Islande : éruption à l’approche ? // Iceland : is an eruption imminent ?

Cette fois, ça semble sérieux. Dans son dernier bulletin du 11 mars 2025, le Met Office indique que l’accumulation de magma continue à Svartsengi, avec le niveau le plus élevé depuis le début de l’activité éruptive en décembre 2023. Un nouveau paramètre est en prendre en compte ces jours-ci : la hausse de l’activité sismique. On se trouve dans une situation semblable à celle qui a précédé l’éruption de novembre 2024. Le Met Office confirme que la sismicité de ces derniers jours a bien été enregistrée à l’est de la rangée de cratères de Sundhnúkur. Cette sismicité est probablement due à une augmentation de la pression dans la région en raison de l’accumulation de magma. Toutefois, ces séismes ne sont pas nécessairement une indication du site probable de la prochaine éruption, bien que cela ne puisse être exclu.Selon le Met Office, l’heure de l’éruption approche.et devrait avoir lieu quelque part sur la chaine de cratères de Sundhnúkur. Après toutes les tergiversations de ces dernières semaines, il semble donc que l’on se dirige enfin vers du concret !

Il y a de fortes chances pour que la prochaine éruption soit fissurale

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This time it seems to be serious. In its latest bulletin of 11 March 2025, the Met Office indicates that the accumulation of magma continues at Svartsengi, with the highest level since the start of the eruptive activity in December 2023. A new parameter is to be taken into account these days: the increase in seismic activity. We are in a situation similar to that which preceded the eruption of November 2024. The Met Office confirms that the seismicity of the last few days has indeed been recorded east of the Sundhnúkur crater row. It is probably due to an increase in pressure in the region due to the accumulation of magma. These earthquakes are not necessarily an indication of the likely location of the next eruption, although this cannot be ruled out. According to the Met Office, the time of the eruption is approaching, and is expected to take place somewhere in the Sundhnúkur crater row. After all the waffling over the last few weeks, it seems that we are at last moving towards something concrete!

Kilauea (Hawaï) : 13ème épisode éruptif ! // 13th eruptive episode !

La question que l’on se pose maintenant à propos du Kilauea est de savoir combien d’épisodes éruptifs le volcan va nous proposer. L’épisode 13 a commencé à 2 h 36 (heure locale) le 10 mars 2025. Les fontaines de lave ont atteint des hauteurs de 120 à 150 m. Comme d’habitude, cet épisode a été précédé d’une activité de spattering sporadique dans la bouche nord, avant d’augmenter en intensité. La lave a jailli de la bouche nord à 2 h 36 et de hautes fontaines ont commencé à apparaître environ 10 minutes plus tard. Les coulées de lave ont recouvert 20 à 30 % du sol du plancher de l’Halemaʻumaʻu. Le tilt est passé de l’inflation à la déflation vers 2 h 36 du matin, à peu près au même moment où les coulées de lave ont commencé à apparaître sur le plancher du cratère. Il sera intéressant de voir si l’inflation apparaîtra dans les prochaines heures, annonçant un probable 14ème épisode.
Source : HVO.


Image webcam des fontaines de lave

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The real question about Kilauea these days is to know how many eruptive episodes the volcano will offer us. Episode 13 began at 2:36 a.m.(local time) on March 10th, 2025.  Fountains reached heights of 120-150 m. As usual , this episode was preceded by small, sporadic spatter fountains within the north vent and continued to increase in intensity. Lava erupted from the north vent at 2:36 a.m and high fountains began about 10 minutes later. Lava flows from the north vent have covered 20-30% of Halemaʻumaʻu crater floor. Tilt switched from inflation to deflation at about 2:36 a.m., about the same time lava flows began erupting onto the crater floor. It will ne interesting to see whether inflation will appear in the next hours, announcing a likely 14th episode.

Source : HVO.

L’Arctique sur France 5…

France 5 a diffusé le 10 mars au soir un double documentaire qui montre parfaitement l’impact du RÉCHAUFFEMENT climatique (on ne parle pas de changement ou de dérèglement dans l’Arctique!) sur l’Alaska et l’Arctique en général.

Diego Buñuel (qui parle remarquablement anglais) s’est rendu en Alaska pour assister à la migration des saumons qui font le bonheur des grizzlis et leur permettent de stocker suffisamment de graisse pour affronter l’hiver. Comme lors de la mythique Ruée vers l’Or, ce phénomène attire aussi des milliers de pêcheurs qui rêvent de faire fortune en quelques semaines. Le réchauffement climatique impacte fortement les saumons et beaucoup de gens dans la région se posent des questions sur l’avenir de cette pêche.

https://www.france.tv/france-5/thalassa-aventures-extremes/6963088-il-etait-une-fois-l-alaska.html

Photo: C. Grandpey

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Dans un deuxième documentaire, Diego Buñuel se rend au Canada pour découvrir l’océan Arctique, l’un des plus importants pour l’humanité du point de vue climatique. Au nord du cercle polaire, les températures se sont réchauffées ces dernières années beaucoup plus rapidement que partout ailleurs dans le monde. Les conséquences de cette hausse des températures de l’Arctique sont planétaires : élévation du niveau des mers, cyclones dévastateurs, mégafeux de forêts. En compagnie de l’exploratrice Nathalie Lasselin et de la communauté Inuit d’Arctic Bay, Diego Buñuel plonge sous la banquise à la découverte d’un monde fascinant, extrême et encore largement méconnu. Les intervenants lacent un sacré message d’alerte. Reste à savoir s’il sera entendu.

https://www.france.tv/france-5/thalassa-aventures-extremes/6684710-arctique-l-ocean-blanc.html?fbclid=IwY2xjawI8ucRleHRuA2FlbQIxMQABHfWaR1N0h54p0e4KEC7eWp8grb6Df3bARObX1hNU_eBubbnPDblSVGN7Bg_aem_POlSz7yz2dAXzZLxMMNKDg#about-section

Photo: C. Grandpey

Ces deux documentaires ont fait remonter en moi des souvenirs de l’Arctique où je me suis rendu plusieurs fois et que j’ai largement évoqué sur ce blog. À mon petit niveau, je lance, moi aussi, des messages d’alerte, comme lors de ma dernière conférence à Royan. Je pense avoir convaincu quelque milliers de personnes en France, mais je suis conscient que c’est une goutte d’eau dans un océan de j’menfoutisme…

Photo: C. Grandpey

Les inondations glaciaires en Islande // Glacial outburst floods in Iceland

L’Office météorologique islandais a publié sur son site un article très intéressant sur les crues glaciaires qui sont très fréquentes en Islande en raison de l’impact de l’activité volcanique sur les glaciers. L’article explique au public à quel point ces événements peuvent être dangereux et quelles mesures de prévention ont été mises en place pour protéger la population. Ces crues glaciaires ont notamment été observées lors de l’éruption de l’Eyjafjallajökull en 2010.

Les jökulhlaups (terme islandais pour désigner les crues glaciaires) sont plus fréquents en Islande qu’ailleurs dans le monde en raison de l’interaction des volcans avec les glaciers.
Les plus grands jökulhlaups issus du volcan sous-glaciaire Katla font partie des plus grandes crues que l’homme ait jamais observées. À leur maximum, le débit peut être plus important que celui de l’Amazone.
Les Islandais ont appris à éviter les plaines sur lesquelles débordent les jökulhlaups les plus fréquents, comme la Mýrdalssandur et la Skeiðarársandur, mais les plaines de débordement de la rivière Markarfljót, dans le sud de l’Islande, et de la rivière Jökulsá á Fjöllum, dans le nord de l’Islande, sont potentiellement exposées et les jökulhlaups inondent de temps à autre des parties de terres agricoles dans ces zones.

jökulhlaup dans les ‘sandur’ – ou plaines littorales – du sud de l’Islande (Crédit photo : Protection Civile)

Un système d’alerte est géré par l’Office météorologique islandais qui informe les autorités de la Protection civile des inondations imminentes. Les hausses inhabituelles du niveau d’eau ou de la conductivité électrique des rivières au niveau des principales jauges déclenchent une alerte qui est ensuite évaluée par les scientifiques. Ainsi, les responsables de la Protection civile disposent de quelques heures pour avertir le public.
Le système a été mis à rude épreuve lors de l’éruption de l’Eyjafjallajökull le 14 avril 2010. Il n’y a guère que dans le secteur de l’Eyjafjallajökull et de l’Öræfajökull, dans le sud-est de l’Islande, que les inondations peuvent atteindre les zones habitées dans l’heure qui suit le début d’une éruption volcanique. Il est donc essentiel que les habitants réagissent rapidement aux alertes. Les jauges et les équipements du Met Office islandais ainsi que les vols de reconnaissance des garde-côtes ont joué un rôle clé pour informer la Protection civile et d’autres organismes du danger causé par les jökulhlaups au cours des premiers jours de l’éruption. En particulier au début de l’éruption, les crues charriaient des matériaux volcaniques ainsi que des icebergs et avançaient à une vitesse pouvant atteindre 20 km/h et l’eau était parfois chaude. Certains des jökulhlaups ont suivi le lit du glacier, tandis que d’autres se sont répandus à la surface du glacier jusqu’à sa bordure.
Les zones inondées ont été cartographiées pour chaque jökulhlaup. La propagation des fronts d’inondation a été observée avec précision, ce qui a fourni des données précieuses sur la nature de ces inondations si particulières.


Cette image montre deux jökulhlaups de l’Eyjafjallajökull en 2010 : l’un d’eux (en noir) s’est d’abord dirigé vers le nord puis le long du versant ouest de la montagne ; un autre, plus petit, est allé vers le sud

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On its website, the Icelandic Meteorological Office has released a very interesting article about glacial outburst floods which are very frequent in Iceland because of the impact of volcanic activity on the glaciers. The article explains the public how dangerous these events can be and what prevention measures have been devised to protect the population. These glacial floods were particularly observed during the Eyjafjallajökull eruption in 2010.

Jökulhlaups (the Icelandic word for glacier outburst floods) are more common in Iceland than elsewhere in the world because of the interaction of volcanoes with glaciers. The greatest jökulhlaups from the subglacial Katla volcano are among the largest floods that humans have witnessed. At their maximum, the discharge may be larger than the average discharge of the River Amazon.

Icelanders have learned to avoid the outwash plains of the most frequent jökulhlaups, Mýrdalssandur and Skeiðarársandur, but the outwash plains of River Markarfljót, southern Iceland, and River Jökulsá á Fjöllum, northern Iceland, are potentially dangerous and jökulhlaups will sooner or later flood parts of the current farmlands in those areas.

A warning system is operated by the Icelandic Meteorological Office that informs Civil Protection Authorities of impending floods. Unusual increases in water level or electric conductivity at key water level gauges triggers a warning that is subsequently evaluated by scientists. Thus, Civil Protection Authorities may get a few hours’ head start in preventing public hazard.

An important test was put to the system in the advent of the Eyjafjallajökull volcanic eruption on 14 April 2010. Only at this volcano and Öræfajökull volcano, southeastern Iceland, are floods expected to reach inhabited areas within an hour from the start of a volcanic eruption. Therefore, a quick response to warnings is essential. The gauges and equipment of the Icelandic Meteorological Office as well as the reconnaissance flights of the Icelandic Coast Guard played a key role in the response of Civil Protection Authorities and other officials to the hazard caused by jökulhlaups during the first days of the eruption. Particularly in the beginning of the eruption, the jökulhlaups were charged with volcanic debris as well as icebergs and advanced at a very high velocity (up to 20 km/h) and some were hot. Some of the jökulhlaups found their way along the bed of the glacier but others flowed over the surface of the glacier all the way to the ice margin.

The flooded areas were mapped for each jökulhlaup. The propagation of the flood fronts was observed, sometimes providing valuable data on the nature of these extraordinary floods.