Une fois encore, nous n’avons pas eu de Noël blanc cette année. Le thermomètre ne descend plus au-dessous de zéro comme il le faisait il y a seulement un demi-siècle dans ma Creuse natale. Cela fait plusieurs semaines que les températures restent anormalement douces. Les météorologues affirment que cette douceur inhabituelle n’est pas forcément due au changement climatique, mais à une modification des pressions au pôle Nord. Le « vortex polaire » a, jusqu’à maintenant, été mis en échec par un phénomène connu sous le nom d’Oscillation Arctique. El Niño, qui provoque le réchauffement cyclique de la température de la surface de l’Océan Pacifique, a aussi sa part de responsabilité pour ces températures de mi-décembre qui ressemblent à celles d’une mi-avril.
Le temps chaud devrait se prolonger début 2016. Beaucoup se posent la question : Aurons-nous une année sans hiver? Ce ne serait pas bon pour les stations de ski qui ont investi beaucoup d’argent pour moderniser leurs équipements.
Les historiens ne manqueront pas de remarquer une coïncidence climatique: 2015 marque le 200ème anniversaire de ce que l’on a appelé « l’année sans été ». Le 5 avril 1815, le Tambora en Indonésie se réveilla d’un sommeil séculaire. Pendant plusieurs jours, de violentes explosions à répétition ont envoyé dans l’atmosphère des colonnes de cendre et de poussière d’une taille encore jamais vue qui ont fait disparaître le soleil et provoqué une chute des températures dans la région et dans de nombreux pays à travers le monde. Les populations se posèrent des questions sur la météo pendant les mois qui ont suivi. On a beaucoup écrit sur les gelées d’août 1815 ou les somptueux couchers de soleil qui ont inspiré les peintres du 19ème siècle.
L’hiver 2015-2016 sera-t-il la copie inverse de ce qui est arrivé en 1815? Personne ne le sait car les prévisions à long terme en météorologie sont aussi peu fiables qu’en volcanologie. Coïncidant avec la COP 21, l’hiver doux actuel devrait avant tout nous rappeler que notre planète est très fragile et que l’envoi de saloperies dans l’atmosphère est susceptible de déstabiliser un équilibre déjà bien incertain.
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Once again, we did not have a white Christmas this year. Below-zero temperatures are a thing of the past. They have remained unseasonably mild for weeks. Experts say the blame for this unwinter weather belongs not to climate change but to a shift in air pressure at the North Pole. The “polar vortex” has so far been kept at bay by a phenomenon known as Arctic Oscillation. El Niño, the cyclical warming of the surface temperature of the Pacific Ocean, is also doing its part to make mid-December feel like mid-April.
Warm weather is forecast to last well into the New Year, raising an intriguing possibility: could this be the year without a winter? It would not be good for ski resorts that invested money to upgrade their equipment.
Historians, however, will note a climatic coincidence: 2015 marks the 200th anniversary of what has come to be known as the year without a summer. On April 5th 1815, Indonesia’s Mount Tambora awoke from a centuries-long slumber. Over the course of several days, repeated thunderous explosions hurled massive amounts of ash and dust of unprecedented size, blotting out the sun and causing temperatures to plummet in the region and in many countries around the world which were left to wonder about the strange weather over the ensuing months. A lot has been written about the freezing days in August 1815 or the sumptuous sunset that inspired many 19th century painters.
Will the winter 2015 – 2016 be a reverse copy of what happened in 1815? Nobody knows as long-term predictions in meteorology are as impossible as in volcanology. Coinciding with the Paris climate conference, the current mild winter should remind us that our planet is quite fragile and that sending rubbish into the atmosphere is likely to destabilize an uncertain balance.

Le Tambora vu depuis l’espace (Crédit photo: NASA)