Les canicules ont fait fondre les glaciers suisses // The heatwaves have melted the Swiss glaciers

En juin et juillet 2019, de fortes vagues de chaleur ont affecté une grande partie de l’Europe. Cette chaleur extrême s’est ensuite déplacée vers le nord, où elle s’est attaquée à la calotte glaciaire du Groenland. Il n’y a pas qu’en Arctique que le changement climatique a provoqué des dégâts. En Europe, les glaciers alpins ont également souffert, que ce soit en France, en Italie, en Autriche ou en Suisse.

Les glaciers suisses en particulier ont enregistré des taux de fonte exceptionnellement élevés au cours des dernières vagues de chaleur de la fin juin et de la fin juillet. Le bilan de la fonte est bien résumé dans le rapport du réseau suisse de surveillance des glaciers (GLAMOS). Selon ce réseau, les glaciers du pays ont perdu environ 800 millions de tonnes de glace au cours de ces deux dernières canicules, ce qui est exceptionnel pour une période de 14 jours. L’estimation préliminaire repose sur une analyse précoce des mesures effectuées sur certains sites, combinée à un modèle qui les met à l’échelle pour estimer les pertes de glace totales dans l’ensemble. Une analyse plus détaillée suivra à la fin de l’été pour estimer les pertes cumulatives de la saison et les comparer aux étés précédents. Malgré tout,  les données actuelles montrent que les pertes de cette année ont été extrêmement rapides. Pourtant, les chutes de neige sur les Alpes ont été abondantes et même supérieures à la moyenne au cours du dernier hiver. Les glaciers ont donc commencé l’été avec une épaisse couche de neige. Les scientifiques espéraient qu’ils termineraient la saison sur une meilleure note que ces dernières années, mais avec la première vague de chaleur, la neige a commencé à fondre rapidement. La deuxième vague a vraiment porté l’estocade. Les glaciologues indiquent qu’avec les deux vagues de chaleur, les courbes ont très rapidement décliné et nous sommes maintenant à la moyenne des dix dernières années, voire un peu en dessous.

Dans les Alpes européennes, d’autres régions ont également été touchées par les vagues de chaleur cet été. À environ 80 kilomètres au nord du Mont-Blanc, un grand étang d’eau liquide s’est formé à très haute altitude. La photo a été largement partagée par les médias du monde entier. Dix jours plus tôt, avant la première canicule, la même zone était complètement gelée.

Tous les glaciologues s’accordent pour dire que tous les glaciers alpins se retirent depuis au moins le milieu du 19ème siècle, mais le recul s’est accéléré au cours des dernières décennies. Les changements les plus impressionnants ont été observés sur les plus grands glaciers suisses, comme l’Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, qui a reculé de près de 3 km depuis 1870.

Le modèle mis en place par le GLAMOS ne se limite pas aux glaciers suisses. Les scientifiques ont observé des reculs glaciaires à travers l’Europe, notamment en France, en Autriche et en Italie. Une étude récente publiée début 2019 dans la revue The Cryosphere estime qu’en 2100, environ un tiers du volume total des glaciers des Alpes européennes pourrait être perdu, même si les pays parviennent à atteindre les objectifs climatiques de l’Accord de Paris. Dans un scénario où les émissions de gaz à effet de serre se maintiendraient à leurs niveaux actuels, plus de 90% de la glace pourrait disparaître. Comme je l’ai indiqué à plusieurs reprises, d’autres études ont également fait des projections très négatives pour les glaciers dans d’autres parties du monde, comme l’Hindu Kush et l’Himalaya.

Source : Science.

——————————————————

In June and July 2019, very severe heat waves affected much of Europe. This extreme heat then moved north, where it attacked the Greenland icecap. It was not only in the Arctic that climate change caused a lot of damage. In Europe, alpine glaciers have also suffered, whether in France, Italy, Austria or Switzerland.
Swiss glaciers in particular have experienced unusually high melt rates during the last heat waves in late June and late July. This melting is well summarized in the report of the Swiss Glacier Monitoring Network (GLAMOS). According to this network, the country’s glaciers have lost about 800 million tons of ice during the last two heat waves, which is exceptional for a period of 14 days.The preliminary estimate is based on an early analysis of on-site measurements at certain sites, combined with a model that scales up the measurements to estimate total ice losses throughout the country. A more detailed analysis will follow at the end of the summer, which will estimate the season’s cumulative losses and compare them to previous summers. Nevertheless, current data show that this year’s losses have been extremely rapid. However, snowfall on the Alps was plentiful and even above average over the last winter. The glaciers began the summer with a thick layer of snow. Scientists hoped they would end the season on a better note than in recent years, but with the first heat wave, the snow began to melt quickly. The second wave really brought the thrust. Glaciologists say that with both heat waves, the curves have declined very rapidly and we are now at the average of the last ten years, or even a little below.
In the European Alps, other regions have also been affected by heat waves this summer. About 80 kilometers north of Mont Blanc, a large pond of liquid water has formed at very high altitude. The photo has been widely shared by the media around the world. Ten days earlier, before the first heat wave, the same area was completely frozen.
All glaciologists agree that all alpine glaciers have been retreating since at least the mid-19th century, but the decline has accelerated in recent decades. The most impressive changes have been observed on the largest Swiss glaciers, such as Aletsch, the largest glacier in the Alps, which has decreased by almost 3 km since 1870.
The model put in place by GLAMOS is not limited to Swiss glaciers. Scientists have observed glacial retreats across Europe, particularly in France, Austria and Italy. A recent study published in early 2019 in The Cryosphere estimates that by 2100, about one-third of the total volume of glaciers in the European Alps could be lost, even if countries manage to achieve the climate goals of the Paris Agreement. In a scenario in which greenhouse gas emissions remain at current levels, more than 90% of the ice could disappear. As I have put it many times, other studies have also made very negative projections for glaciers in other parts of the world, such as Hindu Kush and Himalayas.
Source: Science.

Lac de fonte glaciaire au pied de la Dent du Géant (Crédit photo: Bryan Mestre)

Vue du glacier Aletsch; on remarquera les traces laissées par la perte de glace sur le flanc de la montagne (Photo: C. Grandpey)

Le glacier du Rhône subit, lui aussi, les assauts des vagues de chaleur (Photo: C. Grandpey)

La sismicité toujours bien présente sur la Soufrière de la Guadeloupe // Seismicity still high at La Soufriere (Guadeloupe)

La sismicité reste relativement élevée sur la Soufrière de la Guadeloupe, mais l Observatoire Volcanologique et Sismologique (OVSG) indique que la probabilité d’une activité éruptive à court terme reste faible.

Un nouvel essaim sismique d’origine volcanique a débuté le 6 août 2019 à 10h39 dans le secteur du volcan. Le 7 août à 13h10, les réseaux avaient enregistré 111 séismes de magnitude inférieure à 1. Aucun séisme n’a été ressenti par la population. Les événements se localisent à une profondeur de 2.5 km sous le sommet du dôme de La Soufrière.
Au cours du mois de juin 2019, l’OVSG a enregistré 486 séismes d’origine volcanique sous et autour du dôme de la Soufrière, entre 100 mètres et 2,5 km de profondeur.

La probabilité d’une éruption à court terme reste faible, mais l’activité sismique et fumerollienne depuis le mois de février 2018 montre qu’un changement de régime s’est établi sur le volcan qui reste en « état de vigilance renforcée ».

A côté de la sismicité d’origine volcanique, l’OVSG a enregistré 102 séismes d’origine tectonique, de magnitude maximale M 3.3, et dont les épicentres étaient localisés dans un rayon de 550 km autour de la Guadeloupe. Aucun de ces séismes n’a été ressenti par la population.

Source : OVSG.

NDLR : De telles variations de la sismicité d’origine volcanique ont été observées dans le passé. Elles étaient dues à des mouvements de fluides hydrothermaux à l’intérieur de l’édifice. Il ne faudrait pas oublier que la Soufrière de la Guadeloupe est copieusement arrosée et l’infiltration de toute cette eau entraîne forcément des turbulences au contact des sources de chaleur profondes.

———————————————–

Seismicity remains quite high at La Soufrière (Guadeloupe), but the Volcanological and Seismological Observatory (OVSG) indicates that the probability of eruptive activity in the short term remains low.
A new seismic swarm of volcanic origin began on August 6th, 2019 at 10h39 in the area of ​​the volcano. On August 7th at 13:10, the networks recorded 111 earthquakes with magnitudes less than 1. No earthquake was felt by the population. The events were located at a depth of 2.5 km under the summit of the dome of La Soufrière.
During the month of June 2019, OVSG recorded 486 earthquakes of volcanic origin under and around the dome of La Soufrière, between 100 meters and 2.5 km deep.
The probability of a short-term eruption remains low, but the seismic and fumarolic activity since February 2018 shows that a change of regime has been established on the volcano which remains in a « state of enhanced watch ».
In addition to seismicity of volcanic origin, OVSG recorded 102 earthquakes of tectonic origin, with a maximum magnitude M 3.3, and epicentres located within a radius of 550 km around Guadeloupe. None of these earthquakes were felt by the population.
Source: OVSG.
Editor’s note: Such variations in volcanic seismicity have been observed in the past. They were due to movements of hydrothermal fluids inside the building. It should not be forgotten that La Soufrière is copiously watered and the infiltration of all this water necessarily leads to turbulence in contact with deep heat sources.

Crédit photo: Wikipedia