La chasse barbare des animaux à nouveau autorisée en Alaska // Barbarian hunting of animals again allowed in Alaska

En lisant la presse américaine et plus particulièrement celle de l’Alaska, on apprend qu’au mois de juin 2020, le gouvernement Trump a autorisé en Alaska les chasseurs à aller traquer les ours et les loups jusque dans leurs tanières où ils pourront aussi y massacrer les oursons et les louveteaux. Il est désormais possible d’appâter les ours et leurs oursons avec de la nourriture, de les chasser à l’aide de chiens, de traquer les louves et leurs louveteaux à la lampe torche pour les faire sortir de leur tanière, mais aussi de tirer sur les caribous, à distance depuis un bateau.

Cette nouvelle loi Trump annule celle de 2015 décidée par l’administration Obama et qui interdisait certaines pratiques de chasse d’animaux sauvages afin de préserver les réserves naturelles.

Avec cette nouvelle loi, on va forcément assister à des pratiques cruelles dont la plupart auront pour seul but de satisfaire les chasseurs de trophées qui auront dépensé des sommes colossales pour arriver à leurs fins.

Cette nouvelle loi est assez controversée en Alaska, tout comme l’était l’interdiction décrétée par l’administration Obama. Les chasseurs et les élus locaux s’opposaient alors aux associations de protection de la Nature et des animaux.

Quand on parle de la chasse en Alaska, il faut oublier celle qui est pratiquée dans nos contrées. Le fusil est souvent le premier cadeau digne de ce nom fait à un jeune enfant pour Noël. Les Etats-Unis sont un pays jeune où le culte de l’arme à feu est très présent, avec les problèmes inévitables qui s’ensuivent. Aucun président des Etats-Unis n’a réussi à convaincre la National Rifle Association de limiter l’utilisation des armes à feu dans le pays.

Il faut aussi savoir que la chasse à l’ours et au caribou (ou orignal) est autorisée en Alaska mais est sévèrement contrôlée. Chaque famille ne dispose que de quelques colliers chaque année.

En Alaska, la chasse représente un moyen de subsistance pour certaines populations, les First Nations en particulier. Ces dernières avaient d’ailleurs violemment protesté contre la loi Obama qui avait été émise sans qu’on les ait consultées, et qui les privait de ressources essentielles. La pose de pièges (le « trapping ») pour attraper des animaux pour leur fourrure est contrôlée mais parfaitement légale dans cet Etat. Il suffit de se promener dans les rues d’Anchorage pour voir des magasins vendant des vêtements de fourrure, de loup par exemple.

Source : Anchorage Daily News.

A titre personnel, je condamne fermement cette loi Trump qui autorise le massacre d’animaux sans leur laisser une chance de d’échapper. L’Alaska est une région extraordinaire pour observer la faune, que ce soit les ours, les élans ou le pygargue à tête  blanche, emblème des Etats-Unis. J’ai effectué des affûts photo avec des émotions aussi grandes que devant une éruption volcanique. Pratiquer la chasse avec la loi Trump, c’est comme si on autorisait la pêche au saumon avec des filets dans la rivière Kenai. J’ai eu l’occasion de taquiner ce poisson ‘à la loyale’ et avec remise à l’eau (‘No kill’)sur des rivières d’une grande beauté et je suis désolé d’assister à ce qui s’apparente à un massacre de la Nature.

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When reading the American press and more particularly Alaskan newspapers, we are informed that in June 2020, the Trump government authorized in Alaska the hunters to go and track bears and wolves even into their dens and to slaughter the cubs if necessary. It is now possible to bait bears and their cubs with food, to hunt them with dogs, to track down the wolves and their cubs with a torchlight to get them out of their dens, but also to shoot on caribou, from a distance and from a boat.
This new Trump law cancels the 2015 law decided by the Obama administration, which prohibited certain hunting practices of wild animals in order to preserve natural reserves.
With this new law, we will inevitably witness cruel practices, most of which will have the sole purpose of satisfying the trophy hunters who will have spent huge sums to achieve their ends.
This new law is quite controversial in Alaska, as was the Obama administration’s ban. Hunters and local elected officials then opposed associations for the protection of nature and animals.
When one talks about hunting in Alaska, one must forget the hunting which is practiced in our countries. The gun or rifle is often the first gift offered to a young child for Christmas. The United States is a young country where the cult of firearms is very present, with the inevitable problems they involve. No president of the United States has succeeded in convincing the National Rifle Association to limit the use of firearms in the country.
You should also know that hunting for bears and moose is authorized in Alaska but is strictly controlled. Each family is allowed to kill very few animals each year.
In Alaska, hunting represents a means of subsistence for certain populations, the First Nations in particular. The latter violently protested against the Obama law which was issued without any consultation, and which deprived them of essential resources. The setting of traps to catch animals for their fur is controlled but perfectly legal in this State. Just take a stroll through the streets of Anchorage and you will see several stores selling fur clothing made with wolf skin, for instance.
Source: Anchorage Daily News.
Personally, I strongly condemn this Trump law which allows the killing of animals without giving them a chance to escape. Alaska is a marvellous region for observing wildlife, be it bears, moose or the bald eagle, the emblem of the United States. During my photo hides I experienced emotions as great as in front of a volcanic eruption. Hunting according to the Trump law is like allowing salmon fishing with nets in the Kenai River. I had the opportunity to catch this fish ‘loyally’ before releasing it in this very beautiful river and I am sorry to witness what is akin to a massacre of Nature.

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Pour moi, l’Alaska, c’est ça :

Des paysages grandioses…

Un élan dans une zone humide…

Un ours qui fait provision de protéines…

Des oursons qui attendent le retour de leur mère…

Un pygargue à tête blanche qui guette sa proie.

Photos : C. Grandpey

 

Les hydrates de méthane pour remplacer le pétrole ? // Methane hydrates to replace oil?

La sécurisation et la diversification des approvisionnements énergétiques sont pour la Chine un objectif stratégique et géopolitique majeur. C’est pourquoi le pays s’efforce de développer simultanément l’énergie nucléaire, l’hydroélectricité, le solaire et l’éolien. Mais la Chine n’oublie pas le fabuleux potentiel énergétique que recèlent les mers et océans.

Le 18 mai 2018, la Chine a réussi à extraire des hydrates de méthane, un gaz naturel au rendement bien supérieur à ceux de toutes les énergies fossiles connues, mais aussi potentiellement bien plus destructeur…

Les clathrates, aussi appelées hydrates de méthane ou encore « glace qui brûle », sont des composés d’origine organique présents dans les fonds marins ou enfouis sous le permafrost. Il s’agit de sortes de blocs de glace qui renferment des gaz sous une forme très concentrée, des molécules de méthane emprisonnées. Si les clathrates sont très stables dans des conditions de basses températures et de fortes pressions, le bouleversement de ces conditions déstabilise complètement la structure, et conduit à l’échappement du méthane, qui peut brûler si on l’enflamme, d’où le nom de « glace qui brûle ». C’est aussi ce qui en fait une source d’énergie très difficile à extraire d’un point de vue technique. En effet, le méthane étant extrêmement inflammable, son extraction représente des risques évidents pour la sécurité. De plus, l’émission de gaz induite par le forage peut modifier la densité de l’eau environnante et donc potentiellement couler les navires chargés de l’extraction.

Pour autant, rien de tout cela n’a freiné la détermination des géants de l’énergie – les Chinois en particulier –  qui, voyant les ressources en hydrocarbures s’épuiser progressivement, cherchent des alternatives.

Le Japon a fait figure de pionnier  dans l’extraction des hydrates de méthane. Le pays s’est lancé dans la ruée vers cette nouvelle source d’énergie à la suite de la fermeture des centrales nucléaires suite à la catastrophe de Fukushima.

Le Japon a réalisé quelques explorations concluantes en 2013, mais la Chine a franchi un réel cap en 2018 en extrayant en moyenne 16 000 mètres cubes de gaz par jour pendant 8 jours consécutifs. L’extraction a eu lieu à 1 266 mètres de profondeur dans un puits sous-marin de 200 mètres en mer de Chine méridionale. C’est une excellente nouvelle pour le gouvernement chinois à l’heure où le pays doit répondre à une demande énergétique énorme pour son développement économique, tout en étant tenue par les accords de Paris.

L’hydrate de méthane est un foyer d’énergie sans commune mesure : un mètre cube de clathrates pourrait libérer jusqu’à 165 mètres cubes de méthane, et on estime que les réserves mondiales sont colossales. Elles pourraient être égales au double des réserves de gaz, de charbon et de pétrole réunies ! Les scientifiques chinois évaluent les réserves d’hydrate de méthane dans les eaux territoriales chinoises à 80 milliards de tonnes équivalent pétrole, ce qui représente une énorme ressource potentielle. Ils ont délimité deux gisements d’hydrates de méthane dont un de 123,1 milliards de m3 et un autre de 150 milliards de m3. Jusqu’ici, l’essai d’extraction d’hydrate de méthane dans la zone Shenhu (nord de la mer de Chine méridionale) s’est bien déroulé avec en moyenne 8350 m3 de méthane de grande pureté extrait chaque jour.

Qui dit énergie fossile dit évidemment danger pour l’environnement. Or, dans le cas des hydrates de méthane, les conséquences d’une course mondiale à l’extraction de cette nouvelle ressource pourraient être dramatiques. Mais que ne ferait-on pas pour récolter une nouvelle source d’énergie ? L’environnement ? C’est quoi ?

D’après l’IFREMER, le risque majeur reste lié aux fuites potentielles de méthane dans l’atmosphère. En effet, une partie du méthane récolté fuit dans l’atmosphère lors des processus d’extraction alors même que le méthane est un gaz à effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2. En revanche, comme je l’ai déjà indiqué, sa durée de vie est d’une dizaine d’années contre près de 125 pour le CO2. Une extraction massive des hydrates de méthane conduirait rapidement à une aggravation du réchauffement climatique. Le risque est d’autant plus grand que la technique d’extraction n’est pas vraiment maîtrisée. En particulier, le comportement du réservoir, le sédiment qui est autour de ces hydrates de gaz, reste une inconnue.

D’autres effets négatifs peuvent également être à craindre, notamment la formation de tsunamis géants liés aux glissements de terrain induits par le forage de terrain sous-marins sur le talus continental. De plus, si les techniques de forage des hydrates de méthane venaient à être suffisamment développées pour permettre son exploitation commerciale, cette nouvelle ressource deviendrait un bien triste concurrent pour les énergies renouvelables.

Les experts chinois pensent qu’il faudra attendre 2030 avant de voir cette énergie devenir rentable, et donc commercialisable. On peut craindre à juste raison que la réussite de cette première exploitation conduise le Japon, le Canada, les Etats-Unis et la Corée du Sud à accélérer la course à l’extraction des hydrates de méthane…

Sources : La Relève & La Peste, RTFlash, Recherche & Technologie.

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Securing and diversifying energy supplies is one of China’s major strategic and geopolitical objectives. This is the reason why the country is striving to develop nuclear energy, hydroelectricity, solar and wind power simultaneously. But China does not forget the fabulous energy potential stored in the seas and oceans.
On May 18th, 2018, China managed to extract methane hydrates, a natural gas with a yield far superior to that of all known fossil fuels, but also potentially much more destructive …
Clathrates, also known as methane hydrates or « fire ice », are organic compounds found on the seabed or buried under permafrost. These are sort of blocks of ice that contain gases in a very concentrated form, trapped methane molecules. If clathrates are very stable under conditions of low temperature and high pressure, the disruption of these conditions completely destabilizes the structure, and leads to the escape of methane, which can burn if ignited, hence the name of « fire ice ». This is also what makes it very difficult to extract from a technical point of view. As methane is extremely flammable, its extraction presents obvious safety risks. In addition, the emission of gas induced by drilling can modify the density of the surrounding water and therefore potentially sink the vessels carrying out the extraction.
None of this has slowed the determination of the energy giants – the Chinese in particular – who, seeing the hydrocarbon resources gradually running out, are looking for alternatives.
Japan has been a pioneer in the extraction of methane hydrates. The country has embarked on the rush for this new source of energy following the closure of nuclear power plants following the Fukushima disaster.
Japan carried out some conclusive explorations in 2013, but China crossed a real milestone in 2018 by extracting an average of 16,000 cubic metres of gas per day for 8 consecutive days. The extraction took place at a depth of 1,266 metres in a 200-metre submarine well in the South China Sea. This is great news for the Chinese government at a time when the country has to meet huge energy demand for its economic development, while being bound by the Paris agreements.
Methane hydrate is an incomparable source of energy: one cubic metre of clathrates could release up to 165 cubic metres of methane, and the world’s reserves are estimated to be colossal. They could be equal to twice the gas, coal and oil reserves combined ! Chinese scientists estimate methane hydrate reserves in Chinese territorial waters at 80 billion tonnes of oil equivalent, which represents a huge potential resource. They dhave detected two methane hydrate deposits, one of 123.1 billion cubic metres and another of 150 billion cubic metres. So far, the methane hydrate extraction test in the Shenhu area (north of the South China Sea) has been successful with an average of 8,350 cubic metres of high purity methane extracted each day.

The extraction of ossil energy ineviatbly means danger to the environment. In the case of methane hydrates, the consequences of a global race to extract this new resource could be disastrous. But what would we not do to harvest a new source of energy? The environment ? What’s this ?
According to IFREMER, the major risk remains linked to potential methane leaks into the atmosphere. Indeed, part of the methane harvested leaks into the atmosphere during extraction processes. It is well known that methane is a greenhouse gas 25 times more powerful than CO2. However, its lifespan is about ten years against nearly 125 for CO2. Massive extraction of methane hydrates would quickly lead to worsening global warming. The risk is all the greater since the extraction technique is not really mastered. In particular, the behaviour of the reservoir, the sediment that is around these gas hydrates, remains unknown.
Other negative effects may also be feared, in particular the triggering of huge tsunamis linked to landslides induced by the drilling of underwater land on the continental slope. In addition, if the methane hydrate drilling techniques were to be sufficiently developed to allow its commercial exploitation, this new resource would become a real competitor for renewable energies.
Chinese experts believe that it will be necessary to wait until 2030 before this energy becomes profitable, and therefore marketable. We can rightly fear that the success of this first exploitation will lead Japan, Canada, the United States and South Korea to accelerate the race for the extraction of methane hydrates …
Sources: La Relève & La Peste, RTFlash, Recherche & Technologie.

Répartition des gisements de méthane sur la plancher océanique à l’échelle de la planète en 2005.