Islande : l’éruption continue // Iceland : the eruption continues

L’éruption a réussi a passer le week-end et continue sur la chaîne de cratères Sundhnúkur. L’activité est principalement concentrée dans deux cratères sur la partie centrale de la fissure. La lave continue de s’écouler vers l’est jusqu’à Fagradal, mais le Met Office indique que la mauvaise visibilité rend difficile l’observation de la situation.
L’éruption provoque une importante pollution atmosphérique ces derniers jours. Une brume volcanique a envahi une grande partie de l’Islande, comme on peut le voir sur la carte ci-dessous.

Source: Met Office

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The eruption at the Sundhnúkur crater row managed to go beyond the week-end, with activity mainly concentrated in two craters in the central part of the fissure. Lava continues to flow eastward into Fagradal, but the Met Office says poor visibility makes it difficult to assess developments.

The eruption has caused significant air pollution in recent days. Volcanic haze has been detected widely, asseen on the map below.

Grottes glaciaires plus dangereuses à cause du réchauffement climatique ? // Is global warming making ice caves more dangerous ?

Les secouristes du sud de l’Islande ont été à l’oeuvre toute le journée du 26 août 2024 pour tenter de retrouver deux touristes étrangers disparus lors de l’effondrement d’une grotte de glace pendant la visite du Breidamerkurjökull, l’une des langues du Vatnajökull. Les services de secours avaient reçu un appel dans l’après-midi du dimanche 25 août 2024 concernant un effondrement du glacier et deux personnes qui étaient potentiellement coincées sous la glace.

(Source : ruv.is)

Les deux disparus faisaient partie d’un groupe de 25 personnes qui visitait une grotte de glace avec un guide. Un citoyen américain a péri dans l’accident et son épouse a été grièvement blessée et transportée à l’hôpital de Reykjavik.
Les conditions du sauvetage étaient très difficiles. L’effondrement s’est produit à l’intérieur du glacier et il n’était pas facile d’y introduire du matériel. Tout devait être fait à la main. Les médias locaux ont indiqué qu’une cinquantaine de personnes étaient engagées dans l’opération de sauvetage.

Vue globale du site de l’accident (Crédit photo : ruv.is)

Confirmant que les personnes concernées étaient des touristes étrangers, la police avait déclaré que rien n’indiquait que l’excursion dans la grotte présentait un danger, ajoutant que les visites de grottes de glace ont lieu presque toute l’année en Islande.

Hier soir, bouleversement de la situation et bonne nouvelle ! Les recherches pour retrouver deux touristes disparus ont été interrompues. La police a déclaré que l’opération de sauvetage était terminée, car aucun touriste n’était coincé sous la glace ! Il s’est avéré, après vérification, que 23 personnes participaient à l’excursion, et non 25 comme on le pensait auparavant. L’opération de sauvetage est donc désormais terminée et les recherches ont été interrompues.

Cette situation appelle toutefois quelques remarques. Comme indiqué plus haut, le Breidamerkurjökull est une langue glaciaire du glacier Vatnajökull qui débouche dans le célèbre Jökulsárlón. Cette langue glaciaire est réputée pour ses grottes dont les visites sont organisées pour des groupes.

Vue aérienne du Breiðamerkurjökull (Crédit photo :/Ljósm. Snaevarr Guðmundsson)

Vue du front du Breiðamerkurjökull depuis le lagon glaciaire (Photo : C. Grandpey)

Suite à un voyage en Islande en 2021, j’avais attiré l’attention sur la fonte de la glace dans la région du Jokulsarlon et j’avais écrit qu’elle « ne serait probablement plus la même dans 4 ou 5 ans. » J’avais invité les visiteurs de mon blog à « regarder l’Esjufjallarönd, une moraine qui longe le glacier Breiðamerkurjökull et le sépare d’une autre langue glaciaire, le Norðlingalægðarjökull, qui termine, elle aussi, sa course dans les eaux du Jökulsarlon, donnant naissance à une multitude de petits icebergs.

En longeant ce glacier, on se rend vite compte que le Breiðamerkurjökull recule rapidement à cause du réchauffement climatique. […] Les statistiques montrent que le glacier perd actuellement 600 mètres par an. Dans l’une des grottes, la glace a tellement reculé que la cascade qui se trouvait autrefois à l’intérieur de la grotte est maintenant pratiquement à l’extérieur. Dans une autre grotte à proximité, un gros rocher qui se trouvait à 100 mètres à l’intérieur de la cavité est maintenant à l’extérieur, à 500 mètres devant le glacier. »

Au cours de l’été 2021, les scientifiques ont installé deux caméras en bordure du Breiðamerkurjökull. Les caméras ont filmé pendant six semaines. Les glaciologues indiquent que la vitesse rapide de fonte des glaciers pendant l’été a un impact significatif sur leur récupération pendant les mois d’hiver. Lorsqu’un glacier est en équilibre, l’accumulation hivernale équivaut à la fonte estivale, mais cela ne se produit plus sur le Breiðamerkurjökull. Il s’en est suivi un recul atteignant 250 m par an..
Source : Médias d’information islandais, mon blog.

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Considérant cet accident en Islande, on peut se poser la question : Les grottes de glace sont-elles trop dangereuses à visiter ? Elles peuvent en effet être assez dangereuses et plusieurs risques sont associés à ces formations naturelles :
Elles présentent une instabilité structurelle. Les grottes glaciaires se forment par le mouvement et la fonte de la glace au fil du temps. Cela peut rendre la structure de la grotte très instable, avec un risque d’effondrement soudain qui peut piéger ou blesser les personnes à l’intérieur, comme cela vient de se produire en Islande.
Un autre danger est que de gros blocs de glace peuvent se détacher des parois ou du plafond de la grotte sans prévenir, ce qui constitue une menace sérieuse pour toute personne se trouvant en dessous.
À mesure que les glaciers fondent, le débit d’eau à travers les grottes peut augmenter rapidement, entraînant des crues soudaines qui peuvent rapidement remplir l’espace de la grotte.
En raison de ces risques, l’exploration des grottes glaciaires ne doit être effectuée que par des équipes expérimentées et correctement équipées. Même dans ce cas, les conditions peuvent changer rapidement et de manière inattendue, rendant ces environnements extrêmement dangereux.
Aujourd’hui, le réchauffement climatique augmente le risque de tels problèmes. Avec la hausse des températures, la glace fond plus rapidement, ce qui rend le glacier et les grottes à l’intérieur plus instables.
Il est difficile d’affirmer que l’accident en Islande a été causé uniquement par le réchauffement climatique, mais une chose est sûre : il a été causé par une certaine instabilité au sein du Breidamerkurjökull. L’Association islandaise des guides de montagne demande un renforcement des mesures encadrant de telles excursions. Selon l’association, les agences de voyage ne devraient pas organiser des visites des grottes toute l’année. Elles ne devraient être visitées qu’entre décembre et mars, et surtout pas pendant les mois d’été.

Sous le Vatnajökull : l’eau de la rivière est chaude ; l’eau de fonte est froide. Un lieu hors du commun, mais où je ne m’aventurerai plus en été ! (Photo : C. Grandpey)

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Rescuers in southern Iceland worked all day on August 26th , 2024, to try to find two foreign tourists who went missing when an ice cave collapsed while visiting Breidamerkurjökull, one of the tongues of Vatnajökull. Rescue services had received a call on the afternoon of Sunday, August 25th, 2024, about a glacier collapse and two people who were potentially trapped under the ice.

The two missing people were part of a group of 25 people visiting an ice cave with a guide. One American citizen died in the accident and his wife was seriously injured and taken to hospital in Reykjavik.
The conditions of the rescue were very difficult. The collapse occurred inside the glacier and it was not easy to get equipment in. Everything had to be done by hand. Local media reported that about 50 people were involved in the rescue operation.

Confirming that the people involved were foreign tourists, the police said that there was no indication that the cave tour was dangerous, adding that ice cave tours take place almost all year round in Iceland.

Last night, there was a change in the situation and good news! The search for two missing tourists was called off. The police declared that the rescue operation was over, as no tourists were trapped under the ice! It turned out, after verification, that 23 people were on the tour, and not 25 as previously thought. The rescue operation is now over and the search has been called off.

However, there are a few things to note about this situation. As mentioned above, Breidamerkurjökull is a glacial tongue of the Vatnajökull glacier that flows into the famous Jökulsárlón. This glacial tongue is famous for its caves, which can be visited by groups.

Following a trip to Iceland in 2021, I drew attention to the melting of the ice in the Jokulsarlon region and wrote that it « would probably not be the same in 4 or 5 years. » I invited visitors to my blog to « look at the Esjufjallarönd, a moraine that runs alongside the Breiðamerkurjökull glacier and separates it from another glacial tongue, the Norðlingalægðarjökull, which also ends its course in the waters of the Jökulsarlon, giving birth to a multitude of small icebergs.
As you walk along this glacier, you quickly realize that the Breiðamerkurjökull is retreating rapidly due to global warming. […] Statistics show that the glacier is currently losing 600 meters per year. In one of the caves, the ice has retreated so much that the waterfall that used to be inside the cave is now practically outside. In another cave nearby, a large rock that used to be 100 meters inside the cavity is now outside, 500 meters in front of the glacier.”
In the summer of 2021, scientists set up two cameras on the edge of Breiðamerkurjökull. The cameras filmed for six weeks. Glaciologists say that the rapid rate at which glaciers melt during the summer has a significant impact on their recovery during the winter months. When a glacier is in equilibrium, winter accumulation equals summer melt, but this no longer happens on Breiðamerkurjökull. This has resulted in a retreat of up to 250 m per year.
Source: Icelandic News Media, my blog.

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Considering this accident in Iceland, one might ask a question: Are ice caves too dangerous to visit? They can indeed be quite dangerous and there are several risks associated with these natural formations:
They have structural instability. Ice caves are formed by the movement and melting of ice over time. This can make the structure of the cave very unstable, with the risk of sudden collapse that can trap or injure people inside, as just happened in Iceland.
Another danger is that large blocks of ice can break off from the walls or ceiling of the cave without warning, posing a serious threat to anyone below.

As glaciers melt, the flow of water through caves can increase rapidly, leading to flash floods that can quickly fill the cave space.
Because of these risks, exploration of glacier caves should only be undertaken by experienced and properly equipped teams. Even then, conditions can change quickly and unexpectedly, making these environments extremely dangerous.

Today, global warming is increasing the risk of such problems. As temperatures rise, the ice is melting faster, making the glacier and the caves more unstable.
It is difficult to say whether the accident in Iceland was caused solely by global warming, but one thing is certain: it was caused by some instability within Breidamerkurjökull. The Icelandic Mountain Guides Association is calling for tighter measures to regulate such tours. According to the association, travel agencies should not operate cave tours all year round. They should only be visited between December and March, and above all not during the summer months.

Péninsule de Reykjanes : une éruption fissurale de longue durée? // Reykjanes Peninsula : a long-lasting fissure eruption ?

La carte géologique qui accompagnait ma note à propos de la 3ème fracture éruptive sur la Péninsule de Reykjanes montre parfaitement à quel point cette région est fracturée. Elle n’est que le reflet de la position de l’Islande sur la dorsale médio-atlantique et du phénomène d’accrétion généré par l’écartement des plaques tectoniques Eurasienne et Nord-Américaine.. Il n’est donc guère surprenant que le magma parvienne à d’infiltrer dans ces fractures et donne naissance à des éruptions fissurales comme celle qui se déroule en ce moment dans la Geldingadalur. Personne se sait pendant combien de temps la lave va s’écouler à la surface de la péninsule. Certains scientifiques avaient misé sur une éruption de courte durée. D’autres ont évoqué des éruptions beaucoup plus longues dans d’autres régions de l’Islande comme celles du Krafla dans le nord de l’île.

Le Krafla se situe lui aussi sur le rift médio-atlantique, à une dizaine de kilomètres au nord-est du lac Myvatn. La région est très active d’un point de vue volcanique et hydrothermal. Les nombreux panaches de vapeur visibles dans la région proviennent des forages géothermiques qui alimentent la centrale électrique toute proche.

Le Krafla est discret en altitude, ce qui s’explique par ses épanchements de laves basaltiques de type aa et plus rarement pahoehoe.

Le volcan a connu 29 éruptions historiques depuis le 17 mai 1724. La lave s’écoule en général le long d’une fissure orientée nord-sud, de plusieurs dizaines de kilomètres de long, dans une zone d’effondrement ou graben. La chambre magmatique se trouve à  3-7 km seulement sous la zone de la faille Elle est si peu profonde que la lave a jailli d’un forage géothermique profond de 1138 m, le 27 avril 1977.

Le 17 mai 1724, a débuté une éruption appelée  » Les feux de Myvatn  » qui a duré 5 ans jusqu’en 1729, en particulier à partir de Leirhnjúkur. Une longue fissure s’est ouverte le 11 janvier 1725 avec des coulées qui ont atteint Reykjahlíð. Trois fermes ont été détruites, mais l’église, construite sur une petite éminence a été épargnée.

En 1746 une nouvelle éruption a eu lieu au nord de Leirhnjúkur. La lave est sortie d’une fissure de 11 km de long. La surface totale recouverte par cette éruption a été de 35 km².

Plus récemment, de 1975 à 1984, une nouvelle série d’éruptions fissurales et de séismes a été observée dans la caldeira du Krafla, en particulier à Leirhnjúkur. Les coulées ont atteint une longueur de 19 km et une épaisseur maximale de 8 mètres. Pendant cette phase éruptive, on a pu mesurer plusieurs épisodes d’inflation et de déflation du plancher de la caldeira. Certains terrains se sont affaissés de 2 à 3 mètres après l’éruption. On a aussi mesuré un écartement des bords est et ouest de la caldeira de 900 mm pendant les 9 ans du cycle, démontrant ainsi que l’ouverture du rift est un processus discontinu.

Reste à savoir maintenant comment évoluera l’éruption sur la Péninsule de Reykjanes. Evénement de courte durée ? Ouverture de nouvelles fractures ? Fontaines de lave ? Eruption s’étendant sur plusieurs mois, voire plusieurs années ? Au stade actuel, les volcanologues n’ont malheureusement pas la réponse. Il faudrait peut-être s’adresser au petit peuple des elfes qui ont élu domicile dans certaines fractures et certaines cavernes. ..

Source : L.A.V.E., Guide des Volcans d’Europe (Krafft, De Larouzière).

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The geological map that accompanied my post about the 3rd eruptive fracture on the Reykjanes Peninsula perfectly shows how fractured this region is. It corresponds to Iceland’s position on the mid-Atlantic ridge and the accretion phenomenon generated by the separation of the Eurasian and North American tectonic plates. It is therefore hardly surprising that the magma should manage to creep into these fissures and trigger fissure eruptions like the one happening now in Geldingadalur. No one knows how long the lava will flow over the surface of the peninsula. Some scientists said it would be a short-lived eruption. Others have referred to much longer eruptions in other parts of Iceland such as the Krafla eruption in the north of the island.

Krafla is located on the mid-Atlantic rift too, about ten kilometers northeast of Lake Myvatn. The region is very active from a volcanic and hydrothermal point of view. The many steam plumes that can be seen in the area come from geothermal boreholes that feed the nearby power station.

Krafla is not a high volcano, which is explained by its basaltic lava type aa and more rarely pahoehoe effusions.

The volcano has gone through 29 historical eruptions since May 17th, 1724. Lava generally flows along a north-south oriented fissure, several tens of kilometres long, in a collapse zone called graben by geologists. The magma chamber is only 3-7 km beneath the fault zone.It is so shallow that lava gushed out of a 1,138 m deep geothermal borehole on April 27th, 1977.

On May 17, 1724, began an eruption called « The Myvatn Fires » which lasted 5 years until 1729, starting  from Leirhnjúkur. A long crack opened on January 11th, 1725 with lava flows that reached Reykjahlíð. Three farms were destroyed, but the church, built on a small hill, was spared.

In 1746 a new eruption took place north of Leirhnjúkur. Lava erupted from an 11 km long fissure. The total surface covered by this eruption was 35 km².

More recently, from 1975 to 1984, a new series of fissure eruptions and earthquakes were observed in the Krafla caldera, in particular at Leirhnjúkur. The lava flows reached a length of 19 km and a maximum thickness of 8 metres. During this eruptive phase, several episodes of inflation and deflation of the caldera floor were measured. Some land subsided 2 to 3 meters after the eruption. Scientists also measured a separation of the east and west edges of the caldera by 900 mm during the 9 years of the cycle, thus demonstrating that the opening of the rift is a discontinuous process.

There remains to be seen how the eruption will develop on the Reykjanes Peninsula now. Will it be a short-lived event? Will there be the opening of new fractures? Lava fountains? Will the eruption last several months or several years? At this stage, volcanologists unfortunately do not have the answer. Perhaps they should address the little elven people who have made their home in some fractures and caverns. ..

Source: L.A.V.E., Guide des Volcans d’Europe (Krafft, De Larouzière).

Vue de l’éruption dans la Geldingadalur (Capture image webcam)

Champ de lave du Krafla (Photo : C. Grandpey)

Site de Leirhnjúkur (Photo : C. Grandpey)

Energie hydrothermale dans la région du Krafla (Photo : C. Grandpey)

Fonte et recul des glaciers islandais // Melting and retreat of Icelandic glaciers

Selon une nouvelle étude publiée dans Frontiers in Earth Science, les glaciers islandais ont perdu environ quatre milliards de tonnes de glace en moyenne au cours des 130 dernières années. La moitié de cette perte s’est produite au cours du dernier quart de siècle.

Des scientifiques islandais du Met Office et de différents organismes des Sciences de la Terre ont retracé l’évolution des glaciers depuis leur plus grande étendue de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Au total, les glaciers ont perdu entre 410 et 670 milliards de tonnes de glace entre 1890 et 2019. Ils ont reculé rapidement au cours de la première partie du 20ème siècle, mais les fluctuations naturelles du modèle climatique ont ralenti leur recul des années 1960 aux années 1990. Aujourd’hui, ils fondent de plus en plus rapidement en raison du réchauffement climatique.

Environ la moitié de la perte de masse de glace des glaciers islandais s’est produite entre l’automne 1994 et l’automne 2019, avec une perte d’environ 220 à 260 milliards de tonnes, soit environ 10 milliards de tonnes par an. Ainsi, les glaciers ont perdu près de 16% de leur volume au cours de cette période. Le changement climatique est tenu responsable de ces changements rapides.

Selon la dernière étude, les glaciers islandais rétrécissent plus rapidement que leurs homologues ailleurs dans le monde, en dehors des calottes polaires. C’est l’un des effets  les plus évidents du réchauffement climatique. Même si les pays réussissaient à contenir leurs émissions de gaz à effet de serre et à empêcher une accélération du réchauffement climatique, les glaciers continueraient de fondre pendant des décennies.

Cependant, le réchauffement climatique n’est probablement pas le seul facteur qui explique  la fonte des glaciers islandais. Les scientifiques ont découvert que le glacier Vatnajökull a perdu 3,7 milliards de tonnes de glace lors de l’éruption volcanique de Gjálp en octobre 1996 et au cours de l’été 2010 – soit deux fois la perte de glace habituelle – en raison de l’éruption de l’Eyjafjallajökull. L’activité géothermique, le vêlage dans les lagons glaciaires et le frottement de la calotte glaciaire sur le substrat rocheux ont également contribué à la perte de masse de la glace.

Si l’on considère les glaciers individuellement, on constate que le Vatnajökull a perdu 45 mètres, le Langjökull 66 mètres et le Höfsjökull 56 mètres au cours des 130 dernières années. Dans le même temps, le Vatnajökull a perdu 12% de son volume, le Langjökull 29% et le Höfsjökull 25%.

Les glaciers ne reculent pas de façon linéaire et leur volume fluctue chaque année. Malgré une perte générale de glace au cours des dernières décennies, les glaciers ont repris de la vigueur au cours de l’hiver 2014-2015. Durant cette période, plusieurs systèmes de basse pression ont apporté des précipitations abondantes et ont été suivis d’un été relativement frais. C’est la dernière fois que les glaciers islandais ont pris de la masse pendant l’hiver et le seul hiver de ce type au cours des 25 dernières années.

Le rapport de 2018 de l’Icelandic Science and Technology Council prévoit que les glaciers islandais disparaîtront dans les siècles à venir à cause du réchauffement climatique si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. À l’échelle de la planète, la fonte des glaciers pourrait entraîner une hausse moyenne d’un mètre du niveau des océans au cours de ce siècle. Cette hausse est plus difficile à prévoir en Islande. En raison du rebond isostatique que j’ai mentionné précédemment (élévation des terres en raison de la masse plus faible de la glace), la hausse du niveau de la mer pourrait être moins significative autour de l’Islande, voire être inversée en certains endroits. De plus, certains scientifiques pensent que l’élévation des terres due à la fonte des glaciers pourrait augmenter la fréquence des éruptions volcaniques, mais cela reste à prouver. Pour mémoire, les dernières ont eu lieu en 2010 et 2014.

Source: Iceland Review.

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According to a new study published in Frontiers in Earth Science, Iceland’s glaciers have lost about four billion tonnes of ice on average over the past 130 years, and about half the loss of volume has occurred in the past 25 years.

Icelandic scientists from the Met Office and Earth Sciences organisations have traced the glaciers’ development from their largest extent at the end of the 19th century to now. In total, the glaciers have lost between 410-670 billion tonnes of ice between 1890 and 2019. They receded quickly during the first part of the 20th century but natural climate pattern fluctuations slowed their recession from the sixties to the nineties. Since then, they have receded quicker than before due to global warming.

About half of the ice mass loss on Icelandic glaciers happened from autumn 1994 to autumn 2019, with a loss of about 220-260 billion tonnes of ice, which amounts to about 10 billion tonnes per year. The glaciers have lost close to 16% of their volume in this period. Climate change is held responsible for these swift changes.

The result of the research is that on average, Icelandic glaciers shrink faster than most glacial areas in the world, outside the polar ice caps. This is one of the most evident results of global warming in the world. Even if people managed to contain their emission of greenhouse gasses and prevent further global warming, glaciers would continue to melt for decades.

However, global warming is probably not the only factor in Icelandic glaciers melting. Scientists found that Vatnajökull glacier lost 3.7 billion tonnes of ice during the Gjálp volcanic eruption in October 1996 and over the summer of 2010, twice the usual amount of ice melted due to the Eyjafjallajökull eruption. Geothermal activity, glacial lagoon calving, and ice cap friction with bedrock also added to the loss of ice mass.

Individual glaciers have thinned by dozens of metres in the last century. Vatnajökull has lost 45 metres, Langjökull 66 metres, and Höfsjökull 56 metres for the past 130 years. During that time, Vatnajökull has lost 12% of its volume, Langjökull 29% and Höfsjökull 25%.

The glaciers don’t shrink linearly, and their volume fluctuates every year. Despite an overall recession in the past decades, glaciers gained mass in the winter of 2014-2015. That winter saw several low-pressure systems arriving one after the other, bringing large amounts of precipitation and was followed by a relatively cool summer. That was the last time Iceland’s glaciers gained mass over winter and the only such winter for the past 25 years.

The science committee of the Icelandic Science and Technology Council’s 2018 report on how climate change would affect Iceland forecasted that Icelandic glaciers would disappear in the coming centuries if the emission of greenhouse gasses continues the way it has.

Globally, melting glaciers might raise ocean levels, on average, by one metre in this century. The development in Iceland is less clear. Due to the isostatic rebound I mentioned previously, ocean levels might rise less around Iceland, even drop in some places. Land rise due to glaciers melting might make volcanic eruptions more frequent, cut this remains to be proved.

Source: Iceland Review.

Au pied du Vatnajökull (Photo : C. Grandpey)