Adaptation des populations arctiques à la réduction de la glace de mer // Arctic populations are adapting to sea ice loss

Lors d’un panel organisé par le Study of Environmental Arctic Change, des peuples autochtones, des chasseurs, des scientifiques, des artistes et des décideurs ont partagé leurs points de vue sur les conséquences de la réduction de la glace de mer sur la biodiversité, l’économie, la sécurité alimentaire et sur les déplacements des populations concernées.
Avec la hausse de la température de l’air qui a augmenté quatre fois plus vite depuis 1979, l’étendue minimale annuelle de la glace de mer dans l’Arctique s’est réduite de 13 % par décennie. L’arrivée de la glace se produit de plus en plus tard dans la saison, et la protection qu’elle offre à la côte est maintenant beaucoup plus aléatoire.
La glace de mer fournit un habitat à diverses espèces, comme les ours polaires et les phoques qui en dépendent pour la chasse, la reproduction et pour éviter les prédateurs. Les algues et le krill se développent en abondance sous sa surface, sans oublier les bactéries et les vers qui n’existent que dans la glace.
De plus, la disparition de la glace de mer a des répercussions sur le bien-être social et la santé humaine autant que sur la population de baleines boréales.
La glace de mer représentait jusqu’à présent pour les communautés côtières une protection naturelle et gratuite contre l’érosion et les tempêtes qui sont de plus en plus fréquentes. Comme cette glace a disparu, toutes les zones habitées le long de la côte sont menacées par les tempêtes d’automne parce qu’il n’y a plus cette infrastructure naturelle.
Pour les chasseurs, la fonte de la glace de mer rend les déplacements dangereux.Traditionnellement, après l’arrivée de la glace de mer, les chasseurs l’utilisent pour repérer les animaux. Si les vents se lèvent pendant la chasse, ils utilisent également de gros morceaux de glace pour s’abriter. Au cours des 10 dernières années, cette technique est devenue plus compliquée. En automne, la mer gèle environ un mois plus tard et a ensuite tendance à fondre et à regeler. Les chasseurs dépendent de l’épaisseur de la glace pour se déplacer. Si la glace ne gèle pas, il devient difficile de regagner le rivage.
La nouvelle situation de la glace de mer affecte également les industries qui dépendent du sol gelé pour le transport des matériaux, mais aussi les scientifiques qui étudient les écosystèmes. Le recensement des baleines boréales en fonction de la glace de mer est l’un des projets les plus importants du North Slope Borough Department of Wildlife Management qui gère la faune dans la région. Ce projet est essentiel pour la gestion de l’espèce qui est chassées dans 11 communautés baleinières. Le Département est en train d’étudier d’autres méthodes de comptage des baleines boréales, au cas où celle qui se base sur la glace de mer ne serait plus adaptée.
A côté de ces problèmes, les implications complexes de la diminution de la glace de mer présentent toutefois certains aspects positifs. D’une part, les pêcheurs ont accès plus longtemps aux eaux libres de l’Arctique. Il en va de même pour les cargos et de navires de tourisme Entre 2009 et 2019, le trafic maritime dans le détroit de Béring a presque doublé, passant de 262 à 494 passages.
Le développement d’infrastructures comme l’installation d’un port en eau profonde à Nome pourrait booster l’activité économique en Alaska, permettre une réponse plus rapide aux situations d’urgence et fournir une position stratégique pour la sécurité nationale.
Au fur et à mesure que la glace de mer rétrécit, les populations locales continuent de s’adapter à l’évolution de l’Arctique, en cartographiant les nouvelles trajectoires empruntées par les baleines et en enregistrant l’épaisseur de la glace pour assurer des déplacements en toute sécurité. Ces populations essayent d’adapter leurs saisons de chasse et leur régime alimentaire aux caprices de la glace de mer.

Source : Anchorage Daily News.

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During a panel hosted by the Study of Environmental Arctic Change, Indigenous people, hunters, scientists, artists and policymakers shared their perspectives on what diminishing sea ice means for biodiversity, the economy, food security and travel safety for residents.

With air temperatures increasing four times faster since 1979, the annual minimum sea ice extent has decreased by 13% per decade. The freeze-up happens later and later in the season, and the shore-fast ice is now significantly less stable.

Sea ice provides habitat for a variety of species, including polar bears and seals that rely on it for hunting, breeding and predator avoidance; algae and krill thriving under its surface; and bacteria and worms that only exist in the ice.

The implications of sea ice loss affect social well-being and human health as much as they do the bowhead whale.

Sea ice also provides natural, free infrastructure protecting coastal communities from erosion and increasing storms. As this ice is gone, every community along the coast is threatened by autumn storms because there is no longer that very infrastructure.

For hunters, sea ice melt means hazardous travel. Traditionally, after freeze-up, hunters use new ice to scout for animals. If winds pick up during the hunt, they also use bigger thicker chunks of ice for shelter. In the past 10 years, that has been challenging. In autumn, the sea freezes up about a month later and tends to thaw out and re-freeze again. Hunters depend on ice thickness and depend on good, safe ice to be traveling on. Without the ice froze, it becomes challenging to get back to shore.

The change is similarly affecting industries relying on frozen ground for transporting materials, and scientists studying the ecosystem. The ice-based census of bowhead whales is one of the most important projects for the North Slope Borough Department of Wildlife Management, critical for the management of the species that is hunted in 11 whaling communities Now the department is investigating other methods to count bowheads, in case ice-based surveys become impractical.

The complex implications of the diminishing sea ice include some positives. For one, fishermen have access to open water in the Arctic for longer. So do cargo and tourism ships: In the Bering Strait, from 2009 to 2019, vessel traffic transits almost doubled, from 262 to 494.

Potential infrastructure developments like a deepwater port in Nome could further increase economic activity in Alaska, lead to a faster response to emergencies and provide a strategic position for national security.

And as sea ice shrinks, local communities are continuing to adapt to the changing Arctic, mapping the whaling trails and ice thickness to ensure safe travel and adjusting their hunting seasons and diet.

Source : Anchorage Daily News.

 

L’étendue de la glace de mer arctique en mars 2023 était de 14,44 millions de kilomètres carrés. La ligne magenta montre l’étendue moyenne de 1981 à 2010 pour ce même mois (Source : NSIDC)

Réchauffement climatique : la fin des hôtels « pieds dans l’eau » ?

En passant à une centaine de kilomètres au nord de l’île, le cyclone tropical Intense Freddy a épargné La Réunion où seules quelques grosses déferlantes ont frappé le littoral du nord. L’île Maurice voisine a été davantage impactée avec une forte houle et des vagues qui ont atterri dans les parasols des hôtels « pieds dans l’eau ». Aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et la hausse du niveau des océans – qui n’en est qu’à ses débuts – cette dernière expression pose problème. De nombreuses zones littorales en métropole et à l’outre-mer vont devoir prendre rapidement des mesures si elles ne veulent pas être inondées. Les conséquences du cyclone Freddy à l’île Maurice illustrent la fragilité du littoral et la nécessité de réfléchir à l’avenir de ces établissements « pieds dans l’eau » si on veut préserver l’économie touristique.

La montée des eaux devient un sujet de préoccupation pour l’île Maurice où la côte est moins accidentée qu’à La Réunion. Les plages y sont plus étendues et de nombreuses infrastructures hôtelières ont les pieds dans l’eau. Ces atouts indéniables deviennent aujourd’hui le talon d’Achille de l’île.

L’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice n’a pas encore dressé le bilan des dégâts causés par le cyclone, mais plusieurs établissements ont décrit leur propre situation. En certains endroits, une partie de la plage a été endommagée par les fortes marées. Certes, la partie de plage endommagée sera remise sur pied, mais pour combien de temps ?

L’île Maurice dont l’économie dépend en grande partie du tourisme va devoir s’adapter. Les structures hôtelières seront obligées de renoncer à s’installer avec les pieds dans l’eau. Le réchauffement climatique va générer des cyclones et des dépressions potentiellement plus puissants. Les houles cycloniques passées ont déjà abîmé le littoral. Les futures déferlantes risquent d’emporter carrément les plages.

Des spécialistes des questions environnementales et géologiques de l’île Maurice ont été invités à débattre de cette question. Selon eux, « l’aménagement des zones côtières est à revoir et l’évacuation des zones actuellement habitables sur la côte deviendra un sujet important à l’avenir ».

Source : Réunion la 1ère.

Comme je l’ai écrit précédemment, ce n’est pas à la belle saison quand le soleil brille, que la mer est étale et que les coefficients de marée sont faibles que le problème est apparent. Le danger se fait jour au moment des tempêtes de grandes marées, accompagnées d’une forte houle. Ce ne sont plus seulement les pieds qui sont dans l’eau. Les enrochements disposés ici et là le long des côtes ne pèsent pas lourd face à la force des vagues. Il suffit de regarder où sont arrivés certains blockhaus datant de la Seconde Guerre Mondiale…

Photo: C. Grandpey

Le manque de neige, un casse-tête pour les stations de ski

Le manque de neige dans la plupart des stations de ski de basse et moyenne montagne au cours des vacances de Noël 2022-2023 a confirmé ce que l’on savait déjà, mais que certains refusent toujours d’admettre : avec le réchauffement climatique, la neige va se faire de plus en plus rare dans ces stations. Celles situées à des altitudes plus élevées connaîtront des problèmes, elles aussi, mais un peu plus tard, en sachant que le réchauffement climatique est souvent plus rapide que les prévisions.

La chaîne France Info a choisi de prendre comme exemple de la situation actuelle Gresse-en-Vercors, le plus haut village du Vercors. Devant le manque de neige récurrent, les autorités locales se demandent s’il faut poursuivre les activités de ski. Le village a été obligé de fermer sa station pendant une grande partie des vacances de Noël 2022, faute de neige.

Continuer ou s’arrêter ? C’est le dilemme pour de nombreux petits villages dans les massifs français. Malgré le manque de neige, les habitants de Gresse ont fait le choix il y a deux ans, par référendum, d’installer neuf nouveaux canons à neige. A mes yeux, c’est une erreur car, pour que les enneigeurs fonctionnent, il faut une température inférieure de plusieurs degrés à zéro et la tendance climatique actuelle ne semble guère favorable à une telle situation. Sans parler des effets néfastes des enneigeurs pour l’environnement.

Le maire de la localité, élu en 2020, était contre ce projet. Il n’envisage pas de fermer la station, mais souhaite la voir évoluer. Du côté des partisans du maintien du ski coûte que coûte, la joie a été de courte durée. Avec ou sans canon, la station a dû fermer, comme beaucoup d’autres, une partie des vacances de Noël à cause du manque de neige. Les neuf enneigeurs ont coûté 500 000 euros financés par la mairie avec l’aide de subventions de la région et du département.

Le maire précédent a soutenu le « oui » lors du référendum. Selon lui, il faut continuer à penser aux quatre saisons et à ne pas sacrifier l’hiver. L’équipe municipale actuelle ne croit plus à la neige. Le nouveau maire a déclaré : « On ne se fait pas d’illusions, on va être rattrapé par le réchauffement climatique. » Pour son prédécesseur, « l’idée, c’est de tenir 15 à 20 ans sans problème. » Au train où vont les choses, l’accélération du réchauffement climatique risque de le décevoir. Il y a de fortes chances pour que la neige ait disparu à l’échéance qu’il s’est donné.

La neige a signé son retour en janvier mais il va désormais falloir payer les factures pour faire fonctionner les canons. A Gresse comme ailleurs, la hausse du coût de l’énergie se fait sentir lourdement. On compte cette hausse en dizaine de milliers d’euros et le maire fait remarquer que les 50 canons à neige représentent à eux seuls 40 % des dépenses en énergie de la station.

Source : France Info.

Les enneigeurs ne sont probablement pas une solution d’avenir. (Photos: C. Grandpey)

Réchauffement climatique : la station de La Plagne (Savoie) déplace ses installations

L’hiver 2022-2023 sera la dernière saison de ski sur les glaciers de La Plagne (Savoie), après près de 50 ans d’exploitation. L’hiver prochain, les travaux devant permettre de supprimer tout équipement du domaine glaciaire, pour reporter les skieurs vers une zone moins sensible au réchauffement climatique, seront terminés. Une nouvelle télécabine sera construite sur une emprise moins affectée par la hausse des températures. Le chantier de 30 M€, entièrement financé par la station, supprime 9 hectares de surface de pistes de ski.

Lors de l’aménagement des glaciers de Bellecôte et de La Chiaupe dans les années 1970, l’accès avait été prévu par une télécabine et deux télésièges. Or cette zone glaciaire, comme les autres, subit aujourd’hui une fonte importante due au réchauffement climatique. En dix ans, son volume a au moins été divisé par quatre et, d’ici quelques années, ces glaciers n’en auront plus que le nom.

Au cours de l’été 2023, le secteur glaciaire sera déséquipé, avec retrait des pylônes, câbles et bâtiments de la télécabine et des deux télésièges. En parallèle, une nouvelle télécabine sera construite avec un axe différent : son point d’arrivée (à un peu plus de 3000 mètres d’altitude) sera plus à gauche, lorsqu’on regarde les glaciers, sur du rocher sain et stable, et sur une emprise déjà aménagée.

Tout ceci permettra de maintenir un niveau raisonnable de coûts, tout en permettant au public de continuer à avoir une expérience de la haute altitude. Chaque hiver, La Plagne accueille en moyenne 2,5 millions de skieurs, dont 20 à 25% montent jusqu’au sommet de la station.

Source: presse savoyarde.

On le voit : ADAPTATION est devenu le maître mot pour les stations de ski alpines, y compris celles en haute altitude pour lesquelles le ski d’été est déjà en train de devenir une activité du passé. En moyenne et basse altitude, un autre maître mot devra être DIVERSIFICATION, faute de quoi la fréquentation sera en chute libre, avec de grosses difficultés financières.

Le ski sur glacier est en passe de devenir une activité très compliquée, comme ici dans les Hautes-Alpes, sur le glacier de la Girose (Photo: C. Grandpey)