Nous sommes à la mi-juillet et la sécheresse est déjà une menace dans le Limousin (France) où j’habite. Il y a eu beaucoup de pluie à l’automne, mais le déficit de 2019 était si important que cette nouvelle eau a à peine réussi à reconstituer les sources. En Limousin, du fait du substrat granitique, nous avons de nombreuses sources mais pas d’aquifères. Les autorités locales ont averti qu’il pourrait y avoir des restrictions d’eau à très court terme. Aucune précipitation n’est prévue pour les prochains jours
Le Limousin n’est pas seul. La majeure partie de l’Europe est également confrontée à la sécheresse. Selon le Copernicus Climate Change Service (C3S), cette sécheresse a commencé en Europe de l’Est au début du printemps 2020, puis a affecté d’autres parties du continent avec un temps plus sec que d’habitude en avril et mai. À la fin de mai et en juin, l’humidité du sol en surface et le niveau des cours d’eau se sont un peu rétablis grâce à de bonnes pluies.
Les météorologues du C3S prévoient des précipitations inférieures à la moyenne pour le sud et l’est de l’Europe en juin, juillet et août. Il faudra donc surveiller la majeure partie de l’Europe centrale et orientale, ainsi que le sud-ouest de la Russie, car ce déficit de pluviométrie risque fort d’avoir des conséquences sur la production de blé.
Les satellites GRACE-FO (Gravity Recovery and Climate Experiment Follow On) ont permis de réaliser une carte (voir ci-dessous) montrant le stockage des eaux souterraines peu profondes et l’humidité du sol de la rhizosphère – ou zone racinaire – en Europe au 22 juin 2020. Les couleurs représentent le centile d’humidité. Les zones bleues ont plus d’eau que la normale, tandis que les zones oranges et rouges en ont moins. Les rouges les plus foncés représentent des conditions sèches qui ne devraient se produire qu’une fois tous les 50 ans.
La surveillance de l’humidité de la zone racinaire est essentielle à la gestion de l’agriculture car il s’agit de l’eau naturellement disponible.
L’humidité du sol à la surface de la Terre et dans la zone racinaire peut fluctuer considérablement sur de courtes périodes; cette réserve d’eau potentielle peut être rapidement reconstituée par la pluie, mais peut également s’évaporer rapidement pendant les vagues de chaleur et les périodes de sécheresse.
L’eau souterraine des nappes phréatiques est une ressource plus profonde qui offre l’eau potable et permet l’irrigation des cultures. Elle alimente également les ruisseaux pendant les périodes sèches. Contrairement à la zone racinaire et à l’humidité de surface, les nappes phréatiques mettent des mois à retrouver un niveau convenable car elles doivent être régulièrement reconstituées par l’humidité de surface qui descend jusqu’à elles.
Comme une grande partie de l’Europe a été confrontée à la sécheresse pendant les étés de 2018 et 2019, avec peu de neige pendant la saison hivernale 2019-2020, une grande partie du continent a commencé cette année avec un important déficit en eau. Après six ans dans précipitations suffisantes, la République tchèque a indiqué au printemps que près de 80% de ses puits étaient plus ou moins à sec. En Ukraine, le niveau de l’eau dans la rivière Desna a atteint son point le plus bas en 140 ans d’observations. Début juin, les réservoirs autour de Kiev ont atteint leur niveau le plus bas depuis près d’un siècle. Les climatologues polonais ont également signalé l’une de ses pires sécheresses depuis un siècle ; elle affecte l’agriculture dans 11 des 16 provinces.
L’Europe joue un rôle important car c’est l’une des plus grandes régions productrices de blé au monde et également une importante zone productrice de maïs. Le blé et le maïs sont les principales cultures de sécurité alimentaire. Les déficits pluviométriques persistants, combinés aux températures supérieures à la moyenne depuis l’hiver, ont affecté négativement de vastes zones à travers l’Europe, réduisant les rendements des récoltes par rapport à la moyenne sur cinq ans dans un certain nombre de pays.
Source: Copernicus Climate Change Service (C3S), via The Watchers.
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We are in mid-July and drought is already a threat in the Limousin (France) where I live. There was quite a lot of rain in the autumn, but the deficit of 2019 was so great that this new water hardly managed to replenish the sources. In the Limousin, because of the granite substratum, we have many sources but no aquifers. Local authorities have warned that there might be water restrictions in the very short term. No precipitations are forecast for the coming days
The Limousin is not alone. Most of Europe is facing drought as well. According to the Copernicus Climate Change Service (C3S), meteorological drought conditions began in Eastern Europe in early spring 2020, then affected other parts of the continent with drier-than-usual weather in April and May. In late May and June, surface soil moisture and waterways recovered a bit after heavy showers.
C3S meteorologists forecast below-average precipitation for southern and eastern Europe in June, July, and August. This is likely to put most of central and eastern Europe, as well as southwestern Russia, under a watch for potential drought impacts on wheat production.
The Gravity Recovery and Climate Experiment Follow On (GRACE-FO) satellites presented a map (see below) showing shallow groundwater storage and root zone soil moisture in Europe as of June 22nd, 2020. The colours depict the wetness percentile. Blue areas have more water than normal, while orange and red areas have less. Darkest reds depict dry conditions that should take place only about once in every 50 years.
Monitoring root zone moisture is essential for managing agriculture because it is the water naturally available for growing crops.
Soil moisture at Earth’s surface and in the root zone can fluctuate significantly over short periods of time; it can be quickly replenished by rainfall, but also can evaporate rapidly during heat waves and dry spells.
Groundwater is a deeper resource for drinking water and crop irrigation. It also sustains streams during dry periods. Unlike root zone and surface moisture, groundwater takes months to recover, as it has to be steadily replenished by surface moisture that steeps down to the water table.
Because much of Europe faced drought in the summers of 2018 and 2019, as well as little snow in the 2019-20 winter season, much of the continent started this year with a major deficit. After six years of lack of rain, the Czech Republic reported this spring that almost 80 percent of its wells were recording mild to extreme drought. In Ukraine, the water level in the Desna River hit its lowest point in 140 years of observations. In early June, reservoirs around Kiev reached their lowest levels in almost a century. Polish climatologists also reported one of its worst droughts in a hundred years, with agricultural drought in 11 of 16 provinces.
Europe is important because it is one of the largest wheat-producing regions in the world, and also a major maize-producing region. Both wheat and maize are major food security crops. The persistent rainfall deficits, combined with the above-average temperatures since winter, have negatively affected large areas across Europe, reducing predicted crop yields compared to the five-year average in a number of countries.
Source : Copernicus Climate Change Service (C3S), via The Watchers.

Zones de sécheresse en Europe (Source : GRACE-FO)