Kilauea (Hawaii / Etats Unis)

La situation est relativement calme et stable sur le Kilauea en ce moment. La grosse coulée de lave qui illuminait le plancher du cratère du Pu’u O’o semble avoir disparu. La webcam laisse maintenant entrevoir de temps en temps quelques points d’incandescence. Sur l’East Rift Zone, la lave continue à s’écouler en tunnels au départ du TEB  pour finir sa course dans l’océan. Aucune coulée de surface n’était visible ces dernières heures sur la plaine côtière.

 

J’aimerais en profiter pour apporter quelques remarques sur le Thanksgiving Eve Breakout (TEB pour faire plus simple), expression qui semble souvent poser des problèmes aux Français qui y font référence. Décortiquons donc cette expression :

« Thanksgiving » se traduit littéralement par « action de grâce ». Aux Etats Unis, c’est une journée de festivités – souvent avec dinde et tarte à la citrouille – qui se tient le 4ème jeudi de novembre en commémoration de la fête organisée par les Pères Pèlerins (« Pilgrim Fathers ») en 1621 à l’occasion de leur première récolte sur le sol américain.

« Eve » signifie la veille et n’a rien à voir avec « vent » qui fait référence à une bouche, un orifice.

Le mot « breakout » fait référence au point d’émission de la lave.

Donc, si l’on respecte la construction anglaise, Thanksgiving Eve Breakout signifie : point d’émission de la lave la veille du Thanksgiving. La lave a percé la surface le 21 novembre 2007, année où le Thanksgiving était….le 22 novembre !

 

Cette zone particulièrement dangereuse se situe à environ 2 km à l’est du Pu’uO’o. Elle est interdite au public, de même qu’une bonne partie du sommet du Kilauea, y compris les abords de la bouche qui perce le plancher de l’Halema’uma’u. Je suis choqué que certaines personnes bravent cette interdiction et se vantent de s’être approchées de ladite bouche, sans d’ailleurs avoir pu voir la lave qui s’agite au fond, à quelque 170 mètres de profondeur. Seule la webcam permet d’apercevoir – quand le nuage de gaz le permet – la surface du petit lac.

Faire fi d’une interdiction est une chose. S’en vanter est beaucoup plus gênant car ce genre de comportement peut inciter d’autres personnes à les imiter avec des conséquences sérieuses, que ce soit au niveau de la sécurité ou celui de la répression par les rangers qui n’apprécient pas que l’on transgresse la loi américaine. Sans parler de la difficulté ultérieure à obtenir des autorisations pour les gens qui veulent travailler en toute honnêteté sur le terrain volcanique.

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Vue aérienne du Thanksgiving Eve Breakout (Photo: C. Grandpey)

Nevado del Huila & Galeras (Colombie)

drapeau francais.jpgLa presse colombienne indique que les autorités ont élevé le niveau d’alerte du Nevado del Huila à l’Orange suite à une augmentation d’activité du volcan. L’INGEOMINAS a alerté la population près avoir observé des émissions de gaz et de cendre ainsi que des projections incandescentes dans le cratère.

Des plus, on enregistre une activité sismique continue qui peut laisser supposer une éruption à court terme. L’INGEOMINAS a recommandé aux autorités locales – qui sont en alerte depuis le 1er septembre – de mettre en place un plan d’urgence.

Dans le même temps, le Galeras reste en alerte Jaune suite à la phase éruptive du 25 août dernier.

 

drapeau anglais.jpgThe Colombian press indicates that the authorities raised Nevado del Huila‘s alert code to Orange after an increased level of volcanic activity was detected. INGEOMINAS alerted the public after the emission of gases, ash and glowing material was observed in Nevado del Huila’s crater. Continuous seismic activity has also been registered. It may result in an imminent eruption. The Institute advised local authorities to put emergency plans in place.  Authorities have been on alert since the volcano started spewing ash on September 1st.

Meanwhile the Galeras volcano remains on Yellow alert after an eruption was registered on August 25th.

Mont Sinabung (Ile de Sumatra / Indonésie)

drapeau francais.jpgAlors qu’aucune nouvelle éruption n’a été observée sur le Sinabung depuis mardi dernier, de plus en plus de gens viennent s’abriter dans les camps du district de Kabanjahe dans la province de Karo, au nord de l’île de Sumatra. Le nombre de réfugiés atteignait 28 600 le vendredi 10 septembre, contre 27 250 la veille. Ils logent dans 11 camps parmi lesquels beaucoup sont surpeuplés et ne peuvent accueillir de nouveaux arrivants.

Les autorités locales envisagent de construire de nouvelles infrastructures pour le cas où il faudrait abriter d’autres réfugiés. Elles ne veulent pas que ces gens, en particulier les enfants et les personnes âgées, séjournent dans des camps surpeuplés.

Une zone de sécurité de 6 km de rayon a été mise en place autour du volcan. Les villageois ont tous été évacués de cette zone à risques pour séjourner dans les camps de réfugiés.

Source : The Jakarta Post.

 

drapeau anglais.jpgWhile no new eruption has been observed on Mount Sinabung since Tuesday, more people have sought safety at refugee camps across Kabanjahe district in the North Sumatra regency of Karo. The number of refugees reached 28,600 on Friday, September 10th, up from 27,250 on Thursday. They have taken shelter in 11 refugee camps, many of which are now overcrowded and unable to accept newcomers.
Local authorities are looking to build more shelters to anticipate greater numbers of refugees.
They do not want the refugees, particularly children and elderly, to stay in overcrowded camps.

A 6-km- radius danger zone has been set up around the volcano. Residents of villages in the danger zone have all been evacuated to refugee camps.

Source: The Jakarta Post.

Accroissement de l’activité volcanique?

Le dernier commentaire posté sur mon blog rejoint une question qui m’est souvent posée lors de mes interventions en public. Beaucoup de personnes ont l’impression que l’activité volcanique est en train de s’intensifier sur Terre. L’éruption islandaise y est pour beaucoup, sans parler des sautes d’humeur d’autres volcans à travers la planète, tel le Sinabung qui est le dernier en date à avoir affolé les populations.

En fait, il ne s’agit que d’une impression car l’activité volcanique est relativement stable dans le monde. D’après Lee Siebert – directeur du très sérieux Smithsonian Global Volcanism Program (GVP) – si l’on fait le compte des éruptions recensées au cours des 200 dernières années, on remarque effectivement une certaine augmentation de leur nombre, mais cet accroissement est avant tout dû à la diffusion des informations qui a évolué de manière spectaculaire. En particulier, l’arrivée d’Internet a considérablement modifié la donne. Aujourd’hui, dès qu’un volcan se manifeste, même dans les contrées les plus reculées de la Terre, tout le monde est informé dans les heures qui suivent. Il y a seulement quelques années, personne n’aurait jamais rien su des colères des volcans du Kamchatka qui se trouvent dans une région quasi déserte et ouverte depuis très peu de temps aux visiteurs étrangers. De nos jours, c’est cette avalanche d’informations – à laquelle je participe à mon modeste niveau – qui donne l’impression d’une augmentation de l’activité volcanique dans le monde.  

De plus, le GVP fait remarquer que les statistiques concernant le nombre d’éruptions ont connu des irrégularités à travers le temps, avec des creux au moment des deux guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945, époques où les éruptions volcaniques ont bien sûr revêtu une importance secondaire et où les informations circulaient difficilement. En revanche, la population s’est davantage intéressée aux volcans dans les années qui ont suivi les éruptions cataclysmales du Krakatau (1883) et de la Montagne Pelée (1902). Sensibilisés par ces événements importants, les gens ont accordé plus d’intérêt à des éruptions mineures.  

S’agissant de l’activité volcanique, il faut avoir une approche globale et ne pas s’appuyer sur des statistiques couvrant quelques décennies seulement. Il faut considérer notre planète à l’échelle géologique qui couvre des millions, voire des milliards d’années. Tout le monde sait que la dernière éruption auvergnate est celle du lac Pavin qui s’est produite il y a 5000 ou 7000 ans, espace de temps très long à l’échelle humaine, mais infime à l’échelle géologique.

Aucun « super volcan » comme celui de Yellowstone n’a connu d’éruption dans les temps historiques mais on sait qu’un réveil est toujours possible, ce qui n’est pas souhaitable car la vie sur Terre serait probablement bouleversée. Les éruptions du Mont St Helens en 1980 ou du Pinatubo en 1991 paraîtraient ridicules si de tels monstres devaient reprendre goût à la vie !

Pour terminer, il faut savoir que nos connaissances en matière de volcanisme sont encore très limitées. Par exemple, nous ne savons presque rien de l’activité volcanique sous-marine. La théorie de la tectonique des plaques élaborée par Alfred Wegener ne date que du début du 20ème siècle et n’a été acceptée par le monde scientifique que plusieurs décennies plus tard. Il faudra encore beaucoup de temps pour que l’Homme comprenne comment fonctionne sa propre planète !

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Le lac Pavin, le plus jeune des volcans d’Auvergne
(Photo: C. Grandpey)