Projet de forage dans les Champs Phlégréens (Campanie / Italie)

Le site web du journal anglais The Daily Mail rappelle un projet qui a déjà fait la une des journaux il y a quelques mois. Début 2011, des scientifiques italiens vont effectuer un forage dans les Champs Phlégréens afin d’essayer de protéger la ville de Naples toute proche d’une éruption destructrice de ce volcan dont on ne connaît que peu de choses. Sa dernière éruption remonte à 1538, mais il a connu des soubresauts entre 1969 et 1972,  1982 et 1984 et les géologues redoutent une nouvelle crise éruptive.

Le forage devrait atteindre une profondeur de 4000 mètres et permettre d’étudier les différences de température des roches entre la surface et la chambre magmatique qui sommeille dangereusement sous ce site que l’on peut visiter à 8 km à l’ouest de Naples. Les chercheurs pensent atteindre des couches dont la température est supérieure à 600°C.

On pense que le magma se trouve à environ 8 km de profondeur, de sorte que le forage pourrait également permettre d’atteindre des poches de liquides à haute température utilisables en géothermie. Ces liquides ne se transforment pas en gaz à cause de la pression qui est trop forte.  

Les capteurs à fibres optiques devraient permettre de savoir à quel niveau se trouve la chambre magmatique, tandis que d’autres capteurs étudieront les mouvements du sol autour du volcan, ce qui donnera des informations essentielles sur le risque éruptif. A ce sujet, les capteurs au carbure de silicium capables de résister à de très hautes températures dont je faisais état dans ma note  du 22 septembre pourraient intervenir dans le cadre de ce projet de forage qui ne fait pas l’unanimité. Certaines personnes pensent qu’il est trop proche des zones habitées et qu’il est susceptible de provoquer une explosion.

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Le cratère de la Solfatara, à l’intérieur des Champs Phlégréens.
(Photo: C. Grandpey)

 

Analyse des gaz volcaniques

Haroun Tazieff a toujours défendu l’idée que les gaz volcaniques étaient le moteur des éruptions et que l’étude de ces gaz devait être prioritaire. C’est pour cela qu’il s’est entouré de scientifiques comme François Le Guern ou René-Xavier Faivre-Pierret, spécialistes dans ce domaine. Tazieff a toujours insisté sur la nécessité de prélever des échantillons de gaz à leur source, avant qu’ils soient modifiés par l’air ambiant. Ce genre de travail est extrêmement difficile et dangereux et il fallait la ténacité d’un homme comme Le Guern pour l’effectuer.

 

Un article publié par The New Scientist indique que des recherches effectuées par des scientifiques britanniques de l’Université de Newcastle pourraient permettre de faire de tels prélèvements dans de meilleures conditions. Ces chercheurs utilisent le carbure de silicium pour fabriquer des composants électroniques capables de fonctionner dans des environnements extrêmement hostiles, là où le matériel traditionnel rend l’âme rapidement. Alors que le silicium se comporte correctement jusqu’à environ 175°C, le carbure de silicium résiste jusqu’à 600°C.  

Les deux chercheurs britanniques sont parvenus à intégrer le carbure de silicium dans des composants électroniques avec des capteurs sensibles à l’oxygène, à l’hydrogène, à l’H2S, au SO2 et pouvant atteindre une sensibilité de 10ppm.

 

L’étape suivante consistera à intégrer ces composants dans des boîtiers de la taille d’un téléphone portable et à les rendre autonomes en énergie, par exemple en utilisant de petits panneaux solaires. Ainsi, on pourrait les utiliser dans des environnements dangereux comme les sites de stockage de déchets nucléaires ou pour analyser la pollution des moteurs d’avions à réaction. S’agissant des volcans, on pourrait laisser l’appareil au bord d’un évent de gaz afin de mesurer ce dernier en permanence. Un émetteur radio-fréquence transmettrait les résultats au laboratoire.

Ce travail de recherche me semble fort intéressant. Je suis « tazieffien » jusqu’au bout des ongles et j’ai toujours défendu cette approche de la volcanologie par les gaz. A mon modeste niveau, j’ai effectué des travaux de mesure de température et d’échantillonnage de gaz sur l’île de Vulcano et sur les basses pentes de l’Etna (voir documents dans la colonne de gauche de mon blog). Pour moi, il ne fait aucun doute que c’est en pousuivant les recherches sur les gaz volcaniques que nous parviendrons à mieux prévoir les éruptions et, de ce fait, à protéger les populations.

 Source : The New Scientist.

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Mesure de température des gaz à Vulcano

Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion)

drapeau francais.jpgDans son dernier rapport, l’Observatoire indique que le 20 septembre on a enregistré « une importante augmentation du nombre de séismes » : 103 événements volcano-tectoniques ont été détectés par les instruments. Malgré leur nombre croissant, la magnitude moyenne des séismes (M < 1,6) est plutôt faible. Les foyers sismiques restent localisés à l’aplomb du Piton de la Fournaise (secteur ouest et sud du cratère Dolomieu).
L’augmentation du nombre d’éboulements dans le Dolomieu se confirme, avec 19 événements par jour. Une faible tendance à l’inflation est mesurée sur l’édifice volcanique, notamment dans sa portion sommitale.

 

drapeau anglais.jpgIn its latest report, the Observatory indicates that « a strong increase in the number of earthquakes » was recorded on September 20th: 103 volcano-tectonic events were detected by the instruments. Despite the increasing number, their magnitude (<1.6) is still low. The seismic focuses are still located right below the Piton de la Fournaise, in the western part and south of the Dolomieu Crater. There has been as well an increase in the number of rockfalls inside the Dolomieu Crater (19 events per day). A slow tendency to inflation has also been measured on the volcanic edifice, especially in the summit area.

Mont Sinabung (Ile de Sumatra / Indonésie)

drapeau francais.jpgTrois semaines après le début de l’éruption du Sinabung, les quelque 25 000 personnes qui se trouvent dans les camps de réfugiés commencent à trouver le temps long ! La situation volcanique est encore trop instable pour les autoriser à regagner leurs domiciles. Des problèmes sanitaires se posent de plus en plus fréquemment dans les camps. Depuis le début de l’éruption, trois personnes sont mortes ; deux ont été victimes de la cendre et des gaz pendant l’évacuation, la troisième vient de décéder des suites de problèmes respiratoires aigus. De plus en plus de réfugiés doivent être conduits à l’hôpital. Le déclin de leur état de santé se trouve accéléré par la tension psychologique provoquée par la vie dans les camps et la promiscuité qu’elle entraîne.

Les images de la webcam montrent de volumineux panaches de gaz et de vapeur indiquant que le volcan est toujours très actif et qu’il serait imprudent d’autoriser les réfugiés à regagner leurs habitations. Une zone de sécurité de 6 km de rayon reste mise en place autour du Sinabung.   

Source : The Jakarta Post.

 

drapeau anglais.jpgThree weeks after the eruption of Mount Sinabung, the 25,000 people living in refugee camps are getting more and more impatient. The volcanic situation is still far too instable to allow them to go back home. Health problems are getting more and more frequent in the camps. Three persons have died since the start of the eruption; two during the evacuation process because of the ash and smoke, the third one has just died of acute respiratory problems. More and more refugees have to be taken to hospital. The decline of their health is accelerated by the life in camps and its promiscuity.  

Webcam images show voluminous steam and gas plumes indicating the volcano is still very active and that it would not be cautious to let the refugees go home. A 6-km-radius danger zone has been set up around Mount Sinabung.

Source : The Jakarta Post.

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Le Sinabung vu par la webcam le 21 septembre 2010.