Mauna Loa (Hawaii) : dernières nouvelles de l’éruption // Latest news of the eruption

8 heures (heure française) : L’éruption du Mauna Loa se poursuit sur la Rift Zone Nord-Est. Trois fissures se sont ouvertes et en début d’après-midi le 28 novembre 2022, seule la plus basse des trois fissures était active. Les fontaines les plus hautes avaient des hauteurs entre 30 et 60 m, mais la plupart ne mesurent que quelques mètres de hauteur. Les fissures ont émis des coulées de lave en direction du nord-est et parallèlement à la zone de rift. Les coulées de lave émises par les deux fissures les plus en amont se sont arrêtées à environ 18 km de la Saddle Road. La fissure 3 alimente actuellement des coulées de lave qui se déplacent vers l’est, parallèlement à la zone de rift nord-est. Ces coulées restent à plus de 3 000 m d’altitude et à plus de 16 km de la Saddle Road. Le HVO ne s’attend pas à ce que les fractures les plus en amont se réactivent. Cependant,de nouvelles fractures peuvent s’ouvrir le long de la zone de rift nord-est en dessous de celles qui sont actives actuellement.
Il n’y a pas de lave active dans la caldeira sommitale de Moku’āweoweo, et il n’y a pas de lave émise par la zone de rift sud-ouest. Le HVO ne s’attend pas à une activité éruptive ailleurs que sur la zone de rift nord-est. Aucune zone habitée n’est menacée en ce moment.
Source : HVO.

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21 heures (heure française / 10 heures, heure locale) : L’éruption continue sur la zone de rift nord-est du Mauna Loa, à partir de plusieurs fractures qui produisent des coulées de lave actives. Plusieurs d’entre elles se dirigent vers le nord-est. La plus longue et la plus large sort de la fracture 3. Cette coulée de lave a traversé vers 20 heures le 28 novembre au soir la route de l’Observatoire météorologique du Mauna Loa et le front de coulée était situé à environ 10 km de la Saddle Road à 7 h le matin du 29 novembre.
Les fontaines de la fracture 3 mesurent jusqu’à 25 m de haut et les fontaines de la fracture 4, qui est apparue dans la soirée du 28 novembre, mesurent 5 à 10 m de haut.
Il n’y a pas de lave active dans la caldeira de Moku’āweoweo, et il n’y a pas de sorties de lave dans la zone de rift sud-ouest. Toutes les coulées de lave se trouvent sur le flanc nord-est du Mauna Loa. Aucun bien n’est en danger actuellement. La zone d’entraînement de Pohakuloa de l’armée américaine se trouve dans le secteur. La seule structure qui pourrait être menacée est l’Observatoire météorologique du Mauna Loa, là où sont mesurées les concentrations de CO2 dans l’atmosphère.
Les scientifiques locaux s’attendent à ce que l’éruption dure environ une ou deux semaines si le volcan suit les schémas du passé.
À long terme, les coulées de lave pourraient ressembler à celles de 1984 et pourraient potentiellement menacer les zones habitées autour de Hilo, mais il faudrait environ une semaine avant que la lave se trouve dans une telle situation. Il faut espérer que la lave actuelle se déplace parallèlement à celle de 1984. Dans ce cas, la lave, bien que constituant un événement spectaculaire, aurait relativement peu d’impact sur les habitants et les visiteurs de l’île.
Source : HVO.

Activité de la fracture n°3 dans la zone de rift NE (capture image webcam)

Observatoire du Mauna Loa (Photo: C. Grandpey)

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8:00 am (French time) : The eruption of Mauna Loa continues on the Northeast Rift Zone. Three fissures erupted and in theearly afternoon of November 28th, 2022, only the lowest of the three fissures was active. Estimates of the tallest fountain heights are between 30 and 60 m, but most are a few meters tall. The fissures sent lava flows to the northeast and parallel to the rift zone. Lava flows from the two higher fissures moved downslope but stalled about 18 km from Saddle Road. Fissure 3 is currently feeding lava flows moving east parallel to the Northeast Rift Zone. These remain at above 3,000 m elevation and over 16 km away from Saddle Road. HVO does not not expect upper fissures to reactivate. However, additional fissures could open along the Northeast Rift Zone below the current ones, and lava flows can continue to travel downslope.

There is no active lava within Moku’āweoweo caldera, and there is no lava erupting from the Southwest Rift Zone. HVO does not expect any eruptive activity outside the Northeast Rift Zone. No property is at risk currently.

Source: HVO.

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9:00 pm (French time) / 10 am, local time) : The Northeast Rift Zone eruption of Mauna Loa continues from several fissures emittibg active lava flows. Several of them are traveling in a northeast direction. The longest and largest one is issuing from fissure 3. This lava flow crossed the Mauna Loa Weather Observatory Road at approximately 8 p.m. on November 28th in the evening, and the flow front was located approximately 10 km from Saddle Road at 7 a.m. on the morning of November 29th.

Fountains at fissure 3 are up to 25 m high and fountains are fissure 4, which formed in the evening of November 28th, are 5-10 m tall.

There is no active lava within Moku’āweoweo caldera, and there is no lava erupting from the Southwest Rift Zone. All lava flows are on the northeast flank of Mauna Loa. No property is at risk currently. The U.S. military’s Pohakuloa Training Area is located in the area. The only facility that could be threatened is the Mauna Loa Weather Observatory where the CO2 concentrations in the atmosphere are measured.

Local scientists expect the eruption will last around one or two weeks if the volcano follows historical patterns.

In the long term, the lava flows might be similar to what happened in 1984 and could potentially threaten populated areas around Hilo, but it would be about a week before lava got anywhere near that direction. It is hoped that lava will go parallel with the 1984 eruption, and this lava flow, while it will be a big spectacular event, will have relatively little impact on residents and visitors to the island.

Source: HVO.

Vue aérienne des coulées sur la zone de rift NE (Crédit photo: USGS)

Emplacement des coulées sur le rift nord-est (Source: USGS)

L’éruption vue depuis le Mauna Kea (capture image webcam)

Mauna Loa (Hawaii) : nouvelle éruption à huis clos // New eruption behind closed doors

Il y a actuellement deux éruptions à Hawaii. Le Kīlauea est en éruption depuis le 29 septembre 2021 et la lave reste à l’intérieur du cratère de l’Halema’uma’u. Le parc national est ouvert au public et l’éruption du Mauna Loa n’a eu aucun impact sur le Kilauea qui se visite normalement, avec les restrictions d’accès déjà existantes. Un petit lac de lave est visible depuis les points d’observation prévus le long de la caldeira sommitale,
Ne vous précipitez pas pour acheter des billets d’avion pour aller voir l’éruption du Mauna Loa (elle a commencé le 27 novembre 2022) car vous ne serez pas autorisé à vous approcher des coulées de lave. Le Parc national des volcans d’Hawaii a interdit la circulation sur la Mauna Loa Road depuis son point de départ à Kīpukapuaulu. Le sommet, les huttes et toutes les zones de haute altitude du Mauna Loa sont fermés au public depuis début octobre, lorsque le volcan a commencé à montrer des signes d’activité avec une hausse de la sismicité. La Mauna Loa Observatory Road, qui part de la Saddle Road et se trouve à l’extérieur du Parc national, est également fermée.
En conséquence, les autorités locales conseillent vivement aux touristes de consulter le site web du Parc pour être informés « des mises à jour de fermetures, des alertes de sécurité, de la qualité de l’air »; il est également recommandé d’ouvrir les liens vers les webcams de l’Observatoire et les mises à jour sur les éruptions.
Il existe également une restriction de vol dans un rayon de 5 milles marins (environ 9 km) autour du sommet du Mauna Loa et jusqu’à 1 500 mètres au-dessus du sol. Cette restriction a été imposée par la Federal Aviation Administration. Seuls les vols d’intervention d’urgence autorisés échappent à la restriction.
Il semble que la situation sur le Mauna Loa lors de l’éruption actuelle ressemblera à l’éruption du Kilauea en 2018. Personne, à l’exception des scientifiques locaux et du personnel de la Protection civile, n’a été autorisé à s’approcher des coulées de lave. Des plates-formes d’observation ont été promises par les autorités locales mais n’ont jamais vu le jour!

A noter par ailleurs que les drones sont formellement interdits dans les parcs nationaux aux Etats Unis.

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There are currently two eruptions in Hawaii. Kīlauea has been erupting since September 29th, 2021, and the lava has been confined to Halema’uma’u Crater. The National Park is open to the public and the Mauna Loa eruption has not had any impact on Kilauea which can be visited normally, with the amlready existing access restrictions. A small lava lake is visible from viewing areas along Kilauea’s summit caldera,

Don’t rush to buy plane tickets to go and see the Mauna Loa eruption (it started on November 27th, 2022) because you won’t be allowed to go near the lava flows. Volcanoes National Park has closed traffic to Mauna Loa Road from the gate at Kīpukapuaulu. Mauna Loa’s summit, cabins and high-elevation areas have already been closed since early October, when the volcano started showing signs of unrest and increased seismicity. Mauna Loa Observatory Road, which starts from the Saddle Road and is outside of the National Park, is also closed to the public.

As a consequence, officials urge visitors to check the Park website before visiting for “closure updates, safety alerts, air quality” and links to the Hawaiian Volcano Observatory webcams and eruption updates.

There is also a temporary flight restriction across a 5 nautical mile radius around Mauna Loa summit and up to 1,500 meters above ground level, put in place by the Federal Aviation Administration. Only approved emergency response flights are excepted from the restriction.

It looks as if the situation on Mauna Loa during the current eruptin will be like Kilauea’s 2018 eruption. Nobody except local scientists and Civil Defence staff was allowed to get close to the lava flows. Observation platforms were promised by local authorities but were never set up!

People are reminded that the use of drones is strictly forbidden in all U.S. national parks.

Image satellite de l’éruption, avec les 3 coulées de lave (Source: Copernicus)

Les volcans et l’atmosphère infernale de Vénus // Volcanoes and Venus’ hellish atmosphere

Selon une étude publiée dans le Planetary Science Journal au début de l’année 2022, le volcanisme à grande échelle qui a recouvert de lave 80% de la surface de Vénus a probablement été le facteur décisif qui a fait passer la planète d’un monde humide et doux à une atmosphère sulfurique irrespirable.
La température de surface sur Vénus est d’environ 464 degrés Celsius, et il y a une pression de 90 atmosphères sous les nuages de dioxyde de carbone où se mêle l’acide sulfurique. Souvent considérée comme la « jumelle maléfique » de la Terre, Vénus est victime d’un effet de serre incontrôlable, probablement amplifié par la proximité de la planète avec le Soleil, ce qui signifie qu’elle reçoit plus de chaleur.
Cependant, il y a de plus en plus de preuves que Vénus a probablement été autrefois – et plus récemment qu’on le pense – un monde tempéré assez semblable à celui que nous connaissons sur Terre. Ce sont les scientifiques du Goddard Space Flight Center de la NASA dans le Maryland qui ont développé cette nouvelle approche de Vénus. Dans leur dernier article, ils affirment que c’est probablement le volcanisme de Vénus qui a chamboulé l’atmosphère de la planète en y envoyant de grandes quantités de dioxyde de carbone.
Dans les années 1990, le vaisseau spatial Magellan de la NASA a cartographié la surface de Vénus, invisible autrement car elle est obscurcie par l’atmosphère dense de la planète. La mission a découvert qu’une grande partie de la surface était recouverte de basalte d’origine volcanique. C’est le résultat de dizaines de milliers, voire de centaines de milliers d’années d’un volcanisme intense qui s’est produit à un moment donné au cours du dernier milliard d’années. En particulier, plusieurs de ces éruptions sont survenues en l’espace d’un million d’années, et chacune a recouvert de lave des centaines de milliers de kilomètres carrés. Ces éruptions ont probablement envahi l’atmosphère de Vénus d’une telle quantité de dioxyde de carbone qu’elle n’a pas pu l’absorber. Les océans existants se sont évaporés, ce qui a ajouté de l’humidité à l’atmosphère, et comme la vapeur d’eau est aussi un gaz à effet de serre, cela a accéléré l’effet de serre existant. Au fil du temps, l’eau s’est perdue dans l’espace, mais le dioxyde de carbone est resté et a donné naissance au monde inhospitalier qui existe aujourd’hui.
La fréquence à laquelle des événements volcaniques de grande ampleur se sont produits sur Terre, avec la formation de grandes provinces ignées, signifie que plusieurs de ces événements ont pu se produire sur Vénus en l’espace d’un million d’années. La Terre elle-même a connu des événements similaires, avec des « super-éruptions » qui ont entraîné des événements d’extinction de masse au cours des derniers 500 millions d’années. Par exemple, l’extinction massive de l’ère du Dévonien supérieur il y a 370 millions d’années a été attribuée par certains au super-volcanisme dans ce qui est aujourd’hui la Russie et la Sibérie, en même temps qu’à une autre éruption majeure en Australie. L’extinction massive du Trias-Jurassique est largement imputée à la formation de la plus grande des provinces ignées sur Terre, la Province Magmatique de l’Atlantique Central, il y a 200 millions d’années. Même la mort des dinosaures il y a 65 millions d’années peut avoir été causée à la fois par un astéroïde et par une super éruption dans les Trapps du Deccan en Inde.
Pour des raisons encore inconnues, des événements volcaniques semblables sur Vénus ont été beaucoup plus répandus et ont provoqué un effet de serre qui a transformé la planète. Dans le même temps sur Terre, le cycle carbone-silicate qui joue le rôle de thermostat naturel de la planète, avec échange du dioxyde de carbone et d’autres gaz à effet de serre entre le manteau et l’atmosphère pendant des millions d’années, a pu empêcher la Terre de devenir comme Vénus.
Deux futures missions de la NASA tenteront de répondre à certaines questions : la mission DAVINCI visant à étudier les gaz sur Vénus, sera suivie de VERITAS – Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography and Spectroscopy – au début des années 2030. La mission EnVision de l’Agence Spatiale Européenne devrait débuter dans les années 2030, tandis que la Chine a proposé une possible mission VOICE qui atteindrait Vénus en 2027 pour étudier l’atmosphère et la géologie de la planète. L’un des principaux objectifs de DAVINCI est d’étudier l’histoire de l’eau sur Vénus ainsi que le moment où elle a pu disparaître. Cela fournira un aperçu de la façon dont le climat de Vénus a changé au fil du temps.
Source : Space.com.

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According to a study published in the Planetary Science Journal early in 2022, massive global volcanism that covered 80% of Venus’ surface in lava may have been the deciding factor that transformed Venus from a wet and mild world into the suffocating, sulfuric planet that it is today.

The surface temperature on Venus is about 464 degrees Celsius, and there is a pressure of 90 atmospheres underneath the dense clouds of carbon dioxide laced with sulfuric acid. Often decried as Earth’s « evil twin, » Venus is a victim of a runaway greenhouse effect, probably amplified by Venus’ proximity with the Sun, which means it is receiving more heat.

However, there is growing evidence that Venus could have once been a temperate world somewhat similar to Earth, perhaps more recently than expected.

Scientists at NASA’s Goddard Space Flight Center in Maryland, have developed this new vision of Venus. In their latest paper, they argue that Venus’ volcanism could have ultimately been what pushed the planet over the edge by sending vast amounts of carbon dioxide billowing into Venus’ atmosphere.

In the 1990s, NASA’s Magellan spacecraft mapped the surface of Venus, which is otherwise obscured by the planet’s dense atmosphere, and found that much of the surface was covered in volcanic basalt rock. This is the result of tens of thousands, if not hundreds of thousands of years’ worth of massive volcanism that occurred at some point in the past billion years. In particular, several of these events coming in the space of a million years, and each covering hundreds of thousands of square kilometers in lava, could have endowed Venus’ atmosphere with so much carbon dioxide that the climate was unable to cope. Existing oceans boiled away, adding moisture to the atmosphere, and because water vapour is also a greenhouse gas, it accelerated the greenhouse effect. Over time, the water was lost to space, but the carbon dioxide, and the inhospitable world, remained.

The frequency with which massive volcanic events forming large igneous provinces have occurred on Earth implies that it is likely that several such events could have occurred on Venus within a million years. Earth itself has had some similar events, with « super-volcanoes » which have been connected to numerous mass-extinction events over the past half-a-billion years. For example, the Late Devonian era mass extinction 370 million years ago has been attributed by some to super-volcanism in what is now Russia and Siberia, as well as to a separate super-volcanic eruption in Australia. The Triassic–Jurassic mass extinction is widely blamed on the formation of the biggest of Earth’s large igneous provinces, the Central Atlantic Magmatic Province, 200 million years ago. Even the death of the dinosaurs 65 million years ago may have been caused both by an asteroid strike and super-volcanism in the Deccan Traps in India.

For unknown reasons, similar volcanic events on Venus were much more widespread and instigated a runaway greenhouse effect that transformed the planet. Meanwhile on Earth, the carbon-silicate cycle that acts as the planet’s natural thermostat, exchanging carbon dioxide and other greenhouse gases between the mantle and the atmosphere over millions of years, was able to prevent Earth from following the same path as Venus.

Two future NASA missions will endeavour to answer some of these questions. the DAVINCI mission aimed at studying gases on Venus, will be followed by VERITAS – Venus Emissivity, Radio Science, InSAR, Topography and Spectroscopy – in the early 2030s. The European Space Agency’s EnVision mission also targets launch sometime in the 2030s, while China has proposed a possible mission called VOICE that would reach Venus in 2027 to study the planet’s atmosphere and geology. A primary goal of DAVINCI is to narrow down the history of water on Venus and when it may have disappeared, providing more insight into how Venus’ climate has changed over time.

Source: Space.com.

Image composite de Vénus réalisée à partir des données fournies par les sondes Magellan et Pioneer Venus Orbiter (Source: NASA)

Reconstitution en trois dimensions du Maat Mons, l’un des principaux volcans sur Vénus avec ses quelque 8 km de hauteur (Source: NASA)