Le glacier Columbia (Alaska) continue de fondre // Columbia Glacier (Alaska) keeps melting

Le Columbia est l’un de mes glaciers préférés en Alaska. Malheureusement, comme pour les autres rivières de glace dans le monde, les nouvelles ne sont pas bonnes.
La zone d’accumulation du glacier Columbia se situe à 3 050 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le glacier avance ensuite sur les flancs des Chugach Mountains avant d’emprunter un étroit bras de mer qui le conduit vers le Prince William Sound, dans le sud-est de l’Alaska. Le Columbia l’un des glaciers qui avancent le plus vite dans le monde. C’est aussi un « tidewater glacier » qui vêle de nombreux icebergs quand il entre en contact avec la mer.
Lorsque les explorateurs britanniques l’ont parcouru pour la première fois en 1794, il s’étirait vers le sud jusqu’à la rive nord de Heather Island, près de l’embouchure de la Columbia Bay. Le glacier a conservé cette position jusqu’en 1980, date à laquelle le glacier a amorcé un recul rapide qui se poursuit aujourd’hui.
La vidéo en accéléré ci-dessous présente des couleurs artificielles permettant de mieux voir l’évolution du glacier au fil des ans. Les images ont été fournies par les satellites Landsat de la NASA. Elles montrent l’évolution du glacier et du paysage environnant depuis 1986. La neige et la glace apparaissent en couleur cyan, la végétation est verte, les nuages ​​sont blancs ou orange clair et la mer en bleu foncé. Le substrat rocheux est de couleur marron, tandis que les dépôts rocheux à la surface du glacier sont gris.
Depuis les années 1980, le front du Columbia a reculé de plus de 20 kilomètres vers le nord. Certaines années, il a reculé de plus d’un kilomètre, mais cette vitesse de recul est très variable. Par exemple, il a marqué une pause entre 2000 et 2006 parce que le Great Nunatak Peak et le Kadin Peak (juste à l’ouest) ont ralenti le mouvement du glacier et ont maintenu la glace en place.
Au fur et à mesure que le Columia a reculé, il s’est aussi aminci considérablement, comme le montrent les zones d’encaissement dépourvues de végétation dans les images Landsat. Ce phénomène a également été confirmé par les photos de James Balog. Depuis les années 1980, le glacier a perdu plus de la moitié de son épaisseur et de son volume.

https://earthobservatory.nasa.gov/world-of-change/ColumbiaGlacier

Source: NASA.

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The Columbia in Alaska is one of my favourite glaciers. Unfortunately, like for the other rivers of ice in the world, the news is not good.

The Columbia Glacier descends from an icefield 3,050 metres above sea level, down the flanks of the Chugach Mountains, and into a narrow inlet that leads into Prince William Sound in southeastern Alaska. It is one of the most rapidly changing glaciers in the world.

The Columbia is a large tidewater glacier, flowing directly into the sea. When British explorers first surveyed it in 1794, its terminus extended south to the northern edge of Heather Island, near the mouth of Columbia Bay. The glacier held that position until 1980, when it began a rapid retreat that continues today.

The time lapse video below has false colours allowing to better see the evolution of the glacier through the years. The images were captured by NASA’s Landsat satellites. They show how the glacier and the surrounding landscape has changed since 1986. Snow and ice appear bright cyan, vegetation is green, clouds are white or light orange, and open water is dark blue. Exposed bedrock is brown, while rocky debris on the glacier’s surface is gray.

Since the 1980s, the terminus has retreated more than 20 kilometres to the north. In some years, the terminus retreated more than a kilometre, though the pace has been uneven. The movement of the terminus stalled between 2000 and 2006, for example, because the Great Nunatak Peak and Kadin Peak (directly to the west) constricted the glacier’s movement and held the ice in place.

As the glacier terminus has retreated, the Columbia has thinned substantially, as shown by the expansion of brown bedrock areas in the Landsat images. This was also confirmed by James Balog’s photos. Since the 1980s, the glacier has lost more than half of its total thickness and volume.

https://earthobservatory.nasa.gov/world-of-change/ColumbiaGlacier

Source: NASA.

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Evolution du Columbia au cours de la dernière décennie :

Source: NASA

Photo: C. Grandpey

Source: NASA

Photo: C. Grandpey

Source: NASA

Grosses inquiétudes pour le glacier Thwaites en Antarctique // Major concerns for Thwaites Glacier in Antarctica

Le glacier Thwaites, parfois appelé ‘glacier de l’apocalypse’, est une immense rivière de glace de l’Antarctique Occidental qui se jette dans la baie de Pine Island. Tout comme le glacier de Pine Island, il est étroitement surveillé car on sait que sa fonte et sa disparition  pourraient faire s’élever considérablement le niveau des océans.

En ce moment, la glace qui s’échappe par vêlage du glacier Thwaites et termine sa course dans la Mer d’Amundsen représente environ 4% de l’élévation du niveau de la mer dans le monde. La crainte des glaciologues, c’est que le Thwaites s’écroule* et disparaisse, faisant s’élever d’environ 65 cm le niveau des océans en fondant. Ce n’est pas tout. Comme je l’ai signalé à plusieurs reprises, l’écroulement du glacier Thwaites aurait probablement un effet domino et déclencherait un écroulement glaciaire en chaîne dans la partie occidentale de l’Antarctique, ce qui pourrait entraîner une élévation du niveau de la mer pouvant atteindre 1,80 mètre. Ce serait bien sûr catastrophique pour les villes côtières dans le monde. Selon le directeur du programme de glaciologie antarctique à l’America’s National Science Foundation, le glacier Thwaites est la clé de voûte des autres glaciers en Antarctique Occidental. «S’il s’écroule, les autres glaciers feront de même et commenceront à partir dans l’océan.»
Ce qui inquiète les glaciologues, c’est que le glacier Thwaites perd de plus en plus de glace et le processus semble s’accélérer. La grande question est de savoir à quel moment il va perdre sa stabilité. Des équipes de scientifiques effectuent des forages dans le glacier pour savoir s’il est sur le point de commencer à s’écrouler.
Il faut savoir que le glacier est immense. Sa taille est celle de la Grande-Bretagne et on pense qu’il est particulièrement sensible au réchauffement climatique. Au cours des 30 dernières années, la quantité de glace vêlée par le Thwaites et les glaciers voisins a presque doublé.
Ils ne sont probablement pas près d’arrêter de fondre. En effet, le pôle Sud s’est réchauffé trois fois plus rapidement que les autres régions du globe au cours des trois dernières décennies. Des études publiées dans la revue Nature Climate Change indiquent que les températures ne cessent de grimper au pôle Sud depuis 1989, avec une hausse de 0,6 degrés par décennie, soit trois fois la hausse pour le reste de la planète.
Les chercheurs pensent que cette hausse des températures est certes due à une augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais aussi à des changements météorologiques naturels sous les tropiques. Cependant, les concentrations de CO2 provenant des activités humaines semblent être la principale cause de la situation actuelle en Antarctique.
Source: Presse scientifique américaine.

* L’‘écroulement’ d’un glacier fait référence à un vêlage de très grande ampleur comme celui du glacier Helheim au Groenland : https://youtu.be/7tyfSlnMe8E

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Thwaites Glacier, sometimes referred to as the Doomsday Glacier, is a huge glacier of West Antarctica flowing into the Pine Island Bay. Like Pine Island Glacier, it is closely watched for its potential to raise sea levels.

Even now, ice draining from Thwaites Glacier into the Amundsen Sea accounts for about 4% of global sea-level rise, but scientists fear it could collapse and then raise sea levels about 65cm as it melts. What is more, the collapse of the Thwaites Glacier could trigger a runaway collapse across the western half of Antarctica that could lead to a sea level rise of up to 1.80 metres. Such a rise would be catastrophic for coastal cities around the world. According to the programme director for Antarctic glaciology at America’s National Science Foundation, Thwaites is a keystone for the other glaciers around it in West Antarctica. “If you remove it, other ice will potentially start draining into the ocean too.”

What worries glaciologists is that Thwaites Glacier is losing ice faster and faster, and that the process seems to be accelerating. The big question is how quickly it becomes unstable.

Teams of scientists are drilling into Thwaites Glacier to find out if it is about to collapse.

The glacier is the size of Great Britain, and thought to be particularly susceptible to climate change. Over the past 30 years, the amount of ice flowing out of Thwaites and its neighbouring glaciers has nearly doubled.

It looks as if Thwaites Glacier is not about to stop melting. The South Pole, the most remote place on the planet, has warmed three times faster than other areas over the past three decades. Research published in Nature Climate Change indicates that temperatures lave rocketted upwards at the South Pole since 1989, with a rise of 0.6 degrees per decade, three times the rate for the rest of the planet.

Researchers believe the high temperatures are being fuelled not just by a rise in greenhouse gases, but also by natural weather shifts in the tropics. However, CO2 concentrations from human activities seem to be the main cause of the current situation in Antarctica.

Source: American scientific press.

* The ‘collapse’ of a glacier refers to large scale calving like the one observed on Helheim Glacier in Greenland : https://youtu.be/7tyfSlnMe8E

Source: Wikipedia

Processus de fonte des glaciers en Antarctique (Source: British Antarctic Survey)

La fonte inquiétante des glaciers (suite) // The alarming melting of glaciers (continued)

Un documentaire récemment diffusé sur la chaîne du National Geographic nous apprend que les glaciers himalayens autour de l’Everest fondent rapidement eux aussi. C’est le résultat d’observations et analyses faites par une équipe scientifique qui a gravi la plus haute montagne du monde. Contrairement à ce que d’autres expéditions ont conclu ces dernières années, les glaciers himalayens fondent, même à très haute altitude, au-dessus des zones d’accumulation. Les membres de la dernière expédition comprenaient des glaciologues et des biologistes. Ils ont effectué des mesures sur les glaciers et  dans les lacs et tous sont d’accord pour dire que le réchauffement climatique affecte les montagnes, même à très haute altitude.
L’Himalaya n’est pas seulement la plus jeune chaîne de montagnes, mais aussi le Troisième Pôle. Une région très importante de la chaîne de montagnes est l’Hindu Kush Himalaya (HKH) qui s’étend sur 3 500 kilomètres carrés dans huit pays, dont l’Inde, le Népal et la Chine. On le considère comme le château d’eau de l’Asie en raison de sa réserve d’eau sous forme de glace.
On estime que le HKH a la plus grande réserve de neige après les pôles ; ses glaciers sont essentiels à la vie d’un tiers de la population à travers le monde. Cela signifie que sans cette eau potable et d’irrigation, la vie serait impossible dans la péninsule indienne.
La situation actuelle des glaciers de l’Hindu Kush Himalaya est particulièrement alarmante. Selon une étude internationale sur les glaciers du monde publiée dans la revue Nature Geoscience, ceux du HKH contiennent probablement 27% moins de glace que le prétendaient les études antérieures. De plus, la région devrait perdre la moitié de sa superficie glaciaire d’ici 2060, donc dix ans plus tôt que l’échéance précédemment prévue de 2070.
Certains scientifiques font remarquer que le nombre de glaciers dans la région himalayenne a augmenté, mais c’est une illusion. Cette augmentation du nombre de glaciers est principalement due à la fragmentation des glaciers, les plus grands se divisant en plus petits. Cela se produit en raison du réchauffement climatique et de la perte constante de zones occupées par les glaciers.

À une échelle beaucoup plus petite, les glaciers du Mont Blanc dans les Alpes françaises fondent eux aussi de plus en plus vite. Tout en perdant leur glace, ils livrent leurs secrets Une brassée de journaux a récemment émergé du glacier des Bossons près de Chamonix. On peut encore y lire les gros titres : ils informaient les lecteurs qu’Indira Gandhi était devenue la première, et jusqu’alors la seule, femme Premier ministre de l’Inde en 1966.
Les exemplaires des journaux indiens se trouvaient probablement à bord d’un Boeing 707 d’Air India qui s’est écrasé sur la montagne le 24 janvier 1966, faisant 177 morts.
Une fois que les journaux auront séché, ils rejoindront une collection de plus en plus importante d’articles trouvés suite à la catastrophe. La découverte la plus étonnante a eu lieu en 2013, avec un coffret de pierres précieuses – émeraudes, saphirs et rubis – d’une valeur comprise entre 130 000 et 246 000 euros, probablement en provenance du crash de 1966.
Des restes humains ont également été retrouvés dans la même zone du glacier en 2017. On pense qu’ils provenaient du crash d’un autre avion indien, le Malabar Princess, qui est entré en collision avec la montagne en 1950.
Voir la note que j’ai écrite le 15 septembre 2018 sur ces événements tragiques:
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2018/09/15/les-secrets-du-glacier-des-bossons-alpes-francaises/

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 A recent National Geographic documentary informs us that Himalayan glaciers around Mount Everest are melting rapidly. This is the result of the observations and analyses made by a scientific team that climbed the world’s highest mountain. Contrary to what other expeditions concluded in the past years, Himalayan glaciers are melting, even at very high altitudes, above the accumulation zones. The members of the last expedition included glaciologists and biologists. They took measurements on glaciers and lakes and all agreed to say that global warming was affecting the very high altitude universe.

The Himalayas are not only the youngest mountain range, but also the Third Pole. A very important area of the mountain range is the Hindu Kush Himalaya (HKH) region which spreads over 3,500 square kilometres across eight countries including India, Nepal and China. It is also known as the Water Tower of Asia due to its reserve of frozen water.
According to an estimate, HKH has the highest snow storage after the poles and its glaciers are the lifeline for one-third of the population across the globe. This means that without this water for drinking and irrigation, life would be impossible in the Indian peninsula.
The current situation of the glaciers in the Hindu Kush Himalaya is particularly alarming. According to an international study on the world’s glaciers published in journal Nature Geoscience, they probably contain 27 per cent less ice than previously suggested. What is more, the region is expected to lose half of its current glacier area by 2060, a decade earlier than the previously expected deadline of 2070.

Some scientists have noticed that the number of glaciers in the Himalayan area has increased but this is an illusion. This increase in the number of glaciers is primarily due to glacier fragmentation, big ones splitting into smaller ones. This is happening due to global warming and consistent loss in areas the glaciers occupy.

At a much smaller scale, the Mont Blanc glaciers in the French Alps are melting faster and faster too. While losing their ice, they are yielding more and more secrets A clutch of newspapers recently emerged from the Glacier des Bossons near Chamonix. One could still read the headlines from when Indira Gandhi became India’s first and so far only woman prime minister in 1966.

The copies of the Indian newspapers were probably aboard an Air India Boeing 707 that crashed on the mountain on January 24th, 1966, claiming 177 lives.

Once the papers have dried out, they will join a growing collection of found items from the crash. The most stunning find occurred in 2013, a box of precious stones – emeralds, sapphires and rubies – worth between 130,000 and 246,000 euros that is thought to have come from the 1966 crash.

Human remains were also found in the same area in 2017. They could have come from the crash of another Indian plane, the Malabar Princess, that collided with the mountain in 1950.

See the post I wrote on 15 September 2018 about these events:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2018/09/15/les-secrets-du-glacier-des-bossons-alpes-francaises/

Chaîne de l’Hindu Kush Himalaya(Source : Wikipedia)

Glacier des Bossons (Photo : C. Grandpey)