Comme je l’ai déjà écrit à plusieurs reprises, l’Alaska est l’un des endroits dans le monde où le réchauffement climatique est le plus marqué. Avec la chaleur, de plus en plus de feux de forêt font rage à travers cet État et 2015 est en train de devenir une année particulièrement noire. En effet, plus de 20 000 kilomètres carrés sont déjà partis en fumée, soit une étendue plus vaste que le Connecticut.
La température globale de l’Alaska a augmenté de plus de trois degrés au cours des 50 années écoulées, ce qui est beaucoup plus que le reste des États-Unis. Les conséquences sont nombreuses, avec en particulier une perte annuelle de 75 milliards de tonnes de glace de ses glaciers (y compris ceux du mont McKinley, le plus haut sommet d’Amérique du Nord) et la déstabilisation du pergélisol ou permafrost, le sol gelé qui recouvre 80 pour cent de l’Alaska, et dont le dégel peut endommager les bâtiments, les routes et les infrastructures.
Suite au réchauffement climatique, les côtes de la partie arctique de l’Alaska sont confrontées à une érosion intense. En effet, le niveau de la mer a tendance à monter et la réduction de la banquise expose les rivages et les îles du large à l’assaut des vagues. La situation est devenue si préoccupante que certaines communautés indigènes comme celle de Kivalina, sur l’une des îles qui bordent la côte de la mer des Tchouktches, vont devoir être relogées car la mer réduit chaque jour l’étendue de leur territoire.
La fonte précoce de la neige a d’autres effets. En 2015, le lieu de départ de l’Iditarod, la célèbre course de chiens de traîneau, a dû être relocalisé à Fairbanks, parce qu’il n’y avait pas assez de neige sur le sol à certains endroits.
Malgré tout, ce sont sans aucun doute les incendies de forêt qui entraînent les modifications les plus spectaculaires en Alaska. Dans ce seul Etat, les forêts représentent 17% du total des États-Unis, et même si elles ont toujours brûlé, il semble bien qu’elles soient entrées dans une nouvelle phase en matière d’incendies. Ces derniers sont si intenses et si étendus qu’ils pourraient changer tout un écosystème. De plus, ces incendies accélèrent aussi le dégel du pergélisol qui contient de vastes quantités de carbone prêtes à être libérées dans l’air. Plus le feu est intense, plus il est susceptible de pénétrer à travers la couche organique et accélérer le phénomène.
Dans le nord de notre planète, on estime que le pergélisol contient deux fois plus de carbone que toute l’atmosphère de la Terre. Si les feux de forêt en Alaska, au Canada ou en Sibérie accélèrent la fonte du permafrost, le réchauffement climatique pourrait empirer.
Les scientifiques essaient de comprendre à quelle vitesse le processus pourrait se produire et dans quelle mesure il serait compensé par un autre effet majeur du réchauffement de l’Arctique. Les plantes tirent le dioxyde de carbone de l’atmosphère par photosynthèse, en particulier lorsque les forêts se régénèrent après les incendies. Certains scientifiques pensent que cette nouvelle croissance des plantes pourrait compenser la perte de carbone provoquée par la recrudescence d’incendies plus intenses et les émissions provenant du pergélisol, au moins jusqu’à l’année 2100. Mais cette hypothèse reste à vérifier.
Dans le même temps, le pétrole continue à couler dans l’oléoduc trans-alaskien. Il est bien protégé contre les incendies de forêts car il représente l’une des principales ressources économiques de l’Alaska
Source: Alaska Dispatch News.
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As I put it before, Alaska is one of the places in the world where global warming is the most acute. With the heat, more and more wildfires are raging across the State. 2015 may soon be the worst year as far as wildfires are concerned, with more than 20,000 square kilometres already burned, an area larger than Connecticut.
Alaska has already warmed by more than three degrees in the past half-century, much more than the continental United States. The consequences have included an annual loss of 75 billion metric tons of ice from its glaciers, including those covering the slopes of Mount McKinley, the highest peak in North America, and the destabilization of permafrost, the frozen ground that underlies 80 percent of Alaska and whose thaw can undermine buildings, roads and infrastructure.
Also affected are Alaska’s Arctic coastlines, which are facing intense erosion as seas rise and declining sea ice exposes shores and barrier islands to the waves. The situation has grown so bad that some native communities, including tiny Kivalina, Alaska, sitting on a barrier island along the Chukchi Sea, may now have to be relocated, given the dangerous loss of land to the sea.
Earlier snowmelt has altered the state further. In 2015, the starting place of the Iditarod sled-dog race had to be relocated north, to Fairbanks, because there wasn’t enough snow on the ground in some places.
But arguably the most dramatic change is occurring with the state’s wildfires. Alaska’s forests make up 17% of the U.S. total, and while they’ve always burned, they may now be entering a major new combustive period. The blazes are so intense and extensive that they could change an entire ecosystem, even as the fires also hasten the thawing of permafrost, which itself contains vast quantities of ancient carbon, ready to be emitted to the air. The more severe the fire, the deeper that it burns through the organic layer, the higher the chance it will go through this complete conversion.
Across the global north, it is estimated that permafrost contains twice as much carbon as the planet’s atmosphere. If wildfires in Alaska — or Canada or Siberia — hasten its already expected thawing, that could make global warming worse
Scientists are trying to figure out how fast this could unfold and to what extent it will be offset by another key effect of Arctic warming. Plants pull carbon dioxide out of the atmosphere through photosynthesis, including as forests regrow after fires. There are experts who think that new plant growth could offset the carbon lost by the combustion of more intense fires and emissions from permafrost, until at least the year 2100. But this hypothesis is still uncertain.
Meantime, oil keeps flowing along the trans-Alaskan pipeline. It has been well protected as it is one of the major economic resources of the State.
Source: Alaska Dispatch News.
Photo: C. Grandpey

