La Niña : le retour, avec quel impact ? // La Niña is back, with what impact?

Toutes les quelques années, des variations dans l’océan Pacifique tropical affectent la météo à travers le globe. Ces variations font partie du cycle El Niño–Oscillation Australe (ENSO), qui alterne entre deux phases principales : El Niño, lorsque les eaux océaniques sont plus chaudes que la normale dans la partie orientale de l’équateur, et La Niña, lorsqu’elles sont plus froides.

Cette année, les prévisionnistes confirment le retour des conditions de La Niña. Alors que El Niño apporte souvent des hivers doux et humides dans certaines régions, La Niña a généralement l’effet inverse ; elle entraîne des températures plus froides dans les zones nordiques et des conditions plus sèches plus au sud.

La Niña, « La Petite Fille » en espagnol, se développe lorsque des alizés exceptionnellement forts poussent les eaux chaudes de surface vers l’ouest à travers le Pacifique. Cela permet aux eaux plus froides de remonter le long de la côte de l’Amérique du Sud, refroidissant une large étendue de l’océan Pacifique tropical. Ce processus modifie la pression atmosphérique et les schémas de circulation dans les tropiques, influençant à leur tour les systèmes de vent et les jet streams dans le monde. Bien que ce phénomène commence dans le Pacifique, La Niña a une portée mondiale ; elle affecte les précipitations, la température et les schémas orageux dans de nombreuses régions.

En Amérique du Nord, elle amène souvent des hivers plus froids et plus enneigés au Canada et dans le nord des États-Unis, tandis que les états du sud connaissent des conditions plus chaudes et plus sèches.

En Europe, la connexion est moins directe mais toujours significative. Selon la position du jet stream de l’Atlantique Nord, La Niña peut apporter des masses d’air plus froides en hiver dans le nord et le centre de l’Europe, tandis que le sud de l’Europe connaît généralement un temps plus doux et stable. En Asie et en Océanie, La Niña augmente les précipitations, avec le risque d’inondations dans le nord de l’Australie et en Indonésie, comme on l’a vu ces dernières semaines. Pendant ce temps, l’Amérique du Sud connaît souvent des conditions plus humides au nord et plus sèches au sud. Ces contrastes régionaux montrent comment un événement océanique unique peut influencer les climats de plusieurs continents.

Selon les dernières prévisions, La Niña devrait persister tout au long de l’hiver et s’affaiblir graduellement au printemps 2026. Pour l’Europe, cela pourrait signifier une saison contrastée – alternant entre des épisodes froids et orageux et des phases plus calmes et douces, selon l’évolution du jet stream. Les zones du nord et du centre devraient plus probablement connaître des vagues de froid, tandis que le sud restera relativement sec et doux. Il faut toutefois être très prudent. Lors du dernier épisode La Niña, les températures globales de la planète n’ont pas cessé d’augmenter. Cela montre que le réchauffement climatique actuel a un impact sur El Niño et La Niña.

Selon les scientifiques, mais il faut parler au conditionnel, certaines preuves laissent supposer qu’à mesure que les températures globales augmentent, les événements La Niña pourraient devenir plus intenses ou plus fréquents, pouvant entraîner des extrêmes plus marqués tels que des inondations, des sécheresses et des vagues de froid. Toutefois, notre capacité à anticiper des événements comme La Niña est limitée car de nombreux processus sous-jacents dans le système océan-atmosphère restent très complexes.

Source : Meteoblue.

Dernière minute : D’après les dernières prévisions de la NOAA, un épisode El Niño devrait aooaraître en 2026, marquant la transition avec l’épisode actuel La Niña de faible intensité. Cette transition devrait influencer le comportement du jet stream et les anomalies de température aux États-Unis, au Canada et en Europe, et potentiellement modifier la répartition des précipitations et l’activité des tempêtes hivernales dans l’hémisphère Nord.

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Every few years, variations in the tropical Pacific Ocean affect weather across the globe. These variations are part of the El Niño–Southern Oscillation (ENSO) cycle, which alternates between two main phases: El Niño, when ocean waters are warmer than normal in the eastern part of the equator, and La Niña, when they are cooler.
This year, forecasters are confirming the return of La Niña conditions. While El Niño often brings mild, wet winters to some regions, La Niña generally has the opposite effect; it brings colder temperatures to northern areas and drier conditions further south. La Niña, meaning « Little Girl » in Spanish, develops when unusually strong trade winds push warm surface waters westward across the Pacific. This allows cooler waters to move up the coast of South America, cooling a large area of ​​the tropical Pacific Ocean. This process alters atmospheric pressure and circulation patterns in the tropics, in turn influencing wind systems and jet streams worldwide. Although it originates in the Pacific, La Niña has a global reach; it affects rainfall, temperature, and storm patterns in many regions.
In North America, La Niña often brings colder, snowier winters to Canada and the northern United States, while the southern states experience warmer, drier conditions.

In Europe, the connection is less direct but still significant. Depending on the position of the North Atlantic jet stream, La Niña can bring colder air masses to northern and central Europe in winter, while southern Europe typically experiences milder, more stable weather. In Asia and Oceania, La Niña increases rainfall, with the risk of flooding in northern Australia and Indonesia, as seen in recent weeks. Meanwhile, South America often experiences wetter conditions in the north and drier conditions in the south. These regional contrasts demonstrate how a single oceanic event can influence the climates of multiple continents.
According to the latest forecasts, La Niña is expected to persist throughout the winter and gradually weaken in the spring of 2026. For Europe, this could mean a season of contrasts—alternating between cold, stormy spells and calmer, milder phases, depending on the evolution of the jet stream. Northern and central areas are more likely to experience cold snaps, while the south will remain relatively dry and mild. However, caution is advised. During the last La Niña event, global temperatures continued to rise. This shows that the current global warming is impacting both El Niño and La Niña.

According to scientists, though this is still tentative, some evidence suggests that as global temperatures rise, La Niña events could become more intense or more frequent, potentially leading to more pronounced extremes such as floods, droughts, and cold waves. However, our ability to predict events like La Niña is limited because many underlying processes in the ocean-atmosphere system remain highly complex.
Source: Meteoblue.

Last minute : According to NOAA’s latest forecast models, El Niño conditions are likely to develop during 2026, marking a shift from the ongoing weak La Niña. The transition is expected to influence jet stream patterns and temperature anomalies across the United States, Canada, and Europe, potentially reshaping rainfall distribution and winter storm activity in the Northern Hemisphere.

Islande : un « Pont entre les continents » ? Pas vraiment ! // Iceland : a « Bridge between continents » ? Not really !

La plupart des guides touristiques islandais parlent du « Pont entre les continents ». Il s’agit d’un pont symbolique reliant l’Europe et l’Amérique du Nord, situé sur la péninsule de Reykjanes. On peut lire sur la page web « Visit Reykjanes » que « la péninsule de Reykjanes se situe sur l’une des principales limites de plaques tectoniques au monde : la dorsale médio-atlantique. Obéissant à la théorie de la dérive des continents, les plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine s’éloignent continuellement l’une de l’autre, mues par des forces colossales. À Sandvik, le « Pont entre les continents » est une petite passerelle au-dessus d’une importante fissure, qui est la preuve évidente de la présence d’une divergence de plaques divergentes. Construit en 2002, il symbolise la connexion entre l’Europe et l’Amérique du Nord.»

Photo: C. Grandpey

Un article récent paru dans l’Iceland Monitor nous apprend que le « Pont entre les continents » est susceptible de changer de nom. C’est du moins l’avis du professeur émérite Páll Einarsson, qui affirme que ce nom est trompeur et montre une inexactitude géographique.
Einarsson a écrit dans une récente publication Facebook : « L’Islande a toujours été considérée comme faisant partie de l’Europe. Le continent américain commence au Groenland ; ce pont ne s’étend pas aussi loin. Comme c’est souvent le cas de nos jours, cette appellation semble refléter une erreur de traduction ou un malentendu.» Einarsson souligne que le pont enjambe la limite entre des plaques tectoniques – et non des continents – et explique que le qualifier de pont entre des continents ne correspond pas à la vérité. Il note que, bien que l’Islande se situe à la frontière des plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne, elle reste fermement ancrée en Europe, tant géographiquement que culturellement. La partie occidentale de l’île repose sur la plaque nord-américaine, et la partie orientale sur la plaque eurasienne. « Cela ne signifie pas pour autant qu’une partie de l’Islande est américaine.»
Source : Iceland Monitor.

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Most guidebooks about places to see in Iceland tell about the « Bridge betwwen Continents ». It refers to a symbolic bridge between Europe and North America on the Reykjanes Peninsula. One can read on the Web page Visit Reykjanes that « the Reykjanes peninsula lies on one of the world’s major plate boundaries, the Mid-Atlantic Ridge. According to the continental drift theory, the Eurasian and North American tectonic plates are continuously drifting apart with great forces. The Bridge between two continents at Sandvík is a small footbridge over a major fissure, which provides clear evidence of the presence of a diverging plate margin. The bridge was built in 2002 as a symbol for the connection between Europe and North America. »

A recent article released in the Iceland Monitor informs us that the « Bridge Between Continents » may be due for a name change. This is the opinion of professor emeritus Páll Einarsson whoargues that the name is misleading and promotes a geographic inaccuracy.

Einarsson wrote in a recent Facebook post : “Iceland has always been considered a part of Europe. The American continent begins in Greenland ; this bridge doesn’t stretch that far. As is so often the case these days, the naming seems to reflect a mistranslation or misunderstanding.” Einarsson emphasizes that the bridge spans the boundary between tectonic plates – not continents – and says calling it a bridge between continents distorts the facts. He notes that while Iceland sits on the boundary of the North American and Eurasian tectonic plates, it remains firmly within Europe both geographically and culturally. The western part of the island lies atop the North American plate, and the eastern part rests on the Eurasian plate. « That doesn’t make part of Iceland American. »

Source : Iceland Monitor.

Quand la mer monte… (suite) // When the sea rises… (continued)

Un article récemment paru sur le site du National Geographic montre à quoi ressemblerait le monde si la glace continentale venait à fondre. La combustion d’énergies fossiles et la hausse des gaz à effet de serre qu’elle provoque favorise le réchauffement climatique et pourrait conduire à la fonte de la glace polaire ainsi que celle des sommets des montagnes, un scénario qui conduirait à une hausse du niveau de la mer de plus de 65 mètres.

Les cartes proposées par le National Geographic sur son site web (https://www.nationalgeographic.fr/environnement/voici-quoi-ressemblerait-le-monde-si-la-glace-continentale-venait-fondre)

montrent le monde tel qu’il est aujourd’hui et tel qu’il serait si toute la glace continentale avait fondu et s’était déversée dans la mer, avec de nouveaux littoraux pour nos continents et les mers intérieures.

Il y a plus de deux millions de mètres cubes de glace sur Terre, et certains scientifiques affirment qu’il faudrait plus de 5 000 ans pour qu’elle fonde dans son intégralité. Si nous continuons à produire du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, il y a de fortes chances que nous créions une planète dépourvue de glace, avec une température moyenne avoisinant les 26°C au lieu des 14°C actuels.

En Europe, Londres ne serait plus qu’un souvenir et Venise serait reconquise par la mer Adriatique. D’ici des milliers d’années, dans ce scénario catastrophique, les Pays-Bas auront depuis longtemps capitulé face à l’invasion de la mer, et la majeure partie du Danemark aura également disparu. Entre-temps, les eaux grandissantes de la Méditerranée décupleront le niveau de la mer Noire et de la mer Caspienne.

En Amérique du Nord, toute la façade atlantique disparaîtrait, de même que la Floride et la côte américaine du Golfe du Mexique. En Californie, les collines de San Francisco deviendraient un archipel et la Vallée Centrale une baie géante. Le Golfe de Californie s’étendrait jusqu’au nord, au-delà de la latitude de la ville de San Diego qui  n’existerait plus.

En Amérique du Sud, le bassin amazonien au nord ainsi que le bassin du Rio Paraguay au sud deviendraient des criques de l’Atlantique, rayant de la carte Buenos Aires, le littoral uruguayen ainsi qu’une grande partie du Paraguay.

Comparée aux autres continents, l’Afrique ne perdrait pas autant de terres au profit des océans, mais la hausse des températures pourrait rendre une grande partie de son territoire inhabitable. En Egypte, les villes d’Alexandrie et Le Caire seront submergées par une mer Méditerranée intrusive.

En Asie, la Chine et ses 600 millions d’habitants sera inondée, tout comme le Bangladesh et ses 160 millions d’habitants, ainsi qu’une grande partie des régions côtières de l’Inde.

Essentiellement désertique, l’Australie s’enrichirait d’une nouvelle mer intérieure mais se verrait dépossédée d’une grande partie de sa bande côtière où vivent actuellement quatre Australiens sur cinq.

Antarctique : La calotte glaciaire de l’Antarctique oriental est si vaste – elle représente les quatre cinquièmes de la toute la glace terrestre – que sa fonte semble inconcevable. Il est pourtant peu probable que ce mastodonte survive au retour d’un climat d’Éocène. L’Antarctique occidental est une région fragile du fait qu’une grande partie du continent repose sur un substrat rocheux situé sous le niveau de la mer. Comme je l’ai indiqué précédemment, le réchauffement de l’océan fait fondre la glace flottante par en dessous, entraînant un affaissement de cette dernière. Depuis 1992, l’Antarctique occidental a enregistré, en moyenne, une perte nette de 65 millions de tonnes de glace par an.

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A recent article on the National Geographic website shows what the world would look like if continental ice were to melt. The burning of fossil fuels and the rise in greenhouse gases it causes promotes global warming and could lead to the melting of polar ice as well as to mountain tops, a scenario that would lead to a rise in the level of the seas by more than 65 metres.
The maps proposed by the National Geographic on its website (https://www.nationalgeographic.fr/environnement/voici-quoi-ressemblait-le-monde-si-la-glace-continentale-venait-fondre)
show the world as it is today and as it would be if all the continental ice happened to melt and spill into the sea, raising its level by more than 65 metres, with new shorelines for our continents and inland seas.
There are more than two million cubic metres of ice on Earth, and some scientists say it would take more than 5,000 years for it to melt completely. If we continue to produce carbon dioxide in the atmosphere, there is a good chance that we will create an ice-free planet with an average temperature of ebout 26°C instead of the current 14°C.
In Europe, London would be nothing more than a memory and Venice would be reconquered by the Adriatic Sea. Thousands of years from now, in this catastrophic scenario, the Netherlands would have capitulated to the invasion of the sea, and most of Denmark would have disappeared as well. Meanwhile, the growing waters of the Mediterranean would increase the level of the Black Sea and the Caspian Sea.
In North America, the entire Atlantic coast would disappear, as would Florida and the American coast of the Gulf of Mexico. In California, the hills of San Francisco would become an archipelago and the Central Valley a giant bay. The Gulf of California would extend to the north, beyond the latitude of the current city of San Diego that would no longer exist.
In South America, the Amazon basin in the north as well as the Río Paraguay basin in the south would become creeks of the Atlantic, scratching from the map Buenos Aires, the Uruguayan coast as well as a large part of Paraguay.
Compared to other continents, Africa would not lose as much land to the oceans, but rising temperatures could make much of its territory uninhabitable. In Egypt, the cities of Alexandria and Cairo would be submerged by an intrusive Mediterranean Sea.
In Asia, China and its 600 million inhabitants wouldl be flooded, as well as Bangladesh and its 160 million inhabitants, as well as a large part of the coastal regions of India.
Essentially a desert, Australia would get a new inland sea but would be dispossessed of much of its coastal strip where currently four out of five Australians live.
Antarctica: The East Antarctic ice sheet is so huge – it is four-fifths of all the land ice – that its melting seems inconceivable. It is unlikely, however, that this behemoth will survive the return of an Eocene climate.
West Antarctica is a fragile region because a large part of the continent lies on a bedrock.beneath sea level. As I explained earlier, warming ocean temperatures are melting the floating ice from below, causing it to subside. Since 1992, West Antarctica has recorded, on average, a net loss of 65 million tons of ice per year.

L’Europe avant et après la fonte intégrale de la glace dans le monde. Les autres cartes se trouvent sur le site du National Geographic.