Les fontaines de lave du Kilauea (Hawaï) // The lava fountains at Kilauea Volcano (Hawaii)

Le Kilauea traverse depuis le 23 décembre 2024 un nombre impressionnant d’épisodes éruptifs dans le cratère de l’Halemaʻumaʻu. Chaque épisode donne naissance à de puissantes fontaines de lave dans sa phase initiale, avec des coulées qui s’étalent sur le plancher du cratère.
Dans un nouveau chapitre de la série Volcano Watch, l’Observatoire Volcanologique d’Hawaï (HVO) indique que plusieurs éruptions du passé se sont accompagnées d’épisodes de fontaines de lave identiques.

Lors de l’éruption de 2018 dans la Lower East Rift Zone, la Fissure 8, également appelée Ahuʻailāʻau, a présenté des fontaines de lave ininterrompues pendant plus de 2 mois. Cependant, ces fontaines sont différentes de celles qui se produisent actuellement au sommet du Kīlauea. Les fontaines de lave continues de 2018 étaient principalement alimentées par une forte pression des gaz lorsque le magma se déplaçait de la chambre où il était stocké sous le sommet vers la bouche éruptive à basse altitude sur le flanc du volcan.

 Éruption de 2018 (Crédit photo: HVO)

Les fontaines de lave épisodiques observées actuellement dans le cratère de l’Halema’uma’u sont alimentées par des changements de pression sporadiques des gaz liés à l’apport de nouveau magma. Au fur et à mesure que le nouveau magma s’accumule, la pression des gaz augmente ; la lave finit par jaillir à la surface et dépressurise le système. Lorsque le magma remonte à la surface, les gaz magmatiques se dissolvent rapidement sous forme de bulles, comme lorsqu’on ouvre une bouteille de champagne. Ces gaz constituent le moteur des fontaines de lave. C’est la raison pour laquelle le volcanologue français Haroun Tazieff a consacré une grande partie de ses études aux gaz volcaniques qui, selon ses propres termes, sont « le moteur des éruptions ».

 

Éruption de 2025 (Image webcam)

Beaucoup de gens se souviennent de l’éruption de Pu’uO’o de 1983 à 2018 dans la Middle East Rift Zone car les coulées de lave étaient accessibles sur la plaine côtière et auprès des entrées dans l’océan.

Les trois premières années de l’éruption du Pu’uO’o ont été marquées par 44 épisodes de fontaines de lave qui ont construit un cône de scories se dressant à 250 mètres au-dessus du paysage environnant. Les épisodes de fontaines de lave au cours de cette éruption se sont produits toutes les 3 à 4 semaines et ont duré environ une journée. Les fontaines, qui ont atteint parfois une hauteur de 450 mètres, ont alimenté des coulées de lave qui ont parcouru le flanc du cône éruptif. Certaines de ces coulées ont atteint la subdivision des Royal Gardens où elles ont détruit plusieurs maisons.

Fontaines de lave du Pu’uO’o en 1983 (Crédit photo: USGS)

 Au début de l’éruption du Mauna Ulu de 1969 à 1974, 12 épisodes de fontaines et coulées de lave se sont produits dans l’Upper East Rift Zone. Chaque épisode durait généralement plusieurs heures. Les fontaines de lave montaient de plus en plus haut, avant de décliner et disparaître en quelques minutes. Elles ont atteint jusqu’à 530 mètres de hauteur et ont alimenté des coulées de lave pouvant atteindre 20 kilomètres de longueur, avant de finir leur course dans l’océan.

Éruption du Mauna Ulu en 1969 (Crédit photo: USGS)

L’éruption brève mais spectaculaire du Kīlauea Iki s’est produite dans le cratère juste au nord-est de Kaluapele, la caldeira sommitale. Il y a eu 17 épisodes de coulées de lave qui ont rempli le cratère du volcan avec 130 mètres de lave du 14 novembre au 20 décembre 1959. L’épisode le plus long a duré 6 jours, et l’épisode 15 a inclus les plus hautes fontaines de lave jamais observées sur le Kīlauea ; elle atteignaient parfois 570 mètres de hauteur !. Ces hautes fontaines de lave ont construit le cône de scories du Puʻupuaʻi, que l’on peut voir aujourd’hui en parcourant la Devastation Trail dans le Parc national des volcans d’Hawaï.

Fontaines de lave du Kilauea Iki en 1959 (Crédit photo: USGS)

L’éruption actuelle reste confinée dans la caldeira sommitale. Jusqu’à présent, il y a eu 12 épisodes de fontaines de lave, soit le même nombre que pour le Maunaulu. Les fontaines de lave n’ont jamais dépassé 300 mètres de hauteur. L’inflation continue et indique que l’éruption va probablement se poursuivre, mais personne ne sait si elle rattrapera celles du Kīlauea Iki ou du PuʻuO’o en termes de nombre d’épisodes ou de hauteurs de fontaines.

Source : USGS / HVO.

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Kīlauea has been going through an impressive number of eruptive episodes in Halemaʻumaʻu Crater since December 23rd, 2024. Each episodes offers powerful lava fountains in its initial phase, with lava flows that spread on the crater floor.

In a new chapter of the series Volcano Watch, the Hawaiian Volcano Obserrvatory (HVO) indicates that several past eruptions were characterized by similar lava fountaining episodes.

More recently, in 2018, Fissure 8, also called Ahuʻailāʻau, during the lower East Rift Zone eruption exhibited a continuous lava fountain for more than 2 months. However, the lava fountain at Ahuʻailāʻau differed from episodic lava fountains currently occurring at Kīlauea summit. The continuous Ahuʻailāʻau lava fountains were primarily driven by a pressure gradient as magma moved from storage chambers beneath the summit to erupt out of the low-elevation vent on the flank of the volcano.

Today’s episodic lava fountains in halema’uma’u Crater are driven by changes in pressurization related to new magma being supplied. As new magma accumulates, the amount of pressure builds.

Eventually, lava erupts and depressurizes the system. As magma rises to the surface, magmatic gas rapidly exsolves as bubbles, just like when you open a bottle of champagne. This gas is a major driving force of the lava fountaining. This was the reason why French volcanologist Haroun Tazieff dedicated such a large part of his studies to volcanic gases which, in his words, are  »the motor of the eruptions. »

Many people remember the 1983 to 2018 middle East Rift Zone of eruption of Puʻuʻōʻō for the accessible lava flows on the coastal plain and ocean entries. But the first three years of the Puʻuʻōʻō eruption were characterized by 44 lava fountaining episodes that built a prominent cinder and spatter cone standing 250 metrers above the surrounding landscape. Lava fountaining episodes during this eruption occurred every 3 to 4 weeks and lasted about a day. The geysers of molten rock, which reached heights of up to 450 meters, fed lava flows that traveled downslope. Some of the flows reached the Royal Gardens subdivision and destroyed several houses.

At the start of the 1969 to 1974 Maunaulu eruption, 12 lava fountaining episodes occurred in the upper East Rift Zone. Each fountaining episode generally lasted several hours, slowly building in height until a maximum height was reached, after which the fountains died within minutes.

Fountains from Maunaulu reached up to 530 meters, and fed lava flows that traveled downslope, as far as 20 kilometers, to eventually enter the ocean.

The short but spectacular Kīlauea Iki eruption occurred in the crater just northeast of Kaluapele, the summit caldera. There were 17 episodes of lava fountaining that filled in the Kīlauea Iki Crater with 130 meters of lava from November 14th to December 20th , 1959. The longest episode was 6 days and Episode 15 included the highest lava fountains yet measured on Kīlauea, reaching staggering heights of 570 meters. These high lava fountains built the prominent Puʻupuaʻi cinder cone, which one can view on Devastation Trail in Hawaiʻi Volcanoes National Park.

The current eruption happening at the summit is contained in the caldera. So far, there have been 12 episodes of lava fountaining, the same number as Maunaulu. Lava fountains have necer risen more than 300 meters. Continuing inflation suggests the eruption will likely continue, but whether it catches up to Kīlauea Iki or Puʻuʻōʻō in terms of the number of episodes or fountain heights remains to be seen.

Source : USGS / HVO.

Le Fuego, une roulette russe au Guatemala// Fuego Volcano, Russian roulette in Guatemala

Les gens ont toujours été fascinés par les volcans car les éruptions leur montrent en direct la naissance de la Terre. Ces derniers temps, la hausse d’activité du volcan Fuego au Guatemala a fait monter en flèche le nombre d’excursions sur le volcan, mais elle les a également rendues plus dangereuses. Selon un professeur de volcanologie et climatologie à l’Université de Bristol, « ce n’est qu’une question de temps avant que quelqu’un se fasse tuer. »

Deux volcans, l’Acatenango et ie Fuego – se dressent à la périphérie d’Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala, sans oublier le magnifique cône de l’Agua dont le nom fait référence à une coulée de boue dévastatrice qui a dévalé ses flancs le 11 septembre 1541 et a détruit la première capitale du Guatemala.

Photos: C. Grandpey

Gravir l’Acatenngo et le Fuego est considéré comme un rite de passage pour les voyageurs qui visitent le Guatemala. C’est surtout le Fuego qu’ils viennent voir car il peut se manifester jusqu’à 200 fois par jour. Les nombreuses agences de voyages qui conduisent les groupes à proximité du cratère actif misent sur ce spectacle de la nature pour engranger de l’argent. On a vu certains visiteurs s’approcher à moins de 100 mètres de la lèvre du cratère Ces gens inconscients – et stupides – ont tendance à oublier que le Fuego est un tueur.

Il y a six ans, une soudaine hausse d’activité volcanique a eu des conséquences tragiques. Le 3 juin 2018, une puissante éruption a surpris tout le monde, y compris les volcanologues de l’INSIVUMEH. Les autorités ont admis qu’un défaut de communication entre la CONRED (agence qui gère les catastrophes) et l’institut volcanologique a retardé les évacuations quand les coulées pyroclastiques ont dévalé les flancs du Fuego (voir mes notes du 4 et 14 juin 2018). Elles ont enseveli la ville de San Miguel Los Lotes sous des amas de cendres et de roches. Le bilan officiel de l’éruption s’élève à 218 morts, mais les habitants affirment que jusqu’à 3 500 personnes ont disparu ce jour-là.

San Miguel Los Lotes avant et après la destruction de la localité par les coulées pyroclastiques (Source: Conred)

Aujourd’hui, la randonnée jusqu’au Fuego est plus populaire que jamais. Les guides locaux estiment que 200 à 400 personnes visitent i’Acatenango et le Fuego chaque jour, avec jusqu’à 1 000 visiteurs lors d’un vendredi ou d’un samedi chargé. Le tourisme est un énorme moteur économique pour Antigua en particulier et pour le Guatemala en général. En 2018, il a rapporté plus de 838 millions de livres sterling au gouvernement guatémaltèque.

Au final, ce sont ce sont ceux qui gagnent leur vie en guidant des groupes vers les volcans qui sont les plus menacés, car ils passent beaucoup plus de temps dans la zone dangereuse que la plupart des autres visiteurs. Les autorités guatémaltèques insistent sur le fait qu’il est extrêmement dangereux de s’approcher trop près du Fuego. La terrasse de l’Acatenango voisin offre une bonne vue sur les éruptions spectaculaires du Fuego et les gens sont suffisamment en sécurité. Tous les circuits font visiter l’Acatenango en premier, avec une halte dans un camp de base. Les plus courageux et aventureux continuent leur route vers le Fuego. Le professeur de l’Université de Bristol ne comprend pas pourquoi des groupes de touristes continuent de se rendre sur un volcan actif aussi redoutable.

Crédit photo: INSIVUMEH

L’INSIVUMEH publie quotidiennement des bulletins en espagnol sur Facebook, X et son site Internet (voir ma dernière note « Volcans du monde »). Ces bulletins mettent en garde contre les risques de blessures ou de mort pour ceux qui s’approchent trop près du cratère du Fuego. Cependant, comme l’ascension du Fuego n’est pas illégale, l’INSIVUMEH ne peut qu’avertir des risques et n’a pas le pouvoir d’empêcher les visiteurs de grimper sur le volcan. S’agissant des autorités locales, il n’est pas évident de savoir qui gère l’Acatenango et le Fuego. Les municipalités autour de ces deux volcans facturent des frais d’entrée pour différents secteurs de chacun d’eux. Quoi qu’il en soit, le tourisme volcanique est « une vache à lait » pour les autorités locales et le gouvernement central n’a pas assez d’autorité pour imposer de quelconques restrictions.

Source : La BBC.

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People have always been fascinated with volcanoes because eruptions show them Earth’s birth. Recent increased activity at Guatemala’s Fuego Volcano has sent the popularity of the tours skyrocketing, but it has also made them more dangerous. According to a Professor of Volcanoes and Climate at the University of Bristol, “it’s only a matter of time before someone gets killed.”

Twin volcanoes – Acatenango and Fuego – sit on the outskirts of Antigua, the ancient capital of Guatemala, without forgetting the beautiful cone of Mount Agua. .

Climbing them is considered a rite of passage for travellers visiting Guatemala, and it is Fuego in particular that they come to see as this active volcano can erupt 200 times a day. It is precisely what attracts the attention of tourists. Capitalising on this feat of nature are the numerous tour companies which take groups perilously close to Fuego’s active crater. Some visitors have been seen going within 100 meters from its rim.

These reckless – and stupid – people tend to forget that Fuego is a killer. Six years ago, a sudden increase in volcanic activity had tragic consequences. On June 3rd, 2018, a powerful eruption caught much of the surrounding area by surprise. Authorities have admitted that a communication breakdown between CONRED and INSIVUMEH delayed evacuations as pyroclastic flows cascaded down the volcano (see my posts of June 4th and 14th 2018). It buried the entire town of San Miguel Los Lotes under ash and rock. The official death toll from the eruption was 218 people, but locals say as many as 3,500 people disappeared that day.

Today, the hike to Fuego Volcano is more popular than ever. Local guides estimate that 200 to 400 people visit Acatenango and Fuego every day, jumping to as many as 1,000 on a busy Friday or Saturday. Tourism is a huge economic driver for Antigua in particular and Guatemala in general. In 2018, the tourism industry brought over £838 million to the Central American nation’s coffers.

And it is those who derive their livelihoods from guiding groups up the volcanoes that are the most at risk as they spend far more time in the danger zone than most others.

Guatemala’s authorities insist that getting too near Fuego is extremely dangerous The terraces of neighbouring Acatenango offer a spectacular view of Fuego’s lava shows and people are saafe enough. All tours hike Acatenango first, resting in a base camp there. Those who are feeling adventurous then continue on to Fuego. The professor at Bristol University is baffled that tour groups continue to go the active volcano.

INSIVUMEH issues daily bulletins in Spanish on Facebook, X and its website (see my latest post « Volcanoes of the world) warning of risks of injury or death to those who go too close to Fuego’s crater. However, as climbing Fuego is not illegal, INSIVUMEH can only warn of the risks and lacks the power to stop visitors from going there.

As far as local authorities are concerned, it is not obvious who is in charge. Local municipalities charge entry fees for various portions of each volcano and the surrounding area. As such, volcano tourism is “a cash cow” for local authorities and the central government is not strong enough to impose any restriction.

Source : The BBC.

Événements extrêmes et assurances

Depuis le 19ème siècle et la révolution industrielle, la température moyenne de la Terre s’est réchauffée de 1,1°C, avec une accélération depuis les années 1970. Il a été clairement établi que les activités humaines consommatrices d’énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) sont responsables de la hausse continue des températures et des émissions de gaz à effet de serre qui y sont liées. L’accélération actuelle du réchauffement climatique menace l’avenir de nos sociétés et la biodiversité. Le phénomène ne semble pas près de s’arrêter pour deux raisons majeures. D’une part les mesures susceptibles de freiner – on ne parle pas d’arrêter – les émissions polluantes ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. D’autre part, à supposer que nous arrêtions ces émissions par un coup de baguette magique, il faudrait plusieurs décennies avant que l’atmosphère terrestre retrouve un semblant d’équilibre.

Il est bien évident que dans ces conditions les événements extrêmes vont continuer à se multiplier et causer de lourds dégâts. Aujourd’hui, leur « changement d’échelle » inquiète les compagnies d’assurance. Les catastrophes climatiques en France ont coûté 6,5 milliards d’euros aux assureurs en 2023 qui a été la troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques après 1999 et 2022. Au cours de cette année 2023, on a observé quinze phénomènes venteux avec des vents de plus de 150 km/h, 14 inondations majeures, le passage des tempêtes Ciaran et Domingos qui ont occasionné 517 000 sinistres pour un coût de 1,6 milliard d’euros, sans oublier les inondations dans le Nord qui ont fait 40 000 sinistrés.

 

Exemple de bulletin « Vigilance Météo » diffusé par Météo France

Les tempêtes, comme la grêle, sont couvertes dans les contrats dommages des assureurs, tandis que les inondations ou les sécheresses sont soumises au régime « Cat Nat » (pour « catastrophes naturelles »). L’Etat prend la moitié des coûts à sa charge, permettant ainsi de réduire de moitié la facture des assureurs.

Source : France Info.

Pour le moment, grâce à l’aide gouvernementale, les compagnies d’assurance tiennent le coup, mais jusqu’à quand ? Avec la multiplication des sinistres, le montant des polices ne peut qu’augmenter et on peut se demander si on ne se dirige pas, à plus ou moins long terme, vers une politique à l’américaine, ‘à la carte’, qui fixe ses tarifs en fonction de l’exposition aux risques. Certains atteignent des sommets si l’on se trouve dans des zones sensibles.

A Hawaii, par exemple, les habitants possédant des résidences susceptibles d’être affectées par une éruption volcanique ou un séisme doivent payer une somme exorbitante s’ils veulent assurer leur maison. En 2018, une puissante éruption du Kilauea a détruit quelque 700 structures, dont de nombreuses habitations. Il s’en est suivi une longue procédure judiciaire incluant les autorités fédérales et les compagnies d’assurance, et de longues batailles concernant les indemnisations.

 

Destruction de maisons par la lave en 2018 à Hawaii (Crédit photo : Protection Civile)

Une amie qui habite sur la côte ouest de la Grande Ile et se trouve à la fois sous la menace d’un séisme et d’une éruption du volcan Hualalai refuse d’être couverte contre ces risques potentiels. Le revenu de son B&B ne lui permet pas de faire face à une telle somme. Elle croise les doigts pour que sa maison soit épargnée… Si elle est détruite, elle n’aura que ses yeux pour pleurer. Une aide fédérale lui sera peut-être allouée, mais très insuffisante pour réparer ou reconstruire sa maison.

Kilauea (Hawaii) : la vie dans les zones à haut risque // Life in high risk areas

Bien qu’il s’agisse d’un volcan de point chaud avec une activité majoritairement effusive, le Kilauea n’est pas sans risques pour les habitants de Big Island. Les souvenirs de l’éruption destructrice du district de Puna dans la Lower East Rift Zone en 2018 sont encore bien présents dans les mémoires. La reconstruction continue cinq ans après que les coulées de lave ont recouvert et détruit plusieurs localités, dont Kapoho, Lanipuna Gardens, la plupart des propriétés des Leilani Estates et des parties de Pohoiki.
Depuis 2018, le Kilauea est à nouveau entré en éruption à 5 reprises, dont celle qui vient de se terminer. Toutes ces éruptions ont eu lieu à l’intérieur de la caldeira sommitale, sans menacer les personnes et les biens.
Les éruptions de la zone de Rift Est (East Rift Zone) peuvent se produire fréquemment. Depuis 1950, il y a eu des éruptions de longue durée sur le Mauna Ulu de 1969 à 1971 et de 1972 à 1974, et sur le Pu’uO’o de 1983 à 2018. L’éruption du Pu’u’O’o a été divisée en 61 épisodes d’activité ; elle a détruit 215 structures et recouvert près de 15 kilomètres de routes avec une lave dont l’épaisseur atteignait parfois 34 mètres. Elle s’est terminée juste avant le début de l’éruption de 2018. Cette éruption a également détruit Kalapana en 1990 : elle a représenté la plus longue et la plus importante émission de lave sur la zone de rift Est du Kilauea depuis plus de 500 ans.
Des éruptions de plus courte durée se sont produites 12 fois dans l’East Rift Zone entre 1955 et 1980. L’éruption de 1960 a détruit une ancienne communauté à Kapoho. Une coulée de lave a également menacé Pahoa en 2014-2015.
La zone de rift sud-ouest du volcan, moins peuplée que la zone de rift est, n’a pas été aussi active au cours des deux derniers siècles, mais des éruptions peuvent s’y produire. Les plus récentes dans cette zone ont été brèves. Un événement survenu en 1974 a duré moins d’une journée et une éruption en 1971 n’a duré que cinq jours. Cependant, des événements plus longs sont possibles, comme l’éruption du Mauna Iki qui a duré près d’un an, de 1919 à 1920.
Bien que l’événement de 2018 représente le plus grand effondrement sommital et la plus volumineuse éruption dans la Lower East Rift Zone au cours des 200 dernières années, cette éruption correspond à un comportement déjà observé sur le Kilauea. Par contre, un tel impact dans cette zone n’avait jamais été observé. Cela est dû au rapide développement urbain dans cette partie de la Grande Île. En effet, avec le nombre croissant de personnes qui y vivent et y travaillent, il est devenu de plus plus difficile de gérer le risque d’inévitables éruptions.
Si les méthodes de construction peuvent être mieux adaptées pour réduire les dégâts causés par des catastrophes naturelles telles que les ouragans et les séismes, elles ne permettent pas de lutter contre les coulées de lave. Il n’existe aucun code de construction qui puisse empêcher une maison d’être recouverte par la lave. La seule solution consiste à réduire le nombre de bâtiments et autres infrastructures dans ces zones à haut risque, tout en veillant à ce que la population soit bien informée et préparée aux catastrophes potentielles.

Les autorités hawaiiennes essayent de mettre en pratique un programme de rachat volontaire de logements et de propriétés touchées par l’éruption de 2018. Cela permet d’éviter le retour des habitants dans ces zones à haut risque. L’objectif principal est d’empêcher que ces propriétés inoccupées soient occupées par de nouvelles maisons ou des entreprises qui pourraient être exposées à de futures éruptions. Cependant, il n’est pas facile de convaincre les gens d’abandonner leurs biens et de reprendre une nouvelle vie dans un endroit plus sûr, alors qu’ils vivent depuis plus de 50 ans dans les deux zones les plus exposées au risque éruptif.
Des solutions ont été proposées, telles que l’installation de maisons modulaires qui peuvent être déplacées rapidement hors de la zone sinistrée. On a aussi testé d’autres matériaux de construction, tels que l’eucalyptus, dont l’île dispose facilement. Cela implique toutefois une modification des codes du bâtiment pour s’adapter à de telles constructions et à d’autres idées.
La Protection Civile du comté d’Hawaii met l’accent sur la préparation aux catastrophes naturelles et en particulier aux éruptions. Le comté est en train d’établir des plans de communication pouvant être utilisés lors d’une prochaine catastrophe. Il a développé des modèles de communication pour les situations les plus critiques. Des messages seront diffusés dans un délai minimal sur la messagerie des téléphones portables, la radio et la télévision, en relation avec le système de sirènes d’alerte. Cela permettra d’alerter la population pour toutes les situations d’urgence telles que les éruptions et les incendies de végétation en tout point de l’île.
Source : Big Island Now.

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Although it is a hotspot volcano with predominantly effusive activity, Kilauea is not without risks for Big Island residents. Memories of the destructive 2018 Lower East Rift Zone eruption in Puna are still fresh. Recovery is still ongoing five years after the lava flows wiped out several communities, including Kapoho, Lanipuna Gardens, most of Leilani Estates and parts of Pohoiki.

Just since 2018, there have been five more eruptions of Kilauea. They have all been confined to the summit caldera and posed no threat to life or property

However, East Rift Zone eruptions can occur frequently. Since 1950, there were long-lived eruptions at Maunaulu from 1969-71 and 1972-74 and Pu‘u‘ō’ō from 1983 to 2018. The eruption at Pu‘u‘ō’ō, which was divided into 61 episodes of activity, destroyed 215 structures and buried nearly 15 kilometers of highway with lava as thick as 34 meters. It ended just before the 2018 eruption began. That eruption also destroyed Kalapana in 1990 and was the longest and most voluminous known outpouring of lava from Kilauea’s East Rift Zone in more than 500 years

Shorter-lived eruptions occurred on the East Rift Zone 12 times between 1955 and 1980. The 1960 eruption destroyed a previous community at Kapoho. There also was a lava flow in 2014-15 that threatened Pahoa.

The volcano’s Southwest Rift Zone, which is less populated than the East Rift Zone, has not been as active during the past two centuries, but eruptions can still happen there. The most recent eruptions in this area were brief. An event in 1974 lasted for less than a day and an eruption in 1971 lasted for just five days. However, longer-lived vents are possible. The Maunaiki eruption lasted almost a year from 1919-20.

While the 2018 event represented the largest summit collapse and Lower East Rift Zone eruption in the past 200 years, it also fits a pattern of Kilauea’s past behaviour. What was unprecedented was the impact, which was due to the development growth in that part of the Big Island. Indeed, with more people now living, working and playing there, it has become more difficult to mitigate the high risk of inevitable future eruptions.

While structural engineering and construction methods can be adapted to reduce damage from other natural disasters such as hurricanes and earthquakes, they do not help with lava flows. There is no building code that will save a house from being inundated by lava. The only solution is to reduce buildings and infrastructure in those high-risk zones while ensuring residents are well-informed and prepared for potential disasters. The county continues to advocate for its voluntary housing buyout program which is dedicated to acquiring properties affected by the 2018 eruption to minimize the return of residents to those high-risk areas. The primary objective is to keep those properties unoccupied by new homes or businesses that could be vulnerable to future eruptions. However, it’s noteasy to ask all people to abandon their properties and pick up their entire lives to move somewhere safer, when they have lived in neighborhoods in lava zones 1 and 2, the two highest areas at risk of eruption, for more than 50 years.

Suggestions have been made such as building more modular homes that could be moved out of the area of a disaster and testing other nontraditional materials for construction, such as eucalyptus, which the island has a readily available supply. That would include taking a look at the county’s building codes and how they could be changed to accommodate such construction and other ideas.

The Hawai‘i County Civil Defense Agency emphasizes disaster preparedness related to eruptions.The County is establishing comprehensive communication plans for the next disaster.

It has developed templates for the most critical hazards so messages can be dispersed with minimal delay and is using the Public Alert Warning System to support messaging to cellphones, radio and TV in combination with the outdoor alert siren system to alert people about emergencies of all types, including natural disasters such as eruptions and wildfires anywhere on the island.

Source : Big Island Now.

L’éruption de 2018 a été particulièrement dévastatrice (Crédit photo: HVO)