIR can then tell them how much of those gases are dissolved in those little solid pieces. Once they know that, they can determine, for instance, how deep the erupted material came from and how quickly it erupted.

Source : USGS / HVO.

Scientifique du HVO utilisant le spectromètre FTIR de terrain au cours de la dernière éruption du Kilauea (Source: USGS / HVO)

Histoire d’un cantique de Noël

En ce jour de Noël, voici l’histoire du célèbre cantique « Minuit chrétien » qui a connu bien des péripéties avant d’atteindre sa forme actuelle. Etant moi-même athée, je peux en parler avec le recul suffisant. C’est son aspect historique qui a attiré mon attention.

Le cantique .présente des paroles écrites à l’origine par un marchand de vins français athée, avec une musique composée par un Français juif. Les paroles ont ensuite été traduites en anglais par un abolitionniste américain. Il a été interdit pendant une certaine période en France avant de devenir un hymne anti-esclavagiste aux États-Unis dans les années 1850.
L’histoire commence en 1843 – ou 1847 selon les sources – à Roquemaure, une petite ville de la vallée du Rhône. Placide Cappeau, qui avait suivi son père dans le commerce du vin, était également connu pour les poèmes qu’il composait. Bien que critique de l’église catholique, Cappeau a été invité par le prêtre local à écrire quelques strophes pour célébrer l’orgue récemment rénové de la cathédrale de la ville. On dit qu’il a écrit les paroles de la chanson alors qu’il se rendait à Paris pour affaires, et que c’est l’Évangile de Luc qui lui a servi d’ inspiration. Sur les conseils du même ecclésiastique qui lui avait commandé les strophes, Cappeau apporta son œuvre achevée – alors intitulée « Minuit, Chrétiens – à Adolphe Adams, un compositeur de renom. Adams, qui était d’origine juive française, a arrangé la musique, et l’oeuvre a été récemment baptisée « Cantique de Noël ».

Le cantique a fait ses débuts à l’échelle mondiale avec la cantatrice Emily Laurey lors de la messe de minuit de la veille de Noël à l’église de Roquemaure.
Bien que le « Cantique de Noël » soit devenu très populaire, il a ensuite été dénoncé par l’église catholique française. Cela est dû au fait que Cappeau était athée et socialiste, mais aussi à la découverte qu’Adams était juif,. Un évêque aurait rejeté le cantique à cause d’un « manque de goût musical et une absence totale d’esprit de la religion ». L’Eglise française n’appréciait pas non plus les paroles ouvertement anti-esclavagistes de Cappeau dans le troisième couplet. L’interdiction révèle la position de l’Église catholique française en matière d’abolition de l’esclavage.
Il convient de rappeler ici qu’à cette époque, la France prélevait encore des Noirs en Afrique dans le cadre de la traite transatlantique des esclaves, même si elle a aboli définitivement la pratique en 1848. Avant cette date, environ 1,4 million d’êtres humains ont été capturés et conduits dans des lieux colonisés par la France comme la Guadeloupe, la Martinique et surtout Saint-Domingue où ils ont été réduits en esclavage dans des conditions cruelles et souvent mortelles.
Le « Cantique de Noël » a ensuite traversé l’Atlantique jusqu’à John Sullivan Dwight, un abolitionniste américain blanc, ministre unitarien, musicien et amateur de musique classique.
En 1855, Dwight traduisit les paroles de Cappeau, accordant une attention particulière au troisième couplet.
Dwight a donné à son texte traduit le titre «O Holy Night» qu’il a publié dans son périodique musical en 1855. Le cantique est devenu un succès aux États-Unis, en particulier parmi les abolitionnistes pendant la Guerre de Sécession. Même s’il était interdit dans son pays d’origine, le cantique devint un incontournable chant de Noël et de protestation, à des milliers de kilomètres de là, aux États-Unis.