Le réchauffement climatique dans les Pyrénées // Global warming in the Pyrenees

On parle beaucoup des Pyrénées ces jours-ci à propos du changement climatique. Le record de journées sans gel a été largement battu au cours de l’été 2018 au Pic du Midi et le phénomène ne semble pas devoir ralentir. C’est ce que confirme CLIMPY, un projet de recherche transfrontalier réunissant Météo-France et les services météorologiques espagnol et catalan. Les climatologues français et espagnols ont étudié notamment les variations de températures et d’enneigement des deux côtés des Pyrénées.

Entre 1959 et 2010, les températures ont augmenté dans les Pyrénées de 1,2°C. D’après les projections incluses dans le projet, cette hausse n’est pas près de s’arrêter. A l’horizon 2050, les températures pourraient même augmenter de 4°C ! Les climatologues disent qu’ils ne cherchent pas à être alarmistes, mais à « éclairer sur les différents scénarios possibles ».

Ainsi, à la fin du siècle, les températures dans le massif pyrénéen pourraient être en hausse de 7°C. Pour l’instant, cette augmentation était constatée au printemps et en été mais les projections montrent que cela pourrait intervenir à toutes les saisons. La situation va inévitablement poser des problèmes, en particulier dans les stations de ski.

Au cours des trente dernières années, la fonte de la neige a été plus rapide au printemps, des deux côtés des Pyrénées. Le projet CLIMPY confirme que l’avenir ne devrait pas s’améliorer. Dans les Pyrénées centrales, à une altitude de 1.800 mètres, l’épaisseur moyenne de neige pourrait chuter de moitié d’ici 2050, tandis que la période de neige continue au sol diminuerait de plus d’un mois. Les stations de ski devront s’adapter et diversifier leurs activités.

Source : 20 Minutes.

NB : Je rentre d’un séjour dans les Pyrénées et je confirme que la situation climatique est préoccupante. Le 25 septembre, il faisait carrément chaud à 10 heures du matin sur la terrasse de l’observatoire du Pic du Midi de Bigorre (2877 mètres d’altitude) où les jours de gel se produisent au compte-gouttes. L’isotherme 0°C se trouve aux environs de 4500 mètres d’altitude. Les torrents ont un débit très faible, quand ils ne sont pas à sec. J’ai été surpris de voir le nombre de canons à neige déjà installés jusqu’au sommet des montagnes pour prévenir un éventuel déficit de poudreuse. L’hiver 2017-2018 a gâté les stations car la neige est tombée en abondance, mais le réchauffement climatique est une menace permanente. Il ne faudrait pas oublier qu’une abondance de neige traduit aussi un redoux global des températures en haute altitude…

 

——————————————-

There is a lot of talk about the Pyrenees these days concerning climate change. The record of frost-free days has been largely beaten in the summer of 2018 at the Pic du Midi and the phenomenon does not seem to be slowing down. This is confirmed by CLIMPY, a cross-border research project bringing together Météo-France and the Spanish and Catalan meteorological services. French and Spanish climatologists have studied in particular the variations of temperature and snow on both sides of the Pyrenees.
Between 1959 and 2010, temperatures rose in the Pyrenees by 1.2°C. According to projections included in the project, this increase is not about to stop. By 2050, temperatures could even rise by 4°C! Climatologists say that they do not want to be alarmist, but to « shed light on the different possible scenarios ».
Thus, at the end of the century, temperatures in the Pyrenees could rise by 7°C. For the moment, this increase was noted in spring and summer, but projections show that this could occur in all seasons. The situation will inevitably cause problems, especially in ski resorts.
Over the past 30 years, snow has melted faster in the spring, on both sides of the Pyrenees. The CLIMPY project confirms that the future should not be better. In the central Pyrenees, at an altitude of 1,800 metres, the average thickness of the snow could fall by half by 2050, while the period of continuous snow on the ground would decrease by more than a month. Ski resorts will have to adapt and diversify their activities.
Source: 20 Minutes.

NB: I am from a trip to the Pyrenees where the climatic situation is worrying. On September 25th, it was really hot at 10 o’clock in the morning on the terrace of the observatory of the Pic du Midi of Bigorre (2877 metres a.s.l.) where the days of frost occur drop by drop. The 0°C isotherm is around 4500 metres above sea level. The torrents have a very low flow, when they are not dry. I was surprised to see the number of snow guns already installed to the tops of the mountains to prevent a possible snow deficit. The winter of 2017-2018 was a very good one the resorts as snow fell in abundance, but global warming is a permanent threat. It should not be forgotten that an abundance of snow also relects milder temperatures at high altitudes.

Records de chaleur au sommet du Pic du Midi (Photos: C. Grandpey)

La neige et la glace font cruellement défaut sur le massif pyrénéen, y compris au Cirque de Gavarnie avec la Brèche de Roland (Photos: C. Grandpey)

Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion): L’éruption continue

L’éruption débutée le 15 septembre 2018 se poursuit. Le cône mentionné dans ma note précédente sur le volcan continue son édification. Il est désormais totalement fermé et surmonté par une bouche sommitale d’où s’échappent les projections de lave.
Les observations sur le terrain montrent que l’activité en tunnels de lave est désormais dominante. Les coulées s’échappent au sud du cône par un tunnel principal et ressortent par des résurgences situées à environ 150-200mètres en aval au sud du cône.

Source : OVPF.

Voici de nouvelles photos de l’éruption prises par Christian Holveck le 24 septembre.

———————————————

The eruption that started on September 15th, 2018 continues. The cone mentioned in my previous post about the volcano continues its edification. It is now completely closed with only a summit vent with lava ejections.
Field observations show that lava is lainly travelling in tunnels. Lava flows are coming out of the southern part of the cone through a main tunnel and emerge approximately 150-200 metres downslope of the cone.
Source: OVPF.
Here are new photos of the eruption taken by Christian Holveck on September 24th.

Photos: Christian Holveck

Le réchauffement climatique dans les Alpes: De Tignes à Annecy…

Le glacier de la Grande Motte à Tignes n’ouvrira pas comme prévu le 29 septembre. Les conditions ne sont pas réunies pour une ouverture avant au moins la mi-octobre. Il s’agit évidemment d’un nouveau signe inquiétant du réchauffement climatique. Ce retard entraîne des complications au niveau sportif car le glacier devait accueillir les skieurs des équipes de France qui organisent chaque année des stages pour terminer leur préparation pour l’ouverture de la Coupe du monde les 27 et 28 octobre à Sölden en Autriche.

Les responsables de la station de Tignes étudient attentivement les prévisions météorologiques pour établir un nouveau calendrier. Un anticyclone persiste sur les Alpes en ce moment, ce qui interdit l’arrivée de précipitations significatives.

Les équipes de France de ski ont pour habitude de venir s’entraîner chaque année à Tignes à cette époque de l’année. La situation sur le Glacier de la Grande Motte va entraîner des modifications. Le groupe technique hommes, après un stage en août et début septembre à Ushuaïa (Argentine) va terminer sa préparation à Saas Fee (Suisse). Les dames sont à Ushuaïa jusqu’au 3 octobre et profitent des conditions encore hivernales.

Au vu de l’évolution des glaciers en France et en Europe, on peut penser que les équipes de  France de ski vont décaler leur préparation dans l’hémisphère Sud et la prolonger en octobre au cours des prochaines années.

++++++++++

Comme je l’ai écrit dans une note précédente rédigée à mon retour d’un voyage glaciaire dans les Alpes, le lac d’Annecy s’assèche dangereusement et son niveau d’eau n’en finit pas de baisser. Selon les dernières mesures effectuées le 24 septembre 2018, il a perdu 53 cm par rapport à sa cote légale de 80 cm. La situation devrait empirer au cours des prochains jours, faute de précipitations importantes. Une nouvelle baisse importante du niveau du lac (10 cm supplémentaires ?) est donc fortement prévisible.

Pas besoin d’être ingénieur pour comprendre la situation! Il suffit de s’approcher des berges du lac. Il faut s’éloigner de plusieurs dizaines de mètres de la plage pour avoir les chevilles mouillées, et il faut atteindre 200 à 300 mètres du rivage pour avoir de l’eau à mi-cuisse !

Comme je l’ai indiqué précédemment, les premières victimes de cet assèchement historique sont les loueurs de bateaux. Plusieurs se retrouvent au chômage technique ou quasiment, faute d’un tirant d’eau suffisant pour leurs embarcations. S’agissant des hors-bords sans permis, il faut les pousser, moteur relevé, jusqu’à 200 ou 300 mètres du rivage. Seules deux personnes sont autorisées à monter à bord, de manière à alléger le poids.

Un professionnel a été contraint d’arrêter la location des bateaux avec permis dès la fin du mois août, et il vient de prendre la même décision pour toutes les embarcations sans permis. Selon lui, la situation est pire que lors de la canicule de 2003, parce qu’en 2018 elle dure beaucoup plus longtemps.

Les navires de croisières qui conduisent des groupes de touristes français et étrangers sur le lac sont logés à la même enseigne. Selon l’une des responsables de la Compagnie des bateaux du lac d’Annecy, « le niveau du lac est vraiment critique depuis quinze jours, mais nous sommes impactés depuis trois semaines. Il a donc été décidé de réduire le nombre de croisières. La capacité des bateaux est également passée de 198 à 120 passagers, afin d’alléger un peu le poids et d’avoir un tirant d’eau suffisant. Cette situation n’a pas d’impact sur l’emploi des marins, mais l’arrière-saison est perturbée cette année. »

C’est évidemment le très beau temps – dont tout le monde se réjouit sans réfléchir – et les températures caniculaires de ces dernières semaines, avec le manque de pluie, qui sont à l’origine de l’assèchement historique du  lac d’Annecy. Les gens ont trop tendance à croire que le réchauffement climatique n’interviendra qu’en 2050, alors qu’il est là aujourd’hui. S’agissant du lac, c’est la 5ème alerte – et la plus forte – depuis 2003. Le lac est très sensible au réchauffement car il n’est alimenté que par deux petites rivières. Les jours de fortes chaleurs, on perd entre 1 et 2 cm d’eau par jour en raison de l’évaporation.

Pour tenter de prévenir ces épisodes d’assèchement du lac, appelés à se multiplier durant la saison estivale, l’idée est de faire fluctuer les niveaux de l’eau au gré des saisons, de manière à constituer des stocks en hiver et au printemps en prévision des fortes températures d’été. Le problème, c’est qu’il faudrait une autorisation de l’État car la cote stable de 80 cm toute l’année est imposée depuis la fin du 19ème siècle. Actuellement, pour parvenir à cette cote permanente, les agents du syndicat du lac d’Annecy jouent avec les vannes alimentant le canal voisin du Thiou. Cette façon de procéder est jugée archaïque et inadaptée aujourd’hui par les élus, et plus du tout en phase avec l’évolution du climat. La balle est maintenant dans le camp de l’Etat qui devra prendre une décision rapidement car le temps presse.

Source: Le Dauphiné Libéré.

Photo: C. Grandpey

Cyclones, typhons, ouragans et éruptions volcaniques // Cyclones, typhoons, hurricanes and volcanic eruptions

Ces dernières semaines, des cyclones et des ouragans ont frappé plusieurs régions du monde, laissant derrière eux leur lot de mort et de destruction. Certains de ces événements extrêmes se sont produits dans des pays où des volcans actifs sont présents, comme Hawaii et les Philippines. Le site Forbes pose la question suivante: Que se passe-t-il lorsqu’un ouragan frappe un volcan actif? Selon ce site, la réponse est que les conséquences peuvent être catastrophiques ou négligeables, ou entre les deux. J’ajouterai que la différence dépend du type de lave émise par les volcans: coulées de basalte qui durcit rapidement comme à Hawaii, ou cendre qui se dépose en épiasses couches comme en Indonésie ou aux Philippines.
Le premier point à noter est que les ouragans ou les typhons n’affectent pas le processus volcanique. L’éruption se poursuit même dans des conditions très défavorables. Il semblerait que les fluctuations de la pression atmosphérique n’affectent pas le comportement de puissants volcans comme le Mauna Loa. C’est ce que m’a fait remarquer Haroun Tazieff lorsque j’étudiais le phénomène sur le Stromboli en Sicile.
La plupart des ouragans qui ont frappé Hawaii l’ont fait au moment où le Kilauea était en éruption. Lorsque les fortes pluies s’abattent sur la Grande Ile pendant un ouragan, on peut observer des nuages ​​de vapeur denses sur les sites où la pluie ou l’eau de ruissellement rencontrent de la lave, mais l’éruption proprement dite se poursuit et l’ouragan ne l’affecte pas vraiment. La lave continue à couler comme si rien de spécial ne s’était passé dans le ciel.
Au pire, on remarque que la taille imposante de volumineux édifices volcaniques comme le Mauna Loa et le Mauna Kea leur permet de contrarier la circulation des ouragans qui passent à proximité. Le Mauna Loa n’a pas la capacité d’arrêter un ouragan, mais il contribue probablement à affaiblir les plus forts et à fortement perturber les plus faibles. Ce comportement protège dans une certaine mesure les autres îles hawaïennes et leur population.

L’impact des cyclones ou des typhons est différent dans les pays où les volcans explosifs émettent d’énormes quantités de cendre. La plupart d’entre eux se dressent autour de la Ceinture de Feu du Pacifique. Le Pinatubo est entré en éruption au moment où le typhon Yunya (de catégorie 3) frappait les Philippines en 1991. Les cendres émises par le volcan se sont mélangées à la pluie pour former des lahars. Lorsque de grandes quantités de pluie tombent sur des coulées pyroclastiques récentes, cela peut provoquer ou intensifier les lahars. Les coulées pyroclastiques peuvent également envahir le lit des rivières et autres voies d’écoulement des eaux, ce qui provoque des inondations. Comme les accumulations de cendre sont relativement instables, ces barrages peuvent se rompre et provoquer des inondations soudaine en aval, même après la période de pluie.

————————————————–

In recent weeks, cyclones and hurricanes has struck several parts of the world, leaving behind them a trail of death and devastation. Some of these extreme events have occurred in countries where active volcanoes are present, like Hawaii and the Philippines. The website Forbes asks the question: What happens when a hurricane hits an active volcano? The answer is that results can be catastrophic or negligible or anything in between. I would add that the difference depends on the kind of lava emitted by volcanoes: flows of basalt that get hard rapidly like in Hawaii, or ash that accumulates in thick layers like in Indonesia or the Philippines.

The first point to notice is that hurricanes or typhoons do not affect the volcanic process. The eruption goes on even in very adverse conditions. It seems the fluctuations in atmospheric pressure do not affect the behaviour of powerful volcanoes like Mauna Loa, as Haroun Tazieff told me when I was studying the phenomenon in Stromboli volcano in Sicily.

Most hurricanes that have struck Hawaii have done so while Kilauea volcano was erupting. When the heavy rains pour on the Big Island during a hurricane, one can observe dense clouds of steam where rain or flowing water encounter lava, but the eruption itself goes on like before and the hurricane does not really affect it. Lava keeps flowing as if nothing special happened in the skies.

At most, the size of huge volcanic edifices like Mauna Loa and Mauna Kea allows them to interfere with the circulation of nearby hurricanes. Mauna Loa is not quite a hurricane killer, but it certainly helps weaken the strong ones and scramble the weak ones. This effect helps protect the rest of the inhabited Hawaiian islands to some extent.

The consequence of hurricanes or typhoons is different in areas where explosive volcanoes emit huge quantities of ash. Most of them are located around the Pacific Ring of Fire. Mount Pinatubo erupted at the same time that typhoon Yunya (Cat 3) struck the Philippines in 1991. The ash emitted by the volcano mixed with rain to form lahars. Large amounts of rain falling onto fresh pyroclastic flows can cause or enhance lahars. Pyroclastic flows can also dam rivers and other drainage paths, resulting in flooding. Since fresh piles of ash and dust are not very strong, these dams may then break apart, causing sudden flooding downstream, even after the rain has passed.

Lave basaltique à Hawaii

Dépôts de lahar à la Martinique

(Photos: C. Grandpey)