Nome (Alaska) et le réchauffement climatique : une affaire d’adaptation (2ème partie // Nome (Alaska) and global warming : a matter of adaptation (part 2)

La fonte de la glace de mer et les nouvelles stratégies internationales.
La Russie ne se contente pas de construire des ports. Au cours de la dernière décennie, les autorités russes ont de plus en plus exprimé leur désir de faire de l’Arctique une sphère d’expansion militaire et économique, pour contrer ce qu’ils perçoivent comme une menace des États-Unis et de l’OTAN pour les intérêts russes dans la région. Les images satellite publiées en avril 2021 montrent que la Russie étend ses capacités militaires dans l’Arctique en construisant de nouvelles bases et en modernisant celles qui existent déjà.
L’influence des différents acteurs entrera en jeu lorsqu’il s’agira de contrôler les réserves de pétrole, les minéraux dans les fonds marins et les ressources poissonnières dans la région. Le réchauffement des océans pousse les bancs de poissons vers le nord, dans les zones arctiques où des nations rivales pourraient s’affronter à propos des droits de pêche. La mer de Béring, partagée par la Russie et les États-Unis, abrite déjà environ 40 % des stocks américains de poissons et de crabes et est en concurrence avec la Nouvelle-Angleterre au niveau de la rentabilité. La région pourrait devenir un point de conflit et intensifier les tensions avec les États-Unis.
La flotte de pêche de l’Alaska a eu un aperçu de cette possibilité de conflit en août 2020, lorsque la marine russe a conduit des opérations militaires à l’intérieur de la zone économique américaine de la mer de Béring. Il a été demandé à tous les bateaux américains présents dans la zone de bien vouloir l’évacuer. La marine américaine a réagi, quoique tardivement, en effectuant ses propres manoeuvres militaires au mois de mars.
Alors que le changement climatique redessine la carte de l’Arctique, les accords régionaux sur les stocks de poissons, les routes maritimes, les programmes de recherche et l’extraction des ressources devront être étroitement contrôlés pour protéger ce qui était autrefois surnommé avec optimisme le Pôle de la Paix par Mikhaïl Gorbatchev, le dernier président de l’ère soviétique.

La glace de mer : un élément essentiel de l’Arctique.
La glace de mer ne protège pas seulement les côtes arctiques des violentes tempêtes hivernales. C’est aussi un élément essentiel de la chaîne alimentaire. Les algues qui poussent sous la glace nourrissent les larves de poissons et les minuscules crustacés qui sont une source de nourriture pour la plupart des habitants de l’océan. Les mammifères marins comme les phoques et les ours polaires ont besoin de la glace de mer pour chasser et mettre bas. De plus, les populations autochtones côtières de l’Alaska dépendent de la glace de mer pour la chasse de subsistance. Un phoque peut nourrir une famille en viande pendant un an. Dans les communautés autour de Nome, les produits d’épicerie sont acheminés par avion à grands frais. Une pastèque peut coûter 50 dollars et une dinde de Thanksgiving congelée jusqu’à 60 dollars! A Nome, la chasse n’est pas un passe-temps, c’est une une nécessité.
Le dernier rapport du GIEC indique que « l’augmentation des événements météorologiques et climatiques extrêmes expose les gens à une insécurité alimentaire aiguë et réduit la sécurité de l’eau ; les impacts les plus importants sont observés dans de nombreux endroits et/ou communautés de l’Arctique, en particulier chez les peuples autochtones ». Les communautés en question commencent déjà à s’adapter. Certains ont commencé à chasser l’orignal qui se déplace maintenant vers le nord dans la toundra à mesure que la nouvelle végétation prend racine dans le pergélisol en train de dégeler. Sur la côte, la goberge commence à remplacer le saumon et l’omble chevalier qui occupaient autrefois le nord de la mer de Béring.
Même la vieille plaisanterie qui disait que les Esquimaux avaient cent mots pour parler de la neige n’est plus à l’ordre du jour dans un monde qui se réchauffe. Certains indigènes de l’Alaska ont commencé à utiliser le néologisme yup’ik usteq pour désigner l’érosion rapide causée par le climat et le dégel du pergélisol.

Un maître mot : ADAPTATION !
Adaptation est un mot-clé pour les communautés de l’Arctique qui doivent faire face aux réalités du changement climatique. Elles devront créer de nouvelles traditions et les régimes alimentaires changeront.
Nome peut encore être en mesure de s’adapter à la nouvelle situation sans trop de pertes si la ville sait anticiper le changement. Lorsque le Crystal Serenity a été le premier grand navire de croisière à traverser l’Arctique en 2016, Nome a été l’une de ses premières escales lors du voyage de 32 jours. Plus de 1 000 passagers ont dépensé leur argent dans les commerces de la ville. Aujourd’hui, après la pause due à la pandémie de COVID-19, 27 paquebots de croisière devraient s’arrêter à Nome cet été.
Une étude menée par le Nome Visitor Center estime que chaque touriste d’un croisiériste rapporte plusieurs centaines de dollars aux magasins locaux et aux voyagistes. Mais les gros bateaux acheminent aussi des marchandises, des matériaux de construction, du carburant et de la nourriture dont le prix diminuerait, rendant la vie plus abordable pour la population.
Cependant, un port en eau profonde à Nome pourrait également poser des problèmes. Plus de trafic signifie un risque accru d’introduction d’espèces invasives collées aux coques des navires étrangers, ce qui pourrait détruire un écosystème dans le détroit de Béring qui est déjà sous la pression du changement climatique. L’augmentation du bruit due à la récente augmentation de la navigation perturbe déjà l’écosystème océanique. Des poissons et des mammifères marins sont partis et le bruit perturbe le mode de vie des autochtones. Plus de navires signifie aussi plus de gaz d’échappement qui noircissent ce qui reste de glace de mer et accélèrent le processus de fonte.
L’ancien maire de Nome, l’un des premiers partisans de l’expansion du port, affirme que le projet vise davantage à protéger la communauté qu’à profiter du changement climatique. Plus l’Arctique se réchauffera, plus les bateaux passeront par le détroit de Béring. Nome doit se préparer à cela, mais aussi aux conséquences. Une expansion du port, bien faite, devrait inclure des mesures de contrôle permettant d’éloigner le trafic des frayères ou des alevinières à certaines périodes de l’année.
Les premiers habitants de l’Alaska ont survécu et prospéré dans l’un des environnements les plus hostiles de la planète grâce à un processus d’adaptation continue.

Selon l’ancien premier magistrat, la recherche d’opportunités dans une région en évolution rapide, qu’il s’agisse d’un meilleur accès aux ressources minérales, de voies de navigation plus efficaces ou de nouvelles zones de pêche, constitue une forme d’adaptation à la situation actuelle.
Source : Yahoo Actualités.

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The melting of the sea ice: new international strategies.

Russia isn’t just building up ports. For the past decade, the country’s leaders have increasingly voiced their desire to make the Arctic a sphere of military and economic expansion, to counter what they perceive as U.S. and NATO challenges to Russian interests in the region. Satellite imagery released in April 2021 showed Russia expanding its military capabilities in the Arctic by building new bases and modernizing existing ones.

Influence will matter when it comes to control of the region’s petroleum reserves, seabed minerals, and seafood. Warming oceans are pushing global fish stocks northward, into polar areas where rival nations could clash over fishing rights. The Bering Sea, shared by Russia and the U.S., is already home to approximately 40% of U.S. fish and crab stocks, and rivals New England for the most profitable U.S. fishery. This could become an unexpected flash point and intensify tensions with the U.S.

The Alaskan fishing fleet got a glimpse of what that could look like in August 2020, when the Russian navy conducted military operations inside the U.S. economic zone of the Bering Sea and warned all boats in the area to get out of their way. The U.S. Navy responded, belatedly, by conducting its own operations inside the Arctic Circle in March.

As climate change redraws the Arctic map, regional cooperation over fish stocks, shipping routes, research programs, and resource extraction will be vital to protect what was once optimistically dubbed the Pole of Peace by the last Soviet President, Mikhail Gorbachev.

Sea ice: an essential element of the Arctic.

Sea ice doesn’t just protect Arctic coasts from savage winter storms. It’s also an essential element of the region’s and the world’s food web. Algae growing underneath feeds the fish larvae and tiny crustaceans that are the food source for most ocean inhabitants, and marine mammals like seals and polar bears need the ice floes to hunt and give birth. Furthermore, Alaska’s coastal Indigenous populations rely on sea ice for subsistence hunting. One seal can keep a family in meat for a year. In communities around Nome – where groceries are flown in at great expense – a watermelon can cost $50 and a frozen Thanksgiving turkey up to $60. In Nome, hunting is not a pastime, it’s a lifeline.

The latest IPCC report noted that “increasing weather and climate extreme events have exposed … people to acute food insecurity and reduced water security, with the largest impacts observed in many locations and/or communities in … the Arctic, especially for Indigenous Peoples.” Already communities are starting to adapt. Some have started hunting moose, a once foreign species that is now moving northward into the tundra as new vegetation takes root in the thawing permafrost. On the coast, pollock is starting to replace the cold-loving salmon and arctic char that used to dominate the northern Bering Sea.

Even the old joke about Eskimos having a hundred words for snow needs to be updated in a grim vocabulary for a warming world. Some Alaska natives have started using the Yup’ik neologism usteq to refer to rapid, climate-driven erosion and ground collapse caused by permafrost melt.

A key word : ADAPTATION !

Adaptation is the climate world’s anodyne word for the decisions that must be made as threatened communities face the realities of irrevocable change. Dictionaries will have to be updated, communities will have to craft new traditions, and diets will change.

Nome may yet be able to adapt to the new situation with minimal loss if it can get ahead of the change. When the Crystal Serenity became the first large cruise ship to traverse the Arctic in 2016, Nome was one of its first stops on the 32-day voyage, bringing in more than 1,000 day-trippers eager to spend money at its businesses. Now, following a COVID-19 pandemic pause, 27 cruise liners are scheduled to stop at Nome this summer.

A study undertaken by the Nome Visitor Center estimates that each cruise-line tourist brings in several hundreds of dollars to local shops and tour companies. But bigger boats also mean that the cost of bringing in goods, from construction materials to fuel, watermelons, and frozen turkeys, would go down, making life more affordable for residents.

However, a deepwater port in Nome could bring problems as well. More traffic means an increased risk of introducing invasive species stuck to the hulls of foreign vessels, which could devastate a Bering Strait ecosystem already under pressure from climate change. Increased noise from the recent uptick in shipping is already disturbing the ocean ecosystem, driving fish and marine mammals away and disrupting the Native subsistence lifestyle. More ships mean more exhaust fumes that blacken what sea ice remains, accelerating the melting process.

Nome’s former mayor, an early supporter of the port expansion, says the project about the port is more about protecting the community than profiting from climate change. The more the Arctic warms, the more boats will come through the Bering Strait. Nome has to be prepared for that and prepared for the consequences as well. A port expansion, done right, should include the authority to direct traffic away from fish-spawning grounds or nurseries at certain times of the year.

Alaska’s earliest residents not only survived but thrived in one of the harshest environments on Earth through a process of continuous adaptation. Seeking opportunities in a rapidly changing region, whether it’s better access to mineral resources, more efficient shipping routes, or new fishing grounds, is simply the newest form of adaptation.

Source: Yahoo News.

Glace de mer

Montagnes russes suite au dégel du permafrost

(Photos: C. Grandpey)

 

Nome (Alaska) et le réchauffement climatique : une affaire d’adaptation (1ère partie) // Nome (Alaska) and global warming : a matter of adaptation (part 1)

Nome aujourd’hui.
En Alaska, la ville de Nome, sur la côte de la mer de Béring, est depuis longtemps le monde des aventuriers. À l’origine une colonie indigène Inupiat accaparée par les chercheurs d’or en 1899, elle est surtout connue aujourd’hui comme le terminus de l’Iditarod. La très célèbre couse de chiens de traîneaux se déroule chaque mois de mars en commémoration de l’acheminement d’un précieux vaccin en 1925 lors d’une épidémie de diphtérie alors que le mauvais temps empêchait tout déplacement par avion.

À ce jour, aucune route ne relie Nome au reste des États-Unis ou de l’Alaska. Il faut avoir recours au traîneau tiré par des chiens, à la motoneige, au bateau ou à l’avion.
Avec le réchauffement climatique et la fonte rapide de la glace de mer, la situation de Nome est très différente de ce qu’elle était au cours des siècles passés. Sans le bouclier protecteur que constituait la glace de mer, les tempêtes hivernales frappent et endommagent les maisons et les bâtiments le long du front de mer.
De plus, le pergélisol commence à dégeler à cause de la hausse des températures. Certaines parties de la piste de l’aéroport de Nome sont criblées d’ornières et les maisons prennent parfois des postures étranges avant de s’effondrer carrément. Les quelques routes de la région sont de véritables montagnes russes.
La disparition de la glace de mer signifie que les groupes autochtones qui représentent la moitié de la population de Nome et la plupart des communautés environnantes ne peuvent plus chasser, pêcher ou récolter de manière fiable les aliments qui les nourrissent toute l’année.

Nome et les conséquences du changement climatique.
Il y a de fortes chances pour que le changement climatique transforme Nome en un tout autre type de destination. Recouvert de glace épaisse la majeure partie de l’année, l’océan Arctique a toujours été infranchissable, mais la hausse des températures a entraîné une réduction des deux tiers du volume de la glace de mer depuis les premières mesures effectuées en 1958. Une étude de 2020 publiée dans Nature Climate Change prédit des étés arctiques sans glace de mer dès 2035 si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas radicalement réduites. Les navires pourront bientôt naviguer directement dans l’Arctique avec, dans leur sillage, de nouvelles opportunités commerciales, politiques et économiques pour les villes arctiques sur leur trajectoire, tout en réduisant considérablement les temps de transit entre l’Asie et l’Europe par rapport à la navigation via le Canal de Suez..
Même si le réchauffement climatique entraînera des changements catastrophiques ailleurs sur la planète, l’Arctique dépourvu de glace offrira d’immenses possibilités au niveau de l’extraction des ressources. Le Congrès américain estime que plusieurs milliards de dollars de métaux précieux et de minéraux se cachent sous la glace, ainsi que la plus grande zone de gisements de pétrole inexploités sur la planète. Nome pourrait profiter de cette aubaine.
Pour profiter du trafic arctique déjà en augmentation, la ville de Nome a proposé en 2013 une extension du port pour en permettre l’accès aux paquebots de croisière à fort tirant d’eau et aux pétroliers. Deux ans plus tard, un projet de 618 millions de dollars a été encouragé pour faire de Nome le meilleur candidat comme port arctique en eau profonde. Le projet débutera probablement en 2024. En conséquence, Nome est en passe de devenir l’épicentre de la présence maritime américaine dans l’Arctique.

Bouleversement de la navigation dans l’Arctique : la Route Maritime du Nord.
Même si le changement climatique est une catastrophe pour la vie sur Terre, il y aura inévitablement des gagnants. Les efforts de Nome pour capitaliser sur son port alors même que ses côtes s’érodent à cause du dégel du pergélisol se répercutent dans toute la région arctique. Au même moment, les communautés essayent de s’adapter à un Arctique en évolution fondamentale et rapide. D’une part, elles sont confrontées à une catastrophe culturelle et environnementale ; d’autre part, elles se préparent à une ruée vers l’or moderne. Cette situation conduira inévitablement à des tensions géopolitiques car des nations rivales se disputent les ressources, qu’il s’agisse de poissons, de minéraux ou de routes maritimes.
Le gouvernement russe se positionne déjà comme un bénéficiaire net du réchauffement climatique. Il écrivait dans sa Stratégie Arctique en 2020 que « le changement climatique contribue à l’émergence de nouvelles opportunités économiques ». Avec la moitié du littoral arctique sous son contrôle, il n’est pas difficile de comprendre cet optimisme. Le pays a investi environ 10 milliards de dollars pour développer des ports et d’autres installations le long de la voie de navigation de 3 000 milles marins qui s’étend de Mourmansk, près de la frontière finlandaise, jusqu’au détroit de Béring.

La Route Maritime du Nord offre le passage le plus court entre l’Europe et l’Asie, réduisant de près de deux semaines un voyage qui contourne l’Inde. Cette Route permet d’économiser du carburant, limite l’usure des navires et réduit les émissions polluantes. Les investissements rapportent déjà des dividendes. En 2010, les compagnies maritimes internationales de fret n’avaient effectué qu’un seul transit complet sur la Route Maritime du Nord. En 2021, il y en a eu 71.
La Russie renforce sa flotte existante de 40 brise-glaces avec la mise en service d’au moins une demi-douzaine de brise-glaces à propulsion nucléaire pour un coût de 400 millions de dollars chacun. Lorsque le premier navire de la première série a entamé son voyage inaugural en 2020, la Russie l’a salué comme « le début d’une nouvelle ère de domination arctique ». En 2021, au coeur de l’hiver, des pétroliers équipés de coques spéciales pour affronter la glace ont commencé à transporter du gaz naturel entre les installations pétrolières de la côte arctique russe et les ports chinois.
Lorsque l’un des plus grands porte-conteneurs du monde s’est retrouvé coincé dans le Canal de Suez en mars 2021, la Russie a profité du blocage du canal pendant une semaine pour insister sur les avantages de la Route Maritime du Nord.
Certains pays, en particulier ceux qui ont des terres à proximité du cercle polaire arctique, observent avec inquiétude l’importance prise par la Russie dans la région. Ils craignent que les Russes ne tentent de transformer la Route Maritime du Nord en une sorte de route maritime à péage qui nécessiterait des escortes de brise-glaces le long du Passage du Nord-Est. Si c’était le cas, cela menacerait l’un des principes fondamentaux de la haute mer : la liberté de naviguer.

Source: Yahoo Actualités.

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Nome today.

The city of Nome, on Alaska’s Bering Sea coast, has long been the home of adventurers. Originally a native Inupiat settlement that was taken over by miners in the 1899 gold rush, it is best known today as the end point of the Iditarod dogsled race, which is run every March in commemoration of an effort to deliver essential medical supplies during a 1925 diphtheria outbreak when bad weather prevented airplane access. To this day there are no roads connecting the settlement to the rest of the U.S., or to the rest of Alaska. The options are dogsled, snowmobile, sea, or air.

With global warming and the rapid melting of the sea ice, the situation of Nome is very different from what it was during the past centuries. Without the protective sea-ice shield, winter storms batter and damage houses and buildings along the seafront.

What is more, permafrost is starting to thaw because of rising temperatures. Parts of the Nome airport runway have cratered, and houses slump at odd angles. The few roads in the area are a real roller coaster.

The loss of thick sea ice means the Indigenous groups that make up half the town’s population, and most of the surrounding communities, can no longer reliably hunt, harvest, or fish the foods that sustain them year-round.

Nome and the consequences of climate change.

A changing climate could turn Nome into an entirely different kind of destination. Layered with thick ice most of the year, the Arctic Ocean has historically been impassable, but warming temperatures have seen sea-ice volume reduced by two-thirds since measurements were first taken in 1958. A 2020 study published in Nature Climate Change predicts mostly ice-free Arctic summers as early as 2035 if greenhouse-gas emissions are not radically reduced. Ships will soon be able to sail directly across the top of the world, bringing new commercial, political, and economic opportunities for Arctic towns in their path, while substantially reducing transit times between Asia and Europe by up to a third compared with taking the Suez Canal.

Even as it bodes catastrophic change elsewhere on the planet, an ice-free Arctic offers immense opportunities for resource extraction. U.S. congressional research estimates that there is $1 trillion worth of precious metals and minerals under the ice, along with the biggest area of untapped petroleum deposits left on the planet. Nome could reap that windfall.

To profit from the already increasing polar traffic, the city of Nome proposed a port expansion in 2013 to make room for deep-draft cruise liners and oil tankers. Two years later, a $618 million project was backed to promote Nome as the top candidate for America’s first deepwater Arctic port. The project will likely break ground in 2024. As a consequence, the port of Nome is poised to become the epicenter of America’s marine presence in the Arctic,.

The disruption of shipping in the Arctic: the Northern Sea Route.

Though unchecked climate change is devastating for life on Earth, there will be, inevitably, some winners. Nome’s efforts to capitalize on its port, even as its shores erode under the pressure of thawing permafrost, are echoed across the polar region as communities adapt to a fundamentally and rapidly changing Arctic. On the one hand, communities in the region face cultural and environmental catastrophe; on the other, they are starting to play host to a modern-day gold rush at the top of the world. This will also inevitably lead to geopolitical tensions as rival nations compete for resources, be they fish, minerals, or shipping routes.

The Russian government is already positioning itself as a net beneficiary of global warming, writing in its 2020 Arctic Strategy that “climate change contributes to the emergence of new economic opportunities.” With half the Arctic coastline under its control, it is not hard to see why. The country has invested approximately $10 billion to develop ports and other facilities along a 3,000 nautical-mile-long shipping lane that stretches from Murmansk, near the Finnish border, to the Bering Strait. The Northern Sea Route offers the shortest passage between Europe and Asia, shaving nearly two weeks off a journey around India, while saving fuel, limiting vessel wear and tear, and reducing emissions. The investments are already paying dividends. In 2010 international cargo shippers made only one full Northern Sea Route transit. In 2021 there were 71.

Russia is building up its existing 40-strong icebreaking fleet by commissioning at least half a dozen nuclear-powered heavy icebreakers at a cost of $400 million each. When the first of the newest batch launched its maiden voyage in 2020, Russia hailed it as the start of a new era of Arctic dominance. In 2021, commercial tankers, equipped with special ice-hardened hulls, started transporting natural gas between Russia’s Arctic coast oil installations and Chinese ports in the middle of winter.

When one of the world’s largest container ships became wedged in the Suez Canal in March 2021, Russia pounced on the resulting week-long global shipping stranglehold as a marketing opportunity. Russian authorities insisted that the Northern Sea Route makes global trade more sustainable.

Other nations, especially those with land in or near the Arctic Circle, are eyeing the Russian buildup with concern. They worry hat the Russians might try to turn the Northern Sea Route into a kind of marine toll road, requiring icebreaker escorts through the passage. Doing so would threaten one of the fundamental tenets of the high seas: the freedom to navigate.

Source: Yahoo News.

Nome, à l’extrême ouest de l’Alaska (Source: Google maps)

En rouge, le Passage du Nord-Est

Effet du dégel du permafrost sur les routes (Photo: C. Grandpey)

IDITAROD (Alaska) : la plus célèbre course de chiens de traîneau

Le 5 mars prochain sera donné le départ de l’IDITAROD, course de chiens de traîneau mythique, le plus important événement de l’année en Alaska. 2022 marquera le cinquantenaire de l’événement, en espérant qu’il ne sera pas trop affecté par l’épidémie de Covid-19.

J’ai toujours été fasciné par les courses de chiens de traîneau qui se rattachent à l’époque de la Ruée vers l’Or et aux récits de Jack London. En plus, comme je l’ai expliqué précédemment, l’IDITAROD est liée intimement à l’histoire du 49ème Etat des Etats Unis. La course célèbre un exploit Au cours de l’hiver 1925, une épidémie de diphtérie frappa la ville de Nome, dans l’ouest de l’Etat. La glace instable et un blizzard persistant empêchaient tout acheminement de sérum par avion ou bateau. Il fut alors décidé que, plusieurs mushers et leurs chiens se relaieraient pour rejoindre Nome avec le sérum salvateur. Ce trajet de 1750 kilomètres qui traverse tout le pays depuis Anchorage a donné naissance à la piste sur laquelle s’affrontent aujourd’hui tous les plus grands mushers du monde. La course est connue sous le nom de «course du sérum».

Nicolas Vanier – que je salue ici- y a participé en mars 2017. Le récit de son périple est ponctuellement diffusé par la chaîne Ushuaia TV:

https://ushuaiatv.fr/programmes/iditarod-la-derni%C3%A8re-course-de-nicolas-vanier-96128

On le trouve également en DVD.

J’ai eu la chance de visiter plusieurs chenils où sont élevés des chiens de traîneau, et de rencontrer des musherrs vainqueurs de l’Iditarod et de la Yukon Quest, autre course mythique du Grand Nord. Une balade au coeur de l’Alaska sur un traîneau tiré par une dizaine de chiens est une expérience qui vous marque….

Photos: C. Grandpey

Une belle histoire de sérum… (3)

Si des milliers de vies humaines ont été sauvées, cette incroyable course au sérum a causé la mort de six chiens qui n’ont pas supporté le froid intense. Ces animaux ont tous été salués par les autorités américaines et sont, depuis, considérés comme de vrais héros de la nation.

Togo, le chien de tête de Leonhard Seppala a, pour sa part, couru sur une distance de 424 kilomètres, la plus longue couverte par un chien au cours de ces quelques jours. Son exploit passera au second rang, car Balto lui a volé la vedette. Malgré un dernier relais bien plus court, ce dernier a été célébré par la presse américaine et internationale comme étant le seul et vrai véritable héros de cette aventure, puisqu’il était le chien de tête lors de l’arrivée à Nome.

Balto appartenait à l’éleveur norvégien Leonhard Seppala. C’était un croisé de Husky de Sibérie né à  Nome en 1923. La race est originaire de Russie ; elle a été introduite aux États Unis en 1905 pour servir de chien de traîneau car les Huskies sont bien plus résistants et légers que les Malamutes élevés dans l’ouest de l’Alaska. Très vite, Balto surprend par son gabarit. En effet, il est un peu plus imposant que le reste de la meute. Il est donc décidé de l’utiliser comme chien de travail pour l’industrie minière locale. Rien ne semblait alors le prédestiner à atteindre la célébrité. Cependant, tout bascule en 1925 lorsqu’il est réquisitionné par Seppalaafin pour participer à la course au sérum. Son attelage est dirigé non pas par son propriétaire, mais par son assistant, Gunnar Kaasen, qui aura pour mission de mener l’avant-dernier relais.

Plusieurs théories existent sur ce qui s’est passé avec le groupe de chiens guidés par Gunner Kaassen. Certaines affirment que Balto a été le chien de tête durant la totalité du trajet. D’autres affirment que le chien de tête n’arrivait plus à s’orienter et que Balto l’a remplacé. D’autres théories prétendent que le chien de tête s’est cassé une patte et que Balto l’a remplacé. Ce qu’il y a de sûr et certain, c’est que Balto a pris la place du chien de tête même si peu croyaient en sa capacité d’être un leader d’attelage.

Après son exploit, Balto a été vendu avec d’autres chiens au zoo de Cleveland (Ohio) où il a vécu jusqu’à l’âge de 14 ans. Il  est mort le 14 mars 1933. Il a été empaillé et on peut le voir au Musée d’Histoire Naturelle de Cleveland. La répercussion médiatique de l’histoire de Balto fut telle qu’une statue lui fut érigée dans Central Park à New York. On peut lire sur le piédestal de la statue :

« Dedicated to the indomitable spirit of the sled dogs that relayed antitoxin six hundred miles over rough ice, across treacherous waters, through Arctic blizzards from Nenana to the relief of stricken Nome in the Winter of 1925. Endurance · Fidelity · Intelligence »

« Dédiée à l’esprit invincible des chiens de traîneaux qui, en se relayant sur 600 miles de glace difficile et d’eaux pleines de pièges, ont transporté l’antitoxine en affrontant le blizzard arctique entre Nenana et Nome, frappée par la maladie, au soulagement de la population, pendant l’hiver de 1925. Endurance – Fidélité – Intelligence »

Chaque année en Mars a lieu l’Iditarod, la plus célèbre des courses de chiens de traîneaux. Le trajet va d’Anchorage à Nome, en mémoire du parcours suivi par le sérum antidiphtérique en 1925. En 2021, à cause de la pandémie de Covid-19, la course est différente. Tout d’abord, le célèbre Ceremonial Start a été annulé à Anchorage et le départ officiel s’est fait sans public. Au lieu du traditionnel parcours de 1 000 miles (environ 1600 km) vers Nome, les équipages suivent un parcours baptisé «Iditarod Gold Trail Loop». Il emprunte une partie du parcours traditionnel par le sud jusqu’au point de contrôle d’Iditarod,. Les mushers et leurs chiens feront ensuite demi-tour pour une arrivée à Willow, à quelques kilomètres au nord d’Anchorage.  Ce parcours d’environ 860 miles est plus court qu’une année normale, mais il traverse à l’aller et au retour des portions notoirement difficiles avec, en particulier, les montagnes de la Chaîne de l’Alaska. A noter que c’est la dernière année que la compagnie pétrolière Exxon Mobil sponsorise cette course.

  (Photo : C. Grandpey)

Aujourd’hui Nenana est un important centre d’élevage de chiens de traîneaux. Plusieurs mushers de la localité ont participé aux grandes courses comme l’Iditarod et la Yukon Quest J’ai eu la chance d’être invité par Bill Cotter, vainqueur de la Yukon Quest en 1987 et participant à 19 reprises à l’Iditarod, avec une remarquable 3ème place en 1995. Je ne suis pas près d’oublier le trajet en compagnie de Bill dans un chariot tiré par les chiens à travers la toundra autour de Nenana !

Tête d’attelage à Nenana (Photo : C ; Grandpey)