La fonte du Groenland pire que prévu // Greenland’s ice loss worse than expected

Selon une nouvelle étude réalisée par une équipe internationale de spécialistes des sciences de la Terre et de glaciologues, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland est en train de s’accélérer à un rythme beaucoup plus rapide que ne le prévoyaient les modèles existants. Selon cette dernière étude, beaucoup plus de glace va fondre au Groenland au cours du 21ème siècle, ce qui signifie forcément une accélération de la hausse de niveau des océans.
L’équipe scientifique était composée de chercheurs du Danemark, d’Allemagne, de France, d’Angleterre, des États-Unis et du Jet Propulsion Laboratory de la NASA (NASA JPL). Leur étude, intitulé « Extensive inland thinning and speed-up of Northeast Greenland Ice Stream », a récemment été publiée dans la revue Nature.
Situé au nord-est du Groenland, le glacier Zachariae Isstrom fond régulièrement depuis deux décennies. En 2012, les plates-formes glaciaires se sont effondrées et ce glacier s’est ensuite retiré à l’intérieur des terres à un rythme accéléré. (Note personnelle : j’ai observé un retrait accéléré similaire des glaciers en Alaska). En raison des faibles niveaux de précipitations dans la région, la calotte glaciaire ne se régénère pas suffisamment pour compenser cette fonte.
L’étude se base en partie sur des données recueillies par le système global de navigation par satellite (GNSS), un réseau de stations GPS précises couvrant jusqu’à 200 km à l’intérieur des terres sur le nord-est du Greenland Ice Stream. Ces données s’ajoutent à une modélisation numérique haute résolution et des données d’élévation de surface obtenues par le satellite CryoSat-2 de l’ESA, une mission d’exploration de la Terre (EEM) dédiée à la mesure de l’épaisseur de la glace de mer polaire et à la surveillance des changements dans les calottes glaciaires. Les données montrent que ce qui se passait jusqu’à présent sur le front de la calotte glaciaire est maintenant en train de remonter vers l’intérieur. On peut voir que tout le bassin est en train de s’amincir et que la vitesse de surface s’accélère. Chaque année, les glaciers que les scientifiques ont étudiés ont reculé davantage à l’intérieur des terres, et cela se poursuivra au cours des décennies et des siècles à venir. Avec le réchauffement climatique actuel, il ne saurait en être autrement. Il est probable que ce qu’on observe actuellement dans le nord-est du Groenland se produira bientôt dans d’autres secteurs de la calotte glaciaire. De nombreux glaciers se sont accélérés et se sont amincis sur leurs bordures au cours des dernières décennies. Les données GPS permettent de détecter jusqu’où cette accélération se propage à l’intérieur des terres, probablement jusqu’à 200-300 km de la côte. Si cela est correct, la contribution de la dynamique glaciaire à la perte de masse globale du Groenland sera plus importante que ce que suggèrent les modèles actuels.
Selon les résultats de l’étude, le Northeast Greenland Ice Stream ajoutera une élévation du niveau de la mer entre 13,5 et 15,5 mm d’ici 2100, ce qui est six fois plus que ce qui était prévu par les modèles précédents. Cela équivaut à la contribution de la calotte glaciaire du Groenland à l’Atlantique Nord au cours des 50 dernières années. Selon le sixième rapport (AR6) du GIEC, le niveau de la mer dans le monde devrait augmenter de 22 à 98 cm d’ici la fin du siècle.

Dans la mesure où des observations de plus en plus précises des changements de vitesse de la glace sont incluses dans les modèles climatiques, ces estimations devront probablement être revues à la hausse.
Source : NSIDC.

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According to a new study by an international team of Earth scientists and glaciologists, the Greenland Ice Sheet is melting at an accelerating rate, much faster than existing models predict. According to these findings, far more ice will be lost from Greenland during the 21st century, which means its contribution to sea-level rise will be significantly higher.

The team consisted of researchers from Denmark, Germany, France, England, United States, and NASA’s Jet Propulsion Laboratory (NASA JPL). Their paper, titled “Extensive inland thinning and speed-up of Northeast Greenland Ice Stream,” recently appeared in the journal Nature.

Located in northeast Greenland, the Zachariae Isstrom glacier has been steadily melting for the past two decades. In 2012, the floating extensions collapsed, and this glacier has since retreated inland at an accelerating pace. (Personal note : I observed similar accelerated glacier retreat in Alaska). Due to the low levels of precipitation in this region, the ice sheet is not regenerating enough to mitigate this melt.

The study is partly based on data collected by the Global Navigation Satellite System (GNSS), a network of precise GPS stations reaching as far as 200 km inland on the Northeast Greenland Ice Stream. This was combined with high-resolution numerical modeling and surface-elevation data obtained by the ESA’s CryoSat-2 satellite, an Earth Explorer Mission (EEM) dedicated to measuring polar sea ice thickness and monitoring changes in ice sheets. The data show that what is happening at the front reaches far back into the heart of the ice sheet. One can see that the entire basin is thinning, and the surface speed is accelerating. Every year the glaciers the scientists have studied have retreated further inland, and they predict that this will continue over the coming decades and centuries. Under present-day climate forcing, it is difficult to conceive how this retreat could stop. It is possible that what is observed in northeast Greenland may be happening in other sectors of the ice sheet. Many glaciers have been accelerating and thinning near the margin in recent decades. GPS data helps detect how far this acceleration propagates inland, potentially 200-300 km from the coast. If this is correct, the contribution from ice dynamics to the overall mass loss of Greenland will be larger than what current models suggest.

According to the study’s results, the Northeast Greenland Ice Stream will add a sea level rise between 13.5 to 15.5 mm by 2100, which is six times higher than previous models suggested. This is equivalent to the Greenland ice sheet’s contribution to the North Atlantic for the past 50 years. According to the Sixth Assessment Report (AR6) by the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), global sea levels are expected to rise by 22 to 98 cm by the end of the century.

But as more precise observations of changes in ice velocity are included in climate models, these estimates will likely need to be adjusted upwards.

Source : NSIDC.

Graphique montrant la fonte quotidienne au Groenland entre le 1er avril et le 31 octobre 2022, avec indication de cette fonte pour les cinq années précédentes. (Source : NSIDC)

Fonte des glaciers en Scandinavie // Glacier melting in Scandinavia

Comme le reste de l’Arctique, la Scandinavie n’échappe pas au réchauffement climatique. Des inventaires des glaciers scandinaves ont été réalisés en 1969, 1973 et en 1988 pour confectionner un Atlas. 1627 glaciers ont été répertoriés en Norvège avec une superficie totale de 2 595 kilomètres carrés. Dans ce pays, les glaciers se présentent principalement sous forme de calottes glaciaires, glaciers émissaires, cirques glaciaires et glaciers de petites vallées. La plus grande calotte glaciaire, Jostedalsbreen, couvrait 487 kilomètres carrés lors du dernier inventaire. Sa fonte est spectaculaire, comme le montre le Briksdal , glacier émissaire de cette calotte. Un couple d’amis actuellement en voyage en Scandinavie m’a fait parvenir les deux photos ci-dessous. On se rend compte de la vitesse de fonte et de recul de ce glacier en 46 ans seulement.

Depuis le «Petit âge glaciaire», époque où les glaciers ont atteint leur plus grande superficie dans les temps historiques, ceux de Norvège ont reculé presque continuellement et les avancées ont été relativement rares. On a observé une petite progression des glaciers au cours de la première partie du 20ème siècle, mais un recul majeur a commencé vers 1930. Les mesures systématiques des glaciers norvégiens ont commencé à la fin du 19ème siècle. Une chose est certaine : Ils fondent. Le recul le plus significatif est celui du Gråfjellsbreen à Folgefonna, qui a perdu 117 mètres en 2016.

En Suède, les glaciers fondent à un rythme rapide eux aussi. Dans le massif de Kebnekaise, deux glaciers ont reculé très rapidement : Le glacier de Rabot a rétréci d’environ 80 mètres, tandis que le glacier de Rágujiekna, qui s’étendait auparavant entre la Norvège et la Suède, a complètement disparu du côté suédois.

Les derniers automnes au Spitzberg, à l’intérieur du Cercle Polaire arctique, à l’est du Groenland, n’ont ressemblé en rien à leurs prédécesseurs. Le thermomètre a souvent affiché une dizaine de degrés au-dessus de la normale pour cette période de l’année. Il pleut beaucoup pendant les mois d’octobre et de novembre, ce qui est inhabituel à cette latitude. Ces anomalies climatiques inquiètent fortement les habitants de Longyearbyen, le principal centre administratif du Svalbard ; ils se posent des questions sur leur avenir.

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Like the rest of the Arctic, Scandinavia is not immune to global warming. Inventories of Scandinavian glaciers were carried out in 1969, 1973 and in 1988 to produce an Atlas. 1627 glaciers have been recorded in Norway with a total area of ​​2595 square kilometres. In this country, glaciers occur mainly in the form of ice caps, outlet glaciers, glacial cirques and small valley glaciers. The largest ice cap, Jostedalsbreen, covered 487 square kilometers when last counted. Its melting is spectacular, as shown by Briksdal, an outlet glacier of this cap. A couple of friends currently travelling in Scandinavia sent me the two photos below. We realize the speed of melting and retreat of this glacier, in 46 years only.
Since the « Little Ice Age », when glaciers reached their greatest extent in historical time, those in Norway have retreated almost continuously and advances have been relatively rare. A small glacier advance was observed during the first part of the 20th century, but a major retreat began around 1930. Systematic measurements of Norwegian glaciers began in the late 19th century. One thing is certain: They melt. The most significant retreat is that of Gråfjellsbreen in Folgefonna, which lost 117 meters in 2016.

In Sweden, glaciers are melting at a rapid rate too. In the Kebnekaise massif, two glaciers have retreated very rapidly: The Rabot glacier has shrunk by about 80 meters, while the Rágujiekna glacier, which previously stretched between Norway and Sweden, has completely disappeared on the Swedish side .

The last autumns in Spitsbergen, inside the Arctic Circle, east of Greenland, were nothing like in the past. Temperatures were often ten degrees above normal for this time of year. It rains a lot during the months of October and November, which is unusual at this latitude. These anomalies are of great concern to the inhabitants of Longyearbyen, the main administrative center of Svalbard; they wonder about their future.

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Voici le glacier Briksdal (Norvège en 1976….

…et en 2022 !

Photos: Jean-Luc Mélot

 

 

 

 

 

 

La fonte et le recul du Sólheimajökull (Islande) // The melting and retreat of Sólheimajökull (Iceland)

Suivant une tradition vieille de plus de 20 ans, des élèves de l’école Hvolsskóli à Hvolsvöllur se sont rendus en octobre 2021 dans le sud de l’Islande au chevet du glacier Sólheimajökull, l’une des branches du Myrdalsjökull, pour voir de combien le glacier avait reculé par rapport aux années précédentes. Les jeunes gens mesurent la distance entre un panneau pédagogique et le bord du glacier pour voir de combien le glacier rétrécit chaque année.
Leurs observations ont permis de constater que le glacier a reculé de onze mètres par rapport à octobre 2020.
En 2010, la distance entre le panneau explicatif et le front du glacier n’était que de 318 mètres. Elle est aujourd’hui de 726 mètres, ce qui signifie que le glacier a reculé de 408 mètres depuis 2010, date à laquelle les mesures des élèves ont commencé.
Selon la directrice de l’école, les élèves pouvaient jusqu’à présent mesurer la distance sur la terre ferme, mais aujourd’hui, une vaste pièce d’eau est apparue avec la fonte du glacier et les élèves ont besoin d’un bateau pour observer le processus de fonte.
Source : Reykjavik Grapevine.

La fonte du Sólheimajökull est impressionnante. Je m’étais rendu auprès du glacier en juillet 2003 et je suis revenu sur le site début juillet 2021. Il suffit de comparer les photos prises à l’occasion de ces visites pour se rendre compte du recul de ce glacier. Son observation reste néanmoins intéressante, en particulier les strates de cendres qui montrent les dernières phase d’activité du volcan Katla qui se cache sous la calotte de glace du Myrdalsjökull.

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Following a 20-year tradition, students at Hvolsskóli in Hvolsvöllur visited Sólheimajökull glacier in south Iceland, one of the branches of Myrdalsjökull in October 2021 to see how much the glacier had retreated compared to the previous years. They measure the distance between an information plaque and the border of the glacier to see how much the glacier shrinks each year.

Their observations allowed to seen that the glacier has withdrawn by eleven meters from October 2020.

In 2010, the distance between the information plaque and the border of the glacier was only 318 meters. Today, it is 726 meters, which means that the glacier’s border has withdrawn 408 meters since 2010, when the students’ measurements started..

According to the school headmaster, the students used to be able to measure the distance on dry land, but these days a large lagoon has emerged with the melting of the glacier. Now the students need a boat in order to observe the melting process.

Source: Reykjavik Grapevine.

The melting of Sólheimajökull is impressive. I visited the glacier in July 2003 and returned to the site at the beginning of July 2021. You just have to compare the photos taken during these visits to realize the retreat of this glacier. Its observation remains nevertheless interesting, in particular the ash strata which show the last phases of activity of Katla volcano which is hidden under the Myrdalsjökull ice cap.

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Le panneau pédagogique qui sert de point de référence aux élèves montre le recul du Sólheimajökull entre 1997 et 2010. Il nous apprend qu’entre 1930 et 1969, le glacier a reculé de 977 mètres. Après 1969, un refroidissement du climat l’a fait avancer de 495 m jusqu’en 1995. A partir de cette époque, le Sólheimajökull n’a fait que reculer. Il a perdu 1312 m entre 1995 et 2019.

Voici le Sólheimajökull tel que je l’ai découvert en 2003. Regardez bien le sommet de la montagne au centre du cliché:

En 2003, une rivière de fonte à la forte odeur de soufre s’échappait de la base du glacier:

En juillet 2021, on ne peut que constater le recul impressionnant du Sólheimajökull . Le sommet de la montagne qui dominait le glacier en 2003 est aujourd’hui plus d’un kilomètre devant son front!

En 2011, un lac de fonte s’est formé devant le front du glacier.

Le panneau confirme la visite annuelle du glacier par les élèves de Hvolsvöllur. Sympa!

La fonte des glaciers islandais (suite) // The melting of Icelandic glaciers (continued)

En raison du réchauffement climatique, les quelque 220 000 glaciers recensés dans le monde fondent à un rythme toujours plus rapide, que ce soit dans l’Himalaya, dans les Alpes ou en Alaska. Une étude publiée dans la revue Nature en avril 2021 nous rappelle que la fonte des glaciers contribuera à plus d’un cinquième de l’élévation du niveau de la mer au cours de ce siècle.
L’Islande est l’une des régions où le recul glaciaire est le plus spectaculaire. Cependant, l’histoire des glaciers islandais n’est pas faite que de périodes de recul.

Lorsque les premiers colons sont arrivés en Islande, les glaciers étaient beaucoup plus petits qu’aujourd’hui. On peut retracer leur croissance au cours du Petit Age glaciaire (vers 1450-1900) et leur ancienne morphologie en observant les moraines, à partir de données provenant de sédiments lacustres, mais aussi de descriptions dans les écrits du passé.
Les glaciers ont ensuite progressé, notamment aux 17ème et 18ème siècles.
Ils ont reculé légèrement au cours des premières décennies du 19ème siècle, avant de reculer légèrement puis d’avancer de nouveau. Ils ont atteint leur taille maximale vers 1890.
Après 1890, la plupart des glaciers ont commencé à battre en retraite. Ils ont reculé rapidement dans les années 1930 et 1940 et ont continué, mais plus lentement, jusqu’aux années 1960 qui ont marqué le début d’un ralentissement provisoire.
Dans les années 1970 et 1980, certains glaciers ont avancé ou sont restés stationnaires. Les glaciers émissaires* entre Skaftafell et Höfn ont reculé de 1 à 8 km, selon leur situation géographique, depuis la fin du 19ème siècle jusqu’en 2017. Au total, ils ont perdu une superficie de 340 km2, et 140 km³ ou 20 % de leur volume. La perte de glace correspond à une élévation de 0,3 mm du niveau mondial de la mer. [ On appelle ‘glacier émissaire’ – outlet glacier en anglais – une langue d’ablation issue d’un inlandsis ou d’une calotte glaciaire.]

 

Skaftafell en juillet 2021

Dans une note 24 juillet 2021, j’expliquais que Solheimajökull, l’un des glaciers émissaires du Myrdalsjökull, reculait à un rythme incroyable. Il a perdu plusieurs centaines de mètres au cours des deux dernières décennies.

Myrdalsjökull en juillet 2021


Une étude publiée en mai 2021 a révélé que les glaciers islandais dans leur ensemble ont perdu environ 750 kilomètres carrés, soit sept pour cent de leur surface, depuis le début du millénaire en raison du réchauffement climatique. Ces mêmes glaciers, qui couvrent plus de 10 % de la masse continentale du pays, ont diminué en 2019 et couvrent actuellement moins de 10 400 kilomètres carrés. Depuis 1890, la superficie couverte par les glaciers islandais a diminué de près de 2 200 kilomètres carrés, soit 18 %. Il est important de noter que près d’un tiers de ce déclin s’est produit depuis 2000.

En effet, depuis 2000, les glaciers émissaires d’Islande ont reculé particulièrement vite, et leur perte de masse par unité de surface est parmi les plus élevées au monde. Ils ont perdu 15 à 50 % de leur volume de glace au cours de cette période. Selon les glaciologues, les glaciers continueront de fondre et de reculer et pourraient perdre la moitié de leur volume d’ici 2100. Après 200 ans, seules de petites calottes glaciaires subsisteront sur les plus hautes montagnes.
En 2014, les glaciologues ont dépouillé l’Okjokull de son statut de glacier après avoir constaté qu’il était constitué de glace inerte et qu’il n’avançait plus comme le font normalement les glaciers. Une plaque commémorative en lettres d’or écrite en islandais et en anglais a été inaugurée le 18 août. 2019 sur le site du glacier.


Les glaciologues ont découvert que la vitesse de fonte des glaciers islandais s’est fortement accélérée au cours de la période 2000-2019. Entre 2000 et 2004, les glaciers ont perdu 227 milliards de tonnes de glace par an. Mais entre 2015-2019, ils ont perdu en moyenne 298 milliards de tonnes chaque année.

De la même façon, le célèbre Jökulsarlon n’aura probablement plus le même aspect dans une dizaine d’années. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer l’Esjufjallarönd, une moraine qui longe le glacier Breiðamerkurjökull et le sépare d’une autre langue glaciaire, le Norðlingalægðarjökull qui vient finir sa course dans les eaux du Jökulsarlon en donnant naissance à une foule de petits icebergs. En le parcourant, on se rend vite compte d’une année sur l’autre que le Breiðamerkurjökull est en train de reculer rapidement sous l’effet du réchauffement climatique. Au fur et à mesure que le Norðlingalægðarjökull déverse ses icebergs dans le lagon, le niveau de la glace diminue et le glacier voisin a tendance à se déplacer vers la dépression ainsi créée. Il en résulte que la moraine de Esjufjallarönd se déplace régulièrement vers l’est et cet amas de débris va probablement atteindre le Jökulsarlon d’ici 3 à 5 ans.

Les statistiques révèlent que le glacier Breiðamerkurjökull perd actuellement 600 mètres par an. Dans l’une des grottes qui se trouvent à l’intérieur, la glace a reculé tellement que la chute d’eau qui était autrefois à l’intérieur de la grotte est maintenant en dehors. Dans une autre grotte à proximité, un gros rocher qui était à 100 mètres à l’intérieur de la cavité se trouve maintenant à l’extérieur, à 500 mètres devant le glacier.

Lors de ma dernière visite au Vatnajökull en juillet 2021, j’ai pu me rendre compte que le glacier fondait très vite. Son front est beaucoup plus mince qu’en 2001 lorsque je l’ai observé pour la dernière fois et il vêle maintenant moins d’icebergs.

Source : Vatnajökull / Melting glaciers.

Vous verrez ci-dessous quelques photos prises en juillet 2021. Mes enfants et petits-enfants vous diront ce qui se passera dans les 50 prochaines années

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Because of global warming, all of the world’s 220,000 glaciers are melting at an ever increasing pace, whether in the Himalayas, in the Alps or in Alaska. A study published in the journal Nature in April 2021 reminds us that glacial melting will contribute to more than a fifth of global sea level rise this century.

Iceland is one of the regions where glacial retreat is the most dramatic. However, the history of Icelandic glaciers does not only consist in periods of retreat.

When the first settlers came to Iceland, the glaciers were much smaller than today. Their advance during the Little Ice Age (1450–1900 or so) and former size can be traced from their glacial moraines, or from data from lake sediments, and descriptions in written historical accounts.

The glaciers later advanced, especially during the 17th and 18th centuries.

In the first decades of the 19th century, they retreated slightly and then re-advanced. Around 1890 nearly all of them had reached their maximum size in historical times.

After 1890, most glaciers began to retreat. They receded fast in the 1930s and 1940s, and continued retreating, albeit more slowly, until the 1960s, after which the rate of retreat slowed further.

In the 1970s and 1980s some of the glaciers re-advanced or remained stationary. The outlet glaciers from Skaftafell to Höfn have retreated 1–8 km, depending on location, since the end of the 19th century until 2017. Altogether, they have lost an area of 340 km2, and 140 km³ or 20% of their volume. The ice loss corresponds to a 0.3 mm rise in global sea level.

In a post released on July 24th, 2021, I explained that Solheimajökull, one of the branches of Myrdalsjökull was melting at an incredible pace. It has retreated by several hundred metres in the past two decades.

A study published in May 2021 revealed that Iceland’s glaciers have together lost around 750 square kilometres, or seven percent of their surface, since the turn of the millennium due to global warming. Icelandic glaciers, which cover more than 10 percent of the country’s land mass, shrank in 2019 to 10,400 square kilometres. Since 1890, the land covered by glaciers has decreased by almost 2,200 square kilometres, or 18 percent. What is important to notice is that almost a third of this decline has occurred since 2000.

Indeed, since 2000, Iceland’s outlet glaciers have retreated exceptionally fast, and their mass loss per unit area is among the highest recorded in the world. Individual outlet glaciers have lost 15–50% of their ice volume during this period. According to glaciologists, the glaciers will continue to melt and retreat and could lose half of their volume by 2100. After 200 years, only small ice caps will remain on the highest mountains.

In 2014, glaciologists stripped the Okjokull glacier of its status as a glacier after determining that it was made up of dead ice and was no longer moving as glaciers do.A commemorative plaque in gold letters written in Icelandic and English was inaugurated on August 18th, 2019 on the site of the glacier.

Glaciologists have found that the rate of glacier melt accelerated sharply durong the period 2000-2019. Between 2000 and 2004, glaciers lost 227 billion tonnes of ice per year. But between 2015-2019, they lost an average of 298 billion tonnes each year.

In the same way, the very popularJökulsarlon will probably not look the same in 10 years. To realize this, one just needs to observe the Esjufjallarönd, a moraine that runs along the Breiðamerkurjökull glacier and separates it from the Norðlingalægðarjökull, another glacial branch which ends up in the waters of the Jökulsarlon by giving birth to a crowd of small icebergs. It is easy to see that year after year that the Breiðamerkurjökull is rapidly receding under the effect of global warming. As the Norðlingalægðarjökull dumps its icebergs into the lagoon, the ice level decreases and the nearby glacier tends to move towards the depression that has been created. As a result, the Esjufjallarönd Moraine is moving steadily eastward and this debris pile is likely to reach Jökulsarlon within 3 to 5 years.

Statistics show that the Breiðamerkurjökull glacier is currently losing 600 metres per year. In one of the caves inside the glacier, the ice has receded so much that the waterfall that was once inside the cave is now outside. In another cave nearby, a large boulder that was 100 metress inside the cavity is now outside, 500 metres in front of the glacier.

During my last visit to Iceland’s Vatnajökull in July 2021, I could realise that the glacier was melting very fast. Its front is much thinner than in 2001 when I observed it for the last time and it is now calving fewer icebergs.

You’ll see below some photos taken in July 2021. My children and grandchildren will tell you what happens in the next 50 years

Source: Vatnajökull / Melting glaciers.


Carte montrant le recul du glacier Breiðamerkurjökull et l’agrandissement du lac glaciaire du Jökulsárlón. (Source: Glaciological Group of the Institute of Earth Sciences of University of Iceland)

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Photos : C. Grandpey