Octobre 2022 : record de chaleur en Europe // The hottest October ever in Europe

Il y a quelques jours, j’indiquais qu’en France, le mois d’octobre 2022 a été le plus chaud des annales avec une anomalie de +3.6°C par rapport à la période 1981-2010. La période janvier-octobre 2022 est la plus chaude jamais observée en France avec une anomalie de +1.9°C, nettement devant le précédent record pour la période (+1.4°C en 2020).

Le service européen sur le changement climatique Copernicus nous apprend aujourd’hui que le mois d’octobre 2022 a été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Les températures moyennes ont été « près de 2°C au-dessus de la période de référence 1991-2020 ».

Le continent européen est celui qui se réchauffe le plus rapidement sur Terre. Selon l’OMM, au cours des 30 dernières années, l’Europe a enregistré une hausse des températures plus de deux fois supérieure à la moyenne planétaire, avec un réchauffement d’environ 0,5°C par décennie.

Dans certaines parties du continent, cette chaleur anormale vient s’ajouter à un déficit de pluies.

Source: Copernicus, France Info.

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A few days ago, I indicated that in France, the month of October 2022 was the hottest on record with an anomaly of +3.6°C compared to the period 1981-2010. The January-October 2022 period was the hottest ever observed in France with an anomaly of +1.9°C, well ahead of the previous record for the period (+1.4°C in 2020).
The European climate change service Copernicus informs us today that October 2022 was the hottest month on record in Europe. Average temperatures were « nearly 2°C above the 1991-2020 reference period ».
The European continent is the fastest warming continent on Earth. According to the WMO, over the past 30 years, Europe has experienced a rise in temperature more than twice the global average, with a warming of around 0.5°C per decade.
In some parts of the continent, this abnormal heat comes on top of a lack of rain.
Source: Copernicus, France Info.

2022, une année noire pour les glaciers alpins

Il va falloir être très attentif au niveau de précipitations dans les Alpes au cours de l’hiver 2022-2023. Si on assiste à la répétition de l’hiver 2021-2022, avec des chutes de neige très insuffisantes, la situation glaciaire risque de devenir catastrophique à un point que personne n’aura imaginé. Les stations de ski devront, elles aussi, s’inquiéter car la tendance sur le long terme n’est pas réjouissante.

Les Suisses ont tiré la sonnette d’alarme à l’issue de l’été 2022 car la fonte des glaciers dans le pays s’est considérablement accélérée. Selon un rapport de la Commission d’experts réseau de mesures cryosphère de l’Académie suisse des sciences naturelles, les glaciers suisses ont perdu en 2022 trois kilomètres cubes de glace, soit 6% de leur volume total.

Tous les scientifiques s’accordent pour dire que l’année 2022 a été catastrophique pour les glaciers suisses. À titre de comparaison, une perte de 2% du volume en une année était jusque-là considérée comme « extrême ». En fait, c’est tout le massif alpin qui a été impacté par les dernières vagues de chaleur.

Comme en France, l’accélération de la fonte des glaciers a été provoquée par un hiver sec, si bien que l’épaisseur de neige dans les Alpes au printemps n’avait jamais été aussi faible. Avec peu de neige, la zone d’accumulation, là où les glaciers prennent leur source, n’a pas été alimentée. Se sont ensuite ajoutées les poussières de sable du Sahara, qui ont absorbé davantage de chaleur en réduisant l’albédo et en accélérant la fonte. Cela a privé les glaciers de leur couche de neige protectrice dès le début de l’été. La glace a ensuite été soumise à des vague de chaleur. Au mois de juin, la Mer de Glace perdait 10 centimètres d’épaisseur par jour.

Les scientifiques expliquent que le phénomène devrait s’accélérer. On peut lire dans le rapport de la Commission suisse : « Les observations montrent, que de nombreuses langues de glace s’effritent et que des îlots de rochers apparaissent au milieu du glacier quand la glace n’est pas très épaisse. Autant de processus qui accélèrent encore la dégradation. »

La situation glaciaire en Suisse est d’autant plus inquiétante que l’hydroélectricité assure plus de 60% de la production totale d’énergie du pays. Pour le moment, l’eau des glaciers a permis de maintenir un certain niveau. Au train où vont les choses, il y a le risque que dans cinquante ans les glaciers aient pratiquement disparu et ils ne pourront donc pas fournir d’eau.

Certains font remarquer que la fonte a aussi des effets positifs. Les eaux de fonte ont permis de compenser les faibles précipitations et de remplir une partie des lacs artificiels utilisés pour la production d’électricité. Là encore, la hausse des eaux de fonte est un phénomène très ponctuel. Le jour où les glaciers auront disparu, il n’y aura plus d’eau de fonte!

Vue du glacier du Rhône

Comme sur la Mer de Glace, une bâche blanche recouvre l’entrée de la grotte creusée dans le Glacier du Rhône

La source du Rhône, alimentée par la fonte du glacier

Le glacier du Gorner est lui aussi, victime du réchauffement climatique

(Photos: C. Grandpey)