Mauna Loa (Hawaii) : nouvelle éruption à huis clos // New eruption behind closed doors

Il y a actuellement deux éruptions à Hawaii. Le Kīlauea est en éruption depuis le 29 septembre 2021 et la lave reste à l’intérieur du cratère de l’Halema’uma’u. Le parc national est ouvert au public et l’éruption du Mauna Loa n’a eu aucun impact sur le Kilauea qui se visite normalement, avec les restrictions d’accès déjà existantes. Un petit lac de lave est visible depuis les points d’observation prévus le long de la caldeira sommitale,
Ne vous précipitez pas pour acheter des billets d’avion pour aller voir l’éruption du Mauna Loa (elle a commencé le 27 novembre 2022) car vous ne serez pas autorisé à vous approcher des coulées de lave. Le Parc national des volcans d’Hawaii a interdit la circulation sur la Mauna Loa Road depuis son point de départ à Kīpukapuaulu. Le sommet, les huttes et toutes les zones de haute altitude du Mauna Loa sont fermés au public depuis début octobre, lorsque le volcan a commencé à montrer des signes d’activité avec une hausse de la sismicité. La Mauna Loa Observatory Road, qui part de la Saddle Road et se trouve à l’extérieur du Parc national, est également fermée.
En conséquence, les autorités locales conseillent vivement aux touristes de consulter le site web du Parc pour être informés « des mises à jour de fermetures, des alertes de sécurité, de la qualité de l’air »; il est également recommandé d’ouvrir les liens vers les webcams de l’Observatoire et les mises à jour sur les éruptions.
Il existe également une restriction de vol dans un rayon de 5 milles marins (environ 9 km) autour du sommet du Mauna Loa et jusqu’à 1 500 mètres au-dessus du sol. Cette restriction a été imposée par la Federal Aviation Administration. Seuls les vols d’intervention d’urgence autorisés échappent à la restriction.
Il semble que la situation sur le Mauna Loa lors de l’éruption actuelle ressemblera à l’éruption du Kilauea en 2018. Personne, à l’exception des scientifiques locaux et du personnel de la Protection civile, n’a été autorisé à s’approcher des coulées de lave. Des plates-formes d’observation ont été promises par les autorités locales mais n’ont jamais vu le jour!

A noter par ailleurs que les drones sont formellement interdits dans les parcs nationaux aux Etats Unis.

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There are currently two eruptions in Hawaii. Kīlauea has been erupting since September 29th, 2021, and the lava has been confined to Halema’uma’u Crater. The National Park is open to the public and the Mauna Loa eruption has not had any impact on Kilauea which can be visited normally, with the amlready existing access restrictions. A small lava lake is visible from viewing areas along Kilauea’s summit caldera,

Don’t rush to buy plane tickets to go and see the Mauna Loa eruption (it started on November 27th, 2022) because you won’t be allowed to go near the lava flows. Volcanoes National Park has closed traffic to Mauna Loa Road from the gate at Kīpukapuaulu. Mauna Loa’s summit, cabins and high-elevation areas have already been closed since early October, when the volcano started showing signs of unrest and increased seismicity. Mauna Loa Observatory Road, which starts from the Saddle Road and is outside of the National Park, is also closed to the public.

As a consequence, officials urge visitors to check the Park website before visiting for “closure updates, safety alerts, air quality” and links to the Hawaiian Volcano Observatory webcams and eruption updates.

There is also a temporary flight restriction across a 5 nautical mile radius around Mauna Loa summit and up to 1,500 meters above ground level, put in place by the Federal Aviation Administration. Only approved emergency response flights are excepted from the restriction.

It looks as if the situation on Mauna Loa during the current eruptin will be like Kilauea’s 2018 eruption. Nobody except local scientists and Civil Defence staff was allowed to get close to the lava flows. Observation platforms were promised by local authorities but were never set up!

People are reminded that the use of drones is strictly forbidden in all U.S. national parks.

Image satellite de l’éruption, avec les 3 coulées de lave (Source: Copernicus)

Les volcans et l’atmosphère infernale de Vénus // Volcanoes and Venus’ hellish atmosphere

Selon une étude publiée dans le Planetary Science Journal au début de l’année 2022, le volcanisme à grande échelle qui a recouvert de lave 80% de la surface de Vénus a probablement été le facteur décisif qui a fait passer la planète d’un monde humide et doux à une atmosphère sulfurique irrespirable.
La température de surface sur Vénus est d’environ 464 degrés Celsius, et il y a une pression de 90 atmosphères sous les nuages de dioxyde de carbone où se mêle l’acide sulfurique. Souvent considérée comme la « jumelle maléfique » de la Terre, Vénus est victime d’un effet de serre incontrôlable, probablement amplifié par la proximité de la planète avec le Soleil, ce qui signifie qu’elle reçoit plus de chaleur.
Cependant, il y a de plus en plus de preuves que Vénus a probablement été autrefois – et plus récemment qu’on le pense – un monde tempéré assez semblable à celui que nous connaissons sur Terre. Ce sont les scientifiques du Goddard Space Flight Center de la NASA dans le Maryland qui ont développé cette nouvelle approche de Vénus. Dans leur dernier article, ils affirment que c’est probablement le volcanisme de Vénus qui a chamboulé l’atmosphère de la planète en y envoyant de grandes quantités de dioxyde de carbone.
Dans les années 1990, le vaisseau spatial Magellan de la NASA a cartographié la surface de Vénus, invisible autrement car elle est obscurcie par l’atmosphère dense de la planète. La mission a découvert qu’une grande partie de la surface était recouverte de basalte d’origine volcanique. C’est le résultat de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers d’années d’un volcanisme intense qui s’est produit à un moment donné au cours du dernier milliard d’années. En particulier, plusieurs de ces éruptions sont survenues en l’espace d’un million d’années, et chacune a recouvert de lave des centaines de milliers de kilomètres carrés. Ces éruptions ont probablement envahi l’atmosphère de Vénus d’une telle quantité de dioxyde de carbone qu’elle n’a pas pu l’absorber. Les océans existants se sont évaporés, ce qui a ajouté de l’humidité à l’atmosphère, et comme la vapeur d’eau est aussi un gaz à effet de serre, cela a accéléré l’effet de serre existant. Au fil du temps, l’eau s’est perdue dans l’espace, mais le dioxyde de carbone est resté et a donné naissance au monde inhospitalier qui existe aujourd’hui.
La fréquence à laquelle des événements volcaniques de grande ampleur se sont produits sur Terre, avec la formation de grandes provinces ignées, signifie que plusieurs de ces événements ont pu se produire sur Vénus en l’espace d’un million d’années. La Terre elle-même a connu des événements similaires, avec des « super-éruptions » qui ont entraîné des événements d’extinction de masse au cours des derniers 500 millions d’années. Par exemple, l’extinction massive de l’ère du Dévonien supérieur il y a 370 millions d’années a été attribuée par certains au super-volcanisme dans ce qui est aujourd’hui la Russie et la Sibérie, en même temps qu’à une autre éruption majeure en Australie. L’extinction massive du Trias-Jurassique est largement imputée à la formation de la plus grande des provinces ignées sur Terre, la Province Magmatique de l’Atlantique Central, il y a 200 millions d’années. Même la mort des dinosaures il y a 65 millions d’années peut avoir été causée à la fois par un astéroïde et par une super éruption dans les Trapps du Deccan en Inde.
Pour des raisons encore inconnues, des événements volcaniques semblables sur Vénus ont été beaucoup plus répandus et ont provoqué un effet de serre qui a transformé la planète. Dans le même temps sur Terre, le cycle carbone-silicate qui joue le rôle de thermostat naturel de la planète, avec échange du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre entre le manteau et l’atmosphère pendant des millions d’années, a pu empêcher la Terre de devenir comme Vénus.
Deux futures missions de la NASA tenteront de répondre à certaines questions : la mission DAVINCI visant à étudier les gaz sur Vénus, sera suivie de VERITAS – Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography and Spectroscopy – au début des années 2030. La mission EnVision de l’Agence Spatiale Européenne devrait débuter dans les années 2030, tandis que la Chine a proposé une possible mission VOICE qui atteindrait Vénus en 2027 pour étudier l’atmosphère et la géologie de la planète. L’un des principaux objectifs de DAVINCI est d’étudier l’histoire de l’eau sur Vénus ainsi que le moment où elle a pu disparaître. Cela fournira un aperçu de la façon dont le climat de Vénus a changé au fil du temps.
Source : Space.com.

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According to a study published in the Planetary Science Journal early in 2022, massive global volcanism that covered 80% of Venus’ surface in lava may have been the deciding factor that transformed Venus from a wet and mild world into the suffocating, sulfuric planet that it is today.

The surface temperature on Venus is about 464 degrees Celsius, and there is a pressure of 90 atmospheres underneath the dense clouds of carbon dioxide laced with sulfuric acid. Often decried as Earth’s « evil twin, » Venus is a victim of a runaway greenhouse effect, probably amplified by Venus’ proximity with the Sun, which means it is receiving more heat.

However, there is growing evidence that Venus could have once been a temperate world somewhat similar to Earth, perhaps more recently than expected.

Scientists at NASA’s Goddard Space Flight Center in Maryland, have developed this new vision of Venus. In their latest paper, they argue that Venus’ volcanism could have ultimately been what pushed the planet over the edge by sending vast amounts of carbon dioxide billowing into Venus’ atmosphere.

In the 1990s, NASA’s Magellan spacecraft mapped the surface of Venus, which is otherwise obscured by the planet’s dense atmosphere, and found that much of the surface was covered in volcanic basalt rock. This is the result of tens of thousands, if not hundreds of thousands of years’ worth of massive volcanism that occurred at some point in the past billion years. In particular, several of these events coming in the space of a million years, and each covering hundreds of thousands of square kilometers in lava, could have endowed Venus’ atmosphere with so much carbon dioxide that the climate was unable to cope. Existing oceans boiled away, adding moisture to the atmosphere, and because water vapour is also a greenhouse gas, it accelerated the greenhouse effect. Over time, the water was lost to space, but the carbon dioxide, and the inhospitable world, remained.

The frequency with which massive volcanic events forming large igneous provinces have occurred on Earth implies that it is likely that several such events could have occurred on Venus within a million years. Earth itself has had some similar events, with « super-volcanoes » which have been connected to numerous mass-extinction events over the past half-a-billion years. For example, the Late Devonian era mass extinction 370 million years ago has been attributed by some to super-volcanism in what is now Russia and Siberia, as well as to a separate super-volcanic eruption in Australia. The Triassic–Jurassic mass extinction is widely blamed on the formation of the biggest of Earth’s large igneous provinces, the Central Atlantic Magmatic Province, 200 million years ago. Even the death of the dinosaurs 65 million years ago may have been caused both by an asteroid strike and super-volcanism in the Deccan Traps in India.

For unknown reasons, similar volcanic events on Venus were much more widespread and instigated a runaway greenhouse effect that transformed the planet. Meanwhile on Earth, the carbon-silicate cycle that acts as the planet’s natural thermostat, exchanging carbon dioxide and other greenhouse gases between the mantle and the atmosphere over millions of years, was able to prevent Earth from following the same path as Venus.

Two future NASA missions will endeavour to answer some of these questions. the DAVINCI mission aimed at studying gases on Venus, will be followed by VERITAS – Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography and Spectroscopy – in the early 2030s. The European Space Agency’s EnVision mission also targets launch sometime in the 2030s, while China has proposed a possible mission called VOICE that would reach Venus in 2027 to study the planet’s atmosphere and geology. A primary goal of DAVINCI is to narrow down the history of water on Venus and when it may have disappeared, providing more insight into how Venus’ climate has changed over time.

Source: Space.com.

Image composite de Vénus réalisée à partir des données fournies par les sondes Magellan et Pioneer Venus Orbiter (Source: NASA)

Reconstitution en trois dimensions du Maat Mons, l’un des principaux volcans sur Vénus avec ses quelque 8 km de hauteur (Source: NASA)

Eruption du Mauna Loa (Hawaii) // Eruption of Mauna Loa Volcano (Hawaii)

Vers 23h30. (heure locale) le 27 novembre 2022, une éruption a commencé dans la Moku’āweoweo, la caldeira sommitale du Mauna Loa. À l’heure actuelle, les coulées de lave sont contenues dans la zone sommitales et ne menacent pas les zones habitées en aval.
Les populations susceptibles d’être menacées par les coulées de lave doivent se préparer à une éventuelle évacuation et se référer aux informations de la Protection civile pour plus d’informations.
Sur la base d’événements passés, les premières phases d’une éruption du Mauna Loa peuvent être très dynamiques. La source et la trajectoire des coulées de lave peuvent changer rapidement. Si l’éruption reste dans la Moku’āweoweo, les coulées de lave seront très probablement à l’intérieur des parois de la caldeira. Cependant, si les bouches éruptives migrent à l’extérieur de la caldeira, les coulées de lave peuvent se déplacer rapidement le long des pentes du volcan.
Source : HVO.

Vue de l’éruption dans la caldeira

Image thermique de l’éruption

Source: Webcams USGS

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17h00 (heure française : 6h00, heure locale) : L’éruption se poursuit au sommet du Mauna Loa. Toutes les bouches éruptives sont à l’intérieure de la caldeira sommitale. La lueur émise par la lave est visible depuis Kona. Il n’y a actuellement aucune indication que l’éruption a envie de migrer vers une zone de rift.
Le niveau d’alerte volcanique est passé à WARNING (Danger) et la couleur de l’alerte aérienne reste au ROUGE.
Source : HVO.

L’éruption dans la caldeira sommitale (Crédit photo: USGS)

La lueur de l’éruption vue depuis Kona (Crédit photo: USGS)

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22h00 (heure française / (11h00 heure locale) ; L’éruption du Mauna Loa a migré du sommet vers la Zone de Rift Nord-Est où des fissures alimentent plusieurs coulées de lave en amont de l’Observatoire Météorologique. Les coulées de lave ne menacent pas des zones habitées et tout laisse penser que l’éruption restera dans la zone de rift nord-est.Les gaz volcaniques et éventuellement les cendres fines et les cheveux de Pelé peuvent être transportés le long de la pente.
Source : HVO.

Les zones de rift du Mauna Loa (Source: USGS)

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At approximately 11:30 p.m. (local time) on November 27th, 2022, an eruption began in Moku‘āweoweo, the summit caldera of Mauna Loa. At this time, lava flows are contained within the summit area and are not threatening downslope communities.

Residents at risk from Mauna Loa lava flows should review preparedness and refer to Hawaii County Civil Defense information for further guidance.

Based on past events, the early stages of a Mauna Loa eruption can be very dynamic and the location and advance of lava flows can change rapidly. If the eruption remains in Moku‘āweoweo, lava flows will most likely be confined within the caldera walls. However, if the eruptive vents migrate outside its walls, lava flows may move rapidly downslope.

Source: HVO.

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07:00 pm (French time : 6:00 am, local time): The eruption continues at the summit of Mauna Loa. All vents remain restricted to the summit area. The summit glow can be seen from Kona. There is currently no indication of any migration of the eruption into a rift zone.

The Volcano Alert Level has been raised to WARNING and the Aviation Color Code remains at RED.

Source: HVO.

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22:00 (French time / (11:00 am local time) ; The eruption of Mauna Loa has migrated from the summit to the Northeast Rift Zone where fissures are feeding several lava flows upslope of the Mauna Loa Weather Observatory. Lava flows are not threatening any communities and all indications are that the eruption will remain in the Northeast Rift Zone. Volcanic gas and possibly fine ash and Pele’s Hair may be carried downwind.

Source: HVO.

Vue de la caldeira sommitale (Crédit photo: USGS)

Plancher de la caldeira sommitale (Photo: C. Grandpey)

Système d’alerte sur les pentes du volcan (Photo: C. Gtandpey)

Début de deux éruptions // Two eruptions are starting

L’INGV indiquait le 27 septembre 2022 qu’en début de soirée, à partir de 17h00 (UTC), le réseau de vidéosurveillance de l’Etna (Sicile) montrait qu’une bouche effusive s’était ouverte à la base nord-est du cratère SE, à une altitude d’environ 2800 m d’altitude. On observait une petite coulée de lave qui avançait lentement en direction de la Valle del Leone. Le tremor volcanique ne montrait pas de variations significatives.

Pas d’autres informations dans la matinée du 28 novembre. Les conditions météo sont très mauvaises dans le sud de l’Italie et en Sicile, avec une coulée de boue dévastatrice sur l’île d’Ischia et de nouveaux torrents de boue dans les ruelles de Stromboli.

Avant que les nuages envahissent le volcan, on a pu observer un très beau lever de soleil sur l’Etna.

Vers 23h30. (heure locale) le 27 novembre 2022, ce fut au tour du Mauna Loa (Hawaii) de se mettre en évidence, avec le début d’une éruption dans la Moku’āweoweo, la caldeira sommitale. À l’heure actuelle, les coulées de lave sont contenues dans la zone sommitales et ne menacent pas les zones habitées en aval. Les populations susceptibles d’être menacées par les coulées de lave doivent donc se préparer à une éventuelle évacuation et se référer à la Protection civile pour plus d’informations.
Cette éruption n’est pas vraiment une surprise. Cela faisait plusieurs mois que le Mauna Loa s’agitait, avec une hausse de la sismicité et une tendance au gonflement de l’édifice volcanique.

Photos: C. Grandpey

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INGV indicated on September 27th, 2022 that in the early evening, from 5:00 p.m. (UTC), Mt Etna‘s video surveillance network showed that an effusive vent had opened at the northeast base. of the SE crater, at about 2800 m above sea level. A small lava flow was advancing slowly toward the Valle del Leone. The volcanic tremor did not show significant variations.
There iso further information on the morning of November 28th. The weather conditions are very poor in the south of Italy and in Sicily, with a devastating mudslide on the island of Ischia and new mud flows in the small streets of Stromboli.
Before the clouds invade the volcano, one could observe a very beautiful sunrise on Mt Etna.

Around 11:30 p.m. (local time) on November 27th, 2022, Mauna Loa (Hawaii) started erupting in Moku’āweoweo, the summit caldera. At present, the lava flows are contained in the summit area and do not threaten populated areas downslope. Populations likely to be threatened by lava flows must therefore prepare for a possible evacuation and refer to Civil Protection for more information.
This eruption is not really a surprise. Mauna Loa had been showing unrest for several months, with an increase in seismicity and an inflation of the volcanic edifice.