Le plus haut volcan du monde (suite) // The highest volcano in the world (continued)

Une foule de 3 000 personnes s’est rassemblée dimanche après-midi à Portland (Oregon) sur le parvis de l’OMSI pour assister à l’éruption d’un volcan de 10,2 mètres de hauteur dans le cadre de la tentative de battre le record du monde Guinness du plus grand volcan réalisé avec du bicarbonate de soude et du vinaigre. Un liquide rougeâtre a giclé au sommet de la structure recouverte d’une bâche (voir photo ci-dessous).
Il faudra plusieurs mois pour avoir la confirmation du record mais les autorités du musée sont «confiantes à 100%» que la tentative de dimanche a bien établi un nouveau record du monde. Le record précédent pour un tel volcan était de 8,40 mètres de hauteur avec une éruption de 1,20 mètres, établi par l’École Elmfield Rudolf Steiner au Royaume-Uni en 2015.
Le volcan de OMSI aura battu le record précédent avec une structure autonome qui atteignait 10,20 mètres de hauteur et une éruption qui atteignait environ 1,80-2,40 mètres. L’OMSI ne saura pas avant 2 ou 3 mois si le record du monde est validé par Guinness.
Un employé de l’OMSI a filmé l’éruption depuis le toit du musée pour que Guinness puisse se avoir une bonne idée de l’éruption.
L’événement de dimanche faisait partie de l’ouverture au public d’une exposition sur Pompéi. (voir ma note précédente à ce sujet).
Source: The Oregonian.

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A crowd of 3,000 people gathered on Sunday afternoon around the OMSI Front Plaza as the science museum’s 10.2-metre-high volcano erupted in an attempt to break a Guinness World Record for the largest baking soda and vinegar volcano. A reddish liquid sprayed from the top of the tarp-covered structure.

Though it will take months to confirm it, the museum authorities are « 100 percent confident » that Sunday’s attempt indeed set a new world record. The previous record for a vinegar-baking soda volcano was 8.4 metres tall with a 1.20-metre eruption, set by the Elmfield Rudolf Steiner School in the United Kingdom in 2015.

OMSI’s baking soda-vinegar volcano appears to have beaten the previous record handily, with a freestanding structure that reached 10.20 metres and an eruption that hit around 1.80-2.40 metres beyond that. OMSI will not know for sure that they have set the Guinness World Record for at least 2-3 months.

An OMSI employee recorded the eruption from the museum’s rooftop so Guinness would be able to confirm how high the eruption went.

Sunday’s event was part of a celebration of this summer’s opening of « Pompeii: The exhibition.”

Source: The Oregonian.

Crédit photo: OMSI

La fonte du permafrost (suite) // The thawing of permafrost (continued)

Sur plusieurs routes de l’Alaska, il faut rouler prudemment et être prêt à freiner car le goudron est déformé. Les maisons ont tendance à s’enfoncer dans le sol ; des fissures apparaissent sur les murs et les portes ferment mal. Le long des routes, les poteaux électriques s’inclinent, parfois dangereusement. Il y a de plus en plus de «forêts ivres» car les racines des arbres ne sont plus maintenues en place par le sol gelé. Le pergélisol dans la région de Bethel, le long de la côte sud-ouest de l’Alaska, fond et disparaît encore plus rapidement que dans la plupart des autres région de cet Etat. Les ingénieurs qui conçoivent de nouveaux bâtiments et des routes doivent se battre avec le dégel du pergélisol.
Le permafrost dans la région de Bethel est considéré comme «chaud», avec une température à peine inférieure à zéro ; il est donc sensible au moindre réchauffement de l’air ambiant. Au-dessus du pergélisol dans le sud-ouest de l’Alaska, on trouve une couche active de sol, souvent de la tourbe, qui gèle et dégèle chaque année. Avec le réchauffement de l’air, cette couche active devient plus importante, empiétant sur ce qui était considéré comme un sol gelé en permanence. Il y a trente ans, les ouvriers rencontraient le pergélisol à un ou deux mètres de profondeur. Aujourd’hui, ils le trouvent généralement à 2,50 mètres ou 3,50 mètres. Pour enfoncer des pieux capables de supporter une maison, ils devaient creuser jusqu’à environ 6 mètres de profondeur. Aujourd’hui, ils atteignent des profondeurs de 10 mètres.
La fonte du pergélisol devient un véritable problème pour les maisons. Une maison s’enfonce parfois tellement dans le sol que la pente n’est plus suffisante pour l’écoulement des eaux usées. Les baignoires se vident mal. Dans les toilettes, il faut tirer la chasse à plusieurs reprises dans une ville comme Bethel où beaucoup de gens s’auto rationnent en eau. Les points bas dans les canalisations deviennent des pièges à eau ; cette dernière gèle en hiver et la canalisation éclate. Beaucoup de maisons sont construites sur des poteaux placés sur des assises en bois qui agissent comme des raquettes ; cela empêche la structure de s’enfoncer dans le sable ou les graviers. Afin de réduire l’affaissement des maisons, on a recours à des matériaux de meilleure qualité, ainsi que des éléments qui, théoriquement, sont plus faciles à gérer lorsqu’une partie d’un bâtiment s’enfonce. Mais tout cela à un coût dans une région où les matériaux de construction sont déjà coûteux.
Les ingénieurs et les constructeurs adaptent les techniques à cette nouvelle situation. Le plus grand projet de construction à Bethel est l’extension de l’hôpital, pour un coût de 300 millions de dollars. Sous l’hôpital actuel, le pergélisol reste gelé dans certaines zones, mais il a tendance à fondre à la périphérie. Pour l’extension du bâtiment, les ingénieurs envisagent d’installer des sondes thermiques afin d’extraire la chaleur et maintenir le sol gelé pour assurer sa stabilité. Une autre solution serait de forer à 30 mètres de profondeur pour installer des supports en acier, capables de supporter les trois étages supplémentaires prévus dans la construction. En outre, le projet comprend une isolation de la base des bâtiments et, comme avec la toundra, une isolation à la surface du sol. Comme précaution supplémentaire, un système de refroidissement du sol est prévu sous le bâtiment afin de maintenir le sol gelé si les hivers deviennent trop chauds. Les ouvriers ont installé des capteurs de température dans le sol sur le site du projet et ils savent déjà que le sol se réchauffe.
Le signe le plus évident des effets de la fonte du permafrost à Bethel se trouve sur la route la plus fréquentée de la ville. Des panneaux ont été installés pour alerter les conducteurs. L’un des panneaux près de l’aéroport annonce des dénivelés sur les 6 prochains kilomètres. Les autorités locales prévoient des travaux dont le coût est estimé à près de 9 millions de dollars, mais il faudra d’abord mieux identifier les causes de ces déformations de la chaussée. On pense que la fonte du pergélisol est responsable. Il se pourrait aussi que le problème soit dû à des ponceaux qui piègent l’air sous la chaussée et accélèrent le dégel. En 1989, un projet avait ajouté des siphons à extraction de chaleur, mais il semble avoir été abandonné.

La route a été refaite pour la dernière fois en 2006 et les travaux comprenaient une assise de 15 centimètres de matériau d’asphalte en mousse isolante qui a permis de maintenir la route en état convenable jusqu’à maintenant. Certains habitants se souviennent de l’époque où la route était faite en gravier et ils affirment que c’était mieux ainsi. Il est vrai qu’une route de gravier peut être plus facilement nivelée, mais elle nécessite également une maintenance plus fréquente.

Source: Alaska Dispatch News.

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Along many roads of Alaska, drivers need to brake for warped asphalt. Houses sink unevenly into the ground. Walls crack and doors stick. Utility poles tilt, sometimes at alarming angles. There are more and more « drunken forests » as the roots of the trees are no longer held in place by the frozen ground. Permafrost in and around Bethel, along the south-western coast, is deteriorating and shrinking even more quickly than most places in Alaska. Engineers designing new buildings and roads have to battle with permafrost thaw.

Permafrost in the Bethel area is considered « warm, » maybe a fraction of a degree below freezing, so it is sensitive to just a slight warming of the air. Above the permafrost in Southwest Alaska, an active layer of soil, often peat, freezes and thaws each year. With air temperatures warming too, the active layer is growing bigger, consuming what had been thought of as permanently frozen. Thirty years ago, crews would hit permafrost within one or two metres of the surface.. Now they typically find it 2.50 to 3.50 metres down. To install piling deep enough into permafrost to support a house, they used to drill down about 6 metres. Now they are going to depths of 10 metres.

The melting of permafrost becomes a real problem for houses. The whole house might sink so much that a wastewater line no longer has enough slope. Tubs won’t drain well. Toilets need repeat flushes in a town where many people ration their home-delivered water. Low spots in pipes become bellies that trap wastewater, then freeze and burst in wintertime. Many homes are built on posts set on wooden pads that act like snowshoes, preventing the structure from sinking into sand or gravel fill. Some of the problems are being addressed with better materials, along with designs that theoretically are easier to adjust when part of a building sinks. But that adds costs in a place where building materials already are expensive.

Engineers and builders are adjusting techniques and designs. The biggest construction project is the $300 million expansion and remake of the hospital in Bethel. Under the existing hospital, the permafrost stays frozen in some areas but has thawed near the perimeter. For the building expansion, engineers evaluated whether to add thermal probes, which extract heat and keep the ground frozen for stability. Or they could drill down 30 metres for steel supports, deep enough that the ground didn’t have to remain frozen for the three-story addition to be stable. In addition, the project includes insulation on the bottom of the buildings and, like the tundra, insulation on top of the ground. As further insurance, a ground loop cooling system is being installed under the building that can be powered up to keep the ground frozen if winters become too warm. Crews put temperature sensors into the ground at the project site and already know the soils are warming.

The most visible sign of disrupted infrastructure in Bethel is the roller coaster of a ride along the busiest road in town. Warning signs have been installed. One near the airport alerts drivers to dips for the next 6 kilometres. Local authorities are planning extensive repairs estimated to cost almost $9 million but first must better identify what is causing the heaves. Officials suspect thawing permafrost. Some of the problem might also stem from culverts that trap air under the roadway and hasten thaw. A project in 1989 added heat-extracting siphons but they no longer appear to be in place. Whether that would be a good solution now is something to investigate further.

The highway was last repaved in a project that began in 2006 and included a 15-centimetre base of insulating foam asphalt material that helped the pavement hold up this long. Some locals remember when the road was gravel and said it was better then. It’s true that a gravel road can be more easily evened out but it also requires more day-to-day maintenance.

Source: Alaska Dispatch News.

Carte montrant les régions de l’Alaska et du Canada où le thermokarst (ou cryokarst) est le plus susceptible d’apparaître avec le réchauffement climatique. (Source: University of Alaska Fairbanks)

Exemple des effets de la fonte du permafrost sur le réseau routier en Alaska (Photo: C. Grandpey)

 

Lusi, encore et encore ! // Lusi, again and again !

De nombreux articles dans la presse internationale nous rappellent ces jours-ci que l’éruption de Lusi, le volcan de boue la plus destructeur au monde, est né près de la ville de Sidoarjo, sur l’île de Java (Indonésie) il y a plus de 11 ans. L’éruption continue au moment où j’écris ces lignes. Le volcan de boue est apparu le 29 mai 2006 et, au plus fort de l’éruption, il vomissait 180 000 mètres cubes de boue chaque jour, enterrant des villages entiers sous parfois 40 mètres de fange. C’est le pire événement de ce type dans l’histoire. L’éruption a causé la mort de 13 personnes et détruit les maisons de 60 000 autres. Bien que la boue coule encore plus d’une décennie plus tard, les scientifiques ne sont toujours pas d’accord sur la cause de la catastrophe. La question est de savoir si l’éruption de Lusi est due à un séisme enregistré plusieurs jours auparavant à Yogjakarta, ou si une erreur technique s’est produite lors du forage d’un puits d’exploration de gaz à proximité du site de l’éruption.

La NASA a mis en ligne des images satellites de la zone affectée avant et après l’éruption de Lusi.

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There are quite a lot of articles in the newspapers these days to remind us that the eruption of Lusi, the world’s most destructive mud volcano, was born near the town of Sidoarjo, on the island of Java, Indonesia, just over 11 years ago. To this day it has not stopped erupting. The mud volcano started on May 29th, 2006, and at its peak disgorged 180,000 cubic metres of mud every day, burying villages in mud up to 40 metres thick. The worst event of its kind in recorded history, the eruption took 13 lives and destroyed the homes of 60,000 people. Although the mud is still flowing more than a decade later, scientists are not yet agreed on its cause. The debate is whether the eruption of Lusi was due to an earthquake several days previously, or down to a catastrophic failure of a gas exploration well that was being drilled nearby at the time.

NASA has released satellite photos of the affected area before and after the eruption of Lusi.

Les couleurs sont bien sûr fausses, mais elles permettent de discerner parfaitement la zone recouverte par la boue de Lusi (Source: NASA)